Séminaire – Maladies industrielles et mobilisations collectives

le lundi de 10h à 13h, une fois par mois, à l’UPS Pouchet, 59/61 rue Pouchet, Paris 17e (métro Brochant ou Guy Môquet).

Séminaire « Maladies industrielles et mobilisations collectives »

L’objectif de ce nouveau séminaire de recherche est d’explorer un champ encore peu stucturé des études en sciences sociales sur les liens entre travail et santé : l’histoire et la sociologie des mobilisations contre les effets sanitaires néfastes des activités de production.

En France ou à l’étranger, des travaux retracent l’institutionnalisation d’une forme de « compromis » rendant acceptables, aux yeux des employeurs et des pouvoirs publics, les accidents du travail et maladies professionnelles induits par l’activité de production (Buzzi et al, 2006 ; Carnevale et Moriani, 1986 ; Draper, 2003 ; Hepler, 2000 ; Omnès et Pitti, 2009). De nombreuses études se penchent plus particulièrement sur une forme d’exposition professionnelle et montrent comment certaines activités industrielles peuvent se perpétuer en dépit de l’existence de savoirs médicaux attestant de leur dangerosité pour les salariés (Johnston et McIvor, 2000 ;  IJOEH, 2003 ; Markowitz et Rosner, 2003 ; Rosner et Markowitz, 2006 ; RHMC, 2009). Des travaux, enfin, mettent en lumière la mise sur agenda médiatique et politique des questions de santé publique en lien avec le travail, que celles-ci concernent les salariés ou les riverains des usines (Eliasoph, 2010 ; Henry, 2007 ; Henry et Gilbert, 2009). Dans ce panorama, les travaux sur les mobilisations collectives portées par les salariés eux-mêmes et/ou les riverains concernant les impacts sanitaires de la production restent encore peu nombreux.

Centré sur les « maladies industrielles », selon l’expression du sociologue Paul Jobin, et non exclusivement professionnelles, ce séminaire entend étudier ces mobilisations à l’intérieur et à l’extérieur des lieux de travail, cherchant ainsi à éclairer les croisements mais aussi parfois les logiques de concurrence entre maladies professionnelles et maladies environnementales. Comment s’articulent les luttes des salariés et des riverains – parfois en contradiction lorsque l’emploi des premiers est menacé, parfois en convergence (Ishimure, 1990 ; Collectif intersyndical sécurité, 1977) ? Comment les acteurs de ces mobilisations se réapproprient-ils les savoirs médicaux et techniques institués – ou encore contribuent-ils à leur avancée?

« Maladies sociales avec des aspects médicaux », selon l’expression du pneumologue Irving Selikoff, les maladies industrielles n’ont d’existence que dans un champ de forces où leur réalité, leur gravité et leur étiologie sont remises en cause à chaque instant. Du XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui, l’objet de ce séminaire est ainsi d’analyser les conditions de possibilité de mobilisations qui les prennent pour objet, fruits d’alliances improbables entre salariés, riverains, chercheurs, médecins et avocats.
Programme 2010-2011 :

13 décembre 2010

– Pascal Marichalar et Laure Pitti, séance introductive : « Les atteintes à la santé, porte d’entrée pour l’analyse des rapports de domination dans l’activité de production »
3 janvier 2011

– Paul Jobin (Université Paris VII-Denis Diderot, CEFC), « Un concentré de maladies industrielles et de mobilisations collectives: le cas de Taiwan, entre le Japon et la Chine »
7 Février 2011

– Alfredo Meñendez Navarro (Université de Grenade) : « Production locale de savoirs et gestion du risque amiante en Espagne, années 1970-1980 » (titre provisoire)
14 mars 2011

– Geneviève Massard-Guilbaud (EHESS-CRH), « Mobilisations collectives et régulation de la pollution industrielle en France, 1789-1914 »
4 avril 2011

– Judith Rainhorn (université Lille-Nord de France  Valenciennes- Calhiste / IUF), « Le Syndicat de la Médecine sociale, une expérience de collaboration médecins-ouvriers en faveur de la santé au travail (Lille – Lyon, 1909-1914) »

* Séances en mai et juin 2011 (les dates seront précisées ultérieurement)
– Annie Thébaud-Mony (Université Paris 13, GISCOP 93) et Jean-Michel Sterdyniak  (GISCOP 93), « Retrouver les origines professionnelles des cancers : l’exemple de l’ enquête permanente du GISCOP 93 en Seine-Saint-Denis »
– Gabrielle Hecht (Université du Michigan Ann Arbor), « Risques professionnels et réseaux transnationaux dans les mines d’uranium en Afrique » (titre provisoire)

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