Anthropologie

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Appel à contribution – Santé dans la fiction au féminin universel : s’approprier son corps

Date limite : 21 décembre 2011

Loin d’être antithétiques, la fiction participe à créer le réel, en changeant les mentalités.
En ce qui concerne le rêve d’un monde plus équilibré, libéré de l’oppression millénaire des hommes sur les femmes, la fiction peut contourner à la fois le conditionnement et le militantisme souvent réducteur, pour atteindre des possibilités profondément Autre, qui résident à la fois dans la logique de ce qui est juste, et dans nos plus profonds souvenirs humains. Aussi, l’harmonie, ou au moins une certaine satisfaction que nous oserons qualifier de bonheur, l’emporte sur les oppositions/ dualités/ dichotomies et dogmes. La fiction, sans forcément être l’ordonnance pour un monde meilleur, peut indiquer l’absurdité des structures courantes et pousser vers de nouvelles expériences.
La santé ne peut jamais jaillir de la non-santé, observe Mary Daly en critiquant la médecine technologique. Sa laideur, sa stérilité, sa froideur déshumanisante doivent être des indices d’un dysfonctionnement. Mais n’est-ce pas pardonnable, dans la mesure où nous pouvons sauver ainsi des vies ? Qu’importent les procédures, disent les défenseurs, c’est le résultat qui compte. Mais que se passe-t-il quand ce « Résultat » entraîne d’autres résultats qui sont moins reconnus, voire niés par les médecins si concernés par le bottom line ? La science occidentale, selon Vandana Shiva, n’est pas sophistiquée : elle est primitive. Elle se focalise sur un champ réducteur, traite des symptômes en créant d’autres symptômes, en ignorant volontairement les causes. Elle sauve des vies, soit. Mais elle a aussi fait disparaître des systèmes qui auraient pu représenter d’autres développements tout aussi efficaces. De surcroît, l’emprise forcée des hommes sur la gynécologie et l’obstétrique laisse des statistiques extrêmes sur la mort des femmes auxquelles on a retiré les soins traditionnels administrés par des sages-femmes et guérisseuses. Plus récemment, la majorité des femmes prennent la pilule, ce qui entraîne des symptômes, pour lesquels elles prennent d’autres pilules et subissent d’autres symptômes, qui sont antithétiques à leur bonheur, leur autonomie et leur avancement professionnel et autre. Au-delà du « choix » avoir 12 enfants ou utiliser des dispositifs chimiques ou mécaniques, existe une pléthore de solutions. En plus des plus évidentes : être lesbienne ou avoir des relations autres que le coït, il y a aussi la connaissance des fluides cervicaux, méthode prouvée aussi efficace que la pilule, et ne nécessitant aucun achat, ni, une fois appris, guère plus de temps. C’est une méthode qui s’apprend, dans laquelle une femme est maîtresse de son corps. Pourquoi donc, tout en devant avouer la réalité scientifique, les professionnelles découragent-elles de telles méthodes, au point où beaucoup de femmes n’en entendent même jamais parler ou, si elles arrivent à pratiquer cette méthode, se voient châtiées, traitées d’irresponsables… Quels sont les effets iatrogènes des médecines, et quelles attitudes envers les femmes accompagnent les « soins » gynécologiques, obstétriques (y compris la « location » des utérus pour aider les couples riches et stériles, mais aussi des pratiques hospitalières d’accouchement bonnes pour les médecins, mais horribles pour les femmes et les bébés : interdiction de manger, coincée sur le dos…), psychiatriques (voir le site www.memoiretraumatique.org), et autres ? Et surtout, quelles alternatives, et comment sont-elles élaborées par la littérature (roman, poésie, théâtre…) ?  Les apports peuvent être anthropologiques, historiques et personnels. Vous pouvez écrire vos propres textes créatifs pour répondre à ces interrogations, écrire sur les écrivaines qui y répondent (y compris méconnues), ou les traduire. Les recherches et observations de première main sont encouragées.
En plus d’explorer ce thème, Le Champ des Lettres est un lieu d’expérimentation sur la langue. Dans le monde mainstream, le masculin s’impose comme universel, renvoyant constamment « la femme » grammaticalement à la position de l’Autre. Le fait grammatical, pris comme évident ou sans conséquences, peut-il être lié au fait que ce sont les hommes qui occupent la grande majorité des positions dirigeantes, qui commettent des violences envers les femmes, s’approprient leur travail domestique au nom de l’amour, et leurs tâches subordonnées dans les milieux professionnels ? Sans ignorer certains progrès, les statistiques actuelles sont parlantes. Mais loin des statistiques, il y a un problème de fond : l’ignorance volontaire et une résistance à confronter la réalité (ou l’excusant au nom de l’inévitable, la « nature ») et à embrasser de vrais changements. Les hommes ne veulent pas abandonner un statut qui semblerait privilégié (mais qui ne correspond pas forcément aux vrais besoins humains), et les femmes, largement dépendantes de la volonté des hommes, ont peur des conséquences (économiques, sociales, etc.) du fait de réfléchir, encore plus d’agir…
Le Champ des Lettres emploie le féminin universel. C’est à dire, le féminin l’emporte grammaticalement. C’est une expérience, un choix esthétique aussi bien que militant, plus qu’un dogme militant. Nous voulons qu’il existe au moins un lieu sur terre où la langue française donne priorité aux femmes. C’est pourquoi nous exigeons de nos contributrices (terme qui regroupe aussi les contributeurs) d’écrire au féminin universel. Ça signifie que les termes féminins regroupent tous les sexes, mais aussi que nous n’avons pas besoin de préciser « des femmes », et encore moins  « de la femme », parce que c’est toujours implicitement ici le cas. « Elles » inclut « ils », dans l’amalgame humain.
La distribution de cette revue est un effort collectif entre des contributrices du monde entier. C’est pourquoi nous exigeons une souscription au moment de l’acceptation de votre proposition, pour l’achat de 10 exemplaires au prix d’autrice (remise de 30 pour cent), que vous pouvez distribuer comme vous voulez. Nous vous conseillons vivement de lire les numéros 1 et 2 du Champ des Lettres, que vous pouvez commander sur notre site : www.citedesdames.com (ou acheter chez Violette and co à Paris), avant de nous envoyer votre proposition.
Nous publions des articles, des traductions vers le français, et des créations littéraires. Toutes doivent être inédites (au moins depuis 100 ans) y compris sur le web, et axées sur la littérature dans une perspective de féminin universel. Merci de nous transmettre d’abord 2-3 pages résumant votre proposition, qui peuvent inclure des extraits : citedesdames@gmail.com
Pour le 21 décembre

Responsable : Cité des Dames

Url de référence :
http://www.citedesdames.com

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Parution – Sexualities
Sexualities, august 2011, vol. 14, n°4
Powerful cultural productions: Identity politics in diasporic same-sex South Asian weddings
Faris A Khan

 

Coming out for Parents, Families and Friends of Lesbians and Gays: From support group grieving to love advocacy
KL Broad

 

Battling a ‘sex-saturated society’: The abstinence movement and the politics of sex education
Jean Calterone Williams

 

Crisis and safety: The asexual in sexusociety
Ela Przybylo

 

There’s more to life than sex? Difference and commonality within the asexual community
Mark Carrigan

 

Asexuality in disability narratives
Eunjung Kim

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Parution – Dementia

Dementia, aout 2011, vol. 10, n°3
Dignity in dementia: A personal view
Kath Morgan

‘Early days’: Knowledge and use of the Mental Capacity Act 2005 by care home managers and staff
Jill Manthorpe, Kritika Samsi, Hazel Heath, and Nigel Charles

Managing dementia agitation in residential aged care
John W. Bidewell and Esther Chang

How family carers view hospital discharge planning for the older person with a dementia
Michael Bauer, Les Fitzgerald, Susan Koch, and Susan King

Living through end-stage dementia: The experiences and expressed needs of family carers
Chris Shanley, Cherry Russell, Heather Middleton, and Virginia Simpson-Young

‘Oh he was forgettable’: Construction of self identity through use of communicative coping behaviors in the discourse of persons with cognitive impairment
Pamela A. Saunders, Kate de Medeiros, and Ashley Bartell

‘That’s me, the Goother’: Evaluation of a program for individuals with early-onset dementia
Jennifer M. Kinney, Cary S. Kart, and Luann Reddecliff

I’m still the same person: The impact of early-stage dementia on identity
Lisa S. Caddell and Linda Clare

What’s so big about the ‘little things’: A phenomenological inquiry into the meaning of spiritual care in dementia
Tracy J. Carr, Sandee Hicks-Moore, and Phyllis Montgomery

StoryCorps’ Memory Loss Initiative: Enhancing personhood for storytellers with memory loss
Marie Y. Savundranayagam, Lorna J. Dilley, and Anne Basting

A psycho-educational intervention focused on communication for caregivers of a family member in the early stage of Alzheimer’s disease: Results of an experimental study
Krystyna Klodnicka Kouri, Francine C. Ducharme, and Francine Giroux

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Appel à contribution – Health and Healing in Early Medieval Medicine: Influences, Theory and Practices

 

47th International Congress on Medieval Studies at Kalamazoo, Michigan, 10-13 May 2012

Co-sponsors: Medica: the Society for the Study of Healing in the Middle Ages and The Heroic Age: A Journal of Early Medieval Northwestern Europe

This interdisciplinary session will explore all aspects of the health and healing in Europe and the Mediterranean world from approximately 400 to 1100 AD. We are open to all ways of measuring health and welfare from archaeology to psychology and literature. Diseases, concepts of healing, and the responses of early medieval populations to disease are of special interest.

We are seeking papers on any of the following topics:

– All aspects of early medieval health including (mal)nutrition, child mortality, aging, health beliefs, and health practices.

– All aspects of the Plague of Justinian and other infectious diseases

– Bioarchaeology of early medieval populations.

– All aspects of early medieval medical practice in art, literature, history, and archaeology.

Abstracts of no more than 300 words and the Participant Information Form should be sent to Michelle Ziegler at ZieglerM@slu.edu by September 15th.

The Participant Information Form and additional information be found at
http://www.wmich.edu/medieval/congress/submissions/index.html.

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Appel à contribution – Noble Suffering : Representations of the Experience of Pain

Sponsor: Medica: The Society for the Study of Healing in the Middle Ages

This session will examine the redemptive potential for pain and suffering as evidenced in the material and literary culture of medieval Europe. We invite proposals that investigate portrayals of both emotional and physical suffering in religious and secular art and literature. Speakers are encouraged to explore representations of redemptive pain as expressed in images, objects, and texts from a broad range of perspectives, from saint to sinner, romantic hero to base criminal.

Possible topics include:

Images of pain in religious art and texts, such as renditions of scripture, the lives of the saints, etc.

Representations of pain in literature, such as romance, drama, fabliaux,etc.

Images and treatment of pain in medical texts

Associations of pain and suffering with specific diseases, such as leprosy

Pain and suffering in secular punishment

Please send abstracts of no more than 300 words and a completed Participant Information Form (PIF) by e-mail to Linda Migl Keyser(keyserl@georgetown.edu) by *15 September 2011*.

Additional information for applicants and the PIF are available at http://www.wmich.edu/medieval/congress/submissions/index.html.

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Colloque – Le déni de grossesse. Regards croisés

 

L’Association Française pour la Reconnaissance du Déni de Grossesse organise son 3ème colloque transdisciplinaire. « Regards croisés sur le Déni de Grossesse » les 24 & 25 novembre 2011 à l’Université de Paris Est Créteil Val de Marne. Sous le haut patronage de Madame la Secrétaire d’Etat en charge de la Santé

Pré programme du colloque

24 & 25 NOVEMBRE 2011
UPEC – Université Paris Est Créteil Val de Marne

Jeudi 24 novembre 2011

8 heures : Accueil des participants, café de bienvenue.
9 heures: Ouverture officielle
Madame la Présidente de l’UPEC, Madame la représentante de la Secrétaire d’Etat en charge de la Santé, Madame la représentante de l’AFRDG
9 h 30 -13 heures Première session : « Déni de grossesse, état des lieux »
Président de séance : Dr Bernard Lelu, Médecin directeur des universités, UPEC

Première partie 9 h 30 à 10 h 45 :
Prof. Christoph Brézinka, professeur à la maternité universitaire et directeur de l’école de sages-femmes d’Innsbruck :
Introduction au déni de grossesse (Conférence en Français)
Privat-Dozent Dr Jens Wessel, gynécologue-sexologue, Berlin :
Epidémiologie du déni de grossesse : prise en compte des données maternelles et néonatales de l’étude prospective de Berlin (Conférence en Allemand, traduction en Français)

10 h. 45 à 11 heures 15 : Pause – café

Deuxième partie : 11 h 15 à 13 heures
Dr Jacques Dayan, pédo-psychiatre, CHU de Caen :
Approches théoriques du déni de grossesse
Dr Emmanuelle Godeau, médecin de santé publique, anthropologue INSERM U 1027, Toulouse :
Déni de grossesse chez l’adolescente
Dr Félix Navarro, médecin de santé publique, AFRDG
Dénis de grossesse à répétition

13 h à 14 h 30 – Pause méridienne. Repas libre
14 h 30 à 15 h 30  Deuxième session : « Elles accouchent et ne sont pas enceintes »
Président de séance : Dr Noé Guétari, Psychiatre, sexologue, clinique de Castelviel
Sophie Marinopoulos, psychanalyste, maternité du CHU de Nantes
Regards croisés : le point de vue de la psychanalyste
Prof. Israël Nisand, professeur de médecine, chef du département de gynécologie-obstétrique du CHU de Strasbourg, membre du Haut conseil de la population et de la famille.
Regards croisés : le point de vue de l’obstétricien

ATELIERS :
15 h 30 à 17 h 30
Vendredi 25 novembre 2011

8 heures : Accueil des participants, café de bienvenue.
8 heures 30 -10 heures 45 Troisième session : « Déni de grossesse et Justice »
Président de séance : Prof. Jacques Fortin, pédiatre, professeur de sciences de l’éducation, Lille
M. Jean-François Jonckheere, Président de la Cour d’assises de la province du Hainaut
Une appréhension du déni de grossesse par la justice belge
M. Yves-Hiram Haesevoets, psychologue clinicien, maître assistant des Hautes Ecoles, chercheur indépendant à l’Université libre de Bruxelles, expert près les tribunaux
Expertise d’un enfant du déni de grossesse
Prof. Michel Delcroix, ancien professeur de gynécologie-obstétrique, président de l’APPRI maternité sans tabac, expert judiciaire près la Cour d’appel de Douai
L’apport de l’obstétricien à l’expertise du déni de grossesse
Dr Oguz Omay, psychiatre, Consultation de Psychiatrie Périnatale, La Teppe, Tain l’Hermitage (26)
Un suivi inattendu

10 h 45 à 11 heures : Pause – café
11 heures -13 heures Quatrième session : « Prendre soin »
Présidente de séance : Dr Nelly Dequidt, médecin de santé publique, gynécologue, Agence régionale de santé de Lorraine
Dr Michel Libert, pédo-psychiatre, chef de service CMP, Lille
Comment accompagner un déni ?
Hélène Romano, docteur en psychopathologie  psychothérapeute référente de la consultation de psychotraumatisme du CHU Henri Mondor
Prendre soin en urgence
Marie-Renée Saioni, psychologue clinicienne, maternité du CHU de Clermont-Ferrand
Prendre soin en maternité
Isabelle Jordana, cadre de santé, AFRDG
Prendre soin… longtemps après

13 heures à 14 h 30 – Pause méridienne. Repas libre
14 h 30 -16 h 30 Cinquième session : « Déni de grossesse et société »

Président de séance : Prof. Jaime Sieres, professeur honoraire d’éducation pour la santé, université de Valencia
Marika Moisseeff, psychiatre ethnologue, chercheur CNRS rattaché au laboratoire d’anthropologie sociale du Collège de France
Un point de vue décalé…les représentations occidentales contemporaine de la grossesse
Lorraine Rossignol, journaliste, Paris
Médias et déni de grossesse
Dr Gérard Charles, psychiatre, anthropologue, Ministère de la justice (Bruxelles)
Public et déni de grossesse

16 h 30 :
Clôture du colloque en quelques mots Dr Félix Navarro, Président de l’AFRDG
Comité d’organisation :

Dr Félix Navarro, Président AFRDG,
Dr Noé Guetari relation professionnels de santé,
Isabelle Hamelain attachée de presse,
Pierre Aymard chargé de mission,
Jean-Marc Gorse logistique,
Sébastien Delorge, trésorerie,
Isabelle Jordana relation adhérentes,
Nicolas Duquenne webmestre du site de l’AFRDG,
Julie Bernad interprétariat,
Léona Pistre accueil collectivités
Stéphanie accueil individuel,
Nathalie Cambillau organisation ateliers,
Nathalie Gomez secrétariat général du colloque.

lien : http://www.afrdg.info/IMG/pdf/colloque_Def_pre programme_et_formulaire_d_inscription.pdf

Contact
Nathalie Gomez
courriel : ngomez (at) afrdg [point] info

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Colloque – Le cerveau chimique: clinique, recherche et psychotropes

 

Les 1 et 2 décembre 2011 à Lausanne aura lieu la 4ème édition de Mind the Brain autour de la thématique: « Le cerveau chimique: clinique, recherche et psychotropes. »

Nous vous faisons parvenir la pré-annonce pour ce colloque qui vise à réunir des clinicien.ne.s, spécialistes en sciences humaines et sociales et des neuroscientifiques pour questionner les enjeux liés au développement des «nouvelles sciences du cerveau ».

Ce colloque est gratuit mais une inscription est nécessaire. Vous pouvez déjà vous pré-inscrire à l’adresse suivante: hist.med@chuv.ch

Nous vous tiendrons au courant du programme définitif.

Télécharger le pré-programme (pdf)

 

 



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Appel à contribution – Corporéité

Vendredi 09 septembre 2011  |  Louvain-la-Neuve (Belgique)

Les historiens du genre et de la sexualité savent combien la question du corps compte dans leur discipline. Mais dans quelle mesure ? Comment la chair peut-elle s’incarner dans l’écriture de l’histoire ? Assiste-t-on actuellement au retour d’une approche essentialiste, anhistorique, naturaliste dans le champ de l’histoire du genre ? Nous aborderons ces questions au cours de trois master-classes et d’une journée d’études organisées en Belgique (automne 2011 – printemps 2012).

ANNONCE

Le Forum pour la recherche belge en histoire des femmes, du genre et de la sexualité présente:

Corporealism / Corporéité: 3 master-classes & une journée d’études (Belgique, automne 2011-printemps 2012)

Un quart de siècle après la parution de The Making of the Modern Body, dirigé par Thomas Laqueur et Catherine Gallagher, les historiens du genre et de la sexualité savent bien que la question du corps compte dans leur discipline. Mais dans quelle mesure ? Les historiens ont écrit sur « la fabrique » des corps, leur disciplinarisation, sur « l’invention » du sexe et de la race, sur la « normalisation » médicale des corps sains, sur le corps fasciste, ou encore le corps « queer » qui refuse de s’assujettir aux discours normatifs. Cependant, une critique récurrente souligne le fait que les études sur le corps occultent la dimension sensorielle, tangible, matérielle de l’expérience corporelle, au profit d’une analyse vaporeuse des discours et du langage corporels. Dans cette critique d’une histoire culturaliste du corps, l’influence de Foucault et des intellectuels postmodernes est souvent pointée du doigt. On stigmatise avec facilité le « tournant linguistique », le poids de l’analyse des représentations dans l’historiographie et la domination des théories culturelles dans l’approche du genre. Cet appel à une histoire plus somatique du corps, à une approche de la corporéité concrète trahit-il un désir de dépasser le tournant linguistique, au risque d’en nier les apports ? Finalement, assiste-t-on au retour d’une approche essentialiste, anhistorique, naturaliste dans le champ de l’histoire du genre ? Comment la chair peut-elle s’incarner dans l’écriture de l’histoire ?

Nous aborderons ces questions au cours de trois master-classes et d’une journée d’études:

Master-class #1 ‘Gender & expertise’ – Université catholique de Louvain, 3 octobre 2011

Conférencière invitée : Ludivine Bantigny (Université de Rouen)

Organisé par David Niget et Aurore François (CHDK-UCL), Kaat Wils (Cultural History-KULeuven), Wannes Dupont (Political History-UA) et le Groupe de contact FNRS

Master-class #2 ‘Politics of embodiment’ – Universiteit Gent, 22 novembre 2011

Conférencière invitée : Mieke Aerts (Universiteit van Amsterdam)

Organisé par Julie Carlier (Ugent), Henk de Smaele (UA), Mathieu Vanhaelewyn (UA)

Master-class #3 ‘History of emotions’ – Katholieke Universiteit Leuven, Mars 2012 (date à confirmer)

Conférencière invitée : Monique Scheer (Research centre for ‘The History of Emotions’, Max Planck Institute for Human Development, Berlin)

Organisé par Tine Van Osselaer, Josephine Hoegaerts, Jan Bleyen (KULeuven)

Journée d’études : AVG-Carhif (Bruxelles), printemps 2012

Appel à communication Master-class #1 ‘Gender & expertise’ (UCL, 3/10/2011)

Conférencière invitée: Ludivine Bantigny (Université de Rouen)

Langues : Français et Anglais

Organisé par David Niget (CHDJ-UCL), Aurore François (CHDK-UCL), Kaat Wils (Cultural History-KULeuven), Wannes Dupont (Political History-UA) et le Groupe de contact FNRS “Sources et méthodes pour l’histoire du contrôle social du Moyen-Age à nos jours : déviance, maintien de l’ordre et régulation sociale” (resp. Xavier Rousseaux)

Programme: conférence par Ludivine Bantigny, suivie des réflexions des organisateurs de la session et d’une discussion (AM); présentation des papers (15 à 20 min./paper) et discussion (PM).

A la jonction entre l’expérience corporelle et les représentations du corps, l’expertise organise un savoir, dont la légitimité relève de l’articulation entre observation du corps et étiologie des symptômes corporels. Historiquement, l’expert est d’abord à l’affut des traces corporelles, comme médecin légiste. Il est hygiéniste au XIXe siècle, artisan de la fabrique des corps vigoureux. Il est aussi l’arpenteur des corps, dans la grande entreprise de biométrie à laquelle se livrent les Etats modernes. Psychiatre, l’expert devient celui qui relie corps et psychisme, où les stigmates trahissent les perversions. Comme psychologue, il reste attaché à la corporéité, et notamment aux représentations de soi. Dans le répertoire de la sexualité, l’expertise oppose le corps reproducteur et le corps jouisseur et opère une réification du corps genré. Enfin, de l’individu à la population, l’expert, démographe, sociologue ou économiste, contribue à la fabrique d’un corps collectif, corps social, corps national, corps de travailleurs ou de consommateurs. La catégorie de « jeunesse », notamment, est tributaire du discours expert, et le corps juvénile devient accessible à une science des populations, qu’il s’agisse de le concevoir à travers des politiques hygiénistes ou eugénistes, de le classer selon un agencement des âges, d’en réguler la sexualité, de dépister ses handicaps, d’exploiter son potentiel industriel ou guerrier. Ainsi, De nombreuses voies peuvent être explorées sous cette entrée : de l’histoire de la médecine (inspections médicales scolaires, infirmières visiteuses…), à l’histoire de l’invalidité (invalides de guerre, histoire de la vieillesse…), de la rationalisation du travail (accidents industriels, ergonomie, ‘science du bureau’…) à l’histoire des sports et loisirs. Aux assignations de l’expertise, les individus opposent des stratégies dont le corps est un enjeu, un terrain de lutte biopolitique, un organe de subversion des codes et des normes, mais aussi, un site de négociation et de coopération produisant un « effet de boucle » (I. Hacking) sur les catégories de l’expertise. Finalement, comment s’articulent expérience sensible du corps et processus d’incorporation d’habitus sociaux, à travers l’action de l’expertise ? Peut-on percevoir, dans les archives, cette « microphysique du pouvoir » (Foucault) ? Et comment, pour l’historien, accéder à cette archive du corps produite par l’expert ?

Les communications pourraient également aborder des questions comme : la variété des experts, de leurs champs et leurs compétences singulières; les analyses concrètes des processus de subjectivation; des exemples, tirés des archives, des conditions de mise en pratique des discours experts ; des exemples de pratiques et procédures particulières qui nourrissent, en retour, les savoirs experts; les échanges asymétriques dans des formes d’expertise; ou des formes moins asymétriques et plus collaboratives d’interactions.

Informations pratiques

Les propositions de communication (FR ou EN) doivent contenir les informations suivantes : nom et prénom, université, fonction, court CV avec e-mail, titre du paper, résumé de 250 à 500 mots. Adresse de contact pour propositions de communication et informations : avg.carhif@amazone.be. Site web: www.avg-carhif.be

Deadline: 9 septembre 2011.

Session organisée en collaboration avec le Centre d’Archives pour l’Histoire des Femmes (Carhif) – Bruxelles

Contact
Forum pour la Recherche belge en Histoire des Femmes, du Genre et de la Sexualité (c/o Carhif)
courriel : avg [point] carhif (at) amazone [point] be

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Appel à communications – Corps dans l’espace. Espaces du corps. Interagir dans/avec le monde

Colloque international bilingue (français & anglais)

Université de Tallinn (Estonie) en collaboration avec les Universités de Helsinki et de Oulu (Finlande)

Les 25-26 novembre 2011

Date limite d’envoi des propositions : le 10 Septembre 2011

C’est par l’intermédiaire du corps que l’homme existe et qu’il peut entrer en relation avec le monde, les autres et l’espace, prendre place au sein d’un groupe social, engager des processus d’identification, de représentation, de mise en valeur de soi, etc. C’est pourquoi la thématique du corps suscite depuis longtemps un intérêt de plus en plus grand dans la pensée collective et a vu proliférer, ces dernières années, des recherches menées aussi bien dans les sciences exactes (clonage, insémination artificielle, prothèse, santé et prolongement de la vie) et dans les sciences humaines et sociales (identité, altérité, interaction, consommation, éthique, etc.) que dans la mise en regard des deux autour de thèmes transversaux. De fait, l’univers du corps possède des connotations qui peuvent être très variées selon le point de vue qu’on adopte pour l’étudier (psychothérapie, anthropologie, philosophie, religion, biologie, sociologie, sémiotique, pour ne citer que quelques domaines).
Quoi qu’il en soit, le corps ne peut pas être extrapolé du contexte social et culturel où il se situe et à partir duquel il est perçu, ni de l’évolution historique de sa conceptualisation et sa perception. On sait très bien que les perceptions du corps physique sont fortement influencées par les expériences vécues à l’intérieur d’un corps social et culturel donné (par exemple, Douglas). De ce point de vue, le corps peut être pensé comme une frontière (social skin de Turner ou moi-peau de Anzieu, etc.) entre deux autres entités ‘plus amples’ qui sont l’individu (et son identité) et l’espace dans lequel il s’inscrit et avec lequel il interagit. Pour le dire avec Le Breton « toute relation de l’homme au monde implique la médiation du corps ». Sémiotiquement parlant, on peut dire qu’espace et corps (ou monde et sujet, leurs alter ego consubstantiels) ne sont pas des entités déjà données en soi, séparément l’une de l’autre : elles ne se définissent et ne sont susceptibles d’interprétation sinon à travers leur interaction, leur mise en relation. D’une part, les corps s’inscrivent dans l’espace et participent à sa construction (en le dessinant, le délinéant, le découpant, ou voulant s`effacer, etc.) ; de l’autre, le dispositif même de l’espace se manifeste en termes d’adjuvant ou d’opposant aux intentions de mouvement et d’existence des corps (par des cloisonnements, des bifurcations, des objets interposés, des trajectoires imposées, des seuils à franchir ou à éviter et, en somme, des ‘manipulations’ de toutes sortes). Compte tenu des changements significatifs dans le tissu social dus aux apports de nouvelles technologies (technologies de communication, médicales, etc.), on observe de nouvelles configurations de corps et espaces en train de naître, particulièrement intéressantes à observer et étudier. C’est pourquoi, dans ce colloque, nous nous proposons de revenir à la relation primaire qui s’établit entre le corps et l’espace et de penser le corps comme étant l’intermédiaire de deux types de spatialité possible : (i) les corps comme entités du monde ‘situées’ dans l’espace ; (ii) les ‘espaces’ intrinsèques du corps lui-même.

(i) Les corps comme entités du monde ‘situées’ dans l’espace
Du point de vue de l’inscription du corps dans l’espace, plusieurs directions de recherche peuvent être envisagées. Nous en citons quelques unes sans vouloir donner des priorités ni être exhaustifs : 1) le corps comme objet qui exerce un pouvoir sur l’espace (en le cloisonnant, le délimitant, le délinéant, lui donnant une orientation, en en extrapolant les élément retenus essentiels et nécessaires, bref en le ‘narrativisant’ et en lui donnant un sens (cf. par exemple les corps dans les mondes virtuels) ; 2) le corps vu ou décrit comme s’il était un paysage ou le paysage vu ou décrit comme s’il était un corps ; 3) le corps comme moyen de communication avec le monde (le corps artistique, le corps qui danse, le corps exposé au regard, le corps dans la publicité, etc.) ; 4) le corps comme réservoir infini de représentations, de signes et de symboles interprétables suivant les sociétés et les époques de référence ; 5) le corps comme moyen de perception de l’espace ; 6) les rapports entre l’espace visuel, l’espace perçu et l’espace vécu par le corps ; 7) la distinction et l’interaction entre une spatialité de position (le lieu, l’entendue, la localisation du corps dans l’espace) et une spatialité de situation (engagement du corps dans l’action) ; 8) le corps comme élément d’ensemble qui se donne en tant que figure de seuil (de frontière, de barrière, d’interposition) par rapport à l’espace ; etc.

(ii) les ‘espaces’ intrinsèques du corps lui-même
Le corps peut être vu et perçu lui-même comme un espace intégral ou que l’on peut découper en des parties pouvant acquérir une fonction métonymique (ayant un rapport de contiguïté étroite avec quelque entité qui caractérise son propriétaire) ou métaphorique (par exemple, l’écrivain est, avant tout, une tête qui pense, qui imagine, qui réfléchit). De ce point de vue, on peut proposer d’autres pistes de recherche, encore une fois sans les saturer : 1) le corps comme élément de perception objectivée ou subjectivée de son propre ‘Moi’ (comme, par exemple, dans le cas de la maladie, dans laquelle une partie du corps devient un véritable espace en soi, un espace ‘autre’) ; 2) le corps comme espace qu’on peut façonner à son gré par des manipulations corporelles de toutes sortes (piercings, tatouages, chirurgie esthétique, scarification, implant corporel, etc.) lesquelles peuvent avoir une fonction esthétique prédominante mais aussi donner lieu aux réinterprétations postmodernes ; 3) le corps comme siège d’une mémoire sensorielle (comme le corps torturé des camps de concentration, lequel garde inscrit à jamais la souffrance qu’autrement la mémoire risquerait de perdre) ; 4) le corps comme espace d’interface par rapport à d’autres espaces (corps malade dans un hôpital, corps réduit à ses fonctions organiques dans les camps de concentration, etc.) ; 5) le corps conçu comme forme de construction architectonique (body building, etc.) ou décrit comme matériel de construction (un « coeur de pierre », un « visage impénétrable », des « jambes molles », etc.) ; 6) le corps comme espace d’observation de l’extérieur (corps montré ou caché, exposé, déformé, etc.) et qu’on peut lire et interpréter symboliquement (corps religieux, corps mortifié, martyrisé ou, au contraire, exalté, hyper-valorisé, etc.) ; etc.

De toute évidence, les deux dimensions ne peuvent pas être complètement séparées l’une de l’autre de la même manière que le corps construit par l´expérience ne peut pas être séparé du corps physiologique. Les thématiques transversales comme présence/absence ; mobilité/statisme ; visio-spatial ; phénoménologique ; physique/virtuel ; subjectif/objectif, etc. ouvrent des pistes extrêmement riches que nous invitons à explorer.
Etant donné l’ampleur de la thématique, ce colloque est conçu comme un lieu de rencontres et de discussions interdisciplinaires. Les participants sont invités à laisser interagir librement les perspectives et les pistes de recherche proposées avec les méthodologies et les instruments qu’ils considèrent comme les plus adéquats à leurs fins. On invite ainsi les participants à utiliser des modèles d’analyse et des réflexions qui proviennent de disciplines aussi différentes que l’anthropologie du corps, la sociologie, la linguistique, la psychosomatique, la philosophie, la biologie, la sémiotique textuelle et la sémiotique de la culture (entre autres).

Organisation :
L’Institut des Langues et Cultures Germaniques et Romanes de l’Université de Tallinn en collaboration avec les Universités de Helsinki et de Oulu.

Comité d’organisation :
Sabine Kraenker (Université de Helsinki)
Aleksandra Ljalikova (Université de Tallinn)
Xavier Martin (Université de Oulu)
Licia Taverna (Université de Tallinn)

Comité scientifique:
Bernard Andrieu (Université Henri Poincaré – Nancy Université)
David Le Breton (Université de Strasbourg)
Fred Dervin (Universités de Turku, de Eastern Finlande et de Helsinki)
Stefano Montes (Universités de Tallinn et de Palerme)
Ulla Tuomarla (Université de Helsinki)

Informations pratiques :
Date limite de soumission des propositions : 10 septembre 2011
Résumé de la proposition : 250-300 mots.
Langues de travail : français et anglais.
Durée des communications : 30 minutes (20 minutes + 10 minutes pour les questions)
Publication : un recueil thématique est prévu en 2012 suite à une évaluation anonyme (peer-review) effectuée par un comité scientifique international.

Frais d’inscription :
01.07-01.10 – early bird registration 50 eur ; étudiants, doctorants 30 eur
Après le 01.10- inscription 70 eur ; étudiants, doctorants 50 eur

L’inscription et la soumission des propositions de communication se fait en ligne : www.tlu.ee/colloque2011

Contact :
Aleksandra Ljalikova (alexa@tlu.ee) et Licia Taverna (licia.taverna@tiscalinet.it)

Questions pratiques (inscriptions, attestations, informations pratiques, etc.) :
Heidi Võsu-Tatter (colloque2011@tlu.ee)

Site de référence :
www.tlu.ee/colloque2011

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Appel à communications – Le corps empoisonné. Pratiques, savoirs et imaginaire de l’Antiquité à nos jours

 

Poitiers, les 3, 4 et 5 octobre 2012

De l’Antiquité à nos jours, le corps empoisonné a toujours été enveloppé de mystères qui plongent, plus encore que les autres actes criminels et accidentels, l’historien, l’enquêteur, le médecin, parfois même la victime et ses proches, les contemporains comme les observateurs postérieurs dans une perplexité peu commune. Le poison est par essence une arme de la discrétion pour qui veut se défaire d’un ennemi ou d’un concurrent dans la sphère publique comme privée ; ses effets à retardement et ambigus dans leurs manifestations (fatigue, douleurs, symptômes qui renvoient autant à la maladie qu’à l’acte criminel) jouent aussi en faveur de qui veut éveiller les soupçons sur un entourage dont il craint la malveillance et sur lequel il veut attirer l’attention. En effet, l’imaginaire du poison renvoie immanquablement à la ruse, à la lâcheté, au complot et à la trahison, mais aussi au faible : arme de l’ombre elle vient à bout de celui qu’on ne peut atteindre et terrasser directement parce que son statut le protège, sa puissance effraie, parce qu’il est si proche que le risque d’être démasqué est trop grand.

Première séance – Soupçons et certitudes

Le poison crée le doute et le doute autorise la supposition pour expliquer les états de malaise, des disparitions suspectes, des mortalités inattendues et exceptionnelles, des stigmates spectaculaires. Bien entendu, les outils du scientifique, la connaissance ancestrale des fabrications et des capacités vénéneuses de nombreuses plantes et autres substances, les capacités médicales à identifier les effets secondaires de l’empoisonnement depuis la plus haute Antiquité ont permis souvent de passer du soupçon de l’empoisonnement à la certitude de faits prouvés après qu’ils aient été dénoncés, confortés par des témoignages et mis au jour dans le cadre d’enquêtes. Cependant, ce processus total n’est pas toujours réalisable et il ne conduit pas toujours à une réponse claire : la pratique d’autopsies invasives, inconnues en occident avant les derniers siècles du Moyen Âge, et les aveux obtenus dans le cadre d’investigations sont souvent les seuls moyens d’aboutir à la certitude sans faille. Les sources relatant des cas d’empoisonnements (historiographiques, littéraires, judiciaires), les accusations et les craintes d’avoir été empoisonné qui émaillent les correspondances, les rumeurs qui traversent les récits (biographies, histoires, chroniques), pour ne citer que quelques exemples, ne reflètent souvent que la crainte que le poison suscite dans une opinion, un groupe identitaire, une société ou un temps. Les accusations d’empoisonnement, comme le fantasme du poison qui fait naître des soupçons envers certaines catégories de personnes, qui conduit à une prudence déraisonnée et à voir sa trace partout sont aussi dignes d’intérêt pour le chercheur en sciences humaines et sociales que les empoisonnements avérés.

Il s’agit donc non pas de démêler le vrai du faux pour dénoncer quelques légendes d’empoisonnements, mais bien d’attirer l’attention sur les raisons inscrites dans les corps qui font naître de façon spécifique et à une période donnée les soupçons d’empoisonnement, à comprendre les ressorts qui les sous-tendent et à saisir les mécanismes qui conduisent de l’hypothèse à la certitude de l’action du venin.

Deuxième séance – Les lieux et les moments

Près du lit, à proximité de la cuisine, à côté du salon, voire dans le cabinet du médecin, les lieux où du poison est versé ou bien des substances toxiques avalées, donnent le sentiment d’être des plus variés. Malgré tout, ils semblent appartenir, dans la majorité des cas, à l’espace intime. Certes empoisonneurs et empoisonneuses peuvent choisir des espaces publics comme des auberges ou des cabarets, des lieux plus retirés comme les couloirs d’un palais, mais le plus souvent se sont bien des antichambres, des salles à manger, voir la chambre de celui qui est tombé subitement malade. Les lieux ce sont donc les espaces où les substances délétères et funestes sont préparées, achetées, échangées. Ce sont aussi les endroits où les victimes agonisent et trouvent la mort. Ce sont encore les espaces où les cadavres sont examinés, parfois longuement, d’autres fois furtivement.

Pour comprendre l’histoire des empoisonnements, il convient de s’intéresser précisément au passage à l’acte. En effet, si certains crimes peuvent être spontanés, s’inscrire dans l’instant, il n’en est pas de même de l’empoisonnement qui, dans l’imaginaire collectif et dans les pratiques, relève de la préméditation. Les intoxications criminelles nécessitent de choisir un moment particulier, de détourner l’attention et souvent requiert la réitération du geste. Juste avant les repas, au lever, ou bien juste avant de s’endormir semblent constituer des instants privilégiés. Pour s’en assurer, il importera de croiser les sources et d’examiner le phénomène dans la longue durée.

Troisième séance. Les gestes, les objets et les substances

Verser avec régularité de l’arsenic dans la tisane du soir, vider le contenu mortifère d’une bague dans un met raffiné, dissimuler de la mort-aux-rats dans le poulet du dimanche, les gestes, les objets et les substances caractérisent immanquablement celui ou celle qui commet le forfait. Arsenic ou venin, strychnine ou champignons, cocktail médicamenteux ou cigüe, les matières qui vont entrainer la mort ne sont pas indifférentes car cela va déterminer leur action sur le corps. Commune et recherchée, provoquant une mort foudroyante ou alors dans d’innommables souffrances : du choix de la substance dépend l’acte.

C’est le geste qui détermine l’action et celui-ci n’a rien d’anodin. Car une gradation existe entre l’injection par piqure d’une dose mortelle par un malfrat qui élimine un complice et une ration versée quotidiennement dans les mets préparés par une ménagère consciencieuse pour occire son mari. Absorbé dans un plat ou noyé dans une boisson, dissimule dans le chaton une bague ou ingurgité sous forme de médication ou encore apposé dans un vêtement, les gestes qui déterminent l’intention sont autant d’indices de la proximité avec le corps de celui qu’on souhaite supprimer, de sa familiarité aussi. Mais assurément les gestes, les objets comme les substances vont atteindre l’intégrité corporelle avec plus ou moins de sauvagerie et de cruauté ; ils déterminent aussi le genre, le sexe, le statut social et économique mais aussi motivent l’intention comme la préméditation.

Quatrième séance- Les ressorts et les effets

Saisir et comprendre le crime d’empoisonnement impose de restituer les mentalités et l’atmosphère d’une époque. Il s’agit de s’interroger sur ce qui rend possible le crime, de suivre les logiques du geste, de se demander pourquoi des hommes et des femmes décident de se débarrasser d’un mari, d’une maîtresse, d’un rival, d’un supérieur, d’un « gêneur » en usant d’une arme considérée pendant longtemps comme indécelable. Certains crimes d’empoisonnement ont presque été aussitôt oubliés, d’autres sont passés à la postérité et ont bénéficié d’un effet mémoriel certain.

Des crimes de ce type ont donné lieu à une importante production discursive, mais aussi à des savoirs neufs. Légendes, poèmes, complaintes, romans, dramatiques, films lui ont donné une dimension nouvelle. Toutefois, ils ont aussi suscité des peurs et des paniques. Des hommes et des femmes du passé ont ainsi été saisi d’effroi à l’idée de périe en ayant ingurgité une « substance maléfique », pour autant le début du XIXe siècle voit naître une science nouvelle : la « toxicologie ». Dorénavant les batailles d’experts prennent un relief singulier tandis que la peur des « poisons invisibles » reste importante. Le corps est tantôt « âcre, chaud, brulant », tantôt « insensible et immobile ».

Colloque organisé par le CESCM (UMR 6223), le CRHIAM (Gerhico-Cerhilim) (EA 4270), HeRMA (EA 3811) et la MSHS, avec le soutien du Conseil scientifique de l’Université de Poitiers.

●Les propositions de communications (entre 1500 et 3000 signes) sont à envoyer avant le 7 octobre 2011 simultanément aux trois organisateurs dont les courriels suivent :

lydie.bodiou@wanadoo.fr

chauvaud.frederic@wanadoo.fr

myriam.soria@univ-poitiers.fr

● Les organisateurs vous préciseront le 7 novembre 2011 les communications retenues.

● Les frais d’inscription sont de 100 euros (à établir à l’ordre de l’agent comptable de l’Université de Poitiers)

● L’organisation du colloque prend en charge les nuitées, les transports (à l’intérieur de l’espace franco-français) et les repas.

● Les actes du colloque seront publiés sous la forme d’un véritable livre aux éditions Garnier.


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