Sociologie

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Le blog Corps et Médecine. Recherches en sciences humaines et sociales, auparavant hébergé par l’Université Toulouse II le Mirail devient un carnet Hypotheses.org, édité par OpenEdition, un portail de ressources électroniques en sciences humaines et sociales.

Le principe est le même, mais de nouvelles fonctionnalités sont à l’étude.

L’adresse à consulter à présent est :

http://corpsetmedecine.hypotheses.org/

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Appel à contribution – Patients et traitements psychiatriques à l’écran : pratiques militantes, soins et processus de subjectivation

5-6 décembre 2012, EHESS Paris.

Organisateurs: Jean-Christophe Coffin (Université Paris Descartes / CAK), Nausica Zaballos (CAK / IRIS), Alessandro Manna (IRIS).

Argumentaire.

La mise en scène de l’univers asilaire

A partir des années 1960, plusieurs films mettant en scène l’internement psychiatrique reçoivent un excellent accueil de la critique et du public. De nombreux réalisateurs, s’inscrivant dans la mouvance du Nouvel Hollywood, se risquent à traiter le thème de la folie à travers une démarche visuelle et artistique non-consensuelle. Qu’ils adoptent une posture d’ethnographe, tel Frederick Wiseman pour son documentaire Titicut Follies (1967), ou optent, à l’instar de Milos Forman avec Vol au-dessus d’un nid de coucou (1975), pour l’adaptation cinématographique d’un roman, ces cinéastes s’attachent à montrer et dénoncer la violence inique des traitements imposés aux patients : le lieu de soin est dépeint, dans ces œuvres, comme une institution malade. Cette production cinématographique s’inscrit dans une tradition remontant aux années 1940 qui, avec des productions appartenant à des genres différents – du fantastique de Bedlam (inspiré de l’œuvre picturale A Rake’s Progress de William Hogarth) au drame réaliste de The Snake Pit (Anatole Litvak, 1948) – retranscrivent l’expérience de l’internement à travers le regard de personnes présentées comme victimes des contraintes normatives imposées par l’institution psychiatrique et des soignants peu avenants. La portée dénonciatrice primant sur la retranscription de l’expérience individuelle subjective de la pathologie mentale, le héros principal est bien souvent un non-malade : un écrivain rêvant de gagner le prix Pulitzer en « s’infiltrant dans l’univers asilaire » pour en livrer un récit qui fera date dans Shock Corridor de Samuel Fuller (1963) ; ou bien un marginal qui pense, en se faisant interner, échapper à la prison (Vol au-dessus d’un nid de coucou).

Filmer la folie, entre fiction et documentaire

La folie à l’écran : un motif récurrent auprès de cinéastes « engagés » ? Certainement, si l’on songe à Family Life de Ken Loach (1971), violente chronique de la descente aux enfers d’une jeune schizophrène qui montre que des facteurs familiaux couplés au manque d’empathie des praticiens peuvent aggraver voire provoquer des troubles mentaux. Si la fiction cinématographique pointe directement du doigt l’institution, se faisant l’écho des écrits des représentants les plus virulents du mouvement antipsychiatrique anglo-saxon (Laing, Cooper), le documentaire vise à faire apparaître les expériences menées par des psychiatres ou éducateurs désireux d’améliorer le sort de leurs patients en leur offrant plus de liberté et d’autonomie. On pensera ainsi à Ce gamin-là de Renaud Victor (1975), qui retrace l’expérience de Fernand Deligny avec des enfants autistes, ou à Fous à délier de Marco Bellochio (1975), qui enquête sur le parcours de trois ex-patients employés à l’usine dans l’Italie de Franco Basaglia. Au cours des années 1990 d’autres réalisateurs, tels que Benoît Dervaux, Jean-Michel Carré et Nicolas Philibert, se proposent de faire le bilan de l’antipsychiatrie ou de la psychothérapie institutionnelle. La clinique de la Borde et le Coral, lieu de vie qui accueille indifféremment psychotiques et jeunes délinquants, ouvrent ainsi leurs portes aux cinéastes qui, à travers des films à la croisée du documentaire et de la fiction (comme par exemple Visiblement je vous aime, 1995), donnent la parole aux soignants et patients.

Cadrage :

La folie à l’écran : trois axes de recherche

Il s’agira en premier lieu d’étudier les relations entre l’histoire de la folie mise à l’écran – qu’il s’agisse de la fiction cinématographique ou bien du documentaire ethnographique ou journalistique – et l’histoire des changements survenus au sein du monde psychiatrique tout au long du dernier demi-siècle. On s’interrogera à la fois sur le film et l’enquête filmée en tant que moyens « engagés » de réhabiliter une pratique ou une éthique des soins en psychiatrie (La moindre des choses, La devinière, Visiblement je vous aime, Valvert, la série italienne Il était une fois la cité des fous de Marco Turco), et sur le rôle qu’ils ont pu éventuellement jouer dans l’univers du militantisme en psychiatrie.

Le deuxième axe s’interrogera sur les usages sociaux et politiques de la folie mise à l’écran, et notamment sur les films produits par les acteurs (psychiatres, usagers, familles) du champ psychiatrique. De quelles manières les images de la folie peuvent-elles participer à la construction des controverses morales et politiques propres au monde psy (on songera à la polémique autour du documentaire sur l’autisme, Le Mur) ? Comment sont-elles mobilisées dans une cause et ainsi appropriées par de différents acteurs, qu’il s’agisse de militer contre la « dérive » sécuritaire de la psychiatrie contemporaine, comme l’a récemment fait en France le documentaire Un monde sans fous, ou bien au contraire de dénoncer les politiques de désinstitutionalisation et de plaidoyer pour l’usage de l’électro convulsivothérapie en montrant la souffrance des familles, comme le très discuté reportage brésilien Omission de prêter secours : des patients psychiatriques prennent la parole ?

Le troisième axe portera enfin sur la question des processus de subjectivation. La valeur de preuve attenante aux témoignages rassemblés contribue-t-elle à produire de nouvelles subjectivités qui doivent composer avec les contingences des productions cinématographiques et audiovisuelles ? Comment les éléments autobiographiques personnels sont-ils mobilisés pour traiter, non plus de la folie, mais du handicap psychique, concept porté en France par l’adoption de la nouvelle législation sur le handicap de 2005 ? Et dans quelle mesure l’appropriation des moyens visuels par les associations d’usagers ne reflète-t-elle pas un retour du politique dans la sphère du privé, privant parfois ceux qui font l’expérience de la maladie mentale et des soins en psychiatrie, de la possibilité de produire des objets cinématographiques relevant réellement de l’intime ? Dans ce contexte, un intérêt particulier sera également accordé à toute contribution portant sur les dispositifs narratifs et les moyens techniques (split screen, musique, ellipses…) par lesquels l’expérience du trouble mental peut être traduite à l’écran.

Liste de films indicative: The Snake Pit, Anatole Litvak, 1948 ; Titicut Follies, Frederick Wiseman, 1967 ; Family Life, Ken Loach, 1971 ; Fous à délier, Marco Bellochio, 1975 ; Vol au-dessus d’un nid de coucou, Milos Forman, 1975 ;  La moindre des choses, Nicolas Philibert, 1996 ; La devinière, Benoît Dervaux, 1999 ; Julien Donkey Boy, Harmony Korine, 1999 ; The White Sound (Das Weisse Rauschen), Hans Weingartner, 2001 ; Clean, Shaven, Lodge Kerrigan, 1995 ; Visiblement je vous aime, Jean-Michel Carré, 1995 ; Valvert, Valérie Mréjen, 2009 ; La Pecora Nera, Ascanio Celestini, 2010 ; C’Era Una Volta La Citta Dei Matti, Marco Turco, 2010 ; Les Voix de ma sœur, Cécile Philippin, 2010 ; Un monde sans fous, Philippe Borrel, 2010 ; Le Mur, Sophie Robert, 2011…

Vos propositions de communications doivent nous parvenir sous la forme d’un résumé de 450 mots maximum avant le 18 mai 2012 envoyé en pièce-jointe aux adresses suivantes: nausica.zaballos@ehess.fr , manna@ehess.fr

 

 

 

 

 

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Séminaire public 2011-2012 – « Corps et techniques : Voir et connaître »

Horaire : 16h00-18h30

Lieu : CETCOPRA – Université Paris 1. 17, rue de Tolbiac. 75013 Paris. 5ème étage

(RER C ou Métro ligne 14, bus 62 ou 89)

Responsables :

Valérie Souffron (Cetcopra, Paris 1), Caroline Moricot (Cetcopra, Paris 1), Marina Maestrutti (Cetcopra, Paris 1)

Mardi 10 avril 2012

Images, imagerie : représentations du corps et construction des savoirs scientifiques

Catherine Allamel-Raffin (Université de Strasbourg, IRIST) 

Analyse comparative des images produites en physique des matériaux et en pharmacologie

A partir d’études ethnographiques menées dans des laboratoires appartenant à deux disciplines des sciences de la nature, la physique des matériaux et la pharmacologie, Catherine Allamel-Raffin élabore une classification des images produites dans ces domaines de recherche en les envisageant sous l’angle de leur production, c’est-à-dire en adoptant une perspective génétique. Cette démarche conduit notamment au constat suivant : certaines images massivement présentes en pharmacologie (histogrammes) et peu présentes en physique des matériaux, soulèvent des problèmes sémiotiques particuliers qu’il est possible d’analyser à l’aide des travaux de E. Tufte. Le recours à une perspective génétique permet dans un second temps de relever les similitudes, mais également d’établir les distinctions qui s’imposent quant aux processus de réalisation de ces images : la présence potentielle d’artefacts, ceux-ci étant situés à des moments différents du cours de l’expérimentation, la non existence d’une flexibilité interprétative dans le cas des images produites en  pharmacologie à l’opposé de ce que l’on rencontre en physique des matériaux, l’évolution du statut épistémique de certaines images au cours de la recherche grâce à un recours couronné de succès à des stratégies expérimentales déterminées.

 

Marina Maestrutti, Caroline Moricot, Valérie Souffron (Paris 1-CETCOPRA)

« Les territoires corporels des techniques » : terrains en chirurgie robotique et en autopsie virtuelle

A partir des premiers résultats de terrains en cours sur, d’une part, un processus d’innovation dans le domaine de l’endoscopique médicale robotisée et, d’autre part, sur les nouvelles technologies de visualisation en médecine légale, on essaiera d’analyser la tendance à limiter l’« invasivité » de la pratique chirurgicale, thérapeutique et de diagnostic. Cela ne se fait pas sans un questionnement constant sur le statut des images produites par les dispositifs de même que sur les conditions de leur production. La cartographie du corps au niveau cellulaire semble être caractérisée par un passage du statut du corps, de la continuité de l’image analogique à la discrétisation de l’image numérique ; par une « invention », ou découverte, de parties du corps jusqu’alors inaccessibles : la fabrique des images suppose aussi de construire un regard, de réinventer un paysage corporel. A partir d’une interprétation socio-anthropologique des premières données recueillies, cette contribution à trois voix proposera une analyse du processus de transformation des représentations du corps en espace  et en « carte ».

 

 

 


 

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Journée d’étude – Sciences sociales et santé

Lundi 12 décembre 2011  |  Rabat (10000, Maroc)

Journées d’études organisée par le Centre Jacques Berque les 12 et 13 décembre 2011. Ces journées d’études se proposent, à partir d’interventions venant de différents domaines des sciences sociales et humaines traitant de la santé et portant sur des objets spécifiques, de réfléchir à une meilleures coopération de celles-ci comme à la promotion de leur visibilité dans le champ académique et scientifique marocain.

La santé est un phénomène à la fois biologique et social. La maladie et les systèmes de soins qui s’en préoccupent sont, en effet, liés à des contextes sociaux différents ; ceux-ci ont des conséquences sur les malades comme sur la maladie elle-même. Les sciences sociales ont donc beaucoup de choses à dire sur la santé. Elles permettent de mieux en comprendre la trajectoire au sein de la société. De ce point de vue, elles sont non seulement descriptives mais encore les descriptions qu’elles en donnent sont-elles constitutive d’une expertise réclamée par les politiques publiques.

Les journées d’études se proposent, à partir d’interventions venant de différents domaines des sciences sociales et humaines traitant de la santé et portant sur des objets spécifiques, de réfléchir à une meilleures coopération de celles-ci comme à la promotion de leur visibilité dans le champ académique et scientifique marocain.

Journée du Lundi 12 décembre

  • 14 h 00 – 14 h 20 : Ouverture et introduction des journées d’études par Saadia Radi (Chercheur au CJB)
  • 14 h 20 – 14 h 50 : « Santé et représentation culturelle » par Khadija Zahi (Professeur à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de Marrakech)
  • 14 h 50 – 15 h 20 : « L’intervention du religieux dans le champs de la santé et de la maladie : l’exemple du diabète et du VIH/Sida au Maroc » par Mohammed Ababou (Professeur à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de Dar El Mahraz, Fès)

15 h 50 – 16 h 20 : Discussion

16 h 20 – 16 h 40 : Pause

  • 16 h 40 – 17 h 10 : « Les qablat : savoir et pouvoir » par Hayat Zirari (Professeur à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de Aïn Chock, Casablanca).
  • 17 h 10 – 17 h 40 : « Corps, santé et pénibilité du travail des ouvrières à Casablanca », parJamal Khalil (Professeur à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de Aïn Chock).

17 h 40 – 18 h 10 : Discussion

Journée du Mardi 13 décembre 2011

  • 9 h 30 – 10 h 00 : « Les aspects médicaux des résultats de l’enquête de prévalence des AVC au Maroc » par Mostafa El Alaoui Faris (Professeur à la Faculté de Médecine de Rabat et Chef du Département de Neurologie et de neuropsychologie, Hôpital des Spécialités, Rabat).
  • 10 h 00 – 10 h 30 : « Les déterminants socio-économiques de la prévalence des AVC », parFaouzi Mourji (Professeur à la Faculté des Sciences juridiques, économiques et sociales de Casablanca).

10 h 30 – 11 h 00 : Discussion

11 h 00 – 11 h 30 : Pause

  • 11 h 30 – 12 h 00 : « Recherches bio-démographiques et sanitaires à Marrakech (urbain/rural) : état et perspectives », par Abdellatif Baali (Professeur à la Faculté des Sciences Semlalia de Marrakech).
  • 12 h 00 – 12 h 30 : « La corruption dans le secteur de la santé : quelles causes et quels effets » par Nabil Bayahya (Executive Partner, Mazars Audit et Conseil, Casablanca).

12 h 30 – 13 h 00 : Discussion

13 h 00 – 14 h 30 : Déjeuner au CJB

14 h 30 – 16 h 30 : Discussion générale et propositions

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Appel à contribution – Politiques de mode de vie et parcours de fin de vie

Dimanche 10 juin 2012  |  Le Havre (76600)

Appel à communication pour une journée d’étude portant sur « Les politiques de mode de vie et les parcours de fin de vie » : De quelles manières ces politiques se construisent? A quels niveaux? Avec quels acteurs? Sous quelles logiques normatives? En retour, comment les personnes âgées répondent aux injonctions des politiques publiques? En quoi, leur parcours de fin de vie est-il lié aux conditions de sortie du monde professionnel? Qu’en est-il de leur représentation du « domicile » face aux appels au « maintien à domicile ».

La question du vieillissement présente un intérêt majeur, en raison des transformations profondes, notamment en matière d’organisation des parcours de vie. Il ne s’agit pas d’un simple allongement de la période de fin de vie. La grande vieillesse a toujours existé, de même que la dépendance, désormais elle « sort de l’anonymat » car elle se constitue en étape dans le cycle de vie.

De nombreux travaux ont montré que les politiques publiques de retraite, ont engendré de nouveaux modèles de trajectoires individuelles sous la forme d’une organisation ternaire du cycle de vie : formation, production et repos… (Guillemard, 2010). La transformation majeure des dernières décennies est l’émergence de  nouveaux groupes sociaux. Un de ces groupes est intercalé entre le monde du travail et la vieillesse. Qu’en est-il alors de « la dernière étape du cycle de vie » ? Le développement des unités fixes et mobiles de soins palliatifs, tend à allonger cette période de la vie et à l’institutionnaliser quelle que soit la période dans laquelle elles interviennent. Mais on peut se demander dans quelle mesure, ce dispositif ne va pas instituer une ultime étape entre la vieillesse et la mort. La quête de rationalité sous la forme de « nomenclaturisation » des états de santé en Groupe Iso Ressource (GIR), en est une illustration. Aux CARSAT[1], la population relevant des GIR 5 et 6, aux départements les groupes 1 à 4. Un débat est en cours concernant le 5ème risque pour distinguer encore les groupes 3 et 4.

La dernière étape du cycle de vie, bien que souvent éloignée du moment de cessation d’activité salariée, est marquée par la carrière professionnelle. En effet les conditions de travail, le montant et le moment de la retraite, le métier ou le statut d’emploi sont autant de caractéristiques de la vie au travail qui participent à la construction des parcours de vieillissement. Si bien que l’analyse des trajectoires de fin de vie doit être attentive à la dégradation de la situation du marché du travail, à l’intensification des procès de production ou aux transformations des systèmes de protections sociales qui ont cours depuis plus de 30 ans afin de rendre compte des évolutions des modes de vie des personnes âgées.

Ces transformations sous l’effet conjugué des politiques publiques nationales et territoriales  d’une part et des pratiques sociales d’autre part redéfinissent les catégories d’action et ordinaires liées au vieillissement : domicile, mobilité, autonomie, aide à domicile etc. Elles poussent à leur tour, les pouvoirs publics à mobiliser de nouveaux moyens d’action pour intervenir sur le « groupe cible ». Les politiques de mode de vie[2] des personnes âgées sont au cœur de cette dynamique.

Ces politiques tirent leur origine du rapport Laroque. Il s’agissait de lutter « contre toutes formes de ségrégation », de séparation entre les personnes âgées et l’ensemble de la population. Depuis lors, un objectif normatif de politique publique apparaît sur le critère de l’espace : « le maintien à domicile ». Cette norme a pour conséquence d’induire l’absence de reconnaissance d’un droit à un domicile, en tant que lieu privatif et lieu de vie sociale dés lors que la personne ferait le « choix » de vivre en institution. (Réguer 1997 ; Charpentier et Réguer, 2008). Au cours du 7ème plan l’autorité publique peine à généraliser l’humanisation et encore plus la suppression des hospices. Les difficultés d’atteindre l’objectif de maintien à domicile voient apparaître l’objectif du « maintien à domicile le plus longtemps possible ». Cette formulation revient au « placement le plus tard possible ». L’objectif de politique publique devient alors normatif, non sur le critère de l’espace « domicile » mais sur celui du parcours de vie : c’est au regard des conditions de vieillissement qu’est envisagé le passage en institution.

En outre, en reportant à plus tard la question du lieu de vie adapté au maintien d’une vie sociale, les politiques publiques engendrent une négation d’une pratique de prévention. Lorsqu’il est question de prévention, c’est le plus souvent en terme individuel et en référence à « la perte d’autonomie », expression générique comprise le plus souvent au sens restrictif de la maladie et du handicap. Ainsi un des enjeux pratiques de cette journée est de contribuer à comprendre les effets des politiques publiques sur la segmentation des modes de vieillissements. Cette journée intéresse en effet les acteurs de la prévention et de l’accompagnement des personnes âgées dans la mesure où elle interroge à la fois les évolutions des politiques publiques et leurs traductions dans la pratique quotidienne.  Cette journée d’étude recèle un intérêt social et pratique majeur, utile à la décision publique ou privée. D’une part, les aidants professionnels, les accompagnants familiaux ou encore les organisations productrices de services trouveront dans les résultats de travaux de recherche matière à optimiser et améliorer la qualité de leur intervention, des conseils qu’ils peuvent prodiguer. D’autre part, et peut-être de façon plus essentielle encore car préventive d’un « mal vieillir », les résultats de travaux seront utiles aux institutions, aux collectivités territoriales, organisations, professionnels en contact avec les vieillards de demain. Quelle que soit leur implication dans l’accompagnement de leur parent âgé, les enfants, le plus souvent déjà retraités ou en fin de carrière, sont les témoins privilégiés de l’expérience de leurs propres parents. Cette position de témoin constitue une expérience concrète pour ces populations par ailleurs confrontées à des questionnements stratégiques sur leur mode et lieu de vie, région, logements, services, objets de consommation, revenus, famille. L’efficacité de la prévention est d’autant plus opérationnelle qu’elle est précoce. C’est aussi dans cette étape du cycle de vie (aux alentours de la cessation d’activité professionnelle, du départ des enfants, de l’accompagnement des parents, parfois d’un déménagement ou d’une adaptation du logement) qu’il est plus efficace de prévenir car il est plus aisé de se projeter dans l’avenir pour devenir « stratège » de son mode de « bien vieillir ». La prévention constitue un intérêt social majeur de cette journée d’étude.

Argument principal

Avec le soutien des Réseaux thématiques 6 « Politiques sociales, protection sociale et solidarités » et 7 « Vieillesse, vieillissement et parcours de vie) de l’Association française de sociologie, du Centre Pierre Naville (Université d’Evry) et de l’UMR IDEES (Université du Havre), cette journée d’étude poursuit l’objectif de faire dialoguer l’analyse des politiques publiques de mode de vie et l’étude des parcours de fin de vie des personnes âgées en ayant comme perspective la production d’une publication académique. Cet appel s’adresse donc aux chercheurs dont les travaux portent sur les parcours de fin de vie.

De manière générale, les travaux sociologiques sur la production des politiques sociales ont bien montré combien on ne pouvait réduire les politiques publiques à des instruments (Colomb, 2012 ; Guillemard, 2010). Au-delà, de proposer des solutions à un problème, les politiques publiques sont des cadres normatifs, des manières de dire le monde instables et soumises à l’action des individus qui en sont à l’origine. Il en va de même pour les politiques de vieillissement et plus particulièrement des politiques de mode de vie. Elles ont leurs logiques propres dont il importe de décrypter autant les fondements que les effets. On peut comprendre ces politiques comme une certaine représentation du monde, fruit d’une construction sociale mettant en jeux une multiplicité d’acteurs. Face aux orientations cognitives et normatives de ces politiques de « maintien à domicile le plus longtemps possible », un des enjeux central réside dans la manière dont les personnes âgées négocient ces injonctions normatives. En particulier, dans la mesure où les politiques de vieillissement sont largement décentralisées, il s’agit de comprendre les modes de construction territoriales des politiques de mode de vie. Face à ces politiques, un second enjeux central est d’interroger la diversité des comportements, des représentations des parcours de vie des personnes âgées : quelles en sont les évolutions, en quoi participent-ils à la définition de l’objectif de politique publique ?

Ainsi on peut étudier la dynamique de politiques de mode vie sous un double point de vue sociologique.

  • D’une part, il s’agit d’analyser à nouveau frais la construction et la transformation des politiques de mode de vie au niveau local et national. Notamment, la caractérisation à la fois de leurs transformations depuis 50 ans mais aussi des acteurs impliqués dans le débat et la décision permettra de souligner la complexité de l’évolution de ces politiques. Les contributions pourront aussi mettre en perspective les transformations de ces politiques en termes de configurations d’acteurs, de niveau de gouvernance entre le territoire et le central ou d’orientations cognitives. Elles pourront se focaliser sur un territoire ou comparer des politiques locales de mode de vie. Ces questions sont inséparables des politiques urbaines dont on pourra souligner les interactions avec les politiques territoriales de mode de vie.
  • D’autre part, face à ces injonctions administratives et officielles, qu’en est-il du vécu et des projets de vie des vieux ? En quoi la construction des parcours de fin de vie s’articule avec la carrière professionnelle ? Par exemple, de quelles manières les conditions de sortie (santé, pensions de retraite…) de la vie au travail  participent à des trajectoires de vieillissement différenciées ? Quelles ressources culturelles, sociales et financières sont mobilisées dans l’élaboration et la réalisation d’un parcours de vieillissement ? Par ailleurs, qu’en est-il de la notion de « domicile ». Cette catégorie tout à la fois mobilisée par les acteurs publiques, les familles, les associations ou les bénéficiaires demandent à être intérogées (Villela-Petit, 1989 ; Serfati-Garzon, 2003 ; Mallon, 2004). Notamment, qu’en est-il de l’invocation du « libre-choix » en faveur du maintien à domicile face à l’inadaptation des domiciles des vieilles personnes (Pennec et Le Borgne-Uguen, 2005 ; Pennec, 2006 ; Colomb et Reguer, 2012) ? Les contributions pourront rendre compte des modes de vie des individus et des combinaisons d’initiatives des acteurs notamment en matière de  mobilités, d’enracinements et de dis-continuités dans les rapports à « l’habiter » (travaux du PUCA).

Un détour par la méthode est de ce point de vue nécessaire. Les réponses à l’appel tiendront compte de cette dimension : comment étudier et interpréter la parole des vieux, de quelle manière le travail d’enquête se trouve mis en jeu dans cette situation (Argoud, 1999)?

Réponse à l’appel à communication

  • Les résumés sont à envoyer à fabrice.colomb@gmail.com
  • Avant le 10 juin 2012.

  • Réponse prévue le 13 juillet.
  • Les résumés devront contenir un titre, un courte bibliographie et ne pourront excéder 3600 signes espaces compris.
  • L’auteur présentera de quelle manière son sujet s’inscrit dans la problématique de la journée. Les résumés devront détailler l’objet et la question de recherche. Il s’agira également d’indiquer la démarche empirique, les matériaux et leur traitement. Enfin, l’auteur donnera quelques éléments sur les résultats attendus de sa recherche.
  • Dans la mesure où cette journée a pour objectif de déboucher sur une publication scientifique, les organisateurs demanderont aux auteurs retenus de produire pour le mois de novembre 2012 un texte correspondant aux standards académiques. L’objet de la journée d’étude sera de discuter ces textes dans la perspective de la publication.

Modalités pratiques

  • Cette journée d’étude se tiendra le jeudi 17 janvier 2013 à l’université du Havre.
  • Les repas, déplacements et hébergements seront pris en charge par l’organisation de la journée d’étude, en fonction des financements alloués.

Comité d’organisation

  • Fabrice Colomb (Centre Pierre Naville, Université d’Évry) : fabrice.colomb@gmail.com
  • Daniel Réguer (CIRTAI-UMR IDEES 6266, Université du Havre) : dreguer@orange.fr

Comité scientifique

  • Anne-Marie Guillemard, présidente (GEPECS, Université Paris 5)
  • Dominique Argoud (CIRCEFT, Université Paris-Est Créteil),
  • Jean-Claude Barbier (CES, Université Paris 1),
  • Stephen Bouquin (Centre Pierre Naville, Université d’Evry),
  • Vincent Caradec (CERIES, Université Lille 3),
  • Fabrice Colomb (Centre Pierre Naville, Université d’Evry),
  • Françoise Le Borgne-Uguen (ARS, Université de Bretagne occidentale),
  • Isabelle Mallon (GRS, Université Lyon 2),
  • Simone Pennec (ARS, Université de Bretagne occidentale),
  • Marielle Poussou-Plesse ( Centre George Chevrier, Université de Bourgogne),
  • Daniel Réguer (CIRTAI, Université du Havre),
  • Habib Tengour (Centre Pierre Naville, Université d’Evry),
  • Serge Volkoff (GIS-CREAPT, Centre d’études de l’emploi).

Références

  • Argoud, D. et Puijalon B.,1999, La parole des vieux, Paris : Dunod
  • Colomb, F., 2012, Les politiques de l’emploi (1960-2000). Sociologie d’une catégorie de politique publique, Rennes : Presses Universitaires de Rennes
  • Colomb, F. et Reguer, D., 2012, « Les politiques de maintien à domicile : entre injonctions normatives et pluralité des représentations des personnes âgées », Congrès de l’AISLF, Rabat, 2-6 juillet 2012.
  • Guillemard, A.M., 1980,  la vieillesse et l’Etat, Paris : PUF.
  • Guillemard, A.-M., 1986, Le déclin du social, Paris : PUF.
  • Guillemard, A.M., Les défis du vieillissement, Armand Colin, 2010
  • Haut Comité Consultatif de la population et de la famille, 1962, Politique de la vieillesse, Paris : La documentation française 1962
  • Mallon, I, 2004, Vivre en maison de retraite. Le dernier chez soi, Rennes : Presses universitaires de Rennes
  • Naville, P. L’âge de le retraite, Esprit, vieillesse et vieillissement, N°817, N°spécial, mai 1963
  • Serfaty-Garzon, P.,2003, chez soi – territoires de l’identité, Paris : Armand Colin.
  • Pennec, S., 2006, « L’attachement au domicile : entre désirs et contraintes », Les Cahiers de l’Actif, n° 364/365.  pp.11-32.
  • Pennec, S. et Le Borgne-Uguen, F. (dir.), 2005, Technologies urbaines, vieillissements et handicaps, Rennes : EHESP
  • Réguer, D., 1997, Transformation des comportements et dispositif gérontologique, Presses Universitaires du Septentrion.
  • Réguer, D., 2001, « Recomposition d’une vie sociale », in LEGRAND M. (sous la direction) La retraite une révolution silencieuse, Editions ERES.
  • Réguer, D.,Charpentier, M., 2008, « Regard critique sur les politiques de maintien à domicile des personnes âgées en France et au Québec », Revue canadienne de politique sociale, n°60-61.
  • Villela-Petit, M., 1989, Le chez soi : espace et identité, in Architecture et comportement, vol 5, n°2 p 127 – 133.

[1] Caisse d’Assurance Retraite et de la Santé au Travail

[2] Il s’agit ici de comprendre « la vieillesse comme mode de vie spécifique » qui appelle un type d’intervention particulier portant notamment sur l’hébergement, le domicile, les équipements sanitaires, la mobilité, etc. (Guillemard, 1986, p. 23).

Contact
  • Fabrice Colomb
    courriel : fabrice [point] colomb (at) gmail [point] com

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Journée d’étude – Situations de handicap et représentations

Mercredi 11 avril 2012  |  Bonneuil-sur-Marne (94380)

Cette journée d’étude est la seconde d’un cycle de journées annuelles « situations de handicap, formation, apprentissage » organisées par l’université Paris-Est-Créteil (IUFM), en lien avec le centre de recherche CIRCEFT (EA 4384). Ces rencontres sont ouvertes à tous publics, et en particulier aux formateurs, étudiants, chercheurs, professionnels dans le domaine de l’éducation intéressés par des développements méthodologiques et scientifiques concernant les situations de handicap, l’apprentissage et la formation. Il s’agit de présenter des recherches qui conjuguent un intérêt pour la formation et l’apprentissage dans le domaine du handicap, l’enjeu étant de permettre à des chercheurs et praticiens-chercheurs de partager avec un public élargi la méthodologie, l’étayage théorique et les résultats de travaux en lien avec des apprenants à besoins spécifiques.

Au cours de la journée d’étude du 11 avril 2012, quatre chercheurs explorent la question des représentations sociales que des professionnels de l’éducation peuvent construire au sujet d’élèves les renvoyant à un sentiment de profonde altérité, et mettent cette question en lien avec celles des postures et gestes professionnels qui animent le quotidien pédagogique dans une classe.

Les représentations sociales sont des processus et produits d’une élaboration psychique de la réalité qui se construisent tout au long de la vie dans une interface entre l’individuel et le social. Elles permettent à tout un chacun d’inscrire un fait ou une idée dans un schéma de pensée personnel et de le métaboliser pour le rendre compatible avec ce qui lui préexiste intellectuellement et affectivement.Jean-Sébastien Morvan propose une analogie entre un système de représentations et une tragédie grecque, de par le fait que cette dernière « est toujours triple spectacle : d’un présent (on assiste à la transformation d’un passé en avenir), d’une liberté (que faire ?), et d’un sens (la réponse des dieux et des hommes) »[1]. S’agissant de la construction d’une relation d’aide pédagogique avec des élèves à besoins spécifiques, les représentations sociales générées par une rencontre difficile entre enseignement et apprentissage s’apparentent parfois à une tragédie grecque au sens propre, si le potentiel génératif de la pensée est entravé par un déficit d’étayage interne face à une altérité trop déroutante. En considérant les représentations sociales des professionnels de l’éducation en termes d’élaboration et d’actualisation d’une réflexion impliquée dans un contexte interrelationnel spécifique, il devient alors intéressant d’explorer quelles lectures du quotidien ces représentations fournissent et comment elles sont susceptibles d’orienter des décisions, des conduites, des descriptions, des anticipations, des modalités de communication, des formes d’adaptation, etc.

Au cours de la journée d’étude du 11 avril 2012, des chercheurs-praticiens interrogent les représentations sociales sous-tendues par un agir enseignant ou par des propos relatifs à cet agir, en présentant la méthodologie et les résultats de recherches impliquées ou construites en extériorité. Dans leurs études, la question du handicap est envisagée au sens large, c’est-à-dire qu’elle inclut des situations potentiellement handicapantes en termes de devenir personnel, social, professionnel. Chaque intervention est construite suivant un principe d’isomorphie, c’est-à-dire qu’une analyse prenant appui sur des dispositifs de formation dévolus à des enseignants est mise en relation avec une réflexion sur des dispositifs d’apprentissage impliquant des élèves à besoins spécifiques, et réciproquement.

[1] Morvan J.S. (1997). Représentations des situations de handicaps et d’inadaptations, Paris : CTNERHI, p. 23.

Programme de la journée du 11 avril 2011 : « Situations de handicap et représentations »

Discutant : Benoit Lasnier, formateur à l’IUFM de l’université Paris-Est Créteil, professeur agrégé d’EPS, membre de la commission de recherche de l’IUFM.

Matinée : 9 h – 12 h 15

9 h : Accueil et introduction (Benoit Lasnier).

  • 9 h 15 : Pierre Egal, conseiller pédagogique pour l’ASH dans le Val-de-Marne.
    « Représentations institutionnelles et pédagogiques au sujet de l’élève « hautement perturbateur » ».
  • 10 h 15 : Discussion avec l’assistance.

10 h 45 : Pause.

  • 11 h : Patrick Binisti, formateur pour l’ASH à l’IUFM de l’université Paris-Est Créteil, doctorant en sciences du langage, laboratoire MODYCO (Modèles Dynamiques Corpus, université Paris Ouest-Nanterre).
    « Interactions entre professeurs et élèves présentant des troubles du langage et de la communication : étude de la mise en place des formats de Bruner comme leviers de transformation des représentations au sujet des élèves autistes ».
  • 12 h : Discussion avec l’assistance.

12 h 30 : Pause déjeuner.

Après-midi : 13h 45 – 15h 15

  • 13 h 45 : Valérie Barry, formatrice pour l’ASH, IUFM de l’université Paris-Est Créteil, maître de conférences en sciences de l’éducation, laboratoire CIRCEFT (équipe REV). Alexandre Ployé, formateur et responsable des formations pour l’ASH à l’IUFM de l’UPEC, laboratoire CIRCEFT (équipe ESSI).
    « Représentations d’enseignants spécialisés stagiaires au sujet des besoins d’apprentissage de leurs élèves : quelles caractérisations ? Quelles incidences sur la construction de postures et de gestes professionnels ? ».
  • 14 h 45 : Discussion avec l’assistance.

15 h 15 : Synthèse et clôture de la journée (Benoit Lasnier).

Numérisation et enrichissement du présentiel

  • Avant et après chaque journée d’étude, une plateforme collaborative d’échanges (et de mutualisation de documents) en lien avec les contributions proposées est mise en place et animée par les organisateurs de la journée et les intervenants, pendant une durée de quinze jours avant et après chaque rencontre. Il s’agit notamment de pouvoir anticiper et prolonger la discussion engagée, autour de questions qui ont émergé en amont de la journée, qui n’ont pas émergé pendant celle-ci, ou dont la complexité nécessite de prolonger les échanges, d’approfondir et de mettre en réseau les différentes interventions, d’initier une continuité dans le temps de l’événement, mais également d’évaluer celui-ci.
  • L’adresse du site internet, libre d’accès, est : http://www.handiformapprentissage.fr
  • Ce site sera ouvert du 1er au 30 avril 2012. N’hésitez pas à y accéder et y déposer vos questions, suggestions ou remarques, avant et/ou après la journée d’étude.
Contact
  • Valérie Barry
    courriel : valerie [point] barry (at) u-pec [point] fr

    IUFM
    ASH
    Rue Jean Macé
    94861 Bonneuil sur Marne cedex

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Appel à contribution – Le veillissement, la maladie d’Alzeihmer, la dépendance : nouveaux problèmes, nouveaux enjeux. Regards croisés France – Algérie

Mardi 15 mai 2012  |  Tizi Ouzou (15000, Algérie)

La question de la dépendance et de l’accompagnement des personnes âgées est inscrite dans l’agenda politique de nombreux pays en Europe et plus particulièrement en France. Le débat porte d’une part, sur les modes d’accompagnement des personnes ayant des pertes d’autonomie et, d’autre part, sur les systèmes et les modalités de prise en charge financière de la dépendance. Quoique considérés comme pays jeunes, le vieillissement guette aussi les pays du Sud qui vont connaître dans les prochaines années une métamorphose démographique de grande ampleur. Afin de réfléchir sur ces phénomènes, la faculté de sciences humaines et sociales de l’université de Tizi-Ouzou (Algérie) et la chaire de travail social et d’intervention sociale du Conservatoire national des arts et métiers (France) organisent un colloque du 4 au 6 juin à Tizi-Ouzou.

Après avoir réussi le défi de la maîtrise de la fécondité, les pays du Sud auront à faire face à de nouveaux enjeux dont celui de l’accompagnement et de la prise en charge économique et social des personnes âgées. La part des plus de 65 ans augmente de manière beaucoup plus rapide qu’elle ne l’a été en Europe et devrait doubler d’ici 2050 dans l’ensemble des pays du Sud (Afrique, Amérique Latine, Asie du Sud, Maghreb, Moyen-Orient, etc.). Ainsi, un algérien sur cinq aura plus de 60 ans en 2040, soit la même proportion qu’en France aujourd’hui. Ce problème du vieillissement et de la dépendance nous conduit donc à réfléchir tant sur la place des personnes âgées dans nos sociétés que sur les dispositifs publics de prise en charge et les solutions proposées en matière de lieux de vie pour les personnes âgées dépendantes.

Partant de ce constat, ce colloque s’articulera autour de trois axes principaux :

1. Vieillissement, maladie et dépendance des personnes âgées : état des lieux

En France comme en Algérie, la question du vieillissement et de la dépendance des personnes âgées est désormais amorcée et inscrite au rang des priorités de l’action publique. En France,  il existe environ 800 000 personnes âgées très dépendantes parmi les 12 millions de personnes  âgées de 60 ans et plus, dont 860 000 atteintes par la maladie d’Alzheimer. Le nombre des  personnes âgées connaît un accroissement de plus en plus important avec l’allongement de l’espérance de vie (83,8 ans pour les femmes, 76,7 pour les hommes en 2004). Selon l’Institut Selon l’Institut national des études démographiques (INED), 2,3 millions de personnes ont plus de 80 ans ; elles seront 7 millions en 2040. Cette situation pose de multiples problèmes de gestion sociale du vieillissement. Environ 625 000 personnes âgées vivent dans des établissements sociaux, médico-sociaux et des unités de long séjour. Selon leurs besoins, elles relèvent de l’Aide sociale et/ou des dispositifs financés par la Sécurité sociale. Mais 77 % des personnes les plus dépendantes vivent à domicile, chez elles ou chez des proches, ce qui n’est pas sans poser d’importants problèmes pour les familles. Il en va de même en Algérie où les personnes âgées vivent le plus souvent au sein de leur famille, auprès de leurs enfants et de leurs petits enfants. L’obligation sociale et morale de prise en charge des personnes dépendantes est en grande partie assurée par les familles. L’idée de « placer » son père ou sa mère dans une maison de repos est considéré encore comme un abandon et expose les enfants et plus largement tous les membres de la famille à l’opprobre communautaire. Et pourtant, avec l’accès des femmes au marché du travail, l’augmentation du niveau d’instruction et le développement du mariage exogame, les situations de « non cohabitation intergénérationnelle » seront amenées à se renforcer notamment dans les grandes villes où l’on assiste à l’émergence d’un processus d’individuation qui commence à toucher les régions rurales. Toutefois, en l’absence de dispositifs généralisés de protection sociale, l’accompagnement et la prise en charge des personnes âgées et dépendantes relèvent encore des formes de solidarité familiale, renforcées et relayées par les référents religieux.

Le cas le plus visible de maladie invalidante dont les sujets nécessitent différentes formes d’accompagnement est la maladie d’Alzheimer : on estime à 100 000 le nombre de personnes atteintes, dont 10 000 seulement sont reçues dans les consultations médicales. Les « hôpitaux de jour » considérés comme une solution qui allégerait les familles ne sont jusqu’à récemment qu’au nombre de deux centres situés à Alger et Constantine. Les acteurs spécialisés dans l’accompagnement à domicile n’ont au mieux qu’une formation d’infirmier et encore, cet accompagnement n’a pas de caractère institutionnalisé. Par ailleurs, l’Algérie a vécu jusque-là sur des données démographiques qui ne prennent que rarement en compte la frange des plus de 60 ans, en raison de la jeunesse de sa population. Or, depuis 2009-2010, la situation tend à connaître un fléchissement relatif dans la mesure où le troisième âge devient plus visible. Les plus de 60 ans passent de 7,4 % à 7,7 % de la population et cette tendance est appelée à s’amplifier dans la décennie à venir. Les besoins en matière de prise en compte des maladies impliquant une forte dépendance de la personne vont s’affirmer, mais il faudra résoudre la question complexe des acteurs et des professionnels qui doivent accompagner des dispositifs qu’il faut aussi penser.

Cet état des lieux doit nous permettre de définir également les termes du débat. Qu’entend-on par dépendance en France et en Algérie? Si le terme dépendance s’est progressivement imposé en France, quel est son équivalent dans la langue arabe ou berbère ? Toutefois une approche centrée sur le seul critère d’âge n’est pas la plus pertinente car elle ne rend pas justice au fait que la dépendance repose sur des liens d’interdépendance à tous les moments de la vie (Martin, 2006). Autrement dit, la dépendance pourrait tout aussi bien être envisagée comme la base du lien social et de solidarité que comme le fondement de toute relation sociale, sans limitation au seul champ de la vieillesse (Memmi, 1979).

2. Les dispositifs publics et la question de la prise en charge financière de la dépendance

Comment les personnes âgées dépendantes sont-elles accompagnées dans les deux pays ? Comment la prise en charge est-elle organisée, à domicile ou dans des structures de soin adaptées ? Il est clair que le maintien à domicile apparait comme est un objectif prioritaire dans de nombreux pays étudiés et cela pour des considérations à la fois économiques (baisse des coûts au niveau collectif) et humaines (lutte contre l’isolement du malade et des familles).

En Algérie, l’Etat a récemment mis au point un dispositif de protection des personnes âgées et dépendantes en adoptant une loi qui redouble le paradigme traditionnel en innovant en matière d’encadrement professionnalisé. Cette loi privilégie en effet le maintien à domicile et le renforcement des liens familiaux avec une contrepartie assurée par l’Etat comme les soins, équipements nécessaires et pour ceux qui n’ont pas de liens familiaux et qui sont en difficulté une pension équivalente à 2/3 du SNMG (équivalent du Smic en France). D’autre part ces personnes âgées se voient protégées par la loi en cas de maltraitance. En soi la promulgation d’une telle loi indique une prise de conscience d’une question sinon occultée, du moins de faible pertinence dans le contexte démographique et social algérien. Toute la question reste maintenant à « inventer » l’environnement d’une politique sociale à l’endroit de cette population et particulièrement du phénomène de la dépendance.

3. Les acteurs professionnels et familiaux de l’accompagnement des personnes dépendantes : Quels métiers, quelles formations ?

Aujourd’hui dans la plupart des pays européens, la majorité des bénéficiaires de soins de long  terme sont pris en charge à domicile (Malochet, Gimbert, 2011). La multiplication des  dispositifs et des organisations destinées à répondre aux besoins des personnes en difficulté s’est accompagnée d’une spécialisation des intervenants. Dans les années 1980, la question de nouveaux métiers s’est posée du fait de nouvelles politiques publiques : des métiers émergents ont d’autant plus retenu l’attention avec la création d’emplois nouveaux. Ainsi, de nouveaux problèmes se font jour, en particulier à l’occasion des « défis de l’accompagnement du grand âge» , notamment face à la diversification des formules et la multiplication d’expérimentations et d’innovations. Dans ce mouvement, le plan Alzheimer a été l’occasion de créer de nouvelles formules qui déclinent les formes de combinaison de troubles du comportement dont l’évaluation doit être très fine, en complément des MAIA (Maisons pour l’autonomie et d’intégration des personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer) : des pôles d’activités et de soins adaptés (PASA) au sein des établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes, « souffrant de la maladie d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée compliquée de symptômes psycho-comportementaux modérés qui altèrent la sécurité et la qualité de vie de la personne et des autres résidents » ou des unités d’hébergement renforcé (UHR) pour les mêmes personnes, mais cette fois avec des « symptômes psycho-comportementaux sévères », ce qui implique d’utilisation d’échelles de mesure des troubles du comportement , avec des questions de seuil auxquelles les experts médicaux et paramédicaux se confrontent. D’autre part, parmi les intervenants impliqués dans le maintien à domicile, beaucoup ne sont pas des professionnels ayant un statut consolidé. Pour une personne âgée sur cinq, vivant à domicile, l’aide est uniquement formelle, c’est-à-dire émanant de professionnels exclusivement rémunérés à cet effet. Pour les quatre autres, l’aide est soit le fait de proches parents ou consiste en un mélange des deux formules. 7% de la population française répond aux critères de définition d’un « aidant principal », c’est-à-dire consacre une part non négligeable de son temps personnel à aider un proche rendu dépendant par la maladie, le handicap ou le grand âge ; deux millions de personnes sont « aidant principal » selon l’Union nationale des associations familiales (UNAF).

Or, aujourd’hui les compétences spécifiques des aidants familiaux sont mieux reconnues et l’idée avance de les former pour qu’ils acquièrent des compétences supplémentaires. Faut-il pourtant aller dans le sens de l’institutionnalisation des fonctions et de la construction de nouveaux métiers ? En s’institutionnalisant, l’accompagnement social ne risque-t-il pas de s’éloigner de la sollicitude et d’accentuer la distance relationnelle ? Autant de questions qui méritent des approches comparatives à l’échelle internationale et des échanges à la fois entre scientifiques, professionnels, responsables politiques et, autant que faire ce peut, avec des personnes directement impliquées par le vieillissement et la dépendance. L’apport et le rôle des associations oeuvrant en direction des personnes âgées est globalement assez mal connu. Des communications sur cette thématique seront les bienvenues et apporteront sans doute des éléments d’analyse pertinents sur cette question de la dépendance.

Organisation des trois journées :

Trois temps seront consacrés à des comparaisons internationales :

  • la situation des personnes dépendantes (aspects cliniques, sociologiques…)
  • les dispositifs (appui au maintien à domicile, institutions, formules innovantes…)
  • les intervenants (aidants familiaux, professionnels, approches pluridisciplinaires…)

Ces temps alterneront des conférences et des tables rondes

Président d’honneur du colloque : Professeur Hannachi Nacerdine, Recteur de l’UMMTO.

Comité scientifique :

  • Professeur Salhi Mohammed Brahim sociologue (UMMTO/Faculté des sciences humaines et sociales),
  • Marcel Jaeger, professeur titulaire de la chaire travail sociale et action sociale (CNAM-Paris),
  • Dr Recham Ali, Anthropologie de la santé (UMMTO/FSHS),
  • Professeur Aïnes Lahlou (UMMTO/ Faculté de Médecine),
  • Professeur Areski Dalila, psychologue clinicienne (UMMTO/ Faculté de lettres et langues),
  • Dr Nouria Remaoun, directrice du CRASC (Oran),
  • Professeure Tebiche Rabéa, psychologue clinicienne (Université d’Alger ),
  • Professeur Haddab Mustapha (Université d’Alger),
  • Professeure Mimouni Badra psychologue clinicienne (Université d’Oran/CRASC),
  • Mohamed Madoui, professeur au Cnam-Paris,
  • Frederik Mispelblom Beyer, professeur à l’université d’Evry,
  • Jean-Yves Chataigner, directeur d’établissement médico-social,
  • Germaine Peyronnet, ancienne directrice adjointe des établissements de la Croix-Rouge,
  • Saïd Acef, Mission nationale d’appui à la santé mentale.

Comité d’organisation :

  • Boutaba Farid (vice-doyen),
  • Amrouche Hakim chef de département,
  • Slimi Sacia, Chef de Département, Bara Sid Ahmed, Chef de Département,
  • Kherkhour Taous, maître-assistante,
  • Anaris Mohand, maître-assistant,
  • Dahmani Naouel, maître-assistante,
  • Adouri Malika, maître-assistante,
  • Mammeri Samira, maître-assistante,
  • Slimani Malika Maître assistante, Aïci Aziza, maître-assistante,
  • Lamara Mohamed Smaïl, chef de département adjoint.

Les propositions de communication ne dépassant pas une page sont à adresser à Brahim Salhi : brahimsalhi@yahoo.fr

Date limite de réception des résumés : 15 mai 2012

Contact
  • Mohamed Madoui
    courriel : mohamed [point] madoui (at) cnam [point] fr

    CNAM
    2, rue Conté
    1D4P20
    75003 PARIS
  • Brahim Salhi
    courriel : brahimsalhi (at) yahoo [point] fr

    Université de Tizi Ouzou
    Amraoua
    15000 Tizi Ouzou
    Algérie

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Parution – Gérontologie et société

 

Gérontologie et société. Vieillissement et migrations, n°139, 2011/4

 

VIEILLISSEMENT ET NOUVELLES MIGRATIONS SUD-NORD

Laurent Bornia – Système migratoire et métiers du care : comment les évolutions démographiques produisent de nouvelles migrations

Cinzia Castagnaro – Vieillissement et dévieillissement : un débat européen

Christophe Bertossi – Identités professionnelles, ethnicité et racisme à l’hôpital : l’exemple de services de gériatrie

VIEILLIR ENTRE PAYS D’ACCUEIL ET PAYS D’ORIGINE : UN ENTRE-DEUX

Omar Samaoli – Vieillesse des immigrés : quelques interrogations d’actualité

Libres propos. Prendre soin des migrants âgés : le réseau de santé intermed en Rhône-alpes . Entretien avec Fabienne Diebold & Mickaël Soussan

Libres propos. Prendre soin et accompagner les femmes migrantes âgées. Le café social Ayyem Zamen . Entretien avec Moncef Labidi

Chantal Crenn  – « vieillir » dans deux pays : une situation alimentaire « combinée » pour les migrants retraités « Sénégalais » de Bordeaux

Rémi Gallou – Vieillir et mourir en Afrique ou en France ? Regards croisés de deux générations d’immigrés subsahariens

Georges Dorion – Les antillais retraités en métropole : trajets de vie

Aníbal de Almeida – Les Portugais en France à l’heure de la retraite cinquante ans après leur arrivée en france, les portugais parviennent à l’âge de la retraite

S’INSTALLER AU SUD ?

Libres propos. Vivre sa retraite au soleil : représentations idéales, pratiques réelles . Entretien avec Rémy Knafou

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Séminaire – Maladies industrielles et mobilisations collectives

Le séminaire « Maladies industrielles et mobilisations collectives » aura deux séances à une semaine d’intervalle, les 5 et 12 mars, à Paris (centre Pouchet). Il est ouvert à toutes et tous.

Lundi 5 mars 2012 de 10h à 13h :

Emilie Counil (EHESP/GISCOP 93) et Gérard Voide (Collectif des riverains et victimes du CMMP d’Aulnay-sous-Bois) – « Enjeux de santé publique autour d’une ancienne usine de broyage d’amiante : le Comptoir des minéraux et matières premières à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) »

La discussion sera introduite par Pascal Marichalar (CMH, GSPE).

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Lundi 12 mars 2012 de 10h à 13h :

Thomas Le Roux (Maison française d’Oxford) – « Plaintes, oppositions et actions contre les nuisances industrielles, France, 1750-1850 ».

La discussion sera introduite par Gwenola Le Naour (Triangle).
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Lieu : Centre Pouchet du CNRS, 59/61 rue Pouchet Paris 17e (Métro : ligne 13, station Brochant ou Guy Môquet). Salle affichée à l’entrée.

Programme des séances ultérieures :

Lundi 2 avril 2012
Sylvain Laurens (Université de Limoges, CURAPP, GSPE) « La construction d’une protection au travail « raisonnable » du côté patronal : ethnographie au sein d’une fédération professionnelle européenne ».

Lundi 21 mai 2012
Sonia Granaux (Université de Toulouse, IRIS-Paris 13).
« Les CHSCT dans les établissements de fabrication de produits chimiques : trois décennies de confiscation du pouvoir des représentants du personnel et d’influence des réseaux d’alerte en santé au travail (1974-2006) ».

Lundi 11 juin 2012
Pascal Marichalar (CMH, GSPE) et Laure Pitti (Université Paris 8, Cresppa-CSU)
« Recourir à la médecine contre la médecine : les circulations des savoirs médicaux entre ouvriers et médecins dans les années 1970 ».

Plus d’informations sur le séminaire :
http://calenda.revues.org/nouvelle22245.html

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Parution – Sport et VIH. Un corps sous contrainte médicale


Sylvain Ferez & Julie Thomas (dir.), Sport et VIHUn corps sous contrainte médicale, Téraèdre, 2012.

 

 

« Séropositif ». Quand le diagnostic tombe, c’est tout le rapport à soi, et au corps, qui est ébranlé. Les questions fusent, des tensions sont mises en jeu. Et notamment pour ce qui concerne des activités physiques et des pratiques sportives. Tensions existentielles, d’abord : « Vais-je pouvoir continuer à bouger et à vivre? Vais-je pouvoir continuer à exercer mon sport? » Tensions relationnelles, aussi : « Mon nouveau statut sérologique va-t-il être accepté par les autres ? Puis-je en parler à mes partenaires de pratique? »La vision de l’activité physique sous le seul prisme de ses « bienfaits » est très largement partagée par les acteurs du monde du vih. Cherchant à se défaire de cette vision uniquement positive, l’enquête nationale ici présentée porte sur les enjeux de cette définition, ainsi que son influence sur les pratiques effectives. Une manière de respecter le regard des acteurs et de mieux appréhender les processus d’élaboration du sens de leurs activités, et des aspects susceptibles de les orienter ou de les influencer. L’enquête conduit finalement à la mise au jour de tensions qui traversent l’expérience des personnes vivant avec le vih, et à une remise en question des « communautés » classiquement manipulées par l’épidémiologie.

 

 

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