Transformation(s) (Conclusion)

Puisque le temps de la recherche n’est pas le temps social des problèmes d’environnement et de santé – et que ces derniers ont leurs propres trajectoires de controverse et leurs propres futurs –, nous privilégions ici, en guise de conclusion, le terme de « Tansformation(s) » pour mettre un terme, juste provisoire, à ce travail de recherche sur la perception des risques à « habiter (avec) la pollution ».

Les résultats de ce travail de recherche nous invitent à abonder dans le sens des travaux de sociologie pragmatique des transformations de Chateauraynaud et Debaz, et à nous intéresser ainsi « tout autant aux récits et aux arguments qu’aux expériences sensibles, aux dispositifs et aux instruments, aux milieux et aux contraintes matérielles de l’action et du jugement dans le monde » (Chateauraynaud et Debaz, 2019, p.127 ; Chateauraynaud et Debaz, 2017[1]). Nous considérons, en ce sens, que les récits des habitant·es, les mises en intrigue, les troubles ou les mises à l’épreuve qu’ils nous relatent… (et qui jalonnent le rapport de recherche) ne sont pas des narrations marginales ou des anecdotes dont la seule originalité résiderait in fine dans le caractère, « juste cocasse », des mises en relation entre expériences singulières de vie et milieux pollués. Ils nous obligent, avec modestie, à décloisonner-diversifier le sens du monde, dans lequel les habitant·es vivent, en accordant aux savoirs expérientiels et aux agirs perceptuels, qu’ils·elles développent en étant confronté·es à la pollution, un rôle central dans l’appréhension des risques environnementaux et de santé environnementale. Ils nous obligent aussi à identifier quelques transformations, pour certaines, déjà à l’œuvre.

Transformation(s) – La fabrique des publics –. La recherche PRIOR montre que la « rébellion des milieux » (au sens de Chateauraynaud, 2013[2]) ne prend pas forme, dans les faits et seulement, dans l’espace publicisé ou médiatisé de la mise en débat des problèmes. Notre travail de recherche sur la perception des risques liés aux anciennes pollutions minières montre que les habitant·es « ordinaires » de la vallée de l’Orbiel (11) – celles et ceux qui vivent sur le territoire mais qui n’interviennent pas spécifiquement dans l’espace publicisé du débat – font preuve d’une grande réflexivité vis-à-vis de la situation vécue et s’érigent, se faisant, en public(s) légitime(s) auquel(s) il faut être attentif.

L’absence d’expression, dans l’espace publicisé du débat, ne renvoie pas, en ce sens, à un désintérêt pour les enjeux environnementaux et sanitaires des pollutions de leur territoire de vie. Bien au contraire, l’ensemble des habitant·es se montrent attentif·ves, sans pour autant être visibles, pour la plupart d’entre eux.elles. Ils·elles construisent leurs points de vue, qualifient certains problèmes, en disqualifient d’autres, sans pour autant porter leurs contre-expertises dans l’espace public. Ils·elles investissent la question des pollutions au regard de leurs expériences de vie et de leurs pratiques en se laissant rarement convaincre, de façon passive ou automatique, ni par les causes portées par les associations locales ni même par l’action publique qui tend à contenir les pollutions ou à orienter les comportements dans une logique de santé publique[3]. Une rébellion des milieux à bas bruit d’un public qui fait valoir, dans l’évaluation des situations vécues, « une manière d’habiter, d’investir, de coproduire un monde » dans lequel ils vivent (Chateauraynaud, 2013, op.cit.).

Ce résultat s’inscrit dans une appréhension pluraliste de la dispute qui s’intéresse, dans une moindre mesure ici, à rendre compte des dynamiques de contestation à haut-bruit, dans ses formes les plus publicisées et controversées, et pour une plus grande part dans cette étude, à visibiliser, dans les espaces plus informels du quotidien, la capacité des habitant·es à expériencer[4] à bas bruit « le fait de vivre sur un territoire pollué » et à disputer-discuter les situations vécues. Ils·elles s’érigent ainsi en public attentif, en communautés d’attention (Dewey, 2010[5]) capables de jauger les problèmes au regard des troubles éprouvés, à pré-enquêter parfois (au sens de Akrich et.al., 2010[6]) pour tenter d’élucider ces troubles, à énoncer les faits (que les problèmes vécus soient perçus ou pas comme préoccupants), à formuler des attentes et à échanger dans des espaces plus discrets (sans que cela renvoie pour autant à une nécessité absolue de publicisation) : au sein du cercle familial, lors d’échanges informels dans les espaces de pratiques (notamment dans le domaine du jardinage), voire lors de rencontres avec des chercheurs enquêtant sur les pollutions de la vallée… Les habitant·es développent se faisant une disposition à jauger le caractère plausible des problèmes d’environnement et de santé environnementale auxquels ils·elles sont soumis·es par l’expérience des lieux où ils·elles vivent et de leurs pratiques.

Ce qui ressort de l’analyse des régimes de perception des risques de santé environnementale, c’est la force du scepticisme attentiste et de l’actionnisme pratique dans le discours des habitant·es. Ces discours interrogent les problèmes de santé et d’environnement. Les habitant·es demeurent alors en quête d’études permettant de les élucider, ils·elles déplacent aussi l’enjeu de santé environnementale vers le diagnostic des milieux et l’action visant à contrôler leur exposition aux pollutions par des adaptations de pratique. Ce sont ces discours et ces enjeux, même quand ils sont émaillés de critique, qui semblent aujourd’hui émerger comme centraux, dans les entretiens réalisés auprès des habitant·es de la vallée.

S’il est toujours intéressant d’observer que les habitant·es ont une capacité réflexive à juger-interroger les problèmes qu’ils·elles rencontrent (dans un sens ou un autre) et à adapter, le cas échéant, leurs pratiques afin d’éloigner les risques, gardons à l’esprit que cette capacité s’impose comme une nécessité critique face à la difficulté des problèmes et des solutions à être circonscrits localement, en d’autres termes face à la difficulté de réduction des incertitudes environnementales et sanitaires qui pèsent sur leur condition de vie. Cette nécessité critique s’impose aussi face à la difficulté des habitant·es à atteindre l’espace public de la mise en débat des problèmes dès lors que les controverses locales leur paraissent occuper l’ensemble de la scène locale et opérer un effet de filtrage de leurs propres questions et attentes. Tous les publics ont une légitimité à être entendus, faut-il certainement que des espaces d’échange leur soient accessibles afin que les « publics fantômes » (Lippmann, 2008 [1925][7]), ne le deviennent pas, in fine, malgré eux.

Transformation(s) – La diversification des formes d’expertise –. La recherche PRIOR montre aussi que des formes différenciées d’expertise coexistent dans l’évaluation des problèmes d’environnement et de santé environnementale (Corburn, 2005[8]). L’appréhension des risques par les habitant·es ne se conforme pas à l’expertise scientifique et technique, elle se nourrit d’expertise citoyenne. L’expertise est citoyenne quand elle se constitue à partir de savoirs situés issus de l’expérience des lieux, des pratiques ordinaires et des parcours de vie (en d’autres termes quand elle se fonde sur des savoirs expérientiels). L’expertise scientifique et technique s’appuie, quant à elle, sur des savoirs professionnels, elle oriente l’action publique et fonde sa légitimité. Or, bien souvent ces formes d’expertise coexistent et sont mises en dialogue par les habitant·es ordinaires qui évaluent leur environnement de vie. Cette mise en dialogue génère de la dispute ou de la critique. La critique la plus vive advient quand l’expertise scientifique et technique contrevient à l’expertise citoyenne des situations vécues par les habitant·es : que l’expertise scientifique et technique établisse une absence de risque, alors dénoncée par l’expertise citoyenne, ou qu’à l’inverse elle énonce un risque non reconnu par les habitant·es et génère de l’incompréhension. Si les formes d’expertise sont ainsi diversifiées, c’est le caractère relationnel de leur mise en dialogue qui est source de tension ou de dispute.

Les habitant·es ne s’y trompent pas. Ils·elles sont généralement en recherche d’une expertise située au plus proche des enjeux et des problèmes pratiques qu’ils·elles ont à régler (on le voit notamment dans le jardinage). En d’autres termes, ils·elles sont en quête d’expertises sérieuses, sérieuses au sens où elles mobiliseraient des savoirs professionnels, toujours plus diversifiés et accessibles, sensibles aux savoirs expérientiels des habitant·es. Ce qui s’exprime alors est que les savoirs se confrontent – qu’ils se combinent pour se transformer et s’hybrider ou qu’ils s’homogénéisent, mais jamais dans un même sens –. Ce qui s’exprime aussi est que les espaces, dans lesquels les savoirs communs adviennent, se situent au plus près du terrain et des problèmes rencontrés par les habitant·es afin que les savoirs produisent une expertise hybride[9] sur la pollution et ses risques sanitaires. Cette expertise vise à penser différemment les problèmes et à les traiter dans un processus d’intégration et non d’homogénéisation a priori qui s’opérerait au détriment systématique de l’expertise citoyenne des questions environnementales et de santé-environnementale, dans le cas qui nous occupe.

L’enjeu n’est pas aisé. L’hybridation de l’expertise impose certainement, comme préalable, de renoncer à la primauté de l’expertise scientifique sur l’expertise citoyenne et d’intégrer, aux processus d’expertise, des espaces communs d’échange et de participation entre habitant·es-expert·es et expert·es scientifiques et techniques. Le processus d’expertise pourrait alors avoir pour visée une définition partagée des protocoles de suivi et de ce que l’expertise produit comme connaissances pour l’action. L’hybridation nécessite de fait que l’expertise scientifique et technique prenne au sérieux des savoirs expérientiels dont les logiques de preuve échappent parfois à la science en contrevenant, a priori, à la réalité scientifique des faits qu’elles tendent à vérifier. Et inversement que les savoirs des habitant·es-expert·es, fondés sur le primat de l’expérience, soient perméables aux savoirs professionnels. En d’autres termes, l’hybridation de l’expertise inviterait à une nouvelle dialectique des savoirs qui pourrait faciliter « des modifications de la manière dont nos savoirs sont cultivés » (Stengers, 2019, p. 21[10]). Les attentes des habitant·es, dans les régimes de perception du scepticisme attentiste et de l’actionnisme pratique, montrent que cette co-construction est possible et souhaitée pour qualifier les risques d’environnement et de santé-environnementale dès lors que les savoirs expérientiels mobilisés, pour énoncer les réalités vécues de la pollution, sont en quête d’études d’environnement et de santé publique, ou d’accompagnement des pratiques adaptatives adoptées.

Cette quette d’élucidation et d’accompagnement est, dans les faits, certainement liée à la logique des savoirs expérientiels. La logique du raisonnement sur lequel les savoirs expérientiels se fondent est, principalement, abductive (Pierce cité par Chauviré[11], 2004 ; 2010). Le cas du « chat errant » narré par Geneviève [en page 178] en est l’illustration. Revenons sur cette narration. Geneviève est troublée par un chat errant au « visage tout brulée » (C). Or si les ressources naturelles, notamment l’eau, sont réellement pollués (A), cela expliquerait les brulures occasionnées au chat (C) par l’eau de la rivière qu’il boit. Donc Geneviève à toutes les raisons de soupçonner que les ressources en eau sont polluées (A). Quand bien même les liens de causalité sont hypothétiques, le raisonnement est construit et robuste. Il administrerait la preuve que l’eau est polluée par la réalité ainsi éprouvée de son impact sur les animaux et certainement aussi, par induction, sur l’homme. La dimension pragmatique de l’abduction (Chateauraynaud, 2016[12]) réside fondamentalement dans ses effets pratiques pour l’action. Geneviève fait analyser le sang du chat afin de trouver des signes de la contamination (sans succès, le chat ayant pu être, selon elle, contaminé par d’autres polluants non analysés) et développe une vigilance accrue sur les pollutions et ses impacts, aussi plausibles mais incertains soient-ils.

Le raisonnement de la logique abductive (ou celui de l’abduction) maintient dans un univers incertain les habitant·es qui enquêtent. Et c’est sur la réduction partielle des incertitudes que l’expertise hybride pourrait avoir une prise. La prise ne consiste pas à homogénéiser, de façon descendante et systématique, les savoirs expérientiels de Geneviève par des savoirs scientifiques, dans le but d’en minimiser la portée (inférentielle hypothétique), mais invite certainement à la co-construction, entre scientifiques et citoyens, de dispositifs d’études sur la contamination des animaux errants, des animaux sauvages, voire des animaux de rente et de compagnie… (mais aussi sur les effets multiplicateurs de risque de santé de la consommation des légumes du jardin ou des herbes aromatiques sauvages, …), pour améliorer la connaissance (conjointe) des impacts environnementaux et sanitaires de la pollution, ceci afin d’orienter l’action et de donner la possibilité aux habitant·es d’opérer des choix raisonnés. Et si Geneviève avait eu « une intuition géniale », sans avoir les moyens d’en administrer la preuve ? Ou pas, d’ailleurs ?

Puisque cette attente d’expertise hybride s’exprime et qu’elle peut favoriser les connaissances sur la pollution et ses impacts, autant y prêter une oreille attentive. L’absence d’écoute participe(rait) à maintenir, dos-à-dos, des « risques perçus comme des non-risques », et des « non-risques perçus comme des risques », en d’autres termes participe(rait) à enfermer les expertises (scientifique et technique vs. citoyenne) dans une polémique sans fin. On observe déjà cette dynamique dans la vallée de l’Orbiel, concernant notamment les études d’imprégnation des enfants à l’arsenic, les expertises génèrent des contre-expertises, et les contre-expertises de nouvelles expertises, et ce de façon disjointe, dans une spirale inflationniste (et polémique) ne permettant ni d’énoncer une réalité commune (même incertaine) sur l’état des milieux et les risques encourus par les populations, ni d’orienter communément l’action collective (publique et citoyenne) pour réguler le problème (de façon même imparfaite) et « habiter (avec) la pollution » (autant que faire se peut).

Transformation(s) – De la « réparation » dans la gouvernance des problèmes publics –. Nul ne peut ignorer les fortes polémiques ayant cours dans la vallée de l’Orbiel et l’histoire territoriale des controverses portant sur les pollutions. Si les transformations esquissées sont à l’œuvre, elles sont loin d’être stabilisées du fait à la fois du contexte passé, mais aussi de son incidence sur les situations actuelles vécues. La pollution est ainsi une dette du passé minier, pesant ici et maintenant sur les habitant·es et les pouvoirs publics, et future si les parties-prenantes ne se saisissent pas des transformation(s) à l’œuvre. Il ne faut pas se tromper sur le sens des transformations éclairées par le travail de recherche. La fabrique des publics – au sens où, elle figure l’émergence de communautés d’attention et d’activités perceptuels permettant d’agir face (et avec) la pollution – et la diversification des formes d’expertise – au sens où, elle illustre toute l’inventivité du social à interagir avec son environnement de vie (au sens de Ingold, 2000 ; 2011[13]) et à réclamer que ces mises en relation soient prise en compte dans l’évaluation des risques – participent à réparer des situations vécues comme problématiques, comme peut l’être d’ailleurs, la judiciarisation des responsabilités et la demande de réparation des préjudices vécus par certain·es habitant·es.

Les réparations, quel que soit le chemin qu’elles empruntent – des attentes d’études de santé, des attentes d’accompagnement des adaptions de pratique adoptées, une recherche judiciarisée de responsabilité – donnent à voir toute la capacité critique d’analyse et d’action des habitant·es quand ils·elles perçoivent les risques d’environnement et de santé environnementale et font-avec. En ce sens, elles rendent compte d’actes de résistance et de coexistence avec la pollution bien plus que qu’elles ne traduisent une simple résilience. On saisit alors pleinement les enjeux de la métamorphose de l’expertise dans sa dimension relationnelle – une métamorphose plus aboutie que celle énoncée par Granjou et Barbier (Granjou et Barbier, 2010[14]) – quand on considère à la fois son poids dans la gouvernance des risques d’environnement et de santé environnementale mais aussi que l’on prend au sérieux la remarque formulée par Brice Laurent à la lecture de leurs travaux : « la réflexivité s’expérimente en acte, dans les pratiques des experts, et [qu’]elle ne peut donc être sans dommage érigée en critère extérieur aux acteurs qui la rendent possible » (Laurent, 2013, p.392[15]), en d’autres termes à l’ensemble notamment des contributeurs-destinataires de l’expertise, et donc aussi des habitant·es, dès lors que l’on considère de façon pragmatique qu’ils·elles sont parties-prenantes du monde dans lequel ils·elles vivent, de la fabrique des risques et de leur gouvernance.

Le futur appartient aux habitant·es du territoire de la vallée et aux pouvoirs publics, et à des modes de coordination et de traduction permettant de les lier. Nous espérons que ce travail aura permis, modestement, d’éclairer la diversité des points de vue et des attentes, et les façons « d’habiter (avec) la pollution » et de « vivre avec le trouble » (Haraway, 2010[16]).


[1] Chateauraynaud F. et J. Debaz, 2017, Aux bords de l’irréversible. Sociologie pragmatique des transformations, Paris, Pétra ; Chateauraynaud, F. et J., Debaz, 2019, « Agir avant et après la fin du monde, dans l’infinité des milieux en interaction », Multitudes, vol.76, n°3, pp. 126-132.

[2] Chateauraynaud F., 2013, « De la formation des publics à la rébellion des milieux », https://concertation.hypotheses.org/911

[3] Nos enquêtes de terrain, auprès des habitants de la vallée, montrent la variété et l’hétérogénéité des points de vue, de ce qui fait problème (ou pas), des logiques d’argumentation et d’administration de la preuve permettant d’étayer le jugement.

[4] Pour l’usage du néologisme expériencer issu de l’anglais to experience dans la sociologie pragmatique se référer à l’article de Mathias Girel (2014) : Girel, M., 2014, « L’expérience comme verbe ? », Éducation permanente, n°198/2014 – 1, pp.23-34.

[5] Dewey J., 2010 [1927], Le Public et ses problèmes, trad. Joëlle Zask, Paris, Gallimard.

[6] Akrich M., Barthe Y. et C. Rémy, 2010, Sur la piste environnementale, menaces sanitaires et mobilisations profanes, Paris, Presses des Mines.

[7] Lippmann, W., 2008 [1925], Le public fantôme, traduit par Laurence Decréau, présenté par Bruno Latour, Paris, Démopolis.

[8] Corburn, J., 2005, Street Science : Community Knowledge and Environmental Health Justice, Cambridge, MIT Press.

[9] L’hybridation des savoirs, et les combinaisons homogénéisantes des savoirs les uns par rapport autres, sont des questions qui traversent la sociologie des sciences, notamment les sciences studies. Pour exemple, Robert Frank et Gunnar Stollberg (2004) ont travaillé sur les savoirs médicaux et les combinaisons entre médecines asiatiques et biomédecine. Ils identifient des dynamiques d’homogénéisation des savoirs de la médecine au profit de la biomédecine (et inversement) mais aussi d’hybridation (transformative et contextuelle) des savoirs et donc de l’expertise médicale. Ils plaident pour une approche qui permette d’intégrer à l’analyse des transformations des savoirs médicaux, le patient dans sa relation au praticien. Frank R., et G., Stollberg, 2004, « Conceptualizing hybridization. On the diffusion of asian medical knowledge to Germany », International Sociology, vol.19, n°1, p. 71-88.

[10] Stengers I., 2019, Résister au désastre : Dialogue avec Marin Schaffner, postface d’Emilie Hache, Wildproject Editions.

[11] « « Le fait surprenant C est observé. Or si A était vrai, C irait de soi. Donc il y a une raison de soupçonner que A est vrai », Pierce cité par Chauviré C., 2004, « Aux sources de la théorie de l’enquête : La logique de l’abduction chez Peirce », dans Karsenti B. et L. Quéré (dir.), La croyance et l’enquête : Aux sources du pragmatisme, Paris, Éditions de l’EHESS [en ligne] http://books.openedition.org/editionsehess/11194 [généré le 30 juin 2023] ; Chauviré, C., 2010, Wittgenstein en héritage : Philosophie de l’esprit, épistémologie, pragmatisme, « Philosophie en cours », Éditions Kimé.

[12] Chateauraynaud F., 2016, « Pragmatique des transformations et sociologie des controverses : les logiques d’enquête face au temps long des processus », dans Chateauraynaud F. et Y. Cohen, Histoires pragmatiques, Paris, Éditions de l’EHESS [en ligne] http://books.openedition.org/editionsehess/12327 [généré le 30 juin 2023].

[13] Ingold T., 2000, The Perception of the Environment : Essays on Livelihood, Dwelling and Skill, Londres, Routledge ; Ingold T., 2011, Being Alive : Essays on Movement, Knowledge and Description, Londres, Routledge.

[14] Granjou C., et M. Barbier, 2010, Métamorphoses de l’expertise : précaution et maladies à prions, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme.

[15] Laurent B., 2013, « Métamorphoses de l’expertise : précaution et maladies à prions », Granjou, C. et M. Barbier”, Sociologie du travail, Vol.55, n°3, pp.391-392

[16] Haraway, D.-J., 2020 [2016], Vivre avec le trouble, Vaulx-en-Velin, Les éditions des mondes à faire, Trad. de l’anglais (É-U) par Vivien García. Staying with the Trouble : Making Kin in the Chthulucene, Durham et Londres, Duke University Press, 2016. Le travail de Dona Haraway, mais aussi de Anna Tsing, sans oublier Bruno Latour (et bien d’autres) ont permis d’ouvrir de nombreuses perspectives d’analyse sur le rapport au monde, aux micro-mondes altérés, ou à l’habitabilité altérée des territoires pour reprendre la formule de Christelle Gramaglia, Habiter la pollution. Expériences et métrologies citoyennes de la contamination, Paris, Presses des Mines, coll. « Sciences sociales », 2023, 270 p., préf. Florian Charvolin, postf. Philippe Chamaret