Abstraction (Paris)

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 1/ Fernand Léger et Robert Delaunay (ici)

2/ Franstisek Kupka et Piet Mondrian (à suivre) 

L’abstraction, à Paris — Paris est une ville très attractive, internationalement, pour les artistes, durant les 3 premières décennies du XXe siècle—, débute juste avant la Première Guerre mondiale. Ses principaux acteurs sont des peintres : Fernand Léger, Robert Delaunay, Sonia Delaunay, Piet Mondrian, Francis Picabia, par exemple.

Une tendance à déconstruire les formes et l’espace se manifeste, qui fait suite au cubisme et à l’apport majeur de Cézanne. Cela s’observe en comparant les œuvres de Fernand Léger réalisées en 1913 « contraste de formes » et « Les disques dans la ville » en 1920, par exemple : la représentation y est abordée comme une mécanique qui permet le passage à l’abstraction mais qui n’est pas très loin de la figuration à laquelle il reviendra par la suite et jusqu’aux années 1930.

 

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Fernand Léger, Contraste de formes, 1913, Huile sur toile de jute, 130 x 97 cm, Art Museum à Philadelphie :

 

Ici Léger propose de rendre les volumes des formes cylindriques ou triangulaires avec un très fort contraste clair sombre, et avec des couleurs vives. De ces contrastes naissent des formes colorées qui prennent une certaine autonomie vis à vis des objets auxquels elles réfèrent.

 

 

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Fernand Léger (1881 – 1955) : Les disques dans la ville, 1920, Huile sur toile, 130 x 162 cm, Paris, Centre Pompidou.

 

Ressource complémentaire :

https://www.centrepompidou.fr/cpv/resource/cny54j/rrg94Bx

 

Les Disques dans la ville (cat. rais. II, n o 258 ; la toile, datée de 1920, comme son étude directe à la gouache de mêmes dimensions, également conservée au Musée, AM 1982-95) est un montage des deux thèmes – les disques et la ville – qui, séparément et successivement, ont dominé le travail de Léger en 1918 et 1919.

Dans leur version définitive et monumentale, Les Disques (1918, Paris, MAMVP) concentrent l’effort de Léger sur le thème, et marquent sa rupture avec l’avant-guerre. Plus de tubes, mais des cercles, des bandes, et de grandes obliques franches, un pur contraste de droites et de courbes, délibérément aplaties, délibérément abstraites. Même si l’on peut penser à une évocation de la géométrie symbolique et élémentaire des signaux ferroviaires, ou à de vagues engrenages, le thème des « Disques » renvoie avant tout à une réalité d’ordre plastique, un rythme de formes simples qui s’opposent et se répondent, s’entrechoquent et s’entraînent. Petits, moyens ou grands, les disques semblent tourner à des vitesses différentes, pas si loin des « rotoreliefs » de l’ami Marcel Duchamp, celui-là même avec lequel Léger avait reçu son « illumination » devant la beauté des formes industrielles, au Salon de l’Aviation en 1912. Leur géométrie est essentiellement mobile, et qu’il soit disque ou roue, c’est le « cercle en action » qui fascine Léger.

« Les Disques » annoncent aussi le grand chef-d’œuvre de l’année suivante, La Ville (1919, Philadelphia Museum of Art). Construite sur un format panoramique, tel un mur de peinture, cette toile combine des éléments formels plus nombreux et plus complexes, sur un rythme syncopé comme un air de jazz. Léger y a concentré les souvenirs des déambulations au long des rues parisiennes avec ses amis Blaise Cendrars et Darius Milhaud. Poutrelles métalliques, signaux divers, plates façades d’immeubles, prégnance du lettrage publicitaire, autant de motifs urbains contemporains juxtaposés en une construction extrêmement dense. La Ville est le manifeste d’une nouvelle « révolution plastique », dirigée contre le cubisme et ses avatars d’après-guerre : dimensions monumentales contre tableaux de chevalet, couleurs pures contre grisaille et gammes restreintes, aplats contre décomposition en facettes. Bien plus tard, en 1954, Léger déclarera à Dora Vallier : « Je me suis servi d’aplats parce que la surface plate est plus rapide comme construction… Le choc de l’aplat est instantané et il est tout indiqué pour la grande peinture murale » (D. Vallier, « La vie fait l’œuvre de Léger. Propos recueillis », Cahiers d’art , Paris, XXIX, n o II, 1954, p. 133-177).

Placé au centre de la composition du Musée, le motif des disques fait tourner le paysage plat de la ville ; il l’imprègne de son dynamisme et il accentue le caractère résolument moderne, et même futuriste, de sa vision urbaine : certes inspirée par le Paris de 1920, encore gris mais couvert du plat bariolage des affiches, la ville de Léger reflète aussi son rêve d’un New York quadrillé en hauteur et en largeur, strié d’ampoules et de lettres lumineuses, un New York qu’il ne connaît pas encore (son premier séjour date de 1931), sinon justement par les images mobiles du cinéma.

Par Isabelle Monod-Fontaine

 

 

 

 

Robert Delaunay, après une période cubiste, se consacre à la question des contrastes simultanés d’après Chevreul. La couleur (pour sa vibration optique), les formes circulaires (disque solaire) lui permettent de centrer le motif sur une idée abstraite qui est la lumière. En recherchant uniquement «  l’essence lumineuse » de la nature, ses toiles parviennent à se dégager de tout référent iconique : les cercles de couleur manifestent cela et deviennent un sorte de motif dominant et emblématique de cette recherche.

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Paysage au disque, (Paysage au disque solaire), 1906, huile sur toile, 54 x 46 cm, Paris Centre Pompidou.

 

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Robert Delaunay, Disque simultané, 1913, Huile sur toile, 134 × 134 cm, Collection particulière.