Funky Style Brass
Le Funky Style Brass est un groupe aux inspirations très variées, composé de nombreux membres :
Une section “soufflants” formée par Bastien Maury au sax alto, Démis Delatie au sax ténor, Guillaume Ceretto au trombone, Florian Saubois au soubassophone, puis Patxi Jean De Dieux et Guilhem Leblanc aux trompettes, et une section plus rythmique qui compte Mikael Torren à la batterie, Fabien Versavel au Piano et Lory Delatie qui gère le chant, le clavier en plus de la guitare et des effets.
La création du groupe date de 2005, initiée par 9 membres du Conservatoire régional de Toulouse. Leur recette musicale est le résultat de leur maîtrise acquise au conservatoire, ajoutée à leur folie. Avec des paroles profondes et ironiques telles que dans La thune avant l’art ou bien encore Le rasta chauve accompagnées d’une musique très festive et d’un show scénique original, le Funky est reconnu pour sa folie communicative ainsi que pour son talent à la fois musical et scénique. Le groupe s’est imposé en France comme une des références des groupes de fanfares. Leur évolution est telle qu’Ils ont commencé en jouant des reprises ou réarrangements dans la rue, et se produisent aujourd’hui sur les grandes scènes des festivals européens. Au cours de leur parcours ils enregistrent 5 albums studio entre 2010 et 2019, avant de sortir par financement participatif l’album live 15 en référence à l’âge du groupe, qui réunit 13 de leurs titres les plus populaires, en gardant toutefois une place à l’improvisation. C’est un concert décrit par deux commentateurs qui vont intervenir régulièrement dans les morceaux, souvent avec humour.
- Présentation
- Aquo Groovat
- Ragga des Chasseurs
- Reggae de la Guariguette
- Master Galeti
- Où sont les cougars ?
- La thune avant l’art
- Zouk de gros
- Je peux pas la lire
- Toute la nuit
- Le rasta chauve
- Daube aux cèpes
- Tito Groové
- Qui c’est qui veut de Reggaeton ?
L’interview du groupe
Interview réalisée par Ninon Laclède, Mélodie Bardollet, Jane Bardin, Djivann Ostrowska et Elysa Karamann
L’aspect instrumental
Une instrumentation très riche et « ouverte »
Tout d’abord il est important de noter que le Funky Style Brass est une fanfare ou un « Brass Band », comme son nom le laisse deviner. C’est-à-dire que son instrumentation va différer d’autres ensembles dont la constitution est prédéfinie (trio, quatuor, etc) et va être amenée à varier, en fonction des inspirations que le groupe va utiliser et notamment grâce au synthé et ses multiples effets qui leur ouvrent les portes sur une immense variété de styles. Par exemple, dans la version studio du morceau Qui c’est qui veut de reggaeton? , le synthé emploie un son d’accordéon, dans La Thune Avant L’Art, le synthé fait l’introduction avec un son de clavecin puis est doublé par un pad de violon, dans cette situation il est en tant qu’accompagnateur. Dans Tito groové le synthé s’occupe de la basse durant la majorité du morceau et il est rejoint au moment des refrains par le sousaphone. Ces sons « externes » aux brass band sont une part importante de ce qui permet au spectateur d’identifier le genre ciblé par le groupe.
De sont côté la guitare permet, au même titre que le clavier, d’avoir différents types de sons grâce aux effets. Pour donner un exemple, dans Daube aux cèpes la guitare utilise de la wah-wah pour avoir une sonorité plus dub. Mais c’est aussi et surtout un instrument présent dans la grande majorité des styles musicaux, ce qui en fait un élément clé de la polyvalence du groupe.
Les voix sont également très présentes, principalement dans le registre grave et sont un autre élément important dans la diversité. Les chanteurs peuvent passer d’une voix chantée comme dans Ragga des chasseurs avec une intonation propre au ragga, caractérisée par des onomatopées et des débuts de phrases aiguës, à du hip-hop comme dans La Thune Avant L’art. Cette capacité à adopter plusieurs façons de moduler leurs voix rend leurs compositions encore plus « convaincantes » et dynamiques.
Il est aussi intéressant de souligner que depuis la troisième année d’existence du groupe, il ne contient plus de guitare basse ce qui est assez rare dans la musique actuelle, car elle est ici remplacée par le sousaphone, instrument à vent dont le son est très grave. En ce qui concerne la rythmique, on retrouve une batterie sur tous les morceaux avec occasionnellement quelques ajouts, comme sur la version studio du morceau Aquo groovat où l’on entend des shakers.
Et enfin, les vents s’adaptent à chaque fois au style utilisé. Dans les morceaux funk et dubstep on retrouve une manière de jouer très puissante, avec des accents prononcés et un son éclatant, là où dans le reggae leur jeu est plus doux et nuancé. Les vents sont majoritairement utilisés pour les thèmes et assez peu en accompagnement pour conserver un aspect fanfare, mais peuvent par exemple servir à ponctuer, avec des pêches qui vont donner plus de dynamique au morceau.
des compositions majoritairement simples
Le FSB crée ses structures en fonction des besoins des morceaux, et des styles dont ils s’inspirent.
Bien que diverses, nous retrouvons tout de même des structures assez classiques, comme: Intro, Couplet 1, Refrain, Couplet 2, Refrain, Outro, avec parfois des ponts et interludes. C’est par exemple le cas des morceaux La thune avant l’art et Master Galeti.
Concrètement, les musiques qui composent ce dernier album ont toutes été entièrement réarrangées pour proposer quelque chose de nouveau, une adaptation scénique de ce qu’ils avaient pu enregistrer en studio au cours de leur parcours. Ce qui explique par ailleurs que cet album contient beaucoup de solos, d’interludes avec les commentateurs du live ou d’échanges avec le public destinés à surprendre et donner un sentiment de découverte aux auditeurs, habitués aux versions studios. Cependant, beaucoup de morceaux ont conservé cette structure « générique » mentionnée plus haut, et on peut supposer que cette envie de rester sobre en terme de structure découle de cette envie de faire bouger les gens, de leur faire passer un bon moment. Ainsi, on peut considérer que le groupe n’a pas d’intérêt à écrire trop compliqué, puisqu’il n’en ont pas besoin pour faire danser le public.
De la même manière, pour ce qui est des harmonies le groupe ne va pas chercher à en faire plus que nécessaire en ajoutant des accords complexes qui auraient plutôt tendance à dénaturer le genre, ils vont plutôt s’inspirer des fondamentaux du genre et y greffer leurs idées, souvent des délires et privates jokes qu’ils ont eu entre eux parfois des années plus tôt.
« On aime que ce soit pointu, mais accessible à tous les auditeurs »
Un groupe qui évolue
Le FSB est un groupe qui a beaucoup évolué au cours de son existence. D’abord bien sûr certains membres ont été amenés à quitter le groupe et d’autres à le rejoindre, mais surtout en terme de méthode et d’état d’esprit; au début le groupe n’avait pas d’ambitions autre qu’explorer, s’amuser et faire de la musique sur laquelle le public passe un bon moment, mais avec le temps le FSB s’est professionnalisé afin de pouvoir d’abord proposer une musique plus poussée et qualitative à son public, mais aussi parvenir à organiser toujours plus de dates et de spectacles pour toucher le plus de monde possible. Cela se ressent particulièrement sur leur méthode de travail que nous développerons plus tard, qui est passée du tout au tout au fur et à mesure que les ambitions du Funky Style Brass grandissaient. Ainsi, ce groupe qui a commencé dans la rue est aujourd’hui de plus en plus tourné vers la scène, mais leur envie de garder une proximité avec leur public est toujours aussi présente car c’est ce qui fait selon ses membres vivre le groupe.
Un collectif très hétéroclite
Ce qui ressort le plus lors de l’écoute de cet album est la grande diversité de genres utilisés, on va du funk au reggae en passant par le rap. Cette diversité s’explique notamment par les écarts générationnels entre les membres du groupe, qui n’ont pas eu la même éducation et n’ont pas grandi avec les mêmes musiques et artistes. Ainsi, lors du processus de composition chacun ramène ses idées, ce qu’il a envie de jouer et le groupe compose autour de ça en ayant des rôles plus ou moins attribués en fonction de leurs instruments et domaines.
« On est 9, on a à peu près 15 ans d’écart entre le plus jeune et le plus âgé »
Funky Style Brass : un groupe tourné vers le live
Le Funky Style Brass, on l’a bien compris a toujours été beaucoup tourné vers son public, mais surtout dans leur expérience live. Ils ont débuté en donnant des concerts de rue, certainement la base de leur lien avec le public. Le groupe est reconnu pour leur concerts festifs et hauts en couleur. Au fil des années, ils ont pu monter une scénographie à l’image de leur fanfare : déjantée. On peut par exemple s’attarder sur leur costumes: des couleurs vives, un style sans égal, une prise au sérieux proche du degré zéro.
Mais ce qui est bel et bien la preuve que pour le Funky, le plus important c’est le live, c’est bien leur dernier album pour fêter les 15 ans du groupe. On peut littéralement assister à l’un de leur concerts avec des commentaires en direct pour bien comprendre ce qu’il se passe sur scène.
Sur la grande majorité de leurs morceaux, il y a une grande partie dédiée à inclure le public à leur musique. Comme nous l’avons déjà vu, ils ont modifié leurs structures pour pouvoir amuser le spectateur et leur faire vivre un moment festif. Lors des quelques 7 ou 8 concerts qui ont été enregistrés afin d’avoir du surplus « au cas où ils massacrent un morceau », la prise de son a même été pensée de manière à bien entendre le public qui interagit avec les musiciens.
Alors oui, pour le Funky Style Brass, le public est important, il ne faut pas l’oublier, c’est bien leurs auditeurs qui ont financés leur dernier album. Ces artistes toulousains ne sont pas dans la demi-mesure, avec plus de 20 concerts donnés depuis juin 2022, le Funky vient à la rencontre de leur public dans une tournée partout en France.
Bonus
Pour les curieux.se qui s’interrogent sur les procédés de composition et d’écriture du groupe, cette section est faite pour vous. Ces questions-réponses réarrangées sont issues des passages coupés de l’interview.
Comment le groupe compose-t-il ?
Depuis trois ans, le groupe a instauré une résidence annuelle de composition où ils se retrouvent dans un lieu pour composer, échanger sur les dernières trouvailles de chacun et réfléchir sur les perspectives d’évolution du groupe.
Comment le groupe s’enregistre-t-il ?
Le Funky Style Brass est évidemment équipé de supports d’enregistrement moderne (Home Studio), de plug-ins pour la batterie, de postes avec enceintes.
De plus, Lorie Delatie (chant/guitare/effets) le frère de Démis a toujours été calé en techniques d’enregistrement, il possède son Home Studio et il est maintenant professionnel.
Tout ce matériel leur permet de créer des maquettes des plus qualitatives.
Ils font tout de même la “version studio” en studio!
Comment se retrouvent-ils entre le monde classique de leurs débuts au conservatoire et cette vision plus nouvelle de la musique, avec la MAO (Musique Assistée par Ordinateur), l’utilisation de logiciel, le mix?
Côté MAO, logiciel et mix, ils ont bénéficié des compétences techniques et du matériel de Lorie Delatie.
Les partitions quant à elles, ont mis du temps à se professionnaliser.
L’édition des partitions a évolué avec les années en parallèle avec le niveau et le répertoire de plus en plus écrit du groupe.
Ils prônent une musique qui fait des ponts entre les styles et les époques, l’utilisation intelligente des différents outils du musicien professionnel est indispensable pour eux (partitions, maquettes audio, plug-ins, effets de panoramisation et du mix).