La Maison Blanche


Le quartier Arnaud Bernard est un quartier majeur,culturel et festif du rayonnement toulousain, il doit sa renommée aux nombreux lieux où se rejoignent des personnes de tous horizons.

Dans ces lieux on peut retrouver des bars tel que le Breughel, des galeries d’art tel que Silo ou l’Archipel, et des cafés populaires et culturels tel que l’Escabel et surtout « La maison blanche » qui est le plus connu de Toulouse. Mais alors comment fonctionne ce café ? Que programme t’il ? Qui sont les personnes derrière ? Et surtout pourquoi le quartier Arnaud Bernard ? Regardons ensemble comment La Maison Blanche est devenue l’un des plus grands cafés culturels de Toulouse.

Les interviews

Voici deux interviews sur la maison blanche sur un artiste qui y a joué et un habitué.

Interview de Elouan Radenne musicien de profession qui parle de son experience à la Maison Blanche :

Interview de Clément Lucas un habitué de la Maison Blanche qui explique l’ambiance et ses anecdotes sur le lieu :

Le quartier Arnaud Bernard :

  “Il n’y a plus d’après à Saint-Germain-des-Prés, il n’y a d’espoir qu’à Arnaud Bernard”, Claude Sicre.

L’histoire du quartier Arnaud Bernard à Toulouse témoigne de son dynamisme et de son perpétuel renouvellement. Ce quartier populaire était d’abord un carrefour commercial dans les années 1800.

Puis, à partir des années 1920, diverses populations émigrent et forgent l’identité du quartier, en lui offrant un nouvel essor. 

En effet, d’abord les italiens fuyant le régime de Mussolini, puis les espagnols faisant de même avec le régime franquiste, Arnaud Bernard voit aussi arriver vers les années 60-70 des populations maghrébines, notamment avec la fin de la guerre d’Algérie et l’exil des Harkis. 

De nombreuses boutiques voient alors le jour, telles que des pâtisseries, épiceries et boucheries. C’est un développement très salvateur pour le quartier qui voyait ses activités et son économie s’essouffler. 

C’est alors que ce nouveau souffle permet le développement d’une vie socio-culturelle, qui fut notamment forgée par deux grands acteurs. 

Tout d’abord, Michel Mathieu, un metteur en scène et comédien franco-belge qui créa entre autre le théâtre Garonne et initia les enseignements pratiques de théâtre à l’université de Toulouse Jean Jaurès II. Il fonde en 1975 la Fabrique Arnaud Bernard. C’est un lieu de regroupement culturel autour de disciplines artistiques comme le théâtre, la musique et la poésie. 

En outre, un autre grand acteur intervient dans la vie associative du quartier : Claude Sicre. 

Claude Sicre est un musicien et chanteur occitan, membre du groupe “fabulous trobadors” et spécialisé dans les musiques traditionnelles occitanes. Son groupe se fait justement connaître durant les animations du quartier. 

À partir des années 70, Claude Sicre y développe des carnavals, rassemblements, repas de quartier, avec la présence de musiciens. Il organise également des soirées socratiques sur la place des Tiercettes, dans le but de mêler les habitants et de les faire interagir. 

Enfin, dans la suite logique de l’identité culturelle qu’Arnaud Bernard s’est forgée au fil du temps, de nombreux cafés culturels et associatifs voient le jour, tels que Chez ta mère, le Fil à plomb, et La Maison Blanche. 

Histoire du café : 

Il y a 25 ans, Rachid Benallaoua, fonda l’association art-maniak, cette association a pour but de développer l’expression culturelle dans le quartier Arnaud Bernard. Le 9 février 2012 l’association créa la Maison Blanche, un café associatif mais surtout culturel, qui deviendra le siège social de l’association art-maniak. La célèbre chanson de Cheikh El Hasnaoui, donnera son nom au projet du café la Maison Blanche, mais avant son nom est en hommage à l’aéroport d’Alger étant, pour de nombreuses générations de travailleur(se)s émigré(e)s, un grand symbole d’exil. 

Le guitariste flamenco toulousain, Serge Lopez, sera la première tête d’affiche de ce nouveau café aux intérêts culturels variés. 

La motivation principale de l’association est de gérer un lieu culturel dans le quartier de vie du musicien Rachid Benallaoua. En effet habitant depuis toujours dans le quartier Arnaud Bernard, il a été influencé par celui-ci étant jeune, mais l’a aussi énormément influencé à son tour par sa profession de percussionniste, notamment en jouant avec des groupes de renoms tel que Zebda ou l’artiste Sidi Wacho. 

Ainsi créer un café culturel dans ce quartier, paraissait comme une évidence aux yeux de l’association, le quartier Arnaud Bernard étant un endroit où la vie est difficile, il est aussi le fief de la musique actuelle. Afin d’animer le quartier et de réunifier la population grâce à la culture, malgré les différences culturelles, la programmation est composée essentiellement de musique du monde. La deuxième inspiration de la Maison Blanche est « tout le monde est le bien venu», sous entendu, pas de racisme, pas de sexisme, pas de grossophobie, homophobie, intégrisme et lutter contre le fascisme. 

Au commencement de la Maison Blanche, la programmation était très complète, l’affiche se composait non seulement de concerts, mais aussi d’ateliers de danses, de lectures, d’écriture, de peintures, ainsi que des ateliers pour enfants. Malheureusement en 2020, lors de l’élection de la nouvelle mairesse du quartier, un malentendu est survenu à propos du statut de la Maison Blanche. La Mairie ne voulant plus subventionner le café, celui-ci prit le nom de café associatif et perdu son titre officiel de café culturel. Depuis la programmation a été contrainte de largement diminuer par manque de financement, l’affiche se limitant ainsi à quelques ateliers de danses et des concerts.

Un café associatif et/ou culturel ?

La Maison Blanche est donc considérée comme café culturel associatif, mais pourquoi cette appellation ? Comme son nom l’indique, ce genre d’institution est auto gérée et perdure grâce au bénévolat. Leur programmation favorise le développement culturel, la diversité musicale actuelle, les danses multiples, les ateliers variés pour tout âge, la mixité et l’unification du public.

On trouve plusieurs lieux qui portent le nom de café culturel associatif à Toulouse. Parmi les plus connus, on retrouve notamment la Candela – fréquenté par nos interviewés – dans le quartier St Cyprien, le Caméléon dans le même quartier. L’Itinéraire Bis à Marengo, l’Escabel à Arnaud Bernard (comme dit précédemment) et l’Astronef à Rangueil par exemple. Ils proposent globalement le même type de programmation, passant par des ateliers d’écriture, des soirées jeux, des projections, des scènes ouvertes, des vernissages, des conférences, des spectacles… 

On observe donc une vie associative, culturelle et musicale très présente à Toulouse, ville des musiques depuis 2023. La diversité des programmations, l’accessibilité qu’accorde l’aspect associatif ainsi que l’ouverture d’esprit et la lutte des minorités, attirent énormément le public toulousain. Spécifiquement l’auditoire étudiant, où l’accessibilité des associations permet à des artistes, musiciens en devenir, de se produire dans des lieux inclusifs, largement fréquentés et populaires.

Mode de fonctionnement économique de la Maison Blanche

La Maison Blanche fonctionne sur un modèle de financement participatif où les  contributions financières des participants sont essentielles pour soutenir les activités du café. En effet le public donne la somme qu’il souhaite pour adhérer et ainsi avoir des consommations et autre à des prix assez bas. Cela permet ainsi au plus grand nombre d’accéder  peu importe ses moyens  à différentes activités culturelles s’inscrivant donc dans l’esprit de l’association qui est l’ouverture et la diversité.

Cependant ils ont besoin de financement car ils ne survivent que grâce au bar, au chapeau et à l’ adhésion pour continuer de payer les musiciens qui viennent jouer. Ils ne reçoivent plus de subventions car ils ne sont pas allés voir la mairesse de quartier au moment de son élection et ne sont donc pas considérés comme lieu culturel . L’association n’a pas de salariés en CDI mais seulement 2 intermittents qui sont assez polyvalents : bar, musique, accueil.

L’association compte aussi 18 bénévoles qui sont fixes. Ceux-ci sont des personnes du public qui sont venus au moins une fois à la Maison Blanche et qui ont énormément aimé le concept et l’ambiance du lieu. 

Programmation

A la Maison Blanche, les concerts constituent la majorité des événements organisés et la programmation musicale est très diverse. En effet, avec plusieurs concerts organisés chaque semaine les styles varient puisqu’il y a des scènes ouvertes hebdomadaires autour du jazz manouche. Il y a aussi régulièrement des scènes ouvertes de musique grecque et de musique jazz (fréquentés par nos interviewés Clément et Elouan). Il y a également de la musique cubaine comme la rumba, ou de la musique brésilienne comme la samba ou le choro et bien d’autres styles qui permettent, en plus de la musique, de faire une place à la danse. Régulièrement, des séances d’initiations à certaines danses traditionnelles sont organisées en fonction des soirées, afin de favoriser l’inclusion d’un maximum de personnes.

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Ce sont souvent des groupes qui jouent à la Maison Blanche, que ce soient des artistes locaux ou internationaux et avec des styles très divers. Les groupes jouent parfois toute la soirée ou alors participent à une scène ouverte en jouant quelques morceaux avant d’accueillir tous ceux qui ont envie de jouer sur scène dans un cadre respectueux et bienveillant, où la musique et la bonne humeur sont les priorités.

Toutes ces musiques venant du monde entier permettent au plus grand nombre de personnes de s’exprimer et de se sentir à leur place dans ce café associatif, et cela contribue aussi à la lutte, prônée par la Maison Blanche, contre toutes les inégalités comme le sexisme, la misogynie, l’intégrisme, l’homophobie ou encore le racisme.

En espérant vous y voir bientôt !

Préparé et rédigé par Juliette Jouhanneau, Ornella Tournier, Mina Dolceroca, Alexis Doussiet, Valentine Silvestre et Romain Brouzes