Journée d’étude – Prendre soin de soi, prendre soin d’autrui. Histoire, sociologie, anthropologie

Journée d’étude – Prendre soin de soi, prendre soin d’autrui. Histoire, sociologie, anthropologie

Jeudi 17 novembre 2011  |  Tours (37000)

Cette journée s’inscrit dans les actions collectives de L’UMR CITERES. Elle initie la sixième action transversale « Corps, sollicitude, santé : aux carrefours de soi, de l’autre et du monde » qui associe les équipes CoST et EMAM de CITERES travaillant sur la Construction politique et sociale des territoires et le Monde arabe et méditerranéen. Y seront soulignées les notions d’attention et de sollicitude dans des pratiques et espaces sociaux divers. Lors de cette journée, il s’agira de questionner par des regards croisés, la sollicitude, sous l’angle du carrefour entre l’intérêt pour soi et l’intérêt pour l’autre. L’attention, l’accueil ou l’assistance à l’autre est duale par l’impact possible sur soi. Intérêt ou besoin qui n’est pas uniquement corporel mais social, culturel, territorial et politique.

La sollicitude, cette attitude d ‘aide, d’écoute qui caractériserait le « prendre soin » mérite d’être questionnée sous l’angle du carrefour entre l’intérêt pour soi et l’intérêt pour l’autre. L’attention, l’accueil ou l’assistance à l’autre est duale par l’impact possible sur soi. Intérêt ou besoin qui n’est pas uniquement corporel mais social, culturel, territorial et politique.

Cette journée s’inscrit donc naturellement dans les actions collectives de L’UMR CITERES. Elle initie l’action transversale Corps, sollicitude, santé : aux carrefours de soi, de l’autre et du monde menée par F.O.Touati et A.Bargès et qui associe les équipes CoST et EMAM de CITERES travaillant sur la Construction politique et sociale des territoires et le Monde Arabe et Méditerranéen

Pour débattre de ces questions, nous aurons le plaisir d’accueillir historiens, sociologues et anthropologues et de saisir les versions de la réalité données par les acteurs étudiés. Faire entendre une voix différente -en suivant l’expression de C.Gilligan- de celle normée, institutionnalisée. A travers territoires, figures et expériences de vie, genre et espaces de pratiques sociales, la question du ‘prendre soin’ décline seuils disciplinaires, écrits et réalités, mise en scène de soi et rapport aux autres, tensions entre individualisation et standardisation.

Les pratiques sanitaires replacées dans des vécus, des nécessités et des temporalités variables (ex : Jérusalem) permettent de montrer comment l’attitude de soin du corps dépend d’un territoire et révèle des tensions souvent gommées se situant entre soi et autrui.

L’histoire à travers l’étude de figures classiques de la femme savante comme Hannah More, nous rappelle aussi combien la discussion entre vocation et profession n’est pas nouvelle.Les qualités morales érigées culturellement et socialement (vertu, compassion et maintenant empathie) ou la vocation, ne suffisent pas (plus) à expliquer un investissement personnel dans la relation de soin -comme le note par ailleurs les travaux de V.Zelizer. La formation et l’intégration socioprofessionnelle, la rétribution, le développement d’un désir de mieux-être, les politiques d’institutionnalisation et la marchandisation de pratiques liées au domestique et à l’intimité s’associent à la question d’une dénaturalisation du care, de son dématernage. Ces reculs ont été initiés depuis un certain temps par les travaux philosophiques et sociologiques américains, canadiens et français et demandent encore à être explorés.

L’attention ou l’assistance à l’autre est duale par l’impact possible sur soi, Anne Gotman soulignait déjà que l’accueil, l’hospitalité était une épreuve de l’autre. P.Molinier notait, elle, les ambiguïtés affectives du travail de care. Le développement du ‘stress professionnel’, de la ‘fatigue de la compassion’, de l’épuisement des ‘aidants’, sont des exemples de vulnérabilité, entre fait biologique et fait social. La relation d’aide pose des conditions de neutralisation (matérielle, physique, psychologique, affective, sociale..), de mise à distance pour celui qui prend soin. Conditions que l’on retrouve standardisées dans la formation des professionnels du social, de l’aide à domicile et du sanitaire (ou dans le cadre de l’intervention sociale), normées par les pratiques sociales, ou encore bricolées par les expériences plus ou moins partagées. Alors comment s’accorde le souci de soi avec le souci d’autrui ? Comment s’expriment aussi dans des pratiques de soin, maintenant variées, le besoin d’investissement personnel et le désir d’équilibre de vie ?

Programme

Matinée, salle de conférences 400 – Site des Tanneurs

9h30 Anne Bargès et François-Olivier Touati : accueil, présentation, introduction

  • 9h45 François-Olivier Touati (historien, CITERES/EMAM, Université de Tours) : Soigner et se soigner au XIIe siècle à Jérusalem
  • 10h15 Concetta Penutto (historienne, CESR, Université de Tours) : Catherine de Genas et le soin d’autrui: une femme chirurgienne au XVIe siècle? »
  • 10h50 Corinne Belliard (historienne, Université de Tours) : Hannah More (1745-1833) : La charité est la vocation d’une dame; le soin des pauvres est sa profession
  • 11h30 Grand témoin – Christian Baudelot (sociologue, Ecole Normale Supérieure, Paris) : Don d’organe pour un autre proche, altruisme versus égoïsme ?

Après-midi – Site des Tanneurs, salle de conférences 400

  • 14h15 Anne Bargès (anthropologue, CITERES/CoST, Université de Tours), : Parcours de vie, souci de soi et reconversion professionnelle vers des pratiques de soins/bien-être
  • 14h45 Anne Gotman (sociologue, CERLIS, Paris) : Ecueils et limites de l’hospitalité domestique.
  • 15h30 Alain Thalineau (sociologue, CITERES/ CoST, Université de Tours) : Le « souci de l’autre » dans l’intervention sociale contractuelle est-il encore possible ?
  • 16h00 Sophie Caratini (anthropologue, CITERES/EMAM,Tours) : Nouakchott 2000 : malaise dans la civilisation ?

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