Daniel Galarreta

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Comparaisons linguistiques vs sémiotiques.
Détecter les évolutions de connaissances

Le CNES, a financé ces dernières années, plusieurs actions de recherches -confiées à des équipes universitaires – dans le but de pouvoir détecter des évolutions de connaissances pouvant se produire sur des missions spatiales de longue durée, en se fondant sur la comparaison diachronique de textes. Le problème posé a nourri une réflexion très approfondie de la part des équipes impliquées. Des résultats extrêmement intéressants ont été obtenus dans chacune des disciplines concernées. Nous considérons cependant que le projet initial n’a pas abouti.

Dans cette communication nous nous proposons d’analyser dans une perspective sémiotique, les raisons de cet insuccès. Cette analyse nous conduit à envisager un élargissement de la théorie sémiotique à l’analyse des objets (Zinna). La particularité est qu’il s’agit-là d’objets à la taille de systèmes techniques complexes. Cette complexité engage dans une saisie du système en tant qu’objet de sens pour l’ensemble des points de vue qui participent à son émergence.

Vis-à-vis de ce type d’ensembles signifiants on est conduit à expliciter sous forme d’une construction conceptuelle, les conditions de la saisie et de la production du sens de « mises en présence de points de vue » manifesté par ces ensembles. Cette « sémiotique multi-points de vue » du fait de l’adoption de certaines notions hjelmsleviennes, possède entre autres particularités celle-ci : les points de vue ne sont appréhendés -présupposés -qu’à travers leurs confrontations. Cela vaut aussi pour le point de vue de l’analyste qui essaie de décrire ces points de vue. Les différents niveaux d’existence sémiotique d’un objet peuvent être alors définis sur la base des différents types de mises en présences pouvant exister entre points de vue.

Une des conséquences de cette approche est que l’existence d’un point de vue d’analyse conduit à admettre l’existence antérieure d’un objet au stade réalisé. Cette existence s’interprète comme une mémoire : mouvement de la pensée entre des objets déjà réalisés et des objets potentiellement émergents (objets actualisés ou virtuels). Sans qu’on s’y attarde ici, cette mémoire va permettre de caractériser une communauté.

En revenant au problème de départ, il apparait que les comparaisons à opérer entre les « textes » ne peuvent pas se situer sur un plan strictement linguistique, mais doivent se placer sur un plan sémiotique multi-points qui puisse en particulier rendre compte de différents niveaux d’existence sémiotique des objets appréhendés.

Daniel Galarreta (Daniel.Galarreta@cnes.fr)
CNES


Références Bibliographiques
Galarreta D. (2013). « Are things, objects? A semiotic contribution to the Web of Things ». (ICISO 2013). 03-25-27, Stockholm.
– Hjelmslev L.(1971). Essais Linguistiques. Paris : Minuit.
– Zinna A. (2002). « Décrire, produire, comparer et projeter. La sémiotique face aux nouveaux objets de sens », NAS, 79, 80, 81, Limoges : PULIM.