Le luth au service de la voix I

Francesco Da Milano (né en 1497) est certainement le plus grand luthiste et compositeur de la première moitié du XVIème siècle. Il fut au service du Duc de Mantoue de 1510 à 1530 puis à celui des Papes Leo X, Clément VII et Paul III, à Rome, jusqu’à sa mort en 1543. Reconnu dans toute l’Europe pour la perfection et la virtuosité de ses improvisations il fut surnommé el divino, son seul rival est Albert de Rippe.

Au XVI ème siècle une grande partie du répertoire pour luth est constitué de transcriptions et arrangements de pièces polyphoniques vocales, le luth n’y a pas le rôle libre et improvisé que permettent les Fantaisies et Ricercar, ces transcriptions respectent plus ou moins fidèlement les conduites vocales de la composition originale et sont plus ou moins ornementées. En apparence moins virtuoses que certaines fantaisies ces transcriptions demandent au luthiste une conscience totale de la polyphonie qui doit choisir ses doigtés en fonction de celle-ci.

Prenons par exemple le O Bone Jesu Ness 111 de Francesco :

 

ness 111

 

Ceci est une transcription moderne en tablature française (cases représentées en lettres, a = corde à vide, b = 1ère case… La ligne du haut représente la chanterelle) des tablatures originales de Francesco qui sont italiennes (case représentées en chiffres, chanterelle sur la ligne du bas).

Cette tablature est écrite à partir du motet du compositeur ecclésiastique Loyset Compère (1445 -1518) O bone jesu.

Ce transcription est une tablature « à part » dans l’oeuvre de Francesco car il reste particulièrement proche des voix originales et ne se permet que de légères ornementations dans la première partie (m 1-39) mais rajoute tout de même quelques difficultés dans la deuxième partie (m 40 – fin) avec des accords plus denses et beaucoup plus d’ornementations.

Afin de vous rendre entièrement compte du rapprochement de cette tablature au motet de Loyset Compère et n’ayant pas trouvé d’enregistrement au luth, je vous invite à écouter mon humble interprétation de la première partie sur guitare moderne et à comparer les deux, vos commentaires sont les bienvenus !

 

NB : Voici le lien d’une interprétation au luth trouvée par M. Canguilhem :

Vous pourrez ainsi comparer les sonorités de la guitare moderne (cordes simples très tendues) et du luth (cordes doubles deux fois moins tendues).

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