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7-8 Problématiser la question du langage comme instrument du travail enseignant et de l’analyse du travail enseignant à l’aide de la psychologie culturelle historique

Frédéric Saussez, Professeur, CRIFPE, Université de Sherbrooke, Canada

Une grande partie du travail enseignant opère par l’entremise du langage. Celui-ci constitue un des instruments privilégiés de l’enseignant pour transformer la subjectivité des élèves et notamment, leurs modes de penser, d’agir et de ressentir. Toutefois, cet instrument est peu problématisé dans le champ de l’analyse ergonomique du travail enseignant.  En outre, le langage constitue également un des principaux instruments de l’analyse du travail enseignant que ce soit pour accéder au contenu de la conscience préréflexive de l’acteur ou pour tenter de produire de l’apprentissage et du développement professionnel. Toutefois, ici encore, la nature instrumentale du langage est peu problématisée. Cette contribution a pour objectif de problématiser la question du langage dans le cadre de l’analyse du travail enseignant à l’aide d’une théorie instrumentale du langage fermement ancrée dans la psychologie culturelle historique de Vygotsky.

 

Références bibliographiques :

  • Saussez, F. (2008). Le langage comme instrument d’une réflexion sur l’expérience : un schéma d’intelligibilité. Dans P. Perrenoud, M. Altet, C. Lessard et L. Paquay (Dir.). Conflit de savoirs en formation à l’enseignement. Bruxelles : de Boeck.
  • Yvon, F et Saussez, F. (2010). Analyser le travail verbal des enseignants en classe : mise à l’épreuve de deux cadres d’analyse. Dans F. Yvon et F. Saussez (Dir.). Analyser l’activité enseignante : des outils méthodologiques et théoriques pour l’intervention et la formation. Laval : PUL.
  • Vygotsky, L. (1997). Pensée et Langage. Paris : La dispute.

7-7 Utilisation d’artefacts et développement dans le domaine des Pratiques Physiques Sportives et Artistiques (PPSA)

Serge Eloi, MCF, Laboratoire LIRTES EA 7313, Université Paris Est Créteil (UPEC), France

Gilles Uhlrich, MCF, Laboratoire CIAMS, EA 4532,Université Paris Sud, France

 

La technologique des PPSA (Pratiques Physiques Sportives et Artistiques) est envisagée comme un usage rationnel des techniques dans le cadre de la conception, la mise en œuvre et l’évaluation d’un projet d’intervention sur le réel (Bouthier, 2008). Nous analyserons les conséquences de la mobilisation d’artefacts de différents types lors de l’enseignement du volley-ball et du rugby pendant la formation initiale d’étudiants en STAPS (Uhlrich, Éloi & Bouthier, 2011 ; Éloi & Uhlrich, 2011). Comme l’a montré Rabardel (1995), des phases d’instrumentation et d’instrumentalisation se succèdent tout au long d’un processus de genèse instrumentale. L’analyse décrite ici conduit l’intervenant à envisager différentes temporalités tout au long de ce développement. Quelques soient les tâches assignées et les disciplines pratiquées, il y a un temps pour déchiffrer la situation pédagogique, un temps pour comprendre le problème posé, un temps pour mettre en œuvre les solutions proposées et un temps pour appréhender sa propre voie de succès.

 

Références bibliographiques :

  • Bouthier D. (2008). « Technologie des APS : évolution des recherches et de leur place dans le cursus STAPS ». eJRIEPS, 15, 44-59.
  • Éloi, S. & Uhlrich G. (2011). « La démarche technologique en STAPS : analyse conceptuelle et mise en perspective pour les sports collectifs ». eJRIEPS, n° 23, p. 20-45.
  • Rabardel P. (1995). Les hommes et les technologies. Approche cognitive des instruments contemporains. Paris : Armand Colin.
  • Uhlrich G., Éloi, S. & Bouthier D. (2011). « La technologie dans le contexte des STAPS : de la conception d’outils à la conceptualisation… et réciproquement ». eJRIEPS, n° 23, p. 4-19.

7-6 L’appropriation de vidéos de stage pour la formation par alternance

Hélène Veyrac, MCF, UMR EFTS, ENFA Toulouse, France

 

Les dispositifs technologiques permettant de créer des supports audio-visuel (vidéos) se développent ; ils sont notamment de plus en plus souvent à disposition des apprentis qui les utilisent lors de leur stage de formation en entreprise. Certaines de ces vidéos parviennent ainsi aux enseignants de formation professionnelle.

La question que nous traiterons est celle du rôle éventuel de ces nouveaux artefacts dans l’organisation des pratiques effectives mises en œuvre par ces enseignants.

A partir de l’examen précis d’une séance d’enseignement-apprentissage « retour de stage » en CFA, nous décrirons les processus d’appropriation de l’artefact « vidéo des apprentis » pour un formateur. Il s’agit d’une séance d’exploitation des vécus des apprentis en entreprise, séance classique des pédagogies de l’alternance.

Un entretien mené préalablement à la séance ainsi qu’une séance d’autoconfrontation avec le formateur donneront des éléments empiriques pour orienter cette description vers les éléments qui préoccupent l’enseignant, vis-à-vis de cet artefact. En quoi cet artefact soulève-t-il de nouvelles questions pour l’enseignant ? Que modifie-t-il dans la formation professionnelle des apprentis, selon les enseignants ?

Les cadres théoriques de la genèse instrumentale (Rabardel, 1995 ; Gueudet & Trouche, 2008) et de la didactique professionnelle (Pastré, 2011), seront convoqués pour approcher l’appropriation par l’enseignant : en effet, ce sont des éléments de la genèse instrumentale, approchée par des éléments de schèmes (buts, règles d’actions, invariants opératoires) qui seront support de description du processus d’appropriation.

 

Références bibliographiques :

  • Gueudet, G. & Trouche, L. (2008). Du travail documentaire des enseignants : genèses, collectifs, communautés, Education et didactique, 2, 3, 7-33.
  • Pastré, P. (2011). La didactique professionnelle, Paris : P.U.F.
  • Rabardel, P. (1995). Les hommes et les technologies, une approche cognitive des instruments contemporains, Paris : Armand Colin.

7-5 Dynamique des « frontières »entre acteurs et objets techniques : l’activité d’une enseignante de primaire en classe d’espagnol au Chili

Julia San Martin, doctorante, UMR EFTS, Université de Toulouse 2 Le Mirail, France

Philippe Veyrunes, MCF HDR, UMR EFTS, Université de Toulouse 2 Le Mirail, France

 

Nombreux sont les objets techniques (Simondon, 1989) présents dans la salle de classe et qui participent du travail quotidien des enseignants : le tableau noir, les rangs de tables, les affichages didactiques, les cahiers, manuels et outils des élèves, les programmes, les textes officiels,etc.. Dans le cadre de l’étude d’une séance d’espagnol conduite par une enseignante du primaire au Chili, nous nous intéressons à la « mise en jeu » de deux artéfacts, le placement des élèves dans la classe et le déploiement de la planification de la séance, dans la dynamique de son activité.À partir du programme du cours d’action nous réalisons une analyse sémiologique des verbalisations en classe ainsi que lors de séances en autoconfrontation (Theureau, 2006)visant: (1) la descriptionde la co-construction acteur-objet technique dans la situation ; (2) le repérage du« niveau d’appropriation »des objets techniques (Theureau, 2010)par l’enseignante, et (3) l’identification de la place des objets dans la construction de la « culture en action » des enseignants.

Références bibliographiques :

  • Simondon, G. (1989). Du mode d’existence des objets techniques. Paris : Aubier.
  • Theureau, J. (2006). Le cours d’action. Méthode développée. Toulouse : Octarès
  • Theureau J. (2011). Appropriation 1, 2, 3 ou Appropriation, Incorporation & Inculturation. Conférence journée Ergo-Idf Appropriation & Ergonomie.

7-4 Structure et fonctions du système d’instruments d’un enseignant

Gwénaël Lefeuvre, MCF, UMR EFTS, Université de Toulouse 2 Le Mirail, France

Isabelle Fabre, MCF, UMR EFTS, ENFA Toulouse, France

Audrey Murillo, MCF, UMR EFTS, ENFA Toulouse, France

Le texte discute de l’appropriation des artefacts dans le domaine de l’enseignement, et plus précisément de la façon dont l’enseignant mobilise un ensemble d’outils pour mener son activité d’enseignement. Pour ce faire, nous nous appuyons sur les courants de la didactique professionnelle (Pastré, 2011) et de la théorie instrumentale de Rabardel (1995). Nous postulons que les enseignants, durant leur activité d’enseignement, construisent et mobilisent des schèmes d’utilisation de plusieurs artefacts matériels et symboliques. Ces artefacts constituent un  système d’instruments, leur permettant d’articuler simultanément plusieurs buts, parfois difficilement compatibles. Plusieurs questions guident notre investigation : à quelles conditions un enseignant mobilise-t-il un système d’instruments dans son activité d’enseignement ? Quelles sont la structure et les fonctions de ce système d’instruments ?

Pour répondre à ces questions, nous avons analysé l’activité d’enseignement d’une professeure-documentaliste, qui mène une séance de découverte du Centre de Documentation et d’Information auprès de lycéens de seconde. Une séance a été filmée et des entretiens ont été réalisés avant et après la séance.

L’analyse qualitative des données met l’accent sur le système d’instruments que mobilise l’enseignante pour réaliser son activité d’enseignement. L’identification des schèmes d’utilisation des artefacts montre que le système d’instruments est multifinalisé et multiadressé (les élèves, soi et les collègues enseignants). L’utilisation des artefacts permet ainsi à l’enseignante de gérer plusieurs buts au sein de l’activité, qui dépendent de la dynamique temporelle de la situation d’enseignement, des tâches et des missions propre au métier double de professeur-documentaliste

 

Références bibliographiques :

  • Pastré, P. (2011). La didactique professionnelle. Approche anthropologique du développement chez les adultes. Paris : PUF.
  • Rabardel, P. (1995). Les hommes et les technologies : une approche cognitive des instruments contemporains. Paris : Armand Colin

7-3 Construction de l’expérience et dynamique d’appropriation des artefacts : le cas d’apprenants au métier d’enseignant d’EPS.

Jerôme Guerin, MCF, CREAD EA 3875, Université de Bretagne Occidentale, France

 

Cette communication appréhende la question de l’appropriation (ou de l’usage) des artefacts dans le champ de la recherche en formation professionnelle initiale de futurs enseignants d’EPS. La communication rend compte de résultats relatifs à l’analyse de la construction de l’expérience d’apprenants dans le cadre d’un dispositif de professionnalisation utilisant des extraits de films de classe. Il s’agit ici de comprendre la manière dont les artefacts (film, grille d’analyse etc.) deviennent des instruments pour encourager le processus de transformation de l’activité interprétative de situations professionnelles et permettre l’ouverture de possibles pour agir en classe ? Des éléments de réponses sont apportés par une approche sémiotique de configurations d’activités collectives produites par les apprenants et leur formateur dans des situations de formation contrastées. La discussion portera sur les conditions matérielles et sociales pour que les artefacts deviennent des instruments de médiation encourageant la construction de savoirs relatifs au métier d’enseignant.

 

Références bibliographiques :

  • Albero, B. (2010). Une approche sociotechnique des environnements de formation. Rationalités, modèles et principes d’action. Education & didactique, 4 / 1, 7-24.
  • Guérin, J. (2012). Activité collective et apprentissage : de l’ergonomie à l’écologie des situations de formation. Paris : L’Harmattan.
  • Theureau, J. (2006). Le cours d’action : méthode développée. Toulouse :Octarès.

7-2 Les dimensions collectives de l’appropriation : perspectives pour la formation

Lucie Cuvelier, MCF, Laboratoire Paragraphe, Equipe « Conception, Création, Compétences, Usages » (C3U), Paris 8, France

Les milieux de travail évoluent en permanence, aux rythmes des innovations techniques. Un « bon professionnel »  est désormais « quelqu’un qui est capable de s’adapter à l’irruption de nouveaux instruments dans son métier » (Pastré, 2011, p. 68). Les résultats de nos travaux révèlent le rôle essentiel que tiennent les activités collectives dans ces étapes de changement technique. Ils montrent que le développement des compétences et l’appropriation des nouveaux artéfacts s’articulent avec le développement des collectifs de travail (Cuvelier & Caroly, 2009). Ces résultats permettent de questionner la conception des systèmes de formation : jusqu’à présent, la question, du développement de l’activité, et notamment du développement de l’activité collective, dans les milieux de vie et de travail était peu posée en conception (Béguin, 2012).

Références bibliographiques :

  • Béguin, P. (2012). Conception et développement. Appropriation, dialogues et sens du développement. In Y. Clot (Ed.), Vygotski maintenant (pp. 175 – 191). Paris: La Dispute.
  • Cuvelier, L., & Caroly, S. (2009). Appropriation d’une stratégie opératoire : un enjeu du collectif de travail. Activités, 6(2), 61-82, http://www.activites.org/v66n62/v66n62.pdf.
  • Pastré, P. (2011). La didactique professionnelle : Approche anthropologique du développement chez les adultes. Paris: PUF.

7-1 L’appropriation et l’individuation : un renouvellement des questions en formation des adultes ?

Germain Poizat, Professeur, Pôle Travail et Formation, Université de Genève, Suisse

Annie Goudeaux, Professeur, Pôle Travail et Formation, Université de Genève, Suisse

 

La notion d’appropriation connaît aujourd’hui un regain d’intérêt dans le domaine de l’éducation et de la formation (e.g., Billett, 1998; Poizat, sous presse). Afin de dépasser un éventuel  effet de mode, il paraît cependant nécessaire d’examiner si le recours à cette notion s’appuie véritablement sur un étayage conceptuel ou bien plutôt sur une définition de sens commun. Une analyse rapide de la littérature  montre que la notion d’appropriation désigne des objets et des situations très hétérogènes et peut tout autant (a) concerner des objets techniques, des objets culturels, des règles professionnelles, des gestes, des savoir-faire, des modes opératoires, ou encore une culture de métier, et (b) rendre compte à la fois de l’utilisation, de l’intégration, de l’assimilation, ou de encore l’internalisation de ces objets abstraits ou concrets. Dans un premier temps, nous nous proposerons de dresser un état des lieux théoriques de la notion d’appropriation dans le domaine de la formation des adultes. Dans un deuxième temps, nous défendrons une approche phénoménologique et énactive de cette notion (Theureau, 2011). Il s’agira notamment de montrer en quoi  la notion d’appropriation, insérée dans une théorie plus large de l’individuation, permet  (a) de proposer une vision alternative de l’apprentissage-développement compatible avec l’idée de mode d’existence, et b) de réhabiliter la notion de transmission. Enfin dans un dernier temps, nous aborderons les conséquences pratiques de cette orientation théorique dans le cadre d’un programme de recherche technologique en formation des adultes.

 

Références bibliographiques :

  • Billett, S. (1998). Appropriation and ontogeny: Identifying compatibility between cognitive and sociocultural contributions to adult learning. International Journal of Lifelong Education, 17, 21-34.
  • Poizat, G. (sous presse). Le concept d’appropriation en formation des adultes: polysémie théorique et diversité pratique. In J. Friedrich & J. Pita (Eds.), Un dialogue entre concepts et réalité. Dijon : Raison & Passions.
  • Theureau, J. (2011, Juin). Appropriations 1, 2 & 3. Séminaire ErgoIDF, Paris, Cnam.