Les décors des églises du Tarn et de la Haute-Garonne par la famille italienne itinérante Céroni, au XIXe siècle

Le décor de Saint-Alain de Lavaur est sans doute le plus bel exemple de l’art des Céroni. Cette famille d’artistes italiens émigrés en France et plus particulièrement dans le Sud-Ouest, n’a jamais été étudiée. Mon travail consiste à mieux connaitre ces artistes, recenser leurs œuvres et établir leur réseau en collaboration avec Sophie Duhem.

Pour l’instant je me contente de recenser le Tarn et la Haute-Garonne mais il n’est pas impossible qu’ils aient travaillé dans tout le Sud-Ouest. Le travail est une étude de terrain, découvrir sur place les décors peints, mais aussi une recherche d’archives, pour mieux connaitre leur vie. Se sont-ils mariés ? Ont-ils eu des enfants en France ? Sont-ils morts dans leur ville natale ? Il s’agit donc d’un sujet d’histoire de l’art, mais aussi d’histoire. En fouillant les archives j’espère découvrir leur vie dans la région. L’on sait qu’en 1835 ils résidaient à Toulouse. Etait-ce leur résidence principale ?

Pour le moment j’ai recensé dix-huit églises dispersées dans toute la région du Tarn et quelques-unes centrées dans la région de la Haute-Garonne et plus particulièrement à Toulouse.

Comment reconnaître leur travail ? Les Céroni ont, à ma connaissance, toujours réalisé le même type de décor : des personnages de saints ou d’apôtres en buste dans des médaillons, des ornements végétaux, des fonds bleus, des allégories peintes en grisaille, des couleurs assez vives. Généralement les Céroni peignaient surtout sur les voûtes (de choeur, de la nef et de chapelles) et quelquefois sur les murs de la nef. Pour exemple Saint-Alain de Lavaur, le décor le plus abouti (cf : photo). Dans cette cathédrale tarnaise les Céroni ont presque entièrement décoré l’église, de la tribune de l’orgue, à la voûte du choeur, les voûtains et quelques voûtes de chapelles. La cathédrale Saint-Alain je la cite souvent c’est à mon avis le travail le plus colossal et le plus beau des Céroni. De plus ces décors furent restaurés récemment, ils sont donc pratiques pour l’étude de l’art de Céroni.

actu_abside-terminee

Combien étaient-ils ? Pour l’instant je ne connais qu’un seul membre, Gaétan qui a été cité pour la réalisation du décor de Saint-Alain de Lavaur. Il y a aussi un certain A. Céroni, nommé dans un article sur le décor de l’église de Noailhac dans le Tarn. Serait-ce son frère? En tout cas il est certain que Gaétan ne travaillait pas seul. Uniquement le décor de Saint-Alain lui a pris quatre années (de 1843 à 1847), un travail qu’il a peut-être réalisé seul, mais c’est alors un chantier titanesque pour une seule personne. A l’exemple des Pedoya, une autre grande famille d’artistes italiens, décorateurs d’églises, eux aussi, qui était composé de trois frères, il est prouvé que les Pedoya avaient un atelier, avec des apprentis et des ouvriers qui les aidaient dans la réalisation de décor. Sans doute est-ce le cas également pour les Céroni.

Le réseau des Céroni m’est encore inconnu. Cependant, il est clair qu’ils avaient un réseau. Étaient-ils en relation avec les autres peintres italiens, comme les Pedoya ? Leur art a-t-il inspiré d’autres artistes ? Les Céroni se sont-ils inspirés de l’art d’autres peintres ? Ou avaient-ils leur propre style, personnel ?

C’est un sujet de recherche passionnant qui nécessite un réel travail de recherche et « d’enquêtes » car aucun ouvrage ne traite de la vie de cette famille. Je ne connais rien de leur vie, leur naissance, leur seul signe d’existence c’est leur travail qui perdure depuis le XIXe siècle.