Journée d’études internationale – Les somnambules d’Arthur Koestler

Journée d’études internationale – Les somnambules d’Arthur Koestler


Journée d’étude internationale : « Les Somnambules d’Arthur Koestler », organisée par Isabelle Pantin et Chantal Grell
Lieu : Salle du Conseil de l’Observatoire de Paris
Date : 8 octobre 2010

Après toute une vie de romancier et de journaliste, engagé dans les grands conflits du siècle, Arthur Koestler (1905-1983) s’est consacré au problème de la science, en choisissant d’explorer sa face mystérieuse et obscure. Le livre marquant ce tournant est une triple biographie de Copernic, Kepler et Galilée – Les Somnambules (The Sleepwalkers : A History of Man’s Changing Vision of the Universe) – écrite entre 1954 et février 1958, et publiée en 1959.

L’ouvrage se laisse difficilement définir : c’est un vrai livre d’histoire des sciences, rigoureux et fondé sur les documents originaux, mais il tient aussi de l’essai philosophique et du roman. Il traite ses héros comme de vrais « personnages », s’intéressant au processus psychologique qui les a menés à la découverte. D’autre part, il est orienté par des hypothèses loin d’être neutres sur les « rouages obscurs de l’intelligence créatrice » aboutissant à la construction d’une « nouvelle philosophie de la nature ». S’agissant des rapports de la science et du réel, il décrit les progrès de la connaissance comme faisant des « bonds entrecoupés de fausses pistes, de culs de sac, de retours en arrière, de périodes de cécité et de crises d’amnésie » , un point de vue affirmé dès le début :

« L’histoire des théories cosmiques […] peut s’intituler, sans exagération, histoire des obsessions collectives et des schizophrénies contrôlées ; et certaines des plus importantes découvertes individuelles se sont faites d’une manière qui rappelle beaucoup moins les performances d’un cerveau électronique que celles d’un somnambule. »

Sa réception se ressent de cette complexité. Quoique presque oubliés en France, Les Somnambulesfont partie de la bibliographie de base dans beaucoup de cursus d’histoire des sciences aux Etats-Unis, mais cette introduction classique à l’histoire de la Révolution scientifique est aussi un livre controversé. Owen Gingerich, astronome au Smithsonian Astrophysical Observatory et professeur à Harvard, le juge « hautement contestable » tout en reconnaissant qu’il a « fortement stimulé » son intérêt pour l’histoire des sciences : il aurait entrepris son œuvre majeure (le recensement de tous les exemplaires du De revolutionibus conservés dans le monde ) pour prouver l’erreur et l’injustice de Koestler qui, pour mieux exalter son vrai héros, Kepler, aurait rabaissé Galilée et surtout Copernic, présenté comme l’auteur dérisoire d’un « livre que personne n’a lu » :

« Koestler, en parfait romancier, célèbre pour le saisissant Le Zéro et l’infini, voyait le monde comme peuplé par des personnages de fiction, des protagonistes et des antagonistes. Considérer Kepler comme un héros exigeait donc qu’il y ait des bandits, et Koestler choisit Galilée et Copernic dans ces rôles. Copernic devint sa malheureuse victime. »

La journée d’étude, organisée à l’Observatoire de Paris le 8 octobre 2010 dans le cadre du RTP/INSU-ESR, se propose d’explorer la complexité de ce livre, de le situer dans son contexte historique, comme dans l’œuvre de Koestler, et de s’interroger sur son rôle et sa place dans la réflexion des historiens et des philosophes des sciences.

Programme :

9h30 : Accueil

10h : Introduction
Susana SEGUIN : Un homme controversé : Koestler et ses biographes

10h30 : Jean EL GAMMAL (Nancy II) : Koestler et la Guerre froide
11h : Chantal GRELL (UVSQ-ESR) : Genèse des Somnambules : l’itinéraire intellectuel de Koestler
11h30 : Isabelle PANTIN (ENS-SYRTE) :  dans les courants de l’histoire et de la philosophie des sciences : un livre en marge ?
12h : Mathilde REGENT (Paris VII) : De la croyance à l’invention : l’enquête des Somanbules, entre histoire et psychologie de la connaissance.

12h30 : Discussions

13h – 14h30 : Repas

14h30 : Susana SEGUIN (Montpellier III) : La science entre mythe et raison. La notion de Somnambules
15h : M. P. LERNER (CNRS-SYRTE) : Koestler et Copernic : l’utilisation des sources
15h30 : Edouard MEHL (Strasbourg) : L’antipathie de Koestler pour Copernic
16h : Nick JARDINE (Cambridge) : K=K : Koestler’s empathetic engagement with Kepler
16h30 : Sylvie TAUSSIG (CNRS) : La réception des Somnambules

17h : Conclusion :
Emmanuel BURY (UVSQ-ESR)

Pour toute information, vous pouvez contacter Nicolas BOILEAU

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