Marie-Claude GARNEAU

Marie-Claude Garneau est docteure en littérature de l’Université d’Ottawa, autrice, chargée de cours à l’École supérieure de théâtre de l’UQÀM et co-directrice littéraire de la collection de théâtre féministe « La Nef », aux éditions du Remue-ménage. Elle a co-dirigé, avec Nicholas Dawson, l’ouvrage Savoir les marges : écritures politiques en recherche-création (Remue-ménage, 2022) et est aussi co-autrice, avec Marie-Ève Milot et Marie-Claude St-Laurent, de l’essai indiscipliné La Coalition de la Robe (Remue-ménage, 2017). On retrouve de ses textes critiques, savants ou de création dans les ouvrages Self-care (Hamac, 2021), QuébeQueer (PUM, 2020), dans Génération(s) au féminin et nouvelles perspectives féministes (Codicille, 2017), ainsi que dans plusieurs revues savantes et culturelles.

Pour citer cet article : Garneau Marie-Claude, « Gamètes de Rébecca Déraspe (Québec) : la maternité-comme-travail au confluent du temps dramatique et du temps social », Litter@ Incognita [En ligne], Toulouse : Université Toulouse Jean Jaurès, n°13 « Temps à l’œuvre, temps des œuvres », saison automne 2023, mis en ligne le 13 octobre 2023, disponible sur https://blogs.univ-tlse2.fr/littera-incognita-2/2023/06/06/gametes-de-rebecca-deraspe-quebec-la-maternite-comme-travail-au-confluent-du-temps-dramatique-et-du-temps-social/

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Ce texte est tiré en partie de la thèse de doctorat de l’autrice, intitulée Néolibéralisme, postféminisme et militantisme : la liberté de choix dans la dramaturgie des femmes au Québec (2015-2019), Université d’Ottawa, Ottawa, ON, 2023, en ligne : https://ruor.uottawa.ca/handle/10393/44635

Résumés :

Cette contribution porte sur l’enjeu de la maternité-comme-travail (Robert, 2017; Toupin, 1996), dans la pièce Gamètes (2017) de l’autrice québécoise Rébecca Déraspe, et sur la manière dont celui-ci se noue à la notion de temps, dans ses déclinaisons dramatique et sociologique. Divers jeux temporels sont utilisés, principalement des retours en arrière, mais aussi une parole anticipatrice ainsi qu’un temps du présent qui s’appuie sur l’argumentation, pour éclairer les temps sociaux hétérogènes et multiformes (Haicault, 2000) que traverse principalement le personnage d’Aude, enceinte d’un enfant trisomique. C’est donc par la friction entre le temps comme unité dramatique et le temps comme enjeu féministe que s’élabore, dans la pièce de R. Déraspe, la maternité-comme-travail et plus largement la question du choix des femmes d’avoir ou non un enfant.

This contribution focuses on the topic of motherhood-as-work [la maternité-comme-travail] (Robert, 2017; Toupin, 1996), in the play Gamètes (2017) by French-Canadian playwright Rébecca Déraspe, and more specifically on how this topic is embedded in the notion of time, in its dramatic and sociological declinations. Various temporal strategies are used, such as flashbacks, but also anticipatory speech and dynamic exchanges such as arguments between the characters, to shed light on the social times at work, that the character of Aude, who is pregnant with a Down’s syndrome child, mainly experiences. Thus, it is by the friction between the time as a dramaturgical element and the time as a feminist stake, that the maternity-as-work and more widely, the issue of women’s choice to have or not to have a child, are elaborated in Déraspe’s play.

 Mots-clés : personnages féminins – temps dramatique – temps social – dramaturgie québécoise – théâtre québécois – écriture dramatique – féminisme – maternité.

Keywords: female characters – dramatic time – social time – French-Canadian dramaturgy – Quebec drama – playwriting – feminism – motherhood.

 


Sommaire

Le présent de la joute verbale
De la rétrospection pour se consolider soi-même
Dans l’anticipation, la charge mentale
Gamètes : les angles morts de l’accomplissement de soi
Notes
Bibliographie

Publiée au Québec par la maison d’édition Atelier 10 en 2017, la pièce Gamètes de Rébecca Déraspe a été créée sur la scène de la Petite Licorne, à Montréal, la même année, dans une mise en scène de Sophie Cadieux. La pièce met en scène Lou et Aude, deux trentenaires, amies depuis toujours. Aude, ingénieure civile, annonce un soir à Lou, journaliste féministe, qu’elle est enceinte d’un enfant trisomique. Alors que son amie l’implore de se faire avorter, Aude tente de réfléchir à ce que ressemblera sa vie si elle donne naissance à cet enfant. À lire ce qu’en dit elle-même Rébecca Déraspe dans son « mot de l’auteure » en ouverture de la publication, la pièce aurait d’abord eu comme visée de parler de « l’accomplissement au féminin », mais aurait fini par devenir « un texte sur l’amitié1 ». Pourtant, l’accomplissement au féminin demeure présent dans Gamètes et il s’appréhende par l’entremise du thème de la maternité-comme-travail2. La question de la maternité est ici envisagée comme « activité de travail3 » et non comme une définition ou une expérience biologique. Offrir un point de vue dramaturgique sur la question de la maternité demeure nécessaire et vise, dans le cadre de cette analyse, à comprendre comment la fiction théâtrale arrive à traiter formellement cet enjeu, du point de vue du travail.

Dans Gamètes, le sujet de la maternité-comme-travail se noue à la notion de temps et l’autrice utilise divers jeux temporels, principalement des retours en arrière, mais aussi une parole anticipatrice, pour structurer la situation dramatique et proposer différents points de vue sur l’enjeu de la maternité-comme-travail. Comme le rappellent Julie Sermon et Jean-Pierre Ryngaert : « La simultanéité, l’apparition et le développement d’un temps multiple, où les répliques et les évènements s’entrecroisent, sont désormais des constantes majeures des “façons de raconter”4 ». C’est par une déconstruction du temps dramatique, c’est-à-dire le temps « des événements rapportés5 » dans la fiction, qu’apparaissent les temps sociaux hétérogènes et multiformes que traversent les femmes6. C’est par la friction entre les deux, le temps comme unité dramatique et le temps comme enjeu féministe, que s’élabore plus largement dans la pièce de R. Déraspe la question du choix des femmes d’avoir ou non un enfant7.

Le temps présent de la situation dramatique s’élabore en premier lieu par des échanges dynamiques de l’ordre de l’argumentaire entre les deux personnages, à travers lesquels se font et se défont des stéréotypes liés à la maternité. Ceux-ci sont étroitement liés au pouvoir que détiennent les deux protagonistes féminines de faire des choix concernant leur situation en dehors de l’espace privé. Le présent agit alors comme un lieu de négociation entre Aude et Lou, un lieu où se joue l’ambivalence entre sphère privée et sphère publique. C’est dans ce temps de la négociation qu’on constate la mise en fiction du scénario culturel genré du « You Can’t Have it All8 », c’est-à-dire une représentation attendue des femmes dans l’espace social9 qui renvoie ici à l’obligation pour celles-ci de choisir entre la maternité ou le travail. Dans Gamètes, ce scénario genré empêche Aude et Lou d’articuler un espace-temps alternatif entre sphères privée et publique. En second lieu, quelques retours en arrière significatifs permettent de revisiter les événements et les préjugés qui ont mené Aude à devenir ingénieure civile. Ce travail de la « rétrospection10 » nous transporte dans un temps distancé plus ou moins récent, dont la portée laisse présager la façon dont Aude a pu intérioriser certains stéréotypes. C’est de cette manière, entre autres, que se développe un dialogisme entre les paroles dites dans le temps passé et les répercussions de ces discours dans le temps présent. Dans son étude sur la poétique de Dostoïevski, Bakhtine parle du dialogisme comme d’un rapport entre les différents points de vue des personnages :

Chaque émotion, chaque pensée du personnage est intérieurement dialogique, teintée de polémique, pleine de résistance ou au contraire, ouverte à l’influence d’autrui, mais en tout cas jamais concentrée exclusivement sur son propre objet; toutes s’accompagnent d’un regard perpétuel sur autrui11.

Dans Gamètes, le dialogisme ouvre donc sur des points de vue différents sur le travail des femmes. En troisième et dernier lieu, la charge mentale12 de s’occuper d’un enfant trisomique, les prédictions et les peurs qui sont mises en texte relèvent de l’anticipation. Dans Gamètes, l’anticipation comme temps dramatique sert de structure formelle pour examiner justement le temps social que représente la charge mentale. Temps, espace, argent et corps13 sont ainsi les modalités dont les deux personnages féminins se servent pour tenter de prévoir ce que pourrait être la vie future avec un enfant lourdement handicapé.

Le présent de la joute verbale

C’est dans le temps initial qu’est le présent, celui où tout débute, que Aude et Lou discutent dans l’appartement de cette dernière et argumentent d’abord au sujet de l’accomplissement de soi. Les échanges entre elles font intervenir la question du choix de manière détournée, sous celle plus frontale de l’accomplissement des femmes :

LOU. C’est pas la féministe qui parle. C’est l’amie. Pis l’amie, elle dit que tu vas gâcher ta vie.

AUDE. Ça veut dire quoi “gâcher sa vie”?

LOU. Ça veut dire “gâcher ses chances de s’accomplir”.

AUDE. Ça veut dire quoi “s’accomplir”?

LOU. Toute. Ça veut dire toute.

AUDE. Toute?

LOU. Ça veut dire des affaires.

AUDE. Des affaires?

LOU. Tu comprends ce que ça veut dire.

AUDE. Absolument pas.

LOU. Ça veut dire être fière de ce qu’on fait pis se coucher le soir en se disant “yep yep”.

AUDE. Pis pourquoi je pourrais pas être “yep yep” en élevant un enfant handicapé?

LOU. Y’a pas grand-chose de gratifiant là-dedans14.

L’accomplissement au féminin tel que le présente Lou renvoie à une vision qui exclut, on le comprend par omission, tout travail de reproduction, principalement ici l’éducation d’un enfant trisomique. « S’accomplir » pour Lou signifie gagner sa vie sur le marché du travail, se réaliser en dehors de la maternité. Elle divise même sa propre personne entre la féministe et l’amie, supposant que « l’amie » est celle qui comprend ce qui se passe dans la sphère privée. Pour Aude, la perspective qu’elle mette au monde un enfant handicapé qui requerra d’elle toute son attention lui offre la possibilité de remettre en question ses propres façons de s’accomplir. En effet, toutes les questions – par les répétitions et les interrogations – qu’elle dirige vers Lou attestent du fait qu’elle doute du point de vue de son amie et elle cherche ainsi à obtenir des précisions sur ce que Lou entend par « accomplissement ». Les réponses vagues, les hésitations et les détournements de sens dans les termes employés par cette dernière dénotent l’ambivalence qui l’habite, ambivalence quant à la pertinence même de cet échange avec Aude. Par la manière dont l’échange se termine – « Y’a pas grand-chose de gratifiant là-dedans » – elle insinue qu’il est préférable de valoriser la carrière professionnelle plutôt que celle de mère à temps plein. Or, c’est justement dans cette manière binaire d’envisager le travail d’être mère, c’est-à-dire celui qui consiste à laisser complètement de côté la carrière professionnelle, que la position de Lou prolonge le discours du « You Can’t Have it All15 ». Du dialogue entre Lou et Aude se dégage, en filigrane, l’idée selon laquelle le choix de ne pas garder un enfant trisomique serait le seul geste adéquat à poser, si Aude souhaite se réaliser sur le plan professionnel.

Dans ses nombreux arguments pour tenter de convaincre Aude d’avorter, Lou s’appuie aussi sur des considérations écologiques et sociales qui suggèrent de s’occuper du déjà là, plutôt que de continuer à avoir des enfants :

LOU. J’ai une question

AUDE. …

LOU. As-tu pensé à l’environnement?

AUDE. What?

LOU. Le réchauffement climatique?

AUDE. What?

LOU. Tsé qu’y a des enfants affamés en Afrique? Des petites filles abandonnées en Chine? Des bébés haïtiens couchés dans des paniers de nattes?

AUDE. What?

LOU. Mettre un enfant au monde, c’est mettre un consommateur de plus sur terre. Imagines-tu ta trisomique? Elle va porter des couches toute sa vie. Sais-tu ce que ça fait une couche à la couche d’ozone?

AUDE. Avant de dire qu’un trisomique de trente ans porte des couches, peux-tu faire des recherches?

LOU. Ok. Je veux bien.

AUDE. Tu serais la première à condamner ton discours s’il venait pas de toi16.

De nouveau, la question collective, liée également à la sphère publique, pèse de son poids sur la décision d’Aude. Les arguments soulevés par Lou ne font que renforcer le sentiment de culpabilité qui habite souvent les femmes quand vient le moment de décider ou non d’avoir des enfants. Le discours social et moral autour de la maternité est d’autant plus important qu’il circule beaucoup dans Gamètes, agissant tel une injonction constante à prendre la décision la plus éclairée. Chez Lou, le refus d’avoir un enfant pour protéger la planète se pose en contradiction avec son premier argument, selon lequel l’accomplissement des femmes devait passer par des choix individuels. Or, à travers toutes ses tergiversations et ses opinions contradictoires, la raison pour laquelle Lou souhaite qu’Aude avorte, c’est parce qu’elle préfère voir son amie continuer de se réaliser dans son emploi.

Alors que Lou utilise l’argument planétaire et collectif pour jouer sur le sentiment de culpabilité de son amie, Aude, de son côté, alimente les préjugés positifs envers les mères : « Une mère, c’est heureux. Point. Final […]17 », dit-elle pour s’encourager dans sa prise de décision. Dans la poursuite de leur échange, Lou y va d’un nouvel argument à teneur sociale pour solidifier sa position : « Ça profite à la société de dire que “toutes les mères sont heureuses”. Comme ça, y a personne qui se préoccupe du fait que les femmes ont pas de postes de pouvoir. Ben non. De toute façon, les femmes, elles sont ben contentes, elles ont des enfants18 ». Encore une fois, les arguments soutenus par Lou traduisent une certaine inquiétude de sa part face au fait que les femmes pourraient préférer avoir des enfants plutôt que de se réaliser professionnellement. À l’inverse, Aude essaie de penser autrement l’idée d’élever un enfant trisomique, en le voyant comme un défi : « C’est pas tout le monde qui a ma chance. Tu le sais, j’ai toujours aimé ça, relever des défis19. » La construction dialoguée rythmée de l’argumentaire sert bien la réflexion féministe qui, malgré son manichéisme, porte sur la question du travail des femmes. Ces allers-retours de commentaires et d’opinions entre Aude et Lou rappellent ce que Bakhtine soulevait à propos du dialogisme, c’est-à-dire que « les rapports contradictoires n’étaient pas des chemins ascendants ou descendants de la personnalité, mais un état de la société20 ». La parole entre les personnage, les idées défendues par chacun dans l’intimité de la discussion, ouvrent ainsi plus largement sur certains présupposés sociaux qui circulent autour des femmes et de la maternité-comme-travail. De plus, avec les tensions et les rapports paradoxaux dont sont empreints leurs échanges, les personnages contredisent dans une certaine mesure l’idée selon laquelle il y aurait une « absence de débats sur le travail de reproduction21 ». Lou, dans la position qu’elle occupe, montre la difficulté d’aborder cette question, elle qui n’a de cesse de diriger la réflexion vers l’accomplissement au féminin. Or, les hésitations de Aude et ses remises en question soulignent qu’elle cherche peut-être à « réhabilite[r] théoriquement le travail domestique comme travail22 » et donc, à envisager les soins et l’attention donnés à son futur enfant comme un travail tout aussi gratifiant que celui d’ingénieure. Le temps du présent, comme unité dramatique au sein de la pièce, met ainsi en lumière la diversité et la multiplicité des propos tenus par les personnages, dont les échanges argumentés permettent la construction d’une réflexion critique plus globale au sujet de la maternité-comme-travail.

De la rétrospection pour se consolider soi-même

Les personnages de Gamètes naviguent, au fil de leur joute verbale, sur les souvenirs de leur adolescence, souvenirs qui nous permettent de saisir l’évolution de leur position argumentative respective. Ces jeux d’aller-retours entre le présent et le passé sont signifiés par l’usage de l’italique pour marquer les segments qui se déroulent dans le passé, italiques qui ne sont pas sans rappeler la forme didascalique. Son usage circonscrit les souvenirs de Lou et Aude, tout en faisant en sorte que « la structure temporelle [soit] comme fondue dans le discours [des] personnages23 ». Les retours en arrière spécifiques à Aude renvoient surtout aux effets pervers des stéréotypes de genre et à leur influence sur son choix de carrière. Le temps du passé nous la montre face à un professeur sexiste ou encore à une conseillère en orientation qui soutient que « les femmes optent davantage pour un métier qui fait appel à leur intelligence émotive […]24 ». De manière plus générale, les retours en arrière provoquent une réflexion sur les injonctions sociales qui reposent sur les jeunes femmes à devoir se réaliser professionnellement, encouragées qu’elles sont par la rationalité néolibérale, c’est-à-dire par « une certaine norme de vie25 » qui s’immisce partout.

L’usage de ce recul temporel explicite les nombreuses barrières qui se dressent devant Aude avant qu’elle puisse devenir ingénieure, ce qui explique en partie pourquoi, dans le présent de la situation dramatique, Lou ne peut envisager que son amie délaisse ce métier pour choisir d’élever un enfant handicapé. Cet acte de la « rétrospection26 » crée ainsi du dialogisme entre les points de vue passés et présents. Les paroles du passé traduisent des injonctions, voire des préjugés auxquels fait face Aude. Un exemple tiré d’un souvenir qui se déroule dans l’environnement de travail d’Aude et qu’on présume avoir eu lieu quelques semaines plus tôt, éclaire les comportements et les commentaires sexistes d’un collègue – ni plus ni moins qu’un « champion en rhétorique » – au sujet de la place des femmes dans la sphère de l’ingénierie27 :

AUDE, souvent. Je pense qu’il faudrait prendre le problème par un autre angle

LE CHAMPION EN RHÉTORIQUE. C’est pas une question d’angle, ma belle/ C’est un question de trouver une solution/

AUDE, souvent. Ce que je veux dire, c’est que si on regarde les bases de données qu’on a/ On se rend compte de l’importance de prendre en considération les marges de sécurité et les réactions d’appuis

LE CHAMPION EN RHÉTORIQUE. Mathieu/Tu disais quoi avant?

AUDE, souvent. Non, mais c’est vrai/La résistance à la flexion de notre matériau de base/Est pas tout à fait cohérente avec l’idée générale

LE CHAMPION EN RHÉTORIQUE. Oui oui/C’est bien gentil là/Mais

[…]

AUDE, souvent. Tu fais-tu exprès?

LE CHAMPION EN RHÉTORIQUE. Voyons faut pas prendre ça comme ça/C’est un combat d’idées/Faut mettre nos sensibilités à l’extérieur de ça/T’es trop émotive pour débattre/Tu devrais le savoir/Veux-tu aller te reposer aujourd’hui?/J’imagine que t’as tes règles?28

Aude en conclut, après avoir relaté ce souvenir, que « [sa] fille [handicapée] aurait pas à vivre ça29 ». On peut lire deux idées derrière les interrogations et les craintes d’Aude, derrière l’emploi du « ça » : la peur que son enfant subisse le sexisme dans le monde du travail, mais aussi le doute sur la légitimité des femmes dans ces environnements de travail. La récurrence de l’adverbe « souvent » lié à ses répliques marque aussi formellement la lutte quotidienne d’Aude contre le sexisme de son collègue et on devine qu’elle voudrait soustraire sa fille à cette constante réitération.

Alors que Lou lui pose la question suivante : « Faque toi, tu penses que c’est plus facile d’être trisomique que d’être une femme30? » Aude lui répond : « [d]es fois je me demande31 » sous-estimant tout à coup la place des femmes dans des métiers moins traditionnels tels que l’ingénierie. On peut aussi se demander si, en ressassant ce souvenir, Aude ne tente pas de défier Lou, qui n’a de cesse de magnifier et de célébrer le métier d’ingénieure de son amie, en lui rappelant les difficultés et les préjugés qui y sont rattachés. Muriel Plana souligne que « l’œuvre dramatique politique idéale, soutenue par la fiction, traversée par le dialogisme, déchirée par les divisions, s’efforce de montrer et d’affronter les conflits. Elle se pousse de la sorte elle-même dans ses propres retranchements32 ». Ainsi, R. Déraspe nous montre le dialogisme interne d’Aude, aux prises avec des questionnements sur ce qu’il faudrait accomplir au nom de la libération des femmes (la liberté d’être sur le marché du travail) et sur les façons de s’occuper d’un enfant trisomique, sans reproduire les clichés associés à la mère au foyer (victimisation, dépendance économique, etc.) Ce dialogisme permet une réflexion plus générale sur « la valeur » des emplois occupés par les femmes et force à s’interroger sur ce que signifie réellement pour celles-ci s’accomplir en dehors de la sphère domestique.

Un autre exemple se présente plus loin, quand Aude commence sérieusement à se demander si le projet d’avoir cet enfant trisomique ne serait pas une autre manière détournée de se réaliser, d’être heureuse. C’est à nouveau avec un souvenir d’adolescence que le sujet s’impose. Face à un professeur à qui elle demande de « refai[re] [son] calcul33 », ce dernier, insulté, lui répond : « Ça sert pas à grand-chose de faire la plus fine/ T’es encore jeune/ Mais bientôt tu vas comprendre que les filles deviennent secrétaires/ Pas ingénieures/ Donc prends des notes à la place d’essayer de révolutionner mon cours34. » Tout de suite après cette réplique, Lou, nous ramenant au présent, répond, interloquée : « Des dizaines d’années d’études, juste pour envoyer chier une personne35? » On comprend donc qu’Aude a décidé de devenir ingénieure pour faire mentir ce professeur sexiste. Ce serait donc en termes de défis relevés que les accomplissements des femmes seraient plus légitimes et valorisés et c’est suivant ce même raisonnement que l’on comprend que pour Aude, élever un enfant trisomique représente aussi un défi. En isolant les souvenirs associés à la manière dont cette dernière est devenue ingénieure, en faisant du passé une temporalité rétrospective qui permet de voir le chemin parcouru de ce personnage, ces segments de Gamètes éclairent l’idée selon laquelle les femmes doivent se réaliser en dehors de la sphère domestique, dans une logique de dépassement de soi, et que les efforts demandés seront toujours plus grands pour elles.

Dans l’anticipation, la charge mentale

Les jeux temporels multiplient ainsi les voix qui traversent la discussion entre les deux personnages, en viennent à influencer leurs propres positions et à faire pencher leurs arguments d’un côté ou de l’autre. C’est donc par l’anticipation – surtout celle que produit Lou à partir de la situation d’Aude – que l’on est amené·e à imaginer ce que pourrait être l’emploi du temps de la mère d’un enfant trisomique. Tel qu’exposé précédemment, ni l’un ni l’autre des personnages ne pense la question de la maternité autrement que par le « thème du double », ou encore du mode de la « vie en deux36 ». C’est en ce sens que la question du choix, d’être mère ou d’avoir une carrière professionnelle, fait figure de pivot dramaturgique. Puisque c’est Lou qui tente de convaincre Aude du bien fondé d’un avortement pour sa carrière, les répliques d’anticipation qui servent ici d’exemples révèlent, à partir du point de vue de Lou, les obstacles auxquels elle croit qu’Aude devra faire face si elle choisit de garder l’enfant.

La notion de charge mentale se déploie donc sous diverses formes, à partir des répliques de Lou, pour nourrir la situation dramatique. Pour Monique Haicault, la charge mentale relève de « l’imbrication de temps sociaux multiples, d’activités diversifiées dans une pluralité de lieux dispersés autour de l’espace domestique37». Pour le dire autrement, il s’agit en quelque sorte d’une action mentale, celle de consolider pensées et gestes, temps requis et déplacement entre les lieux, pour que chaque activité de la vie se déroule le plus efficacement possible. C’est ce que font Lou et Aude quand elles simulent en pensée ce qui va peut-être se produire si Aude amène la grossesse à son terme. Les deux personnages sont donc déjà dans la charge mentale en essayant de voir venir les événements. Apparaissent dans le temps dramatique de l’anticipation des « modes de gestion des espaces-temps38 » réinscrits, répétés et maintenus, en raison de ce que Haicault nomme « l’idéologie des “rôles sexuels” qui alimente les imaginaires sociaux39 ». Dans Gamètes, cet imaginaire des modes de gestion se manifeste dans l’anticipation des tâches à accomplir et dans la manière dont elles vont modifier la présence d’Aude sur le marché du travail :

LOU. Non mais c’est vrai, Aude. Tu vas te suicider en dessous de ta trisomique à essayer d’y apprendre à s’essuyer comme y faut. Tu vas te pendre avec des listes à pus finir de rendez-vous avec des spécialistes. […] Tu vas arrêter de travailler. Tu vas scraper ton avenir pour un enfant qui en aura même pas. Non Aude. Juste non, Aude. T’es ingénieure. Mon amie est ingénieure civile. Si tu savais comme ça me rend fière, ça40.

Lou crée un effet de gradation avec les différentes activités, pour démontrer la lourdeur des tâches qui finiront par accaparer le temps de vie d’Aude. Elle lui donne d’abord en exemple un geste en apparence simple, « apprendre à s’essuyer », et c’est en sous-entendant la répétition de ce geste tout au long de la vie qu’elle imagine l’exaspération complète d’Aude par la figure choc « tu vas te suicider ». La seconde situation apparaît aussi sans issue – à nouveau, la métaphore de la mort, cette fois-ci, par pendaison – alors que se dessine sans difficulté toute la charge mentale derrière « les listes à pus finir ». Finalement, Lou arrive à la seule conclusion possible selon elle, c’est-à-dire celle où son amie va « arrêter de travailler » et donc, surtout, « scraper [son] avenir ». Spécifier qu’elle devra quitter son emploi nous ramène à la notion de maternité-comme-travail et au fait qu’il apparaît impossible d’avoir un enfant trisomique et d’occuper un emploi en dehors de la sphère domestique. Le côté étouffant, anxiogène de la charge mentale se construit ici dans une forme de synecdoque, au sens où le regard totalisant que porte Lou sur la situation rend pratiquement impossible d’isoler chacune des actions particulières et d’en diminuer les possibles effets sur le quotidien d’Aude. Dans le rapport d’accumulation, de répétition, et au cul-de-sac que l’on voit se profiler, la charge mentale apparaît tel un vertige qu’il faut contrer. En répétant deux fois le termes « ingénieure » à la fin de son plaidoyer, Lou s’assure qu’Aude n’oublie pas cette donnée, qui vient jeter une lumière plus ambitieuse et positive sur les actions dites suicidaires.

Dans l’anticipation du pire, Lou ne manque pas de pointer la solitude qui finira inévitablement par s’abattre sur Aude si elle concrétise son projet d’enfanter :

LOU. Un gars qui joue aux jeux vidéos au lieu de faire la vaisselle, c’est un gars qui laisse sa blonde enceinte affronter le médecin toute seule. Qui la laisse crever de peine pendant que lui “y avait tellement de travail, tu comprends”. Ça va être beau cette vie-là! David va se gratter la fourche en buvant du gin pendant que toi, tu vas crever dans le vomi de ton handicapée. Mais en même temps, c’est pas étonnant, tsé. Ça le concerne pas que votre enfant soit trisomique. Ben non, voyons. Les tâches domestiques sont encore majoritairement assumées par des femmes41.

Cette fois-ci encore, Lou utilise des effets d’amplification et d’accumulation pour convaincre Aude. Le terme « crever » est utilisé deux fois, ce qui contribue à associer le travail de reproduction à une charge trop lourde pour être même dépassée, une charge pour laquelle les femmes meurent, littéralement. David, le conjoint d’Aude, est dépeint comme un adolescent égocentrique et immature alors que l’enfant à venir est constamment caractérisé par son inaction et ses déjections. De son point de vue qui laisse entrevoir certains préjugés, Lou met en garde Aude contre une maternité qui relève de certains stéréotypes, mais dans le but de l’amener à réfléchir à la nécessité de se réaliser en dehors de la sphère domestique, puisque celle-ci semble la condamner inévitablement à l’isolement.

 Finalement, Lou utilise l’argument du rejet et du départ de David pour alimenter la peur chez Aude :

LOU. Pis David, y va te tromper. La bouche sur un autre vagin. Pis un matin, y va te dire : je suis désolé, je pense que je suis plus amoureux. Pis y va s’en aller avec ta dignité. Avec ce qui te restait de vie. Pis tu vas te retrouver toute seule avec la garde d’un enfant dysfonctionnel. Pis un moment donné, tu vas prendre la décision de la placer en centre spécialisé parce que ça va faire quatre cent vingt et un jours que tu te demandes comment faire pour pas aller étouffer ton enfant pendant son sommeil […]42.

Après avoir montré que son amie ne sera capable ni de s’accomplir professionnellement ni de s’occuper adéquatement de son enfant, en dernière instance, Lou évoque d’une part, le spectre de la rupture amoureuse comme conséquence de la maternité et d’autre part, la prise en charge de l’enfant par une instance publique. Les réflexions autour de la charge mentale culminent dans une peur quasi irrationnelle, où même la mort de l’enfant devient souhaitable. Ce troisième exemple d’anticipation dénote la circularité des arguments de Lou, la charge mentale étant représentée telle une boucle qui se referme sur elle-même et dans laquelle le pire est prédit, c’est-à-dire la mort de l’enfant. Monique Haicault soutient, à nouveau :

[l]a charge mentale est faite de ces perpétuels ajustements, de la viscosité du temps qui n’est que rarement rythme et beaucoup plus souvent immanence, où se perd le corps, où se tue la tête, à calculer l’incalculable, à rattraper sur du temps et avec du temps, le temps perdu à faire, à gérer43.

C’est ce que prévoit Lou, dans l’exemple précédent; la perte du corps dans la perte de la dignité, perte du « reste de vie »; perte de la tête, ne plus y voir clair et « calculer l’incalculable » en choisissant de « placer » l’enfant. Plus généralement, c’est bien cette « viscosité du temps » qui perdure, au fil des exemples d’anticipation, dans l’usage répété de ce « tu vas » récurrent (scraper ta vie, arrêter de travailler, te pendre, te suicider, …), dans une actualisation toujours immédiate du pire. La charge mentale, telle qu’imaginée grâce à ces divers « tu vas » (et nourrie par les actions attribuées à David) exemplifie ce qui a été mentionné précédemment à la suite d’Haicault, à savoir, « l’idéologie des “rôles sexuels”44 ». Le discours de Lou concernant la maternité et son anticipation rejoint ce que Nicole-Claude Mathieu appelle « la limitation de la “conscience propre” chez les femmes45», c’est-à-dire que la liberté de choix des femmes s’avère, dès le départ, un chemin parsemé d’embûches, quand on sait à quel point les actions des femmes dans la maternité-comme-travail, « sont orienté[e]s en fonction des autruis […]46 ». C’est cette trajectoire laborieuse que Lou tente de dessiner pour Aude. Les exemples sont certes exagérés par la peur de Lou mais cette orchestration de l’amplification, à travers le jeu temporel de l’anticipation, donne sa dimension théâtrale à la question de la charge mentale telle que R. Déraspe l’aborde dans sa pièce.

Gamètes : les angles morts de l’accomplissement de soi

Monique Haicault explique que dans le contexte du travail, « [les femmes] jouent avec les temps et sur les temps, car le temps est une donnée qui varie selon les espaces et les places occupées47 ». Une analyse combinée du temps dramatique et du temps social mis en texte dans Gamètes fait ressortir les charges sociale et mentale de l’activité productrice attribuée à la maternité-comme-travail. Le rythme des échanges et la construction argumentative serrée qui structurent le temps présent de la situation dramatique traduisent les injonctions néolibérales de l’accomplissement au féminin, celles d’être à la fois femme de carrière et mère. Pour comprendre comment Aude est devenue ingénieure civile et expliciter les défis associés à ce métier non-traditionnel pour les femmes, quelques retours en arrière sont particulièrement efficaces. Enfin, c’est surtout par l’anticipation que l’on voit apparaître la charge mentale associée à la maternité-comme-travail et c’est grâce à ces incursions dans un avenir imaginé que fonctionne le discours théâtral sur la question.

L’imbrication des divers temps dramatiques stimule, en somme, une réflexion plurielle, alors qu’en passant par la question de la maternité-comme-travail, la pièce de R. Déraspe tente de détourner les fondements traditionnels et les stéréotypes associés à la famille nucléaire. Malgré tout, c’est le chum d’Aude, David, qui semble être la solution à la situation à la fin de la pièce. C’est lui finalement qui accepte de quitter son emploi pour s’occuper de l’enfant à naître et c’est en envisageant ainsi la suite que Lou croit que David et Aude tenteront de « changer le paradigme48 ». En ce sens, ce que la pièce suggère à travers le discours féministe tenu par Lou, c’est que la liberté de choix des femmes demeure subordonnée à l’engagement des hommes. Au plus creux des enjeux soulevés par Gamètes, c’est l’hétérosexualité comme régime politique et social49 qui devient aussi un défi à relever.


Notes

1 Déraspe Rébecca, Gamètes, Montréal, QC, Atelier 10, collection « Pièces », 2017, p. 10.

2 J’emprunte l’expression à Camille Robert (2017), qui elle-même la reprend de Louise Toupin (1996). Toutes deux ont analysé cette question d’un point de vue historique.

3 Robert Camille. « Toutes les femmes sont d’abord ménagères » : discours et mobilisations des féministes québécoises autour du travail ménager (1968-1985), Mémoire de maîtrise, Montréal, QC, Université du Québec à Montréal, 2017, p. 43.

4 Ryngaert Jean-Pierre & Sermon Julie, Théâtres du xxie siècle : commencements, Paris, France, Armand Collin, 2012, p. 21.

5 Pavis Patrice, L’Analyse des spectacles, Paris, France, Armand Collin, 2016, p. 167

6 Haicault Monique, L’Expérience sociale du quotidien. Corps, espace, temps, Préface de Marie-Blanche Tahon, Ottawa, ON, Les Presses de l’Université d’Ottawa, collection Science sociales, 2000.

7 Selon Pavis, le temps comme composante dramaturgique ne peut être analysé sans prendre en considération son rapport à l’espace. Pavis, id. Il est intéressant de souligner que Haicault constate la même chose, d’un point de vue féministe et sociologique : « Le temps, l’espace et le corps agissent comme des facteurs puissants dans la construction quotidienne de l’expérience sociale » (id., p. 30). Sans vouloir délaisser complètement une analyse de l’espace, je me concentrerai surtout sur les effets des jeux temporels sur les propos des personnages.

8 McCarver Virginia, The Rhetoric of Choice and 21st-Century Feminism: Online Conversations about Work, Family, and Sarah Palin, Women’s Studies in Communication, 34, 2011, p. 29.

9 Voir à ce sujet Julie Lavigne, Anne-Marie Auger, Joseph Josy Lévy, Kim Engler et Mylène Fernet, Les scripts sexuels des femmes de carrière célibataires dans les téléséries québécoises. Études de cas : Tout sur moi, Les hauts et les bas de Sophie Paquin et C.A.1. Recherches féministes 261, 2013, p. 185–202.

10 Sarrazac Jean-Pierre, Poétique du drame moderne. De Henrick Ibsen à Bernard-Marie Koltès, Paris, France, Seuil, 2012, p. 67.

11 Bakhtine Mikhaïl, La Poétique de Dostoïevski, trad. Isabelle Kolitcheff, présentation de Julia Kristeva. Paris, France, éditions du Seuil, 1970, [1963], p. 66.

12 Haicault Monique, op. cit., p. 30

13 Ibid.

14 Déraspe Rébecca, op. cit., p. 30

15 McCarver Virginia, op. cit., p. 29

16 Déraspe Rébecca, op. cit., p. 43

17 Ibid., p. 60

18 Ibidem.

19 Ibid., p. 61

20 Bakhtine Mikhaïl, op.cit., p. 60. L’italique est dans le texte.

21 Seery Annabelle, « Les jeunes féministes et la valorisation du travail de reproduction : quelques réflexions sur le mouvement des femmes au Québec », Recherches féministes, 28(1), 2015, p. 157.

22 Galerand Elsa & Kergoat Danielle, « Le potentiel subversif du rapport des femmes au travail », Nouvelles Questions Féministes, 27(2), 2008, p. 76.

23 Ryngaert Jean-Pierre, Écritures dramatiques contemporaines, 2e édition, Paris, France, Armand Collin, 2011, p. 124.

24 Déraspe Rébecca, op. cit., p. 35

25 Dardot Pierre & Laval Christian, La nouvelle raison du monde. Essai sur la société néolibérale, Paris, France, La Découverte, 2009, p. 5

26 Sarrazac Jean-Pierre, op. cit., p. 67

27 La barre oblique dans cette série de répliques indique un saut à la ligne dans le texte.

28 Déraspe Rébecca, op. cit., p. 63-64. L’italique est dans le texte.

29 Ibid., p. 65

30 Ibidem.

31 Ibidem.

32 Plana, Muriel, Théâtre et politique, pour un théâtre politique contemporain, Paris, France, Orizons, 2015, p. 114.

33 Déraspe Rébecca, op. cit., p. 82

34 Ibidem. L’italique est dans le texte.

35 Ibidem. L’italique est dans le texte.

36 Haicault Monique, op. cit., p. 83

37 Ibid., p. 15.

38 Ibid., p. 86.

39 Ibid., p. 85.

40 Déraspe Rébecca, op. cit., p. 32-33. L’italique est dans le texte.

41 Ibid., p. 36-37.

42 Ibid., p. 68.

43 Haicault Monique, op. cit., p. 92.

44 Ibid., p. 85.

45 Mathieu Nicole-Claude, L’anatomie politique : catégorisations et idéologies du sexe [1991], Donnemarie-Dontilly, France, éditions iXe, 2013, p. 176.

46 Mathieu Nicole-Claude, ibid.

47 Haicault Monique, op. cit., p. 87.

48 Déraspe Rébecca, op. cit., p. 85.

49Wittig Monique, La pensée straight [2001, 2007], Paris, France, Amsterdam, 2013.


Bibliographie

Pièce de théâtre

Déraspe Rébecca, Gamètes, Montréal, QC, Atelier 10, collection « Pièces », 2017, 120 p.

Ouvrages théoriques

Bakhtine, Mikhaïl, La Poétique de Dostoïevski, trad. Isabelle Kolitcheff, présentation de Julia Kristeva, Paris, France, éditions du Seuil, 1970, [1963], 368 p.

Dardot Pierre & Laval Christian, La Nouvelle raison du monde. Essai sur la société néolibérale, Paris, France, éditions La Découverte, coll. Poche, 2009, 504 p.

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Robert Camille, « Toutes les femmes sont d’abord ménagères » : discours et mobilisations des féministes québécoises autour du travail ménager (1968-1985). Mémoire de maîtrise, Montréal, QC, Université du Québec à Montréal, 2017b, 175 p.

Ryngaert Jean-Pierre, Écritures dramatiques contemporaines, 2e édition. Paris, France, éditions Armand Collin, 2011, 224 p.

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Articles

Galerand Elsa. & Kergoat Danielle, « Le potentiel subversif du rapport des femmes au travail », Nouvelles Questions Féministes, 2008, 27(2), p. 67-82.

Julie Lavigne, Anne-Marie Auger, Joseph Josy Lévy, Kim Engler et Mylène Fernet, « Les scripts sexuels des femmes de carrière célibataires dans les téléséries québécoises. Études de cas : Tout sur moi, Les hauts et les bas de Sophie Paquin et C.A.1 », Recherches féministes 261, 2013, p. 185–202.

McCarver, Virginia, « The Rhetoric of Choice and 21st-Century Feminism: Online Conversations about Work, Family, and Sarah Palin », Women’s Studies in Communication, 2011, 34, p. 20-41.

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Toupin Louise, « Des “usages” de la maternité en histoire du féminisme. Recherches féministes, 1996, 9(2), p. 113-135.