Bruit – The Machine


Bruit ≤

Bio

Bruit, un espace de libertés, d’expression et d’expérimentations musicales et sonores porté par quatre Toulousains Clément Libes (basse, violon, claviers, arrangements et production), Théophile Antolino (guitare électrique et guitare folk), Julien Aoufi (batterie), Luc Blanchot (violoncelle). Un « Side Project » qui a vu ses premiers embryons se former il y’a 6 ans lors de l’aventure Kid Wise comme une réponse aux problèmes de dead-line et de format que peuvent incarné une Major. Bruit, aujourd’hui catalyseur d’une « musique sans parole, progressive, à la fois poétique et extreme, sauvage et ordonné, dans le contrôle et le lâcher-prise », est un projet à part entière. Fort de l’expérience des membres qu’il le constitue, certains autodidactes émérites (Julien et Théo), d’autres sorties du conservatoire (Luc et Clément), ils prennent acte de naissance il y’a tout juste un an avec « The Machine Is Burning and Now Everyone Knows it Could Happen Again ». Un premier édifice construit avec l’idée de repoussé toujours plus loin les limites du son dans une musique aux multiples influences et esthétiques. Une musique qui dépeint des scènes de films sans image et où l’auditeur est libre de se faire son propre film, voilà comment le quatuor toulousains définissent le fondement de leurs musiques à travers ce première album.

Bruit : l’interview

Une interview de Bruit, 18 mars 2022 – préparée et réalisée par Baptiste Marsan, Paul Segonzac, Kévin Mechitoua, Julen Etcheberry & Pierre-André Franceschi

Partis-pris, Mindset, Expérience et Concept

Du concept au son et non l’inverse. Voilà ce qui pourrait être l’un des credo de Bruit où le « Concept » a une place presque existentielle et où certains partis-pris font foi. Même si Bruit est à la base un espace de liberté, de création et d’expérimentation, certains partis-pris par le groupe modèle cet espace. La volonté d’une musique sans voix ni chanteur ainsi que le souhait de s’inscrire dans le « long format » sont les deux partis-pris fort du groupe. Un long format pour pouvoir laissé le temps et la place à l’expression, qu’elle puisse être plus profonde et aller plus loin mais aussi pour que le format ne soit pas un frein à la création. Le fait de faire une musique purement instrumentale est aussi un moyen de donner à l’auditeur, la liberté de se concentrer sur l’élément musical qu’il veut. La voix pouvant souvent et vite être un des éléments qui accapare l’attention majeur de l’auditeur au même moment où la partis instrumental d’une oeuvre musical (avec du chant par dessus) peut passer au second plan. Par la même occasion l’auditeur peut aussi créer le sens qu’il veut (ou peut aussi ne pas en trouver) à l’écoute de l’oeuvre. C’est pour eux « l’avantage de la musique instrumental qui est un peu comme un film sans images où chacun choisit sa propre narration et ses propres images ».

« Essayer qu’il n’y est pas de prise de parole en tant qu’individu tout ayant l’impression que chacun est libre »

La musique de bruit est « l’idée d’une musique d’anarchiste dans la symbolique » où chacun a un espace de liberté et d’expression en tant qu’individu mais toujours au service du groupe. Dans cet esprit « anarchiste » il y’a la volonté d’essayer le plus possible de ne pas guider l’oreille de l’auditeur notamment comme dis plus haut en choisissant de ne pas mettre de chant dans leurs musique mais aussi en « brouillant les pistes » notamment sur le plan sonore, « la guitare ne sonne pas comme une guitare, le violoncelle pas comme un violoncelle etc.. ». Le but final étant de restituer une « masse sonore » où l’on ne sait pas sur quoi se concentré mais où l’expérience sonore et vibratoire est bien là.

Dans la conception, c’est bien là où Bruit trouve toute sa force. Loin du « process » de la « Jam » qui est souvent le premier procédé le plus employé chez les groupes de rock pour coucher sur papier (ou sur piste audio) les premières idées d’une composition, Bruit en est à l’antipode. Le concept est toujours la chose qui doit être à l’initiation d’une idée sonore, qu’elle soit purement musicale (notes) ou une texture sonore (son, effets, etc). Car selon eux « si l’on cherches, tu trouvera à faire une belle mélodie ou une belle harmonie qui te plait », mais le plus dur c’est de lui trouver un contexte et de lui donner un sens, et sans ce-là elle ne servira à rien ou en tout cas elle risque de s’épuiser très vite. Car oui il y’a aussi derrière tout cela la volonté d’essayer de faire une musique qui va durer dans le temps. C’est pendant notre entretien que Bruit nous expose leurs point de vue sur cette question qui, selon ces derniers, est que l’on se lasse toujours d’une mélodie ou d’un morceaux que cela soit au bout de 10 ou 100 écoutes. La texture sonore étant plus abstraite elle selon eux plus longue dans la péremption, c’est cette espoir de pouvoir re-écouter leurs musique dans 10 ans et de ne pas s’en être lasser. Cette idée de « Concept qui doit être à l’origine de l’idée sonore » peut aussi être chez Bruit une idée de « Formule ». Par exemple avec le morceaux Renaissance qui selon Clément, « est née de l’envie/idée de faire un morceaux de Post-Rock avec de la Folk qui serait un timelapse de l’évolution technologique humaine. » Le morceaux The Machine Is Burning qui s’apparente lui à un morceaux avec un riff Doom Basse/Batterie pas en 4/4 pour « donner l’impression que rythmiquement l’on perd ses repères sans que cela soit mathématique afin de pouvoir « headbanger » dessus sans vraiment comprendre la boucle en superposant au dessus une polyphonie mélodique très ambient. Il y’a aussi Industry qui est lui, l’idée d’un morceaux Post-Rock/Néoclassique avec un groove de batterie Trap etc.. Théophile nous confira aussi que l’idée et/ou concept de base du projet était d’essayé d’attendre un certain « mur du son » en essayant dans leurs musique d’aller plus loin dans le bas, plus loin dans les médiums, avant l’ajout d’éléments acoustique ou d’arrangement classique etc.. En précisant leur pensée quand au « process » qu’il utilise dans la composition de leurs musique Théo nous précise que ces recette dont ils nous parle de sont pas totalement rodé aussi. Ce qui selon Clément est une bonne chose une recette rodé n’est pour lui pas très intéressante, c’est aussi surement ce qui nourrit ce besoin permanent de toujours se remettre en question afin de ne pas retomber dans les mêmes choses. Pour eux c’est donc bien l’idée, le concept et l’émotion qui doit guider et être le moteur du process de composition. L’on constate donc chez Bruit une vraie démarche d’expérimenté des choses nouvelles et de trouver de nouvelles « recettes » et mélanges qu’elles soit sonores, esthétiques etc..

C’est en Live que le concept qui devient même une expérience du « mur du son » prends tout son sens. Et ce que l’on peut dire c’est que c’est incontestablement réussi d’une main de maitre par les membres du groupe sur scène qui arrive avec leurs musique à transmettre une expérience très particulière. Même quand tout le spectre sonore semble être remplis et que l’on pense avoir atteint un certains climax. Ils arrivent toujours à aller plus loin, faire monter la pression et donné l’impression que l’intensité ne cesse d’augmenter. Clement Libes nous expliquera après le concert qu’il y’a une vraie stratégie de leurs part sur ce point et l’idée est de jouer sur plusieurs paramètres musicaux différents (hauteur, dynamique, son, arrangement etc..) de manière disparate pour à chaque fois garder un « gap » et une marge d’action même quand l’auditeur croit avoir être à la limite et au maximum de l’intensité du groupe pendant le concert, qui, arrivent toujours à repousser les frontières de du spectre sonore tout en continuant à tenir un propos avec une grande profondeur musicale mais aussi philosophique. Ce qui est sur c’est que pour eux « le live ne doit pas être un frein à la création ».

The Machine Is Burning And Now Everything Could Happen

« The Machine Is Burning And Now Everything Could Happen », une aventure de longue date qui débutent depuis même la sortie de leurs première EP « Monolith » en 2018. Dès cette datte l’un des premiers morceaux de l’album était déjà composé et avait faillit apparaitre sur l’EP. Un long cheminement du groupe où certains morceaux de « The Machine Is Burning And Now Everything Could Happen » on déjà eu une vie en live avant même la sortie de l’album, jusqu’à ce 2 avril 2021, où Bruit marque sa propre histoire d’une pierre blanche, en sortant ce première album, où le bruit de la bande à Clement Libes sort de sa tanière, dans la fureur de cette machine qui brûle, avec la hargne de tout un chacun qui sait que maintenant, tout peut arriver.

À l’écoute de l’album, on voit ou plutôt, l’on entends secondes après secondes, pistes après pistes ce « scénario sonores » d’une Civilisation qui s’effondre puis re-née avant de s’effondrer à nouveau de la même manière que la précédente. Un réel concept album où la fin d’un morceaux est le début d’un autre etc.. Lors de notre rencontre Théophile nous confié que pour lui « tout le panorama derrière l’album n’a était que claire que quand ils ont écrit la dernière note ».

Ce qui ce démarque le plus de cette album est le fait que Bruit à réussi trouver son son, en tout cas une empreinte sonore qui leurs est propre et singulière qui à l’air née de la synthèse de beaucoup d’artiste et d’esthétique musicale aimé et écouter par le groupe. Leurs volonté de ne pas vouloir faire une musique qui est un réchauffer de groupe déjà existant qu’il aime est réussi. Il est toujours aussi étonnant de voir des groupes réussir trouver une identité sonore très personnelle à partir d’un mélange d’esthétique souvent et parfois totalement opposé.

Esthétique

La richesse de cette album est en effet de part la richesse des mélanges, et fusion esthétique qu’ils opèrent dont certains sont plutôt audacieux et réussis ! Entre Post-Rock, Néo-classicisme, Musique contemporaine, Folk, Noise, Musique Minimaliste, Ambient, Doom et Trap détourné l’on comprends la performance de bruit de réussir à créer un son, le leurs à travers toute l’influence et la rencontre de tous ces styles et esthétique. Où quand le Post-Rock rencontre parfois Steve-Reich, parfois certaines oeuvres de Max Richter, ou encore Floating Points.. Dans l’esthétique de cette album la paramètre qui est aussi l’une des grandes forces de Bruit se trouve dans les modes de jeu et est la grande utilisation du glissando notamment dans les arrangements de cordes et qui apporte vraiment quelque chose surtout en l’employant dans une musique « post-rock ». Ce procédé permet aussi à Bruit qui essaye d’aller plus loin dans le son et les fréquences, à chercher aussi plus loin entre les notes elle mêmes. Cela ajoute beaucoup de profondeur, d’espace, mais aussi d’intensité et de drame à certains moment dans le discours musicale.

Paysage Sonore

Quand on écoute la musique que propose Bruit dans « The Machine Is Burning And Now Everything Could Happen » c’est la notion de « paysage sonore » qui nous reviens le plus. L’on sent que le propos ne se tient pas forcement dans la « musique pure » (hauteur, partition écrite etc..), mais que l’enjeu majeur se situe surtout dans le son, ou en tout cas la texture sonore. La musique se fait vite l’écho de ce qu’ils nous ont raconté lors de notre entretien, ce fait de jouer sur le son, de ne des fois pas savoir si ce que l’on entends est un guitare, ou un synthétiseur, ou bien un violon avec des effets. Un travail d’orfèvre où de le multiples sources sonores parfois complexes se superposes des fois dans un chaos des plus controlés comme dans des moments beaucoup plus ouvert et lyrique. Il y’a aussi la présence de beaucoup d’instruments acoustiques parfois beaucoup traités par fois moins, je pense surtout aux morceaux Renaissance et Amazing Old Tree. Symbolique d’une humanité qui revient à sorte nature essentiel, ces deux morceaux sont ceux qui comporte le plus d’instruments acoustiques comme une Clarinette, Vibra, Guitare Folk, Banjo, Ukulele, Vibraphone dans Renaissance avec des superpositions de cours motif musicaux dans un arrangement très « Steve-Reichien » où l’on constate un vrai travail sur le timbre, le son mais aussi l’arrangement. Dans Amazing Old Tree l’on retrouve un peu cette idée mais plus dans une esthétique très ambient et minimaliste avec un thème fracturé dans l’arrangement où il y’a un instrument par note du thème (un parallèle ou une référence très discrète de la klangfarbenmelodie /mélodie de timbres beaucoup utilisé par le sérialisme musical au début et là moitié XXème dans la musique savante?).

Un mot sur l’harmonie et l’aspect dit plus « musique pure »

Même si l’on sent quand on discute avec Bruit que tout ce qui se rapporte à la mélodie et l’harmonie n’est pour eux pas la chose sur laquelle il faut se focalisé et dont il faut donné vraiment donné du crédit dans leurs musique mais, l’on constate qu’elle a quand même, même si cela reste minime un rôle et est utilisé par lee groupe pour servir le propos musicale. Notamment dans Amazing Old Tree (le morceaux « Ambient » de l’albums) où, si l’on regarde de plus près l’harmonie, près de 90% du morceaux de 9min19s est dans l’harmonie de Do Majeur. Chose quand même peu commune pour un morceaux d’un groupe de « Post-Rock » même ci le propos de cette composition reste bien plus l’ambient que ce dernier. Ce choix harmonique est donc surement là pour renforcer aussi le côté musique minimaliste et répétitive de ce morceaux et faisant là aussi une référence direct à ces deux courants, en plus de l’arrangement du morceaux et du travail sur la matière sonore. Il y’a aussi dans « The Machine Is Burning » morceaux où le pôle harmonique est dans une première partie du temps en Mi mineur l’on sent que à 4:40 il y’a une énorme rendez-vous en modulant vers Bb Majeur, ce moment qui est déjà pars lui même très fort en termes d’intensité dramatique marque aussi un tournant du morceaux car à partir de ce moment là les pôles harmoniques ne vont cesser d’être en mouvement.

« DIVE INTO TRACKS » avec Clément Libes

Pour aller plus loin, découvrez la série de vidéos proposé par Bruit ou piste par piste Clément Libes plonge avec vous, dans son studio, à travers chaque pistes de l’album. Entre anecdotes et manufactures sonore un voyage passionnant pour en apprendre un peu plus sur tout ce qui entoure « The Machine Is Burning And Now Everything Could Happen » !

L’actualité de Bruit ≤

  • https://www.facebook.com/bruitofficial
  • https://www.instagram.com/bruit_official/?hl=fr
  • https://bruitofficial.bandcamp.com/
  • https://www.youtube.com/channel/UCtQhTpzyWH73UIplJS9ntnw
  • https://pelagic-records.com/artist/bruit-%E2%89%A4/

Le mot de la fin

Encore un énorme merci à toute l’équipe de Bruit ≤ qui nous ont accordé de leurs temps lors de leurs passage à La Ferronnerie à Jurançon le samedi 19 mars 2022 pour un concert organisé par À Tant Rêver Du Roi. Merci pour ce moment !

Baptiste, Julen, Kévin, Paul et Pierre-André.