
‘’A HUEC‘’ en occitan signifie à fond, telle fut leur devise dès la première rencontre.
Awek, c’est un groupe de blues originaire de Toulouse, fondé en 1994. Leur objectif principal ? Reproduire l’essence du blues traditionnel américain tout en y ajoutant leur propre personnalité.
Ce groupe, formé à partir d’une passion commune entre quatre musiciens pour le blues américain est composé de Bernard Sellam – guitare et chant, Stéphane Bertolino – harmonica, Joel Ferron – basse et Olivier Trebel – batterie. D’abord en Power trio pendant 10 ans puis en quartet depuis 20 ans, durant ces 30 années sur les routes, à travers la France, l’Europe, l’Inde, le Maroc, le Québec, et les USA, à jouer ce Blues authentique qui les passionne, et après leurs 12 albums enregistrés ainsi que de nombreux prix (élu meilleur groupe français en 2004 et 2005, prix Cognac Blues Passions en 2009, prix du meilleur harmoniciste à l’IBC (USA) en 2011…) le groupe s’est petit à petit forgé une réputation pour s’imposer comme l’un des meilleurs groupe européen de la scène de Blues.
Le style d’Awek, c’est du blues pur et dur, mais avec une petite touche française qui ne trahit jamais leurs influences évidentes comme Muddy Waters, Little Walter ou BB King… Leur style puise directement dans les racines du blues des années 40 et 50. Ils jouent souvent entre blues électrique et acoustique, en s’inspirant des légendes américaines tout en proposant des morceaux originaux. Les paroles abordent des thèmes classiques du blues comme l’amour, la solitude ou les galères du quotidien, mais cela reste universel et facile à s’approprier pour le public. Ce qui frappe, c’est leur souci du détail dans les compositions et la production, qui reste fidèle à l’esprit du blues tout en ayant une modernité certaine.
Awek, c’est un peu comme des ambassadeurs du blues en France : ils montrent que cette musique, même si elle est née loin de chez nous, peut toucher des gens partout dans le monde.
Album – Let’s Party Down
Let’s Party Down est un album qu’ils ont enregistré à San Jose pour leurs 25 ans (leur quatrième enregistré aux USA) produit par le guitariste Kid Andersen. Cet album s’offre de nombreux guests tels que Rusty Zinn, RW Grigsby, Bob Welsh, Chris Burns, Drew Davies et Kid Andersen bien évidemment. Pour nous offrir un Blues brut et authentique.
- Every Time
- Want To Be My Girl
- Snake Boy
- Let’s Party Down
- Can’t Stop Thinking
- She’s Messing Around
- Don’t Want to Lose You
- Early Every Morning
- Come on in This House
- Margarita
- Feel so Cold
- Oh Chérie
- Here I Am Again
- I’ve Been Waiting

Interview – Olivier Trebel

Interview réalisée le 19/12/2024
Les influences de Awek
L’album “Let’s Party Down” constitue une véritable démonstration du savoir-faire d’Awek et illustre leur capacité à rendre le blues vivant et pertinent, tout en respectant ses racines. Le morceau titre, “Let’s Party Down”, ouvre l’album avec une énergie irrésistible qui évoque l’esprit festif du jump blues des années 1940-50. Le groove percutant et les lignes de guitare fluides rappellent des artistes comme T-Bone Walker, mais Awek y ajoute une dynamique moderne qui galvanise le public en concert. C’est un morceau emblématique qui traduit leur envie de célébrer le blues comme une musique de partage.

Un autre titre notable, “Snake Boy”, illustre leur talent pour rendre hommage aux figures majeures du blues tout en restant dans la créativité. Ce morceau n’est pas une reprise de “Mannish Boy” de Muddy Waters, mais un clin d’œil subtil. Awek y reprend le riff anthologique et le célèbre “Oh Yeah!” scandé par Muddy Waters, deux éléments immédiatement reconnaissables qui ancrent le morceau dans la tradition du Chicago Blues. Ce pont musical agit comme une passerelle entre leur univers et celui des légendes du genre, permettant à Awek d’établir un dialogue respectueux et complice avec leurs influences. Ce type de référence enrichit l’écoute en rendant hommage à l’héritage du blues tout en le modernisant avec une interprétation énergique et personnelle.
“She’s Alright”, quant à lui, montre leur sensibilité émotionnelle dans une ballade blues poignante, où la voix expressive de Bernard Sellam est soutenue par l’harmonica mélodieux de Stéphane Bertolino. Ce morceau illustre leur capacité à laisser chaque instrument s’exprimer avec une grande maîtrise de l’espace musical. Enfin, “Walking” s’inscrit dans un blues brut et dépouillé, rappelant l’esprit des enregistrements de Muddy Waters ou Howlin’ Wolf, tout en adoptant un ton urgent et moderne, fidèle à leur identité.
Avec l’album “Let’s Party Down”, Awek montre sa capacité à rendre hommage aux classiques du blues tout en proposant des compositions originales d’une grande richesse. En intégrant des clins d’œil comme celui de “Snake Boy” à des morceaux iconiques, le groupe s’inscrit dans une tradition tout en s’affirmant comme un acteur contemporain incontournable de la scène blues européenne.
Le son et les techniques d’enregistrement

Le son de Awek est un son blues assez classique dans le sens où ils utilisent du matériel très « bluesy » comme des amplis fender pour l’harmoniciste et le guitariste, un kit assez standard pour le batteur : 1 grosse caisse, 1 caisse claire, charlet, 2 tomes + 1 tome basse et cymbales crash et ride et un son de basse assez doux : (position pouce-manche sur la basse). Bien sûr le groupe a ses particularités, par exemple, Olivier Trebel, le batteur cherche volontairement à avoir un son assez grave à la batterie en détendant les peaux de son kit et en utilisant des fagots particuliers (un peu entre le fagot de base et le balais). Il recherche ce type de son à cause d’une hypersensibilité des oreilles due à des problèmes de santé. Le guitariste joue avec un son saturé qui peut faire penser à celui de BB King ou Muddy Waters.

Le groupe enregistre toutes les pistes en même temps et pas les unes après les autres à part pour le chanteur guitariste qui parfois fait des pistes témoins avec le groupe et refait une piste améliorée après que l’ensemble du groupe ait été enregistré. Tous les amplis sont repiqués (basse et guitare) et le son de la batterie est pris de façon assez classique avec un micro pour la grosse caisse, micro pour la caisse claire, overhead… L’album Let’s Party Down est enregistré chez Kid Andersen aux USA, c’est un multi instrumentiste qui a un studio dans sa maison. La panoramisation est assez centrée mais on peut ressentir que certains instruments sont légèrement plus sur la droite, ou plus sur la gauche. Le groupe a fait ce choix de panoramisation car Kid Andersen leur a fait écouter le son de différents autres groupes de blues qu’il avait enregistrés et ils ont choisi une manière de mixer le son qui avait donc été utilisée pour un autre groupe sans trop se poser la question de la panoramisation.

Au niveau de la présence, ce sont les instruments lead qui sont sur le devant, (voix, Harmonica, guitare) ensuite, il y a les instruments harmoniques, (piano, orgue, guitare) et enfin la batterie et la basse qui viennent mettre en valeur les instruments harmoniques, la batterie perce un peu moins dans mix par rapport à d’autres groupes car le son est plus grave. Le Batteur nous à expliqué que la batterie Blues à pour rôle d’accompagner la musique. Il double la partie riff des guitares ou du piano avec la caisse claire ou les cymbales et il double également la partie basse avec les coups de grosse caisse. L’approche du blues est donc très différente de celle du jazz par exemple car le batteur n’accompagne pas les walking bass sur tous les temps et il n’y a pas de riffs de guitare à accompagner. Le rôle de la batterie va donc contribuer fortement au son du blues et en particulier à la particularité du son de Awek vu qu’elle est service de la musique en venant juste accompagner les autres instruments.
L’harmonie et la structure Blues
Cet album utilise quasiment exclusivement des grilles blues qui sont caractéristique du style, il s’agit ni tout à fait d’une musique tonale, ni tout à fait modal. Il y a une gamme de référence qui permet de créer des accords à partir des degrés de la gamme, mais à la différence de la musique tonale, tous les accords sont des accords de dominantes.
Cette grille est faite de 12 mesures ( I = 1er degré, IV= 4ème degré, V=5ème degré):
Seul le premier et le troisième morceau utilisent une grille différente.
Le premier morceau utilise le premier, le cinquième et le sixième degré.
Le troisième morceau n’utilise qu’un seul accord.

Pour ce qui est de la structure, la totalité des morceaux sont structuré ainsi:

- Une intro instrumentale de 4, 8 ou 12 mesures
- Un refrain joué une ou plusieurs fois
- Un ou plusieurs couplets
- Des solos des différents musiciens entrecoupé de refrains ou couplets
- Le refrain et/ou couplet
- Une coda (sur certains morceaux)
On remarque que les tonalités de Mi et La sont très utilisées ( 4 morceaux en Mi, et 3 en La).
Ceci s’explique par l’accordage de la guitare, les 2 cordes les plus graves sont Mi et La, qui peuvent donc être jouées à vide et faciliter le jeu.
L’arrangement de Let’s Party Down

Ayant d’abord débuté en trio pendant 10 ans, Awek ayant la volonté de se tourner vers quelque chose d’encore plus Blues, l’instrument qui s’imposait alors était l’harmonica. Le groupe est rejoint par Stéphane Bertolino (harmoniciste) et le groupe devient officiellement un quartet. Leurs instruments, guitare, basse, batterie et harmonica sont les rudiments du Blues authentique, cette composition d’instruments leur permet de représenter fidèlement le Blues des années 50. De même que la voix, le chant est la racine de la musique afro-américaine, c’est lui qui permet de raconter la vie.
Dans leurs morceaux, la batterie et la guitare jouent le rôle de la rythmique, accompagnés de la basse électrique qui, en plus de marquer les temps, sert de basse harmonique. Le chant, lui, se charge de la mélodie, accompagné en général par l’harmonica qui peut aussi servir de contre chant, de même que le piano ou la guitare. Il peut tout de même arriver dans certains morceaux que le thème soit joué par un autre instrument, comme « I’ve been waiting » où la basse joue le thème dans l’outro. Les morceaux de Let’s Party Down étant principalement inspirés des racines du Blues, les grilles d’accords se trouvent être assez simples, ce qui permet de mettre à l’honneur la mélodie et le phrasé, la voix est donc mise en avant dans l’arrangement, celle-ci est placée au premier plan sans pour autant prendre le dessus sur les autres instruments de manière à ne pas desservir la musique.

L’importance des paroles
Les paroles de l’album s’inscrivent dans la tradition la plus classique du Blues en peignant autour de situations vécues, souvent romantiques et des sentiments qui en découlent. Dans cette optique de coller à l’esthétique du genre, ainsi que pour des raisons de facilité à les mettre en musique Bernard Sellam, qui les écrit, a choisi l’anglais pour la totalité des textes. Comme nous l’a souligné Olivier Trebel durant l’interview, l’important est que les mots sonnent, c’est le rythme des phrases qui est essentiel. C’est pourquoi le choix de l’anglais a été une évidence, de par sa musicalité et aussi pour coller au plus proche du Blues originel.

Rédigé par Clément Vignolles, Léo Buhagiar, Léo Solé, Loan Alibert, Paulin Appel