Séoul – Paris – Séoul 2015-2016

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Naissance de lumière, 2014, Bang Hai Ja, pigments naturels sur papier

Enrico Cernuschi dit « Henri Cernuschi » est un italien qui vivra la plus grande partie de sa vie en France. Il fera un grand tour du monde entre 1871 et 1873. Cette région est fascinante pour lui. De ce voyage il rapportera près de 5000 objets d’arts provenant d’Asie. A son retour il fait construire une maison dans laquelle il expose ces trouvailles pour en faire une collection. Il adore sa collection qui attire et inspire de nombreux artistes. C’est exactement ce qu’il souhaitait, partager avec les autres, la magie de l’Asie. Il léguera sa collection à la ville de Paris pour en faire un musée dont tous pourront profiter. Le musée est inauguré le 28 octobre 1898 et est donc consacré aux arts asiatiques notamment de la Chine, du Japon, de la Corée et du Vietnam.

L’exposition Séoul – Paris – Séoul est donc organisé au musée Cenuschi du 16 octobre 2015 au 7 février 2016. Le commissaire d’exposition est Mael Bellec qui est aussi le conservateur du musée Cernuschi. L’exposition est organisé dans le cadre de l’Année de la Corée en France et est consacré aux artistes coréens contemporains ayant travaillé ou travaillant toujours en France. Le musée expose une soixantaine d’oeuvres qui proviennent de plusieurs collections; celle du Musée Cernuschi, le Musée national d’art moderne de Séoul, du musée Lee Ungno de Daejon et de collections privées du Centre national des arts plastiques.

Nous allons nous demander comment la France influence ces artistes coréens tout en gardant une identité coréenne. Nous ferons une première partie historique puis une seconde partie thématique.

Partie I: Historique

Mael Bellec fait le choix d’exposer uniquement des peintures et met donc volontairement de coté les installations et les photos. Ce manque est inévitable car plus de 300 artistes on séjourné en France. Bellec limite l’exposition et propose un parcours tourné sur la créativité et cherche a susciter la curiosité du spectateur. L’exposition est sobre et épurée ce qui permet aux œuvres de se mettre en valeur elle-même.

L’exposition débute par parler du retard des artistes coréens sur ses voisins mais aussi sur le vocabulaire plastique internationalisé. Il faut attendre les années 1950 pour que la Corée se mette à niveau dans les milieux artistiques. La France jouera un rôle important dans sa remise à niveau. A partir de là la Corée commencera à se faire une place sur la scène artistique internationale grâce à des échanges franco-coréens. Ces échanges vont donner un nouvel élan à la création des artistes coréens qui était jusque là un pays très conservateur et épuisé par la Seconde Guerre Mondiale ou encore la guerre de Corée. De nombreux artistes s’exilent en France. Ce nouveau pays leur sert donc de refuge mais aussi de lieu d’apprentissage pour les techniques occidentales. C’est à la fin de la Seconde Guerre Mondiale que l’art coréen connaît un essor de création avec un assimilation des techniques internationales. Cet art coréen est aussi influencé par le courant du Nouveau Réalisme débuté en 1947.

vue sur Séoul, Bang Hai Ja,1958, huile sur toile

Les femmes artistes s’expatrient elles aussi en France. Vers les années 1940 et 1950 elle quittent la Corée pour vivre pleinement de leur art car la société coréenne use d’une forte pression sociale vis à vis du rôle de femme au foyer. Ainsi on retrouve des femmes comme Bang Hai Ja. L’exposition aime montrer ce dialogue entre la Corée et la France. Certains artistes sont influencé par l’école de Paris et se familiarise avec les techniques occidentales comme Park Seo-Bo ou Kim Whanki. Pour d’autres, comme Lee Ungno ou Bang Hai Ja, s’intègrent dès leur arrivés à l’école de de Paris et leur intérêt pour l’abstraction lyrique est plus marqué et se développe. Kim Guiline est un des derniers artistes à échanger avec l’art français. Il est proche de l’art Support/Surfaces tout en conservant une part d’ironie. L’influence de l’expressionnisme américain ainsi que celle de l’école de de Paris conduit certains artistes à passer à l’abstraction avant la fin de la décennie.

L’influence américaine et Française répond au besoin d’expression individuelle ressenti par les artiste coréens après de longue période de guerre.

Ce partis pris individuels opèrent dès la fin des années 1960 avec une nouvelle génération d’artiste. La France et les pays étrangers sont vu comme des lieux privilégiés pour l’inspiration. Leur prédécesseurs ont acquis une renommé et des techniques ainsi les échanges avec les pays occidentaux ne sont plus des lieux de formations ou d’occasions d’enrichir sa culture mais renforcent le sentiments d’appartenance au pays. Par cette différence de culture, les artistes font de plus en plus allusion à la Corée par l’utilisation de matériaux ou bien de geste. La France devient une destination pari d’autres mais reste tout de même appréciée par son patrimoine et sa vie culturelle. L’artiste Lee Bae est, je trouve, un bon exemple. Il utilise le potentiel des matériaux naturels pour rendre compte de contrastes ou de transparences, des composition en noir et blanc ou encore l’encre avec comme support de la toile ou du Hanji (papier coréen). Le geste et le corps de l’artiste est important dans la réalisation de l’œuvre. Pour Yoon-Hee l’œuvre est incarné par le mouvement et le geste pendant la réalisation de l’œuvre. L’exposition montre aussi l’importance de la calligraphie dans l’art coréen. Les artistes revisitent cet art et lui donne une nouvelle forme comme c’est le cas avec certaine œuvre de Lee Bae.

Sans Titre, 2015, Lee Bae, noir de charbon et médium, acrylique sur toile

parisienne, Lee Bae, Encre de chine, lavis brun et bleu

Partie II: Thématique

L’exposition ne laisse pas le spectateur seul face à ces œuvres mais aiguille sont parcours autour de trois thématiques : la calligraphie, l’imagination de la matière et à l’unisson du monde. Cela permet au spectateur d’avoir un sentiment d’exploration à travers l’exposition et laisse place à la sensibilité et aux sentiments du spectateur.

Lors de cette exposition on se laisse guider en se promenant à travers les calligraphies donc le gestes est aussi important que le résultat final de l’œuvre. La calligraphie est au cœur des œuvres de l’Asie, c’est un héritage prestigieux. Certains artistes pratiquent la calligraphie selon des codes ancêtraux mais d’autres y voient des possibilités picturales et de nouvelles formes de créations. Ils inventent des styles d’écritures, des caractères fictifs et rendent la calligraphie abstraite. Comme celle de Lee Ungno avec le poème de Yulgok et poème de Sin Saimdang, ou il réalise un mélange entre le geste et la poésie. L’artiste Tschang-Yeul joue sur le relief et la mise en valeur de l’écriture.

Une attention particulière est donné au support, une apporhce tactile et visuelle de l’œuvre. L’utilisation de matériaux naturels. Les artistes explorent tout le potentiel du support comme avec des collages de Bang Hai Ja ou Burnt Umber de Yun Hyong-Keun. La matière est travaillé voir même parfois modelé. Des effets de lumière sont même donné au Hanji avec des œuvres travaillées au charbon et à l’encre comme avec les œuvres de Shim Kyung-Ja.

Raie ,Yoo Hye-Sook, 2001, acrylique et mine de plomb sur papier marouflé sur toile

L’exposition s’achève avec l’oeuvre Naissance de lumière (2014, pigments naturels sur papier). L’oeuvre met en avant le travail de la lumière et de la clarté. C’est une œuvre très lumineuse qui conclu l’exposition, de la lumière née de la lumière.

Pour conclure, cette exposition met en valeur un art coréen méconnu qui oscille entre art occidental et art traditionnel. Le travail des artistes témoignent d’une volonté de recherche et de variété plastique et stylistique. Chacun des artistes ayant séjourné en France permettent un dialogue entre les arts occidentaux et les arts coréens avec un renouvellement des arts contemporains. Par cette exposition un sentiment d’harmonie en ressort. Mael Bellec questionne cette art coréen et se demande ce qu’est faire œuvre coréenne. Il affirme qu’« une œuvre […] d’autant plus coréenne qu’elle s’inscrirait dans un contexte étranger » (p93, Séoul-Paris-Séoul: artistes coréens en France, 2015).

Karma, Shim Kyung-Ja,1988n encre et couleurs sur papier

Bibliographie

Exposition « Séoul Paris Séoul » au Musée Cernuschi – Culturez-vous

Roxani-Anastasia Kampasele, « Séoul-Paris-Séoul : artistes coréens en France », Critique d’art [En ligne], Toutes les notes de lecture en ligne, mis en ligne le 20 mai 2017, consulté le 19 avril 2021. URL : http://journals.openedition.org/critiquedart/21395

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