- Exemple : Canon de Baude Cordier, Tout par compas :
Voici une interprétation possible de ce canon :
http://www.youtube.com/watch?v=EBWEivGRyzk&hd=1
Baude Cordier (v.1380-v.1440) est un compositeur antérieur à la Renaissance. il appartient à une époque musicale du XIVe siècle, l’Ars Nova française, qui se caractérise majoritairement par la nouveauté dans l’art de noter et composer la musique. Lorsqu’on étudie son canon Tout par compas, dont le titre complet est Tout par compas suy composé, appartenant au Codex de Chantilly. Le titre en lui-même est l’indice qui permet de résoudre l’énigme qu’est la notation de la partition. En effet, « tout par compas suy composé » signifie littéralement « j’ai été entièrement composé avec un compas« , donc il faut lire la musique le long de la portée en forme de cercle, chose peu pratique mais qui a le mérite de créer un effet de mise en abîme entre le titre, la notation et le canon puisque celui-ci est perpétuel : on pourrait ainsi le chanter pour l’éternité en suivant cette partition circulaire. Aux quatre coins de la partition est écrit le texte des différentes strophes, dont l’une d’elle (dans le coin supérieur gauche), est écrite le long d’une petite portée circulaire pour « expliquer » aux interprètes la façon dont le texte s’étale. Par conséquent, Tout par compas est un canon au sens ancien du terme tel que Johannes Tinctoris l’a défini, c’est-à-dire une énigme pour les interprètes dans la façon dont il est noté. Mais chez Baude Cordier, il détient cette dimension supplémentaire qui fait écho à la volonté intellectualiste de l’Ars Subtilior, puisque la notion de cercle est à la fois présente dans le titre, la notation, la composition et l’interprétation répétitive de cette pièce.
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