Du jeu au jeu télévisuel. Comparaisons et transpositions d’un genre protéiforme
L’étude du jeu a souvent donné aux théoriciens une véritable sensation de vertige qui s’est rapidement muée en une irrépressible envie de dresser l’inventaire le plus exhaustif possible de cet objet insaisissable et multiple. Les analyses des formes télévisuelles du jeu ne dérogent pas à cette règle, d’autant moins que l’ancienneté de ce genre a favorisé la multiplication des formules qui, même si beaucoup s’accordent sur le fait qu’elles marient généralement des ingrédients fixes, nécessitent une classification.
Afin de mettre de l’ordre dans un ensemble qui parait d’emblée protéiforme, il faut commencer par dresser une cartographie du jeu télévisé. Or il semble que derrière l’apparente évidence de cette étiquette générique essaiment des formats divers, allant des classiques jeux de questions-réponses à cet incontournable phénomène qu’est devenu la télé-réalité.
En outre, l’adaptation télévisuelle du jeu implique la prise en compte des logiques propres à ce média. De quelle nature peuvent être les manifestations télévisuelles du jeu ? Quels sont les liens ou les oppositions qui se dessinent entre le jeu télévisé et les autres genres qui lui sont associés ? Quelles sont les apports et les limites de l’application des définitions et des typologies issues des sciences humaines aux émissions de jeux proposées par la petite lucarne ?
Pour répondre à ces questions nous avons du nous appuyer à la fois sur un corpus massif et diversifié, et sur une grille d’analyse dont les critères de typologisation devaient être cohérents et homogènes, et principalement articulés autour de trois grands axes : énonciatif, sémantique et syntaxique. Dans le cadre de ce colloque, nous proposons non seulement de revenir sur la méthodologie employée dans le cadre de cette analyse sémio-pragmatique, mais également de révéler quelques-uns résultats les plus symptomatiques de ces comparaisons entre les diverses formes télévisuelles du jeu et ses parangons extra-médiatiques.
Laurence Leveneur (Laurence.Leveneur-martel@ut-capitole.fr)
IDETCOM, Université de Toulouse 1
Références Bibliographiques
– Charaudeau P., Maingueneau D. (éds. 2002). Dictionnaire d’analyse du discours, Paris : Seuil.
– Esquenazi J.-P., (2003). « Eléments de sociologie sémiotique de la télévision », Quaderni n° 50/51, Paris, pp. 89-115.
– Jost F. (éd.), 1997, Le Genre télévisuel, Réseaux n°81, Paris, CNET.
– Leveneur L. (2009). Les travestissements du jeu télévisé, Paris : Presses de la Sorbonne Nouvelle.
– Lochard G., Boyer H. (1995). Notre écran quotidien. Une radiographie du télévisuel, Paris : Dunod.
– Steimberg O. (1977). « Des genres populaires à la télévision : étude d’une transposition », in JOST (éd. 1977), Le genre télévisuel, pp. 47-59.