Amélie Lipp, doctorante, UMR EFTS, ENFA Toulouse, France
Michel Vidal, doctorante, UMR EFTS, ENFA Toulouse, France.
Laurence Simonneaux, professeure, UMR EFTS, ENFA Toulouse, France
Depuis les années 60, le bien-être animal (BEA) en élevage est devenu une question socialement vive (QSV) en Europe impliquant notamment les domaines scientifique, social, éthique, juridique, professionnel. Même si la notion de BEA est relativement récente, la protection animale suscite des débats vifs et controversés depuis plusieurs siècles avec notamment, en France, l’instruction de la loi Grammont en 1850. La question de l’éducabilité relative au bien-être animal en élevage, qui se posait déjà au XIXème siècle, se présente de manière plus complexe à l’heure actuelle. Elle intègre des controverses d’ordre scientifique, juridique, économique, politique et professionnel. Elle questionne donc l’élaboration des documents prescripteurs destinés aux enseignants car elle relève tout autant de savoirs savants, de savoirs experts, de pratiques, que de valeurs. Ceux-ci sont controversés, en constante évolution et distribués.
Dans cette contribution, à la croisée de deux travaux de thèse, nous nous interrogeons sur l’évolution de la vivacité de la QSV du bien-être animal en élevage présente (ou non) dans les textes prescripteurs destinés aux enseignants intervenant dans l’enseignement de l’agriculture.
Nous nous appuyons à la fois : i) sur l’analyse, dans les manuels scolaires, de la transposition didactique du BEA en élevage (au sens élargi qu’en donne Perrenoud en 1998) sur les périodes 1800-1900 et 1965-2013 ; ii) sur l’analyse de la tâche prescrite (Amigues & Lataillade, 2007) adressée aux enseignants dans les référentiels de diplômes visant les métiers d’ouvrier et de responsable d’élevage.
La vivacité des controverses relevant des valeurs en jeu se traduit par des prises de position de la part des auteurs des textes prescripteurs tout autant moralistes que pragmatiques welfaristes. Elles sont beaucoup plus confuses et plus atténuées dans les prescriptions et les manuels de l’époque contemporaine avec à la fois des textes qui « réchauffent » les dimensions conflictuelles du bien-être animal en élevage alors que d’autres au contraire en font un objet d’enseignement « neutralisé » (Legardez et Simonneaux, 2006). Les enseignants, peu formés à cette QSV, ont à faire face à des injonctions contradictoires pour éduquer leurs élèves à la prise en compte du BEA en élevage dans leurs actions quotidiennes.
références bibliographiques
- Amigues, R., & Lataillade, G. (2007). Le « travail partagé » des enseignants : rôle des prescriptions et dynamique de l’activité enseignante. Présenté à Actualité de la Recherche en Education et en Formation, Strasbourg.
- Legardez, A. & et Simonneaux, L. (2006). L’école à l’épreuve de l’actualité. Enseigner des questions vives, ESF.
- Perrenoud, P. (1998). La transposition didactique à partir des pratiques : des savoirs aux compétences. Revue des Sciences de l’Éducation, 24(3), 487-514.