Littéralement « musique feinte », la musica ficta désigne les accidents (notes étrangères à l’hexacorde ou notes altérées) non écrits qu’il faut ajouter dans une ligne mélodique. Quatre règles justifient leur ajout par l’interprète. Les deux premières relèvent de la nécessité (causa necessitatis) :
1) « una nota super la semper est canendum fa »
Une note au-dessus de la doit toujours être chantée fa. Le demi-ton portant le non mi-fa parce qu’il ne se trouve naturellement qu’entre les notes mi et fa, on a donc besoin d’ajouter un bémol au si pour créer ce demi-ton, sinon l’intervalle entre la et le si que nous connaissons serait d’un ton.
La note dépassant l’hexacorde est chantée au demi-ton supérieur si le mouvement est en broderie et revient dans l’hexacorde.
2) Le mi contra fa :
D’après la règle précédente, si est solmisé fa et est donc bémol. Mais on ne peut pas laisser le mi naturel, sinon cela crée un intervalle de quinte diminuée qui ne fait certainement pas partie des consonances parfaites. Il faut donc ajouter un bémol au mi afin que la consonance de quinte soit parfaite.
Au XVIe siècle, les notes de passage et les retards mélodiques peuvent être exclus de cette règle.
Les deux dernières règles relèvent de la beauté (causa pulchritudinis).
3) Il faut atteindre la perfection par le plus petit intervalle possible.
Le do devient dièse pour atteindre le ré par le demi-ton. Selon le contexte mélodique et modal, on aurait pu envisager l’autre solution qui consiste à atteindre le ré grave par le mi bémol.
Cette règle a justifié la généralisation de la cadence à double sensible si caractéristique de l’Ars Nova (XIVe siècle).
4) Règle du mouvement oblique :
On gravit un mouvement ascendant par bécarre et on le descend par bémol.
La transposition du système hexacordal génère aussi de nombreux accidents. La gamme médiévale établie sur 6 notes (de ut à la), est transposable sur trois types d’hexacorde : durum, naturale et molle. Pour plus de précisions, cliquez ici.