Comparaisons sémiotiques
Textes, discours, objets, pratiques
Ma présentation fait une synthèse de travaux menés à partir d’une démarche comparative dont on peut faire le constat de la valeur heuristique. Dans le premier volet de ma réflexion, je croise enjeu du corpus et visée de l’analyse avec les outils d’investigation et les résultats obtenus et je me conforme à la catégorisation proposés ici : relation d’ordre typologique versus relation à l’intérieur d’une même catégorie, d’un même type, d’un même genre de discours.
1) Relation d’ordre typologique entre les textes : pour faire apparaître le caractère définitoire de la citation, j’observe les fonctions d’une modalité linguistique, en l’occurrence le mode citationnel, pour en révéler le caractère consubstantiel aux genres de discours philosophique/scolaire (anthologies)/journalistique.
2) À l’intérieur d’un même type et/ou d’un même genre de discours,
a. J’observe les caractéristiques du positionnement idéologique de la presse. Le marquage axiologique des interventions des énonciateurs convoqués reflète parfois la ligne éditoriale de façon paradoxale. Ainsi, en va‐t‐il de l’image de la banlieue dans les verbatims des acteurs sociaux mis en scène dans le Parisien, le Monde et le Figaro; de même, les propos rapportés dans les magazines Rose et Causette affichent des stéréotypes féminins mais soutiennent des orientations argumentatives opposées.
b. La grande hétérogénéité énonciative de textes qui résultent de commandes institutionnelles montre que l’interprétation n’en est pas partagée. Ainsi, l’ethos discursif très différent que présentent les écrits professionnels réflexifs des futurs enseignants témoignent d’une appropriation particulière de la notion d’« écrit réflexif », en fonction du lieu de formation et de facteurs socio-économiques prégnants.
c. La diversité de l’investissement générique de l’autobiographie par un même auteur suscite une nouvelle appréhension de cette catégorie discursive. Il s’avère qu’elle est le lieu privilégié où se manifeste l’image de soi que l’auteur cherche à imposer, comme le montrent les configurations énonciatives des trois autobiographies de Rousseau, Confessions, Dialogues, Rêveries. Dans un second volet de ma contribution, je me propose de considérer un autre niveau d’analyse : l’objet n’est plus la comparaison de corpus mais la comparaison des approches discursives elles-mêmes.
Pascale Delormas, (pascale.delormas@orange.fr)
Circeft, Université Paris Est
Références bibliographiques
– Delormas P. (2010) « Autographie et hétérogénéité énonciative », L.-S. Florea,
C. Papahagi, L. Pop, A. Curea, Directions actuelles en linguistique du texte, Casa Cărţii de Ştiinţă, Cluj-Napoca.
– Delormas P. (2010), « Du genre littéraire au genre discursif : le cas de l’autographie », dans Linguistique et littérature. Cluny, 40 ans après (D. Ablali et M. Kastberg Sjöblom (éds), Besançon : Presses universitaires de Franche-‐Comté, coll. « Annales littéraires de l’université de Franche-Comté », p. 267-‐277.
– Delormas P. (2008), « L’image de soi dans les « autographies » de Rousseau », Argumentation et Analyse du Discours, n° 1 2008, [En ligne], mis en ligne le 18 septembre 2008. URL : http://www.tau.ac.il/~adarr/
– Delormas P. & Bautier E. (2012), « Comment la presse locale et nationale met‐elle en mots et en discours l’école en banlieue ? », dans Actes de colloque, Approches pluridisciplinaires des discours sur l’École en Seine Saint-Denis, A. Dontenwille-Gerbaud (éd.), SCEREN-CRDP de l’académie de Créteil, 2012, p. 17-27.
– Maingueneau D. (2004), Le discours littéraire. Paratopie et scène d’énonciation, Paris, Armand Colin.
– Moirand S. (2000) : « Variations discursives dans deux situations contrastées de la presse ordinaire », Carnets du Cediscor, n° 6, 45-62.