Martine Vinson, docteure, UMR EFTS, ESPE, Université de Limoges, France 

Souha Elandoulsi, Maître-Assistante, UMR EFTS, ISSEP Ksar Saïd, Université de Manouba, Tunisie

Notre communication porte sur les dimensions non verbales de l’activité des enseignants d’EPS et leur impact en termes de co-construction des savoirs et du genre en Tunisie et en France. L’analyse du curriculum en acte met en évidence un impensable du genre dans l’action conjointe professeur-élèves dans les deux pays. Cette notion permet de souligner des points aveugles de l’enseignement du point de vue de la question du genre : il s’agit de voir comment l’impensable du genre travaille les situations d’enseignement-apprentissage. Comment une approche didactique des interactions en EPS intégrant le genre permet-elle d’interroger les processus souterrains à l’œuvre ?  Le fait de mettre en tension les résultats de recherches menées en France et en Tunisie enrichit nos travaux dans le sens d’une comparaison interculturelle. Nous chercherons à comparer comment se construit le curriculum d’éducation physique au travers de deux activités, le badminton et la gymnastique. Nos outils sont « susceptibles de permettre une lecture de la complexité de l’activité des acteurs (enseignants et élèves) » afin de mettre en évidence s’il existe des traits génériques de l’impensable du genre vs traits spécifiques par rapport aux deux pays en termes de curricula (prescrit ou formel vs caché ou réel).

Références bibliographiques

• Mosconi, N. (2001). Comment les pratiques enseignantes fabriquent de l’inégalité entre les sexes. Les Dossiers des Sciences de l’Éducation, 5, 97-109.
• Perrenoud, P. (1993). Curriculum : le formel, le réel, le caché. In Houssaye, J. (dir.) La pédagogie : une encyclopédie pour aujourd’hui (pp. 61-76). Paris : ESF.
• Sensevy, G. & Mercier, A. (2007). Agir ensemble. L’action didactique conjointe du professeur et des élèves. Rennes : Presses Universitaires de Rennes.

Marie-Paule Poggi, MCF HDR, CRREF (EA 4538), ESPE, Université des Antilles et de la Guyane, France

Nous pensons avec Blanchet (2009) que « toute pratique didactique est ou devrait être pensée selon le contexte social qui la constitue et qu’elle contribue à façonner ». Nous pouvons alors considérer que le curriculum en actes allie autonomie et ajustements liés aux contraintes du « sens pratique », devenant ainsi producteur « d’improvisations réglées » (Bourdieu, 1980). Par conséquent, le « contexte pertinent » (Lahire, 1998) de l’interaction didactique n’est à appréhender ni au niveau du cadre immédiat de l’interaction (la situation), ni au plan des contraintes externes qui pèsent sur elle (le contexte), mais dans une perspective socio-didactique qui vise à observer de quelle manière les dispositions incorporées perdurent dans la situation mais également se reconfigurent au contact des contraintes de cette dernière. Ces processus de contextualisation, liant de façon interactive contexte et situation, seront appréhendés selon trois axes : les savoirs transmis, les intentions didactiques du professeur et enfin ses stratégies de sélections et d’adaptations. Nous avons récolté des données d’observation et d’entretien (6 leçons, un entretien ante et post cycle) auprès de deux enseignants exerçant en milieu difficile. Les résultats en cours de traitement permettent de caractériser les processus de contextualisation émergeant en situation. L’expérience en établissement difficile : (1) provoque des ajustements spécifiques rendant saillantes des dimensions contradictoires du métier ; (2) génère des contenus de curriculum potentiellement producteurs d’inégalités, et (3) produit une profonde reconfiguration de l’habitus professionnel.

Références bibliographiques

• Blanchet, P. (2009). Contextualisation didactique : de quoi parle-t-on ?, Le français à l’université, Journal de l’AUF,2, 2-3 (mis en ligne le 15 mars 2012).
• Bourdieu, P. (1980). Le sens pratique. Paris : Les Editions de Minuit.
• Lahire, B. (1998). L’homme pluriel. Paris : Nathan.

Dominique Montaud, docteure, UMR EFTS,Université Champollion, France

Chantal Amade-Escot, Professeure, UMR EFTS, Université Toulouse 2 – Le Mirail / ESPE, France

Cette contribution s’intéresse à l’enseignement de la danse au collège au regard de l’évolution de l’épistémologie pratique d’un enseignant d’EPS initialement non spécialiste de cette pratique artistique mais impliqué dans un dispositif de formation continue de longue haleine. La recherche étudie, à partir d’une analyse longitudinale des savoirs mis à l’étude lors de quatre cycles d’enseignement avec des classes de 6^ème (sur une durée de six ans), les modalités de co-construction de la référence en danse dans ces classes. L’approche multidimensionnelle de données d’observation de séances au fil des ans permet de rendre compte de l’évolution des « jeux d’apprentissage » proposés aux élèves. A l’échelle micro-didactique, elle s’attache à décrire la manière dont, dans l’action conjointe avec ses élèves et au regard des expériences de danse traversées au fil des ans, cet enseignant rend possible une entrée dans un rapport poïétique à l’œuvre chorégraphique. Les données exploitées pour cette contribution portent sur une phase récurrente dans les cycles observés : celle de la mise à l’étude de la « proposition dansée ». Les résultats montrent que les savoirs et les expériences réalisées pendant les stages de formation sont (re)convoqués et remaniés de façon singulière par l’enseignant au cours de l’action conjointe avec les élèves, permettant le passage d’un rapport à la danse de type « monstration-reproduction » à un rapport à la danse de type « monstration-appropriation ».

Références bibliographiques

• Harbonnier-Topin, N. (2012). Le temps de la transmission en danse : de la construction des savoirs et des pratiques à l’élaboration de traces chorégraphiques. Montréal : UQAM et CRF CNAM.
• Milli, I. & Rickenmann, R. (2004). La construction des objets culturels dans l’enseignement artistique et musical. In C. Moro et R. Rickenman (Eds.) Situation éducative et significations (pp. 165-196). Raisons éducatives, Bruxelles : De Boëck.
• Montaud, D. (2014). Le rapport aux œuvres dans l’enseignement de la danse au collège. Analyse didactique de l’évolution de l’épistémologie pratique d’un professeur d’éducation physique et sportive. Thèse de doctorat en Sciences de l’Education, non publiée. Université de Toulouse 2 – Le Mirail (soutenue le 5 février 2014).

Elisabeth Magendie, Maîtresse de Conférence, Cultures, Education, Sociétés (LACES EA 4140), ESPE d’Aquitaine, Université Bordeaux IV, France

Cette recherche vise à décrire et comprendre la façon dont, aux prises avec le curriculum recommandé (l’injonction d’enseigner des compétences et de mettre en place des situations complexes notamment), les étudiants en formation par alternance co-produisent avec les élèves le curriculum effectif. Elle s’attache à savoir comment les étudiants s’approprient le curriculum et en quoi les prescriptions dont il est l’objet organisent leur activité. Elle est réalisée dans une perspective de didactique professionnelle (Pastré, 2011) mais s’appuie également sur certains concepts propres au champ des didactiques disciplinaires. En référence à la théorie de la conceptualisation dans l’action (Vergnaud, 1996), elle cherche à identifier les organisateurs qui orientent et guident l’action (invariants opératoires, genre professionnel, expérience) et à définir l’objet de la co-activité enseignant/élèves, c’est-à-dire les objets réellement enseignés. La démarche consiste à analyser l’activité d’enseignement du badminton de quatre étudiants admissibles au CAPEPS lors de leur stage (1/3 temps), en particulier lorsque celle-ci est orientée vers la transmission d’objets d’enseignement. Les données  recueillies articulent des informations issues des fiches de planification et de l’enregistrement vidéo des séances (une par stagiaire, située en cours de cycle) ainsi que des informations issues de leurs discours sur leur activité enregistrés lors d’un entretien ante séance, d’un entretien d’auto-confrontation simple et d’un entretien d’auto-confrontation croisée conduit collectivement (Goigoux, 2007). L’analyse procède par questionnement analytique.

Références bibliographiques

• Goigoux, R. (2007). Un modèle d’analyse de l’activité des enseignants. Education et didactique, 3, 47-70.
• Pastré, P. (2011). La didactique professionnelle. Paris : PUF
• Vergnaud, G. (1996). Au fond de l’action, la conceptualisation. In J.-M. Barbier (Dir.), Savoirs théoriques et savoirs d’action (pp. 275-292). Paris : PUF.

Lorraine SAVOIE-ZAJC, professeure émérite, Université du Québec en Outaouais, Canada

La contribution proposée se situe à l’intersection des écrits décrivant les postures des acteurs dans la recherche-action et la nature du changement souhaité. C’est dans la dynamique de l’innovation sociale générée que la pertinence et la validité de la recherche-action s’avèrent. La production des savoirs savants, des savoirs de pratique et des savoirs d’expérience de la recherche-action prend ainsi forme à l’intérieur même des processus de construction sociale qui se mettent en œuvre dans une dynamique d’innovation. Des illustrations, comme soutien à l’analyse, proviendront de diverses recherches-actions menées depuis les dernières 10 années sur des thématiques diverses provenant du monde scolaire.

références bibliographiques

• Coenen, H. (2001). Recherche-action : Rapports entre chercheurs et acteurs. Dans G. Amado, & A. Lévy. (Éds.). La recherche-action : perspectives internationales. Paris : Éd. Eska. p. 19-32
• Cros, F. (2000). Le transfert des innovations scolaires : une question de traduction. Paris : INRP
• Guay, M.H. & Prud’homme. L. (2011). La recherche-action. Dans T. Karsenti et L. Savoie-Zajc (dir.). La recherche en éducation : Étapes et approches. Saint-Laurent : ERPI. 184-211.

Carine MEROUANI

Dans cette communication nous envisagerons la recherche-intervention comme un accompagnement à l’innovation pédagogique. Nous nous appuierons sur l’expérience d’une démarche de recherche-intervention auprès d’une équipe de formateurs en soins infirmiers dans son appropriation des pratiques de simulation. Le recours à cette méthode pédagogique rencontre un regain d’intérêt que soutiennent les récentes recommandations de la Haute Autorité de Santé (2012) visant à optimiser la gestion du risque. Au-delà de ses aspects technologiques, la simulation repose sur des principes didactiques spécifiques. Et peut à ce titre être envisagée comme une innovation pédagogique, productrice de changements individuels et collectifs. Dans cette présentation, nous nous centrerons plus particulièrement sur la dimension collective produite par cette recherche-intervention. Nous ferons apparaître que ce dispositif tend à bousculer l’inertie des automatismes tout en permettant la compréhension et l’intégration d’un changement plus large venant réinterroger le métier de formateur.

références bibliographiques 

• Argyris, C. (1995). Savoir pour agir. Surmonter les obstacles à l’apprentissage organisationnel. Paris : Inter Éditions.
• Clot, Y. (1995). Le travail sans l’Homme. Paris : La Découverte.
• Cros, F. (2001). L’innovation scolaire, enseignants et chercheurs — Synthèse et mise en débat. Lyon : INRP.

Daniel GUY, MCF, UMR EFTS, Université de Toulouse 2 Le Mirail, France

Les études d’impact sont aux côtés des actions de communication, de formation et d’accompagnement un des principaux leviers de la conduite du changement. En s’attachant à anticiper l’ensemble des effets d’un projet — quelle que soit leur nature — elles inscrivent en amont de la mise en œuvre d’un changement un processus de régulation pouvant aider non seulement à penser des modes de conduite et d’accompagnement pertinents, mais pouvant aussi entraîner les décideurs à redéfinir les objectifs stratégiques et le mode opératoire du changement projeté. Formalisées dans le domaine de l’environnement, outils au service de la cohérence des politiques en matière de réglementation, intégrées au management du changement par les sciences de gestion, les études d’impact sont plus rares dans le domaine de l’éducation et de la formation. Leur développement par le truchement de recherche-intervention apparaît comme un enjeu de la conduite et de l’accompagnement du changement en éducation d’où l’intérêt d’interroger les conditions et limites du transfert en éducation des outils et méthodes des études d’impact depuis leurs premiers domaines d’application.

références bibliographiques :

• Bedin, V. (2013). Conduite et accompagnement du changement : contribution des sciences de l’éducation. Paris : Harmattan.
• André P., Delisle C., & Reéret J.-P. (2010). L’évaluation des impacts sur l’environnement. Processus, acteurs et pratiques pour un développement durable. Montréal : Presses internationales, Polytechnique.
• Autissier, D., & Moutot, J.-M. (2010). Méthode de conduite du changement diagnostic, accompagnement, pilotage. Paris : Dunod

Marie-Madeleine GURNADE, doctorante, UMR EFTS, Université Toulouse 2 Le Mirail, France

La recherche-intervention est une démarche de recherche qui constitue une forme de collaboration et de contractualisation spécifique entre le monde académique et politique. Cette contribution se propose d’étudier l’articulation entre le volet recherche et le volet intervention à partir d’un dispositif, l’observatoire qui permet de l’opérationnaliser. Dans la recherche présentée, la demande sociale émane d’un pouvoir local qui souhaite mieux connaître les jeunesses de son territoire pour élaborer une politique de la jeunesse transversale.

Dans un premier temps, nous montrerons qu’un observatoire inscrit dans une recherche-intervention déploie les visées épistémiques et la méthodologie de cette démarche de recherche. Dans une seconde partie, nous expliquerons que le cadre de l’observatoire rend possible l’interaction entre les chercheurs et les acteurs tout en permettant aux deux sphères autonomes, la recherche et l’intervention, de s’enrichir mutuellement.

 références bibliographiques

• Akrich, M., Callon, M., & Latour, B. (2006). Sociologie de la traduction: textes fondateurs. Paris : Presses de l’Ecole des mines.
• Chebroux, J-L. (2011). Les observatoires locaux : quelle méthodologie pour les conduire ? Socio-logos. Revue de l’association française de sociologie, 6.
• Marcel, J.F. (2010). Des tensions entre le « sur » et le « pour » dans la recherche en éducation : question(s) de posture(s). Cahiers du CERFEE, 27-28, 41-64.

Philippe DELMAS, Professeur-Chercheur, Pôle « innovation en soins et professionnalisation », HES-SO-Institut et Haute Ecole La Source, Suisse

L’utilisation de la simulation apparaît aujourd’hui comme un outil pédagogique efficace pour permettre l’acquisition des compétences nécessaires à l’exercice de la profession infirmière. Cette activité, au sein d’un programme de formation en soins infirmiers, ne doit pas être considérée comme un outil pédagogique supplémentaire, mais doit reposer sur une structure théorique afin d’organiser l’enseignement et les activités d’apprentissage. Dans ce cadre, le modèle théorique du NESF (Nursing Education Simulation Framework) développé par Jeffries (2005, 2006, 2007) apparaît comme celui qui est le plus retenu pour guider l’apprentissage des étudiants dans un contexte de simulation. De façon plus explicite, ce modèle comprend cinq composantes majeures qui analysent les facteurs liés à l’enseignant, ceux liés à l’étudiant, les pratiques éducatives, les caractéristiques du design de la simulation et les résultats attendus ou escomptés. Cette communication aura pour but de présenter les différents concepts théoriques du modèle et leur opérationnalisation.

références bibliographiques :

• Jeffries P.R (2005). Technology trends in nursing education: next steps. Journal of Nursing Education ;44(1) : 3-4
• Jeffries P.R (2006). Designing simulations for nursing education. Annual Review of Nursing Education ;4:161-77.
• Jeffries P.R (2007). Simulation in nursing education : From conceptualization to evaluation. New York, NY : National League for Nursing.

Évelyne CHARLIER, professeur, Département Éducation et Technologie, Université de Namur, Belgique

Nous avons réalisé une recherche accompagnement de 19 établissements qui développaient des projets visant à lutter contre l’échec, en Belgique francophone. Cette étude combinait un accompagnement des équipes opérationnelles sur le terrain, leur mise en réseau ainsi que des séances de formation, d’une part et d’autre part des échanges réguliers entre les directions d’établissement porteuses des projets.

Sur base des données recueillies par observation participante et par questionnaires, nous proposons des modèles d’analyse des projets d’innovation construits lors de cette recherche et nous analysons les postures adoptées par les différents acteurs impliqués dans cette recherche, accompagnement

références bibliographiques :

• Charlier, E., Biemar, (2012) Accompagner, un agir professionnel, Bruxelles, De Boeck.
• Beauvais, M.(2007). Chercheur accompagnateur : une posture plurielle et singulière. Recherches qualitatives, Hors série, 3.
• Baudson, C., Dorbolo, F., Piedboeuf, R., (2012). Recherche-accompagnement de projet de différenciation pédagogique au sein du premier degré commun de l’enseignement secondaire, rapport final de recherche, Namur, novembre 2012.