Le Bijou est une association qui a vu le jour dans les années 80, elle fut créée par Philippe Pagès. Il s’agit d’un lieu de vie artistique et social, accueillant des artistes émergents avec une palette musicale divers et variées : du jazz, du classique, des musiques actuelles, de la chanson française principalement. Nichée en arrière salle d’un bistrot et restaurant de quartier ouvert du matin au soir, du lundi au vendredi, la salle accueille plusieurs événements par semaine. La découverte musicale d’artistes peu connus est la philosophie principale de cet établissement dès le départ jusqu’à aujourd’hui.
Un entretien avec Emma et Pascal Chauvet, responsables du Bijou, enregistré dans les locaux de la salle de spectacle en mars 2022. Un entretien en 5 parties préparé et réalisé par Aleksandra Blaquière, Zoe Cabeza, Mailys Dailly et Cédric Raynaud.
Sommaire
I) Les moments clés dans l’histoire de Toulouse et du Bijou
- La programmation et sa philosophie + public
- Le choix des artistes
- Pour la suite ?
- Organisation et fonctionnement de la salle
- Communication
- Références
Les moments clés dans l’histoire de Toulouse et du Bijou
La création du bijou
Le Bijou tel qu’on le connaît aujourd’hui a été inauguré par le groupe folk de musiciens belges, Nieuwe Snaars, le 17 avril 1989. Racheté par Philippe Pagès, son premier directeur, le Bijou est bien plus ancien que cela. Son histoire remonte au moins à 1883 sous le nom de “Café de l’Orphéon” où le concept de restaurant et concert était déjà présent, notamment avec le concert de la chorale de quartier en 1902. Ce bar est devenu “Le Bijou” dans les années 1920-1930. À cette période, le café de quartier a eu de nombreuses fonctions, il s’agissait notamment d’un lieu de rassemblement durant la Résistance. Philippe Pagès a eu la volonté de devenir programmateur. Après des travaux de réhabilitation, il a fait revivre cette salle de concert alliée à un bar-restaurant au rythme de son intuition et de son ressenti. Il disait lui-même “Je ne suis pas du tout musicien : si un artiste me transportait, c’est tout ce qui comptait. C’est resté ma philosophie, et je n’ai jamais engagé un artiste au Bijou sans l’avoir au préalable vu en concert ailleurs.”
La catastrophe AZF
Le 21 septembre 2001, l’explosion de l’usine AZF a fortement chamboulé le monde du spectacle à Toulouse. En effet, de nombreux établissements ont subi des dégâts, dont le Bikini qui a été totalement détruit. Cela a mené à une réorganisation des spectacles et concerts à Toulouse pour assurer la continuité de l’emploi des membres des salles de spectacles ainsi que pour répondre à la forte demande du public de se changer les idées.
Lors de cet événement, le plafond du Bijou s’est totalement fissuré, entraînant une fermeture de la salle de spectacle jusqu’au début de novembre 2001 et un report de tous les groupes à 2002, hormis La Rue Kétanou qui n’a jamais pu être reprogrammé. Cependant, la partie restaurant a rouvert quasi-immédiatement après la catastrophe affichant complet presque tous les jours, et ce malgré une porte-fenêtre manquante.
Hormis les perturbations dans les semaines suivant la catastrophe, l’explosion d’AZF a durablement influé sur l’organisation de certaines zones de Toulouse, dont l’Avenue de Muret, lieu d’emplacement du Bijou. Cette rue, auparavant gênée par les odeurs et fumées provenant de l’usine AZF, a été fortement endommagée et a amené à sa réorganisation. L’avenue a alors connu une suppression de places de parking au profit de la circulation des voitures, l’augmentation de la présence des vélos sur les trottoirs et des immeubles arrivant à la place des maisons, participant ainsi au changement de la population. Les commerçants se sont plaints d’une baisse de fréquentation de leurs établissements à cause des changements et c’est probablement aussi le cas du Bijou qui, encore à ce jour, ne dispose pas réellement de parking à proximité.
Changement de directeur
En 2012, après 25 ans à la tête du Bijou, Philippe Pagès a décidé de passer la direction de l’établissement à Emma et Pascal Chauvet afin de poursuivre ce qu’il s’était promis : “Je m’étais juré quand j’avais 26 ans qu’à 50 ans j’irai voir ailleurs; j’en ai 51 ! Le Bijou est aujourd’hui un lieu en bonne santé avec une programmation reconnue et une belle fréquentation. J’y travaille avec plaisir et je voulais le quitter ainsi, en pleine forme, ne pas faire la saison de trop.” Les nouveaux directeurs du Bijou ont tout autant d’entrain à mener la programmation du Bijou.
Emma Chauvet a travaillé quelques années dans la culture pour aider les artistes à trouver des dates. Puis l’idée du duo Chauvet de reprendre un lieu de spectacle les a menés jusqu’au Bijou. La succession de Philippe Pagès s’est faite en douceur grâce à une saison programmée par les deux directions permettant aux habitués du Bijou de s’habituer aux changements ainsi qu’à Emma et Pascal Chauvet de faire leurs marques dans un nouvel endroit.
La crise sanitaire du COVID
Comme la plupart des institutions, le Bijou a été chamboulé par la crise sanitaire. Lors du premier confinement, l’association a été obligée de fermer ses portes, cependant pour tenir le coup dans cette période difficile, l’équipe, très motivée, a proposé l’initiative de mettre en place pour une première fois, des plats à emporter, le fait d’avoir deux activités est un avantage et leur a permis de le faire plus facilement que dans d’autres lieux. Malgré les circonstances et les restrictions, il y avait quand même du public et c’était l’un des lieux où les conditions étaient moins strictes que dans les grandes salles. Les concerts ont repris en 2020, s’adaptant en permanence à la capacité d’accueil. Quelques habitudes ont été bousculée: le public doit être assis et non debout, une personne tous les deux sièges, le couvre-feu déplaçant les concerts à 19h00 au lieu de 21h30…
À la fin de la période de confinement, alors que la salle était complètement fermée, trois concerts ont été filmés et enregistrés. L’équipe n’était pas satisfaite, car ils n’ont pas voulu donner l’habitude aux gens de consommer un spectacle de chez eux, depuis leur canapé. Dans cette optique, ils ont décidé de lancer un concept appelé « Délivrez-nous » afin de livrer des chansons à domicile (5€ la chanson). Ils ont réussi à faire 7 sessions avec 2 artistes à chaque fois. De février à mai, presque toutes les deux semaines, ils partaient la journée avec un artiste et sa guitare. Étant un succès, ce concept est devenue très populaire et a été repris, couvert et apprécié par tous les médias. En passant de BFM TV à France Inter, mais aussi par l’AFP qui a partagé la nouvelle, ce qui a vraiment fait décollé le concept. Puis, ils ont eu des articles en Italie, en Espagne, en Angleterre ainsi qu’un petit reportage de la BBC.
Aujourd’hui et après beaucoup de partage et de fierté, « Délivrez-nous » est adopté dans plusieurs endroits en France.
Après cela, les concerts ont repris dès que possible à la fin du mois de mai 2021.
Le spectacle
La programmation et sa philosophie, le public
La programmation du Bijou est principalement centrée sur la musique. Une palette musicale diverse et variée est proposée : du jazz, du classique, des musiques actuelles, le tout gravitant autour de la musiques française. Même si le Bijou reste avant tout une salle de concert, il peut aussi y avoir des spectacles comme du théâtre. La programmation attire principalement un public français, mais elle accueille parfois d’autre artistes francophones venant de Belgique, de Suisse et du Québec même si cela reste assez rare. Une communauté étudiante québécoise a par exemple été invitée plusieurs fois, ce qui a réussi à surprendre un public venu en masse pour cette occasion. Toute une communauté hispanophone peut aussi se déplacer notamment avec le groupe argentin Cuarteto Tafi, proposant un mélange de musique argentine, d’Europe Occidentale et orientale. Ce groupe chante en espagnol, et attire donc un public hispanophone.
Cela tient vraiment à la programmation : les Français viennent voir des Français, les artistes espagnols attirent essentiellement un public hispanophone…
Nous retrouvons au Bijou plusieurs types de clients. Il y a ceux qui viennent en fonction du concert ou de l’artiste programmé; ceux-là profitent souvent de la cuisine du Bijou avant de se rendre au spectacle. Et il y a aussi les habitués qui viennent au Bijou 1 à 3 fois par semaine en fonction des propositions et des semaines.
De plus, le cœur de leur public s’informe de la programmation grâce à Facebook. C’est plutôt un public ayant la quarantaine car il est difficile de capter un public plus jeune avec une programmation basée sur la chanson française. C’est pourquoi un pass découverte a en conséquence été lancé pour les étudiants à un tarif de 40 euros afin d’avoir l’opportunité de voir les concerts de la saison. Cependant, le théâtre d’impro attire plus de jeunes, une activité programmée le troisième mercredi de chaque mois.
Le choix des artistes
Les artistes sont principalement repérés par Emma et Pascal dans des festivals tels que “Avec la langue” situé à Paris et programmé au mois de novembre, ou bien au festival “Le Chinon Manquant” en septembre situé à Tours.
Ils visionnent entre 18 et 25 spectacles en 3, 4 jours.
La plupart du temps, les artistes viennent d’eux-mêmes vers l’association comme par exemple l’artiste Marion Roch qui a contacté Le Bijou par mail. Ses musiques ont été écoutées et appréciées. Pour certifier son intérêt pour ses musiques, le recruteur s’est rendu à l’un de ses concerts. Ce sera maintenant la deuxième fois qu’elle viendra jouer au Bijou en avril 2022.
L’artiste Cali s’est également produit au Bijou dans les années 90 avec l’une de ses premières dates qui fut un tremplin pour le début de sa carrière.
Cependant, le budget assez serré de la salle ne permet pas de d’accueillir certains artiste. Mais d’un autre coté, ils réussissent à fidéliser un bon nombre d’artistes revenant de nouveau chez eux .
Nous pouvons découvrir de nombreux artistes dans tous les styles et pour tous les gout, se concentrant principalement sur la musique française mais avec des approches différentes.
Pour la suite ?
Emma et Pascal ont beaucoup de projets en tête. Le concept de « Délivrez-nous » ayant bien marché pendant le confinement, Le Bijou aimerait étendre ce projet en EHPAD, ou en prison, pour donner l’opportunité à toutes les personnes ne pouvant se déplacer d’entendre des chansons.
Par la suite, Le Bijou prévoit d’organiser un grand événement pour célébrer leur 35 ans. Un grand événement qui aurait dû avoir lieu pour les 30 ans, mais cela ne fut pas possible à cause d’une une surcharge de travail ainsi que la crise sanitaire.
Pour finir ils souhaitent faire des travaux d’agrandissement et d’agencement.
Organisation et fonctionnement de la salle
Lorsque les nouveaux directeurs sont arrivés, le système son datait de 2000. Afin de rester dans l’ère du temps, ils ont préféré le changer et en ont profité pour changer la console lumières ainsi que quelques LEDs.
Le Bijou est doté d’une fiche technique indiquant tout le matériel à leur disposition pour faire des représentations. Tous les mois, le Bijou investit dans du nouveau matériel et celui-ci est mis à jour début septembre chaque année.
Dans leurs futurs projets, ils aimeraient changer leurs projecteurs traditionnels pour un système à LED, écologiquement et économiquement plus intéressant. De plus, les fauteuils seraient aussi changés et la jauge passerait à 140 places. Tout un travail serait effectué autour de la circulation du public au sein de l’établissement pour rendre l’accueil un peu plus agréable et confortable.
En ce qui concerne l’équipe du Bijou, il y a 6-7 employés pour le côté bistro et 5 dans les bureaux, ainsi que tout le personnel technique. Le Bijou dispose également d’une agence de communication appelée “22h04” qui gère le graphisme. On peut compter en tout une quinzaine de personnes travaillant au Bijou. Tous ne sont pas à temps pleins, notamment l’agence de communication qui est indépendante.
Il est important de mettre en avant un membre polyvalent de l’équipe, Charline, régisseur son, qui s’occupe de mettre en place le son et parfois la lumière. Charline dispose d’une fiche technique des artistes lui permettant de mettre en place tout le matériel nécessaire pour le spectacle.
Communication
À l’intérieur de l’établissement Le Bijou, une personne se charge de la communication. Le Bijou reste en lien avec son public à travers trois réseaux sociaux importants : Twitter (https://twitter.com/lebijoutlse), Instagram (https://www.instagram.com/le_bijou_tlse/?hl=en), et Facebook (https://www.facebook.com/bijouconcert/). Leur réseau de communication le plus efficace est Facebook, avec aujourd’hui 15 000 “J’aime”. Le Bijou considère que c’est un moyen facile de programmer un calendrier avec un système de rappel pour chaque évènement.
Aussi, plus de 12 000 programmes papiers sont distribués dans tous les lieux culturels de Toulouse.
De plus, ils ont un lien avec la presse locale et régionale. Cette année, un poste de relation presse a été crée pour Le Bijou afin de faciliter ce lien avec les médias; mais aussi avec les supports publicitaires tels que la Gazette d’Utopia, Intramuros et le Clutch.
Références
Articles en ligne
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La rédaction.Webtoulousain.fr [En ligne]. La rédaction (Toulouse), 2012. [Page consultée le 9 juin 2012]. Disponible : https://www.webtoulousain.fr/2012/09/06/apres-25-ans-aux-commandes- du-bijou-philippe-pages-denicheur-de-talents-passe-le-relais/
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COVID et confinements
DOUREL, Eric. 20 minutes [En ligne]. (Toulouse), 2020. [Page publiée et mise à jour le 26 novembre 2020]. Disponible sur : https://www.20minutes.fr/toulouse/2916827-20201126-confinement- toulouse-bar-concert-bijou-part-e-live-places-virtuelles-prix-libre
GRASSO, Sylvana. La dépêche.fr [En ligne]. Économie, Toulouse, entreprise (Toulouse), 2020. [Page publiée le 3 novembre 2020]. Disponible sur :https://www.ladepeche.fr/2020/11/03/confinement-le-bijou-fait-de-la- vente-a-emporter-9179224.php
Programmation du Bijou
Le Bijou. Laissez nous chanter, Le bijou [En ligne]. (Toulouse), 2020. [Page mise à jour en avril 2022]. Disponible sur : https://www.le-bijou.net/programmation.
Communication
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