La gravure romantique, quelques usages de l’estampe au XIXe siècle
Intervention du mardi 7 mars
Henri Zerner, professeur honoraire à l’Université de Harvard, et invité pendant deux semaines à l’Université Toulouse Jean Jaurès propose une rétrospective sur la gravure, et plus précisément sur l’estampe et l’illustration, à l’époque romantique.
Il faut savoir que la gravure connaît un essor considérable au cours du XIXe siècle. Essor qui peut s’expliquer par deux techniques qui ont eu beaucoup de succès : la lithographie et la gravure sur bois.
Pour la lithographie, l’artiste dessine sur la pierre (qui pèse environ quarante kilogrammes) avec un crayon ou de l’encre lithographie. La pierre préparée en amont par un technicien qui y dépose un mélange de gomme et d’acide pour permettre la pénétration de l’encre dans le grain de la pierre. Cette technique se développe en 1818.
La gravure sur bois est aussi appelée gravure sur bois debout ou bois de bout, nommé ainsi par l’utilisation du cœur du bois de buis qu’on tranche en cubes et qu’on assemble en un quadrillage. Le travail du graveur se fait au burin. C’est une technique qui a été améliorée par Thomas Bewick à la fin du XVIIIe siècle en Angleterre. Ce procédé permet d’imprimer simultanément la page de texte avec les images, elle est donc moins coûteuse que l’impression en deux temps : le texte sur bois, l’illustration lithographiée. C’est en partie grâce à cette technique et son avantage économique que nous devons l’essor de la presse illustrée vers le milieu du XIXe siècle.
L’apogée de cette technique, par Thomas Bewick, se trouve dans le livre History of British birds : la qualité des vignettes se trouve dans l’agilité du jeu avec les tons subtils de noirs, de gris et de blancs.
Illustration de History of British Birds
Henri Zerner a présenté quelques exemples de presse illustrée : Le Magasin Pittoresque (1833-1938), l’Illustration (1843-1944), Le Charivari (1832-1937).
Il fait la différence entre la presse illustrée (qualité variable), le livre illustré (luxe populaire en grand tirage) et la bibliophilie (l’amour des livres et par extension, des livres rares ou uniques).
Pour illustrer son propos, il a cité des artistes tels que Horace Vernet, Jacques Callot, Albretch Dürer, Tony Johannot, Luigi Calamatta ; et des livres illustrés comme L’Histoire du Roi de Bohême et de ses sept châteaux de Charles Nodier, Paul et Virginie de Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre, les Contes Drolatiques de Balzac, les Français peints par eux-mêmes (ouvrage collectif).
L’Histoire du Roi de Bohême et de ses sept châteaux de Charles Nodier a été un des ouvrages illustrés les plus exceptionnels du XIXe avec le texte qui s’illustre lui-même et des illustrations gravées de manière « extrêmement habile » selon Henri Zerner.
Illustration page 2 par Tony Johannot
L’Histoire du Roi de Bohême et de ses sept châteaux de Charles Nodier