L’Amour Menaçant, un titre inquiétant, et pourtant…
Petit garçon ailé niché sur un nuage, le doigt porté aux lèvres demandant le silence, l’autre main cherchant discrètement une flèche dans son carquois. Voici une des sculptures du XVIIIe siècle parmi les plus célèbres et des plus réutilisées dans l’art. Son auteur, Étienne-Maurice Falconet (1716-1791), sculpteur de renom, connaît un succès considérable grâce à cette commande de Madame de Pompadour, dont le plâtre est exposé au Salon en 1755.
Cette sculpture qui n’était au départ qu’une commande privée pour orner l’hôtel d’Évreux, devient très rapidement un motif iconographique assuré. Réutilisé dans les peintures telles que celles de Fragonard (Les hasards heureux de l’escarpolette, 1767), Boilly (Ce qui allume l’amour l’éteint, ou le philosophe, 1790) mais aussi les gravures de Nicolas Thomas (Oui ou Non, 1781) ou les aquarelles de Saint-Aubin (Vue du Salon de 1757 au Louvre, 1757), L’Amour Menaçant se décline également en objet de décoration. La position de chef des ateliers de sculpture à la Manufacture de Sèvres occupé par Falconet en 1757, lui permet de lancer une collection en biscuit de porcelaine, décorant ainsi les guéridons ou utilisée en garniture de cheminée. Diversifié en bronze, faïence ou terre cuite, vous l’aurez compris, ce petit cupidon est partout.
Il s’agit donc dans ce mémoire de dresser un catalogue de ces diverses représentations et réutilisations pour en comprendre le phénomène. Cette réutilisation permet ainsi la réunion des arts, c’est un cas où peinture et sculpture se rejoignent tellement l’œuvre plaît, que cela soit dû à son thème, au réalisme de celle-ci ou à son épuration.
Ce sujet est particulièrement intéressant puisqu’il permet également de se poser la question du statut de l’artiste sculpteur au XVIIIe siècle, sachant qu’à cette époque la hiérarchie privilégie la peinture (quand admettre qu’un sculpteur dépasse un peintre ?).
Cette étude est conduite sous la direction de Madame Perrin Khelissa.