3-2 Questions socialement vives dans l’enseignement et la formation et autres questions sensibles

Alain Legardez, professeur, UMR ADEF, Université d’Aix-Marseille, France

Agnieszka Jeziorski, doctorant, Université de Provence, France et Université Laval, Québec, Canada

 C’est ainsi que, dès les premières publications, les initiateurs de la problématique des QSV – qui s’inscrivaient dans le cadre d’une théorie de la production des savoirs pour l’enseignement et la formation -, en ont donné une définition en termes de rapports aux savoirs et de degrés de vivacités, d’une part dans les savoirs de référence, et d’autre part dans les savoirs sociaux des acteurs du système éducatif et de formation, deux genres de savoirs dans lesquels ces questions font débats. Dans cette perspective initiale, il s’agissait donc de questions « didactiques » socialement vives qui posent des problèmes relativement spécifiques pour l’enseignement et l’apprentissage, à l’origine dans un cadre disciplinaire, puis ensuite dans des cadres pluri-, trans-, co-disciplinaires susceptibles de remettre en cause la forme scolaire traditionnelle. Selon les domaines et les thématiques de ces enseignements, les premiers chercheurs investis dans cette problématique travaillaient sur des QSV « scientifiques » pour certains et « sociales » pour d’autres. Désormais, on trouve des travaux sur des QSV « environnementales » ou « développement durable », etc … tout en restant donc dans la perspective théorique initiale. Par contre, l’expression semble avoir gagné le domaine public et l’on trouve, – le plus souvent hors du domaine de la recherche -, une extension sémantique considérable, puisque toute question socialement sensible (des questions « de société ») serait une QSV. Il en est ainsi de  la violence (à l’école ou ailleurs), voire même de l’école dans la société …  Mais nous ne sommes plus là, le plus souvent, dans le domaine de la didactique, mais dans celui de la sociologie, du discours politique, voire du discours des acteurs sociaux. L’acception de l’expression QSV serait alors restreinte aux savoirs sociaux.

L’un des objectifs de notre problématique des QSV consisterait alors à se saisir de l’émergence de ces questionnements socioculturels pérennes, latents ou émergents pour en étudier le processus d’introduction dans les systèmes d’enseignement et de formation, puis de didactisation. Ce recentrage n’exclut évidemment pas des stratégies de recherches collaboratives avec les acteurs concernés, ni le partage de valeurs et d’objectifs qui ne soient pas que scientifiques ; il invite aussi à multiplier et diversifier les thématiques ; il incite également à approfondir les grilles d’analyses théoriques des « questions d’enseignement et de formation socialement vives ».

références bibliographiques

  • Legardez, A. & Simonneaux, L. (2006). L’école à l’épreuve de l’actualité. Enseigner des questions vives. Paris : ESF.
  • Simonneaux, L. & Legardez, A. (2011). Développement durable et autres questions d’actualité. Questions socialement vives dans l’enseignement et la formation. Dijon : Educagri.