Pierre-Antoine Navarette

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Transformation des textes et modèle de conversion narrative

La question de la transformation textuelle peut être envisagée à travers l’étude d’un corpus de deux textes artistiques intitulés respectivement La Reine des neiges de H. C. Andersen et Dans les montagnes des Pays-Bas de C. Nooteboom. Il apparaît en effet que le second texte est une version restructurée du premier, comme si ce dernier en constituait en quelque sorte la base signifiante. On tentera alors de savoir comment l’on passe sémiotiquement d’un texte à l’autre et quelles sont les fonctions signifiantes mises en jeu lors de ce processus de transformation. On remarque tout d’abord, si l’on se situe épistémologiquement dans la tradition de pensée greimassienne en matière de génération des textes, que les relations logico-sémantiques et les valeurs discursives émergentes corrélées à ces relations, c’est-à-dire celles qui fondent la logique narrative discursive chez Nooteboom, sont équivalentes à celles qui figurent chez Andersen. Cependant, bien que dépendant des mêmes fondamentaux structuraux, le texte de Nooteboom diffère en surface de celui d’Andersen : autrement dit, on observe des variations discursives sur le plan de l’actorialisation, de la temporalisation et de la spatialisation. Dans cette perspective, à partir du même programme génétique fondamental, les deux textes semblent adopter en surface des formes discursives différentes. Autrement dit, il y a donc des évolutions sémiotiques sensiblement différentes dans la prise en charge des modèles narratifs par les instances superficielles. Les relations sémiotiques entre les deux textes sont par conséquent équivalentes sur le fond et divergentes sur la forme : le processus de transformation textuelle, fonction du procès de signification génératif,  ne peut donc s’opérer que par l’intermédiaire de phases de conversions qui permettent l’adéquation du fond structural avec la forme discursive en relation avec l’environnement sémiotique dans lequel le texte est immergé.

Pierre-Antoine Navarette (pa_navarette@yahoo.fr)
CeReS, Université de Limoges


Références Bibliographiques
– Couégnas N. (à paraître). « Du côté des valences, sémiotique textuelle et valeurs littéraires », dans La valeur en sémiotique, Amir Biglari (éd.), Dijon : Presses Universitaires de Dijon.
– Courtés J. (1991). Analyse sémiotique du discours, de l’énoncé à l’énonciation. Paris : Hachette.
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– Fontanille J. et, Zilberberg Cl. (1998). Tension et signification. Liège : Pierre Mardaga, (Philosophie et Langage).
– Greimas A.-J. et, Courtés J. [1979 ]. Sémiotique. Dictionnaire raisonné de la théorie du langage, Paris : Hachette, 1993.
– Greimas A.-J. et Courtés J. (1986). Sémiotique. Dictionnaire raisonné de la théorie du langage, tome 2, Paris : Hachette.
– Greimas A.-J. [1966]. Sémantique structurale Paris : PUF, 1986.
– Greimas A.-J.(1970). Du Sens, Paris : Seuil.
– Lotman Y. [1970]. La Structure du texte artistique (traduit du russe par Anne Fournier, Bernard Kreise, Eve Malleret et Joëlle Yong sous la direction d’Henri Meschonnic), Paris : Gallimard, 1973.