« The Other Story », Hayward Gallery, Londres ( 29 novembre 1989 – 4 février 1990).

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L’exposition « The Other story : Asian, African and Caribbean artists in post war Britain » prit place à la Hayward Gallery de Londres, du 29 novembre 1989 au 4 février 1990. Comme le laisse sous-entendre son titre, elle rassemble des artistes issus de l’héritage colonial du Royaume-Uni.

L’Empire britannique atteint son apogée au XIXe siècle grâce à ses colonies disséminées sur les cinq continents. Une expression populaire le décrit alors comme « l’empire sur lequel le soleil ne se couche jamais », démontrant son étendue géographique colossale. C’est en 1920 qu’il atteint sa taille maximale, devenant l’empire le plus étendu de l’histoire, devant l’Empire Mongol, et englobe approximativement 26% de la surface terrestre[1]. Le Royaume-Uni est alors un véritable melting-pot de cultures et de civilisations du monde entier. Cependant, la culture britannique est vue comme prédominante, savante et sophistiquée, tandis que les mœurs des pays colonisés sont perçues comme bien plus sauvages. Malgré un véritable attrait pour l’exotisme, l’art et la culture de ces pays sont fréquemment caricaturés et dégradés comme en témoignent les expositions coloniales du XXe siècle. Après la Seconde Guerre mondiale, l’Empire britannique perd peu à peu sa suprématie et de nombreux pays déclarent leur indépendance. Une forme de racisme ambiant perdure néanmoins dans la société britannique, du fait de plusieurs siècles de domination impérialiste. C’est pourquoi les artistes asiatiques, africains ou encore provenant des colonies américaines ont pendant longtemps des difficultés à faire reconnaître leurs travaux. Rasheed Areen, un artiste et conservateur lui-même d’origine pakistanaise, décide de créer une exposition dans laquelle ces artistes pourraient exposer leurs œuvres. L’idée du projet est née à la fin des années 70 mais il est une première fois rejeté par the Arts Council en 1978. Comme l’explique Joanna Drew (directrice de la Hayward Gallery de 1987 à 1992) : « Faire une exposition sur la base de l’origine raciale n’est pas une chose facile dans le monde de l’art. ». Pourtant, le projet voit finalement le jour en 1989, encouragé par les mouvements antiracistes des années 80 qui se développent un peu partout dans le monde.

De quelle manière l’exposition The Other Story a-t-elle permis de bouleverser les canons européens de l’époque en mettant en lumière des artistes aux origines diverses, et cela malgré de fortes critiques à son encontre ?

Pour cela, il est important de comprendre avant tout quels sont les thèmes abordés par les œuvres exposées et comment ces dernières sont mises en évidence au sein même de l’exposition. Ensuite, nous présenterons certains des artistes présents, leurs liens entre eux mais également leurs différences. Enfin, il sera intéressant d’étudier la réception de l’exposition, de ses critiques les plus virulentes à sa postérité.

 I.            Les sujets et leur mise en lumière

1)     Thèmes abordés durant l’exposition

Dans l’introduction du catalogue de l’exposition, Rasheed Araeen demande : “peut-on parvenir à un véritable pluralisme sans récupérer ce que nous avons perdu dans le passé pour quelque raison que ce soit ? Pouvons-nous nous permettre d’être plus complaisants ?”. Dans le catalogue de l’exposition je cite c’était de “faire une exposition sur la base de l’origine raciale n’est pas quelque chose qui vient facilement au monde de l’art” à dit la directrice de la galerie Hayward, Joanna Drew. Cette exposition fut proposée pour la première fois mais rejetée par le Conseil Des Arts en 1978 pour être qualifiée “d’intempestive”, « déplacée », “inconvenant”… Cependant certains critiques soutiennent que The Other Story a été rendu possible grâce à l’activisme populaire croissant lié au British Black Art Movement, à la critique féministe et aux discours antiracistes au Royaume-Uni, aux Etat-Unis et en Afrique-du-Sud. Les critères de sélection de l’exposition se sont concentrées sur la relation entre le modernisme chez des artistes asiatiques, africains et caribéens qui ont résidé en  Grande-Bretagne d’après-guerre pendant 10 ans. Par conséquent, le spectacle est considéré comme une invention dans le “canon exclusif du modernisme euro-américain”. 

Présenter comme une initiative historique pour réfléchir à l’héritage colonial de la Grande-Bretagne et établir le travail des artistes négligés d’ascendance africaines, asiatiques et caribéennes. Une réponse au racisme, aux inégalités et à l’ignorance des autres cultures qui était un sujet omniprésent à la fin des années 1980 en G-B. L’autre histoire était divisée en quatre parties, sections thématiques :  “Dans la citadelle du modernisme”, “Prendre le taureau par les cornes”, “Faire face au système” et “Récupérer les métaphores culturelles” qui est la traduction française. 

Bien que R. Araeen ait utilisée le terme “afro-asiatique” dans le catalogue de l’exposition et les textes muraux pour désigner les artistes participants, la bannières promotionnelles à utiliser un titre différent : “l’autre histoire : artistes asiatiques, africains et caribéens dans la Grande-Bretagne d’après-guerre”. L’historienne culturelle Lucy Steeds soutient cette terminologie dissocie la solidarité et la “connectivité à trait d’union dans “afro-asiatique””. Avec un article datant du 30 septembre 2018 nommée  “Retelling ‘The Other Story’ – or What Now?” Bien que cette dernière fut rejetée à cause de sa véhémence par certains critiques d’arts à l’époque, le spectacle a été plus salué comme une initiative historique, longtemps après l’occasion de la visite est passée.

le texte du catalogue d’Araeen ne laisse aucun doute sur le fait que l’absence d’artistes noirs et asiatiques de l’histoire du modernisme britannique et du patrimoine national ne peut être attribuée qu’à une discrimination raciste. Dans l’essaie du catalogue de Guy Brett il suggère que cette exclusion était symptomatique d’un malaise plus large dans “l’establishment” artistique britannique, qu’il décrit comme “un modèle archaïque et encore fondamentalement des beaux-arts” qui n’a systématiquement pas reconnu l’expérimentation et le transnational en son sein. En effet, en l’absence de soutien institutionnel, il est courant de trouver des artistes

2)    La mise en valeur de ces derniers

L’exposition est divisée en quatre parties et suit un ordre chronologique, la première s’intitule : “Citadel of modernism” elle  est située  au rez -de -chaussée. Elle s’ouvre avec les œuvres du sculpteur Ronald Moody sur le thème de “’humanism and figuration”. Ensuite, les œuvres sur le thème: “Citadel of modernism” sont exposées,  quasiment tous les artistes sont représentés dans cette section, elle rassemble les créations les plus anciennes de l’exposition puisqu’elles sont souvent antérieures aux années 60, ce sont majoritairement des toiles. Cette première partie se termine avec la présentation d’un autre sculpteur sur avec le thème  » towards a new Abstraction « . La deuxième partie est appelée:  » Taking the bull by the Horns », elle est aussi au rez -de -chaussée. Ici, sont présentées des œuvres des années 60-70, il n’y a que 4 artistes. Dans cette section nous pouvons observer plusieurs œuvres participatives et en mouvements comme: “Auto-ejaculator” de David Medalla’s mais aussi  “A stitch in time” de Likewise ou encore “Toys” de Li Yuan Chia. 

(Fig. 1)

La troisième partie est intitulée ;   » confronting the système « ,  elle est chronologiquement dans la lignée de la deuxième section car  elle expose des œuvres des  années 70 à 80. Cette partie propose des œuvres qui abordent de grandes questions politiques tel que le: nazisme ou encore  le pouvoir mis en place par Margaret Thatcher. La 4ème partie ;  » recovering Cultural Methaphors » est elle,  au 1er étage. Elle aborde elle aussi des thématiques politiques et engagées: anti-impérialisme, rejet de la technologie… Une sous partie appelée  » trophies of empire » est faite avec des murs temporaires , pour pouvoir fixer des multitudes d’objets dessus sans abîmer les murs permanents.  Cette sous- partie est dédiée au thème du colonialisme. Les œuvres de Shimizu qui sont exposées dans cette section sont aussi accrochées sur les murs extérieurs du musée.  

 (Fig 2)

Les murs extérieurs du bâtiment sont aussi utilisés pour la publicité, des banderoles rouges avec le titre en noir qui par le contraste attire l’oeil des passants sont accroché à l’avant du batiment. D’autres affiches de publicité (comme celle ci-joint) sont accrochées dans la ville.

(Fig 3) 

A l’intérieur du bâtiment les œuvres sont  mises en valeur par l’éclairage, celui-ci est une source directe mais pas isotrope. Pour certains objets suspendues ou accrochées aux murs, la lumière et les ombres qu’elle provoque faisaient partie intégrante du rendu global de l’œuvre. 

(Fig.4) 

L’habillage de la salle est aussi important pour mettre en avant les œuvres, le plafond sombre, le sol sombre et les murs clair (peints en blanc) permettent d’attirer l’oeil sur les oeuvres. Il y a d’ailleur peu de signaux exterieur qui viennent distraire le regard; la signalétique par exemple est trés sobre; l’ecriture est en noir sur des feullies blanches de largeur A3 en portrait sur lesquelles est décrit (le plus souvent)  l’intention de l’artiste. Il n’y a pas de fléchage pour se repérer dans l’exposition mais l’agencement du bâtiment est fait de telle sorte qu’il y a un parcours facile à suivre. 

   II.            Le choix des artistes et des œuvres

1)    Présentation des artistes et de certaines œuvres

L’exposition compte 24 artistes, qui au départ étaient essentiellement des hommes et au fur et à mesure quelques femmes se sont ajoutées à ce travail. Voici la liste de ces 24 artistes : Rasheed Araeen, Saleem Arif, Sonia Boyce, Frank Bowling, Eddie Chambers, Avinash Chandra, Avtarjeet Dhanjal, Uzo Egonu, Iqbl Geoffrey, Mona Hatoum, Lubaina Himid, Gavin Jantjes, Balrajna Khan, Li Yuan-chia, Donald Locke, David Medalla, Ronald Moody, Ahmed Parvez, Ivan Peries, Keith Piper, Anwar Jalal Shemza, Kumiko Shimizu, Francis Newton Souza et Audrey Williams. 

Eddie Chambers, Destruction of the National Front, 4 sérigraphies sur papier. Affichage: 827 × 2392 mm. cadre: 827 × 572 × 18 mm chacun

Eddie Chambers traite la question du racisme à travers une référence à l’Union Jack. Dans les quatre collages composant la Destruction Of the National Front daté de 1979-1980, on y voit une croix gammée découpée dans le drapeau britannique, posée sur un fond noir qui est progressivement déchirée. Dans ce travail, nous avons une référence culturelle spécifique qui était une affiche produite par la Ligue anti-nazie qui est dominée par une image d’Adolf Hitler criant, avec comme sous-titre “Le Front national est un front nazi”’, ainsi qu’une petite mais alarmante bannière qui lie l’Union Jack et la croix gammée née au coeur d’une mer de cadavres humains remplissant le reste de la page. Ainsi dans le travail de Chambers, nous voyons le racisme et l’idéologie nationaliste des nations britanniques dans les années 1970. Aujourd’hui, la destruction du Front national est considérée comme une œuvre fondamentale du mouvement des arts noirs et un appel à protester contre un mouvement d’opposition. En 1981, un an après avoir terminé le travail, Araeen a dit : “Le travail de l’artiste noir doit être considéré comme ayant des fonctions positives spécifiques : un outil pour nous aider dans notre lutte pour notre libération, tant au pays qu’à l’étranger, par opposition à reflétant simplement la faillite morale des temps modernes. » (Rasheed Araeen, ‘Eddie Chambers: Destruction of the NF’, troisième texte, numéro 5, hiver 1988/89: 45). Cependant, le travail de Chambers doit aussi au punk rip-and-paste. En d’autres termes, la rage créative s’est développée en tant que cordon de l’identité britannique dans la musique pop de maintenant par exemple. Dans les deux cas, le travail est destiné à un public de masse au lieu de se limiter au rare public de la galerie traditionnelle.

Dans les quatre panneaux du Hayward, extraits de l’exposition itinérante “The Black Bastard as a Cultural Icon” en 1985, Chambers utilise à nouveau des collages, mais s’inspire cette fois-ci de sa vaste collection d’artefacts. La culture britanniques mobilisée est connue sous le nom de “ golliwogs”, la poupée de dessin animé raciste au visage noir et aux cheveux duveteux. L’Union Jack est présenté en trois volets dans ces premiers panneaux, comme toile de fond pour les photos des trois badges Golliwog. Le directeur marketing de l’entreprise cité sur ce panneau déclare : “Golly fait partie de notre tradition nationale”. Une attaque contre elle est une attaque contre l’une des cultures britanniques. Le mot “notre” dans ce contexte est soigneusement inclus dans les panneaux suivants, où la personnalisation de l’utilisation du terme possessif “mon” se rapporte à la naissance britannique d’un héritage culturel noir, se confond de façon troublante avec les stéréotypes raciaux plutôt que de faire ressortir une particularité vécue. Là encore, comme dans “Destruction du Front National”, ou pour se référer au public britannique dans sa diversité ethnique. La juxtaposition entre image et texte a un effet politique qui résonne avec le travail contemporain de Barbara Kruger, une artiste américaine. Pourquoi avoir choisi ces deux exemples ? Tout simplement parce que ces oeuvres font le lien entre l’époque et le fait que ce soit des artistes de couleurs qui sont là pour protester contre le racisme au Royaume-Uni.  Finalement cela en devient un mouvement protestant contre le racisme et qui va s’entendre de façon mondial, même si ce n’est pas une exposition qui sera précurseur du mouvement elle est vu comme une aide, une forme de courage artistique. 

Dans une autre pièce, des murs installés de façon temporaire ou l’artiste Locke à une présentation supplémentaire. Trophies of Empire qui date de 1972-74 va, quant à lui, unir le sol avec les murs. Ce travail présente l’impérialisme car il parle avant tout de la colonisation avec un équilibre et une immobilité dévastatrice.  Il travaille avec le préfixe “anti” qui exprime une opposition agressive. Pourtant, ici on peut ressentir le puissance dans le sens d’articulation. Cette œuvre sculpturale de Locke et celle de l’artiste Kumiko Shimizu, qui a suivi l’exposition à la Hayward Gallery durant une autre exposition nommée “Objects and Sculpture” en 1981 et qui finalement vient comme un objet comparatif qui réunissaient les travaux de huits nouveaux artistes de Grande-Bretagne et qui inclut Anish Kapoor qui refusa de participer à l’exposition The Other Story

2)    Des artistes en adéquation avec le sujet principal

Les liens que l’on peut tisser entre les artistes présentés, ce sont des hommes de couleurs avec des origines différentes mais le lien le plus fort qu’ils les uni c’est certainement la principale cause mondiale qui encore aujourd’hui nous concerne. Ainsi, c’est une réponse à la question du racisme, des inégalités et l’ignorance des autres cultures, de la politique mais également des artistes ayant vécu la seconde guerre mondiale. Après cette dernière, ils tiennent des positions, des idéologies, des conceptions à défendre et cela grâce à l’art. Ils vont pouvoir exprimer leur mécontentement. C’est un moyen d’expression autrement dit c’est une réponse au racisme et à l’héritage coloniale pour rétablir le travail d’artistes dit négligés.

Comme nommée précédemment on a des artistes de différents pays alors chaque artiste à sa propre idée de comment répondre au racisme et à toutes ces questions d’après guerre. “Faire une exposition sur la base de l’origine raciale n’est pas quelque chose qui vient facilement au monde de l’art” écrit Joanna Drew directrice de la galerie Hayward. On parle alors de pluriculturalisme étant donné que cette exposition a pu se faire grâce à certains critiques qui eux soutiennent cette idée mais également grâce à l’activisme lié au British Black Art Movement et aux discours antiracistes au Royaume-Uni, en Afrique-du-Sud et aux Etat-Unies. 

R. Araeen pose dans son introduction “Peut-on parvenir à un véritable pluralisme sans récupérer ce que nous avons perdu dans le passé, pour quelque raison que ce soit ? Pouvons-nous nous permettre d’être plus complaisants ?”, nous savons que l’exposition est divisée en catégories pour atteindre une entente entre chaque personnes, mouvements, pour que le public soit sensibilisé et se motive lui-même à défendre et surtout comprendre le racisme. Le terme d’euro-américain n’est pas utilisé par l’écrivain qui lui utilise le terme de afro-asiatique dans le catalogue. Mais alors, pourquoi n’utilise-t-il pas le même terme ? C’est un terme qui englobe beaucoup plus les personnes de couleurs, pour ainsi dire qu’ils y’a plusieurs personnes provenant d’Asie que du monde de l’Europe ce terme est mal utilisé et peut-être que pour l’écrivain c’était une mauvaise formule que de les nommer comme “euro-américain” alors que lui a directement viser les personnes qu’ils a choisit pour son expositions. Cela se coordonne donc avec son catalogue et ce qui se passe réellement dans son exposition, qui ils veulent voir sur le devant de la scène, montrer les oubliés du monde. 

III.            La réception de l’exposition

1)    Les critiques

La réception de l’exposition fut très mitigée. D’un côté, les critiques d’art de l’époque ont loué la critique de l’impérialisation des institutions, qui a permis de pointer du doigt le racisme institutionnel. La volonté d’Araeen était de mettre en avant une autre mémoire, celle des populations des colonies britanniques, et on peut dire qu’il a réussi à nous proposer une exposition qui nous offre un panorama, certes incomplet, mais exhaustif de ces populations. 

D’un autre, plusieurs critiques se sont abattues sur l’exposition et son contenu. Petrine Archer-Straw , historienne de l’art, critique le manque de représentation de l’art vernaculaire, notamment des films et des musiques. On dénonce également le principe même de l’exposition qui est vu comme paradoxale par plusieurs critiques. On remarque en effet un désir d’inclusion et d’acceptation d’un système qu’ils critiquent pourtant durant toute l’exposition.

La plus grosse critique est sans doute celle de Stuapa Biswas, une artiste d’origine Indienne, qui dénonce un manque de représentation d’artistes féminines. Seulement quatre sur vingt-quatre artistes, Sonia Boyce, Mona Hatoum, Lubaina Himid, et Kumiko Shimizu. Araeen se défend d’avoir invité plus d’artistes féminines mais qu’elles ont refusé, de plus, c’est pour lui la simple représentation de la scène artistique dites : “Afro-Asian” de cette époque. Il sous-entend alors qu’il y aurait peu de femmes artistes dans cette génération d’après-guerre. Il répond à Biswas en qualifiant sa critique de : « Phoney feminism » que l’on peut traduire par du   « faux féminisme » ou bien du « féminisme mal placé ». Il critique par la suite dans sa réponse le manque de culture historique de la part de l’artiste et juge son scepticisme comme une marque de connivence avec les « blancs » hostiles depuis le départ au projet. Sa réponse à ces allégations de sexisme semble contre-productive ; Araeen ne fait que justifier la critique de Biswas en l’attaquant directement de la sorte.

Les artistes qui ont refusé (au moins 5) craignaient notamment un “effet ghetto”. Une stigmatisation de leur travail plus qu’une mise en avant. Cependant, malgré ces points négatifs forts soulignés par les critiques d’art, l’exposition est un véritable succès.

Lucy Steeds, le 30 septembre 2018 a fait une critique construite de cette exposition. nommée Retelling ‘The Other Story’ – or What Now?” de sa traduction en français “Raconter «l’autre histoire» – ou que faire maintenant?”  qui est une critique en  faveur et que je vous dirige à aller les lire sur https://www.afterall.org/exhibition/the-other-story/retelling-the-other-story-or-what-now/ 

2)    Succès et postérité

Dans une société multi-ethnique comme le Royaume-Uni, il était important pour Araeen de montrer au public l’aspect multiculturel de l’art du Commonwealth. The Other Story a permis de continuer le mouvement pour la reconnaissance de ces différentes cultures.  Les institutions artistiques du pays ont pris soudain conscience que ces artistes manquaient cruellement d’exposition. Cela est dû en grande partie au succès rencontré par l’exposition. En effet, 24 000 personnes ont visité The Other Story durant ses quatre mois d’existence, démontrant tout l’enthousiasme qu’elle a suscité.  Cela attira l’attention de la galerie d’art de Wolverhampton, qui accueillit l’exposition à la suite de la Hayward Gallery, entre le 10 mars 1990 et le 22 avril de la même année ; puis de la Manchester City Art Gallery dans laquelle se déroula The Other Story du 5 mai au 10 juin 1990.

L’héritage de cette exposition se remarque particulièrement dans l’impact qu’elle a eu sur le monde de l’art britannique. La Tate est une institution anglaise indépendante qui regroupe une grande collection d’œuvres d’arts. Si elle est certes indépendante, elle a des liens étroits avec le gouvernement. Plusieurs des artistes regroupés par Araeen ont par la suite contribué à cette collection. Cela démontre une ouverture d’esprit nouvelle dans le monde artistique britannique qui n’était pas présente avant The Other Story. En plus de son succès populaire, l’exposition a réussi son pari de repousser certaines barrières et à légitimer les travaux d’artistes originaires du Commonwealth.

L’exposition The Other story : Asian, African and Caribbean artists in post war Britain a, comme nous l’avons vu, permis de mettre en évidence le modernisme d’artistes issus du Commonwealth. La mise en valeur de ces derniers est rendue possible grâce à la scénographie mise en place, du jeu de lumière à la répartition des œuvres en quatre sections.  Nous avons par la suite pu constater le multiculturalisme de l’exposition en nous appuyant sur les différents artistes présents. L’analyse de certaines œuvres phares a contribué à notre compréhension de l’exposition de Rasheed Araeen. Enfin, The Other Story a subi de nombreuses critiques lors de son ouverture, notamment dû à son manque de représentativité d’artistes féminines. Cependant, son succès a permis à l’exposition d’avoir une grande postérité et d’influencer grandement les mentalités artistiques au Royaume-Uni. Aujourd’hui, de nombreuses expositions sur des artistes provenant des anciennes colonies britanniques ont lieu dans toute la Grande Bretagne, comme par exemple l’exposition dédiée à l’artiste d’origine nigériane, Toyin Ojih Odutola, qui prit place au Barbican Centre de Londres en janvier 2021. 

Webographie: 

Jane Bryce, History Lessons: The Other Story, [en ligne] consulté le 25/03/2021 https://artreview.com/history-lessons-the-other-story/

Jean Fisher, The Other Story and the Past Imperfect,  [en ligne] consulté le 15/04/2021

https://www.tate.org.uk/research/publications/tate-papers/no-12/the-other-story-and-the-past-imperfect

Lucy Steeds, Retelling ‘The Other Story’ – or What Now?, 2018, [en ligne] consulté le 20/03/2021                                                                                                                                      Retelling ‘The Other Story’ – or What Now? • Afterall

Rasheed Araeen, Silly Rhetoric of Ms Biswas, [en ligne] consulté le 10/04/2021 

https://aaa.org.hk/en/collections/search/archive/rasheed-araeen-archive-responses-from-rasheed-araeen/sort/title-asc/object/silly-rhetoric-of-ms-biswas

Liste des figures:

Partie I :

Fig 1 et 2 : Lucy Steeds, Retelling ‘The Other Story’ – or What Now?, 2018, [en ligne] consulté le 20/03/2021 Retelling ‘The Other Story’ – or What Now? • Afterall

Fig 3 et 4 : John Webb, 1989, [en ligne] consulté le 20/03/2021 https://artsandculture.google.com/exhibit/the-other-story-afro-asian-artists-in-post-war-britain/3wKiyZvGtKdOKA

One Reply to “« The Other Story », Hayward Gallery, Londres ( 29 novembre 1989 – 4 février 1990).”

  1. Fait par :
    Maxime Amaury
    Elena Benard
    Paloma Sanchez-Michna

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