La fin des Foscari dans la peinture, le théâtre et l’opéra au XIXème siècle.

HAYEZ Francesco,(1791-1882), Accusa segreta, 1847-1848, huile sur toile, 150 x 120 cm, Pavie, Musei Civici del castello Visconteo.

 

Sous la direction de Jean Nayrolles

Le nom de la famille Foscari, pour peu qu’il est encore connu aujourd’hui, n’est pas resté dans les annales de Venise pour le long règne du doge Francesco Foscari, mais pour la fin de sa vie où se joue l’aboutissement de la supposée vendetta d’une famille rivale : les Loredano.

HAYEZ Francesco,(1791-1882), L’ultimo abboccamento di Jacopo Foscari con suo padre, 1838, huile sur toile, 165 x 233 cm, Florence, Palazzo Pitti. ©Artgate Fondazione Cariplo

Cette histoire, c’est l’américain John Blake White qui est le premier à la mettre en scène en 1806 à Charleston. Cependant elle ne traverse pas l’Atlantique. C’est la pièce de l’anglais Lord George Gordon Byron, écrite en 1821, qui aura un véritable retentissement en Europe et fera de la fin de Foscari un sujet traité tant dans la littérature, l’opéra et la peinture. En effet, le génie romantique qui réside dans cette vendetta va inspirer le poète Samuel Rogers (1822), l’écrivaine Mary Russell Mitford (1826), le compositeur Giuseppe Verdi en 1844 mais aussi bon nombre de graveurs et peintres européens (Italie, France, Angleterre, Belgique, Autriche-Hongrie, Espagne) du XIXe siècle (de 1822 jusqu’à la fin du siècle), engendrant ainsi la production d’une soixantaine d’œuvres picturales.

C’est cette effervescence autour du sujet Foscari qui m’a amené à développer divers questionnements sur les influences et relations artistiques durant le XIXe siècle. D’où vient l’inspiration ? Du théâtre de Byron, de l’opéra de Verdi, de l’histoire elle-même ou encore d’un maître de peinture en particulier ? Ce questionnement se place au sein de courants s’entremêlant, tels que l’historicisme et le romantisme qui suscitent l’enjeu de la réinvention du passé dans l’art. L’émergence de l’école vénitienne française au XIXe siècle[1], s’inspirant de la Renaissance italienne, fait écho aux constructions identitaires à travers l’art d’un XIXe siècle durant lequel l’Europe vit divers bouleversements territoriaux et revendications nationalistes.

 

[1] Ecole qui n’existe en réalité pas vraiment comme le démontre très justement Anna Jolivet dans son ouvrage qui rappelle les constructions historiographiques idéologiques qui accompagnent l’histoire de l’art.

Anna Jolivet, L’invention de l’école vénitienne en France au XIXe siècle, Presses universitaires de Rennes, Rennes, 2016.

DUVEAU Louis,(1818-1867), L’Abdication du doge Foscari, 1838, huile sur toile, 325 x 250 cm, Toulouse, Musée des augustins. © Photo STC – Mairie de Toulouse