Que ressentiriez-vous si, durant toute votre vie, vous aviez été qualifié de beauf en raison de votre ascendance ou de votre milieu social ? Comment vous seriez-vous construit, notamment durant l’adolescence ? Ces deux questions ne sont pas si rhétoriques car c’est le cas des « cholos » au Pérou ainsi qu’en Bolivie. Malgré le mépris qu’ils continuent de subir jusqu’à aujourd’hui, nous voyons émerger un discours propre auxdits « cholos », discours qui renverse les stigmates et revendique la « cholité ». Grâce aux chapitres « Fetichismo Tardio » et « The new sexy » de l’essai No soy tu cholo de Marco Avilés, nous chercherons à mesurer les enjeux de la construction et déconstruction de l’identité « chola ». Être « cholo » est mal vu mais comment renverser les stéréotypes et embrasser cette identité pour en faire un nouveau site d’identification positive ?
Catégorie : Nouvel’ère en Ibero-amérique
Au cœur de l’Amérique du Sud, dans un pays de contrastes et de diversité culturelle, une révolution silencieuse est en cours. Le pays du carnaval, du football et de la samba est en train de devenir le bastion de la pratique fervente de l’évangélisme. Cette ascension extraordinaire des évangéliques a une influence incontestable sur la scène sociale et politique brésilienne. Cela est particulièrement prégnant dans les discours de l’ancien président Jair Bolsonaro. Analyser cette révolution en cours permet d’approcher la redéfinition actuelle des dynamiques politiques au Brésil.
Continue readingAu XIXe siècle, pouvait-on être femme et avoir un positionnement politique et l’exprimer sans être une femme aristocrate féministe et engagée socialement et politiquement comme Josefa Amar y Borbón ? Toutes les femmes n’avaient pas les moyens, la force morale et le soutien des hommes pour participer, pour exprimer publiquement leurs visions de la politique. Les rôles que la société attribuait aux femmes étaient liés à la maternité et vie maritale. Mais pouvaient-elles, malgré les restrictions morales et sociales, exprimer un positionnement politique au moins dans le domaine privé, entre femmes ? María Micaela de Zavala était une femme anonyme, épouse et mère d’hommes politiques, et dans ses lettres elle exprime son propre positionnement politique.
La dictature chilienne, bien qu’elle n’ait pas été vécue par les nouvelles générations, laisse ses traces dans la construction de leur identité. Pour certains, elle conditionne leur vie, leurs centres d’intérêts et leur vive passion pour les thèmes politiques et mémoriels. C’est le cas de Victor Chanfreau, petit-fils d’Alfonso Chanfreau détenu et torturé par la DINA dans l’ancien centre de répression et d’extermination : Londres 38. Aujourd’hui, Londres 38 relève le défi de participer à la préservation des mémoires, à leur construction et à leur réactivation dans le présent, et d’aider les jeunes, qui n’ont point vécu la période dictatoriale, dans leur quête d’identité.
Lorsqu’on parle de la dictature militaire chilienne, on pense aux violations des Droits Humains, notamment à la séquestration, torture et disparition des opposants politiques. Mais il existe d’autres crimes moins connus. Avez-vous déjà entendu parler des vols de mineurs ? Saviez-vous qu’ils ont été adoptés à l’étranger, sans que leurs parents biologiques ne soient d’accord ? Étudions le cas de Camille, Marion et Thibaud, adoptés dans une même famille en France, qui témoignent dans la série Adoptados, la historia que nos falta de Cristián Leighton.
L’exploitation réussie de la religion par Meloni a été cruciale dans la croissance de son parti. Son positionnement stratégique sur les questions religieuses et l’utilisation habile du symbolisme religieux expliquent cette réussite. Ces éléments créent des liens avec un électorat qui adhère aux valeurs chrétiennes. À partir d’un extrait, d’un discours marquant de Giorgia Meloni, nous proposons de vous révéler comment une remise en perspective critique de sa « stratégie religieuse » permet d’éclairer les implications de ces tactiques politiques.
Continue readingVous êtes ici au coeur de l’actualité : à l’occasion du Native American Heritage Month, le magazine Forbes invite à supporter le mouvement #LandBack revendiquant une reconnaissance des populations « natives » américaines, mais aussi la restitution de leurs terres. Mais qu’en est-il de l’Amérique Latine ? Bien que moins médiatisées, ces problématiques sont tout aussi présentes notamment en Bolivie sur le territoire Chimane : Comment les enjeux territoriaux sont-ils devenus un recours dans la reconnaissance identitaire ? Et surtout, quels sont les acteurs de cette revendication ?
Spoiler Alerte : « Qu’est ce que l’ethnicité ? » me direz-vous.
Attention ! Ce n’est pas une réalité concrète et objective en soi : c’est une construction intellectuelle, sociale et historique. Il n’existe aucune différence ethnologique entre un sujet catégorisé ethniquement comme indigène et un sujet qui ne l’est pas, car tout cela n’est qu’une construction.
Depuis la mort de Georges Floyd, un homme afro-américain tué par un policier le 25 mai 2020 à Minneapolis (Etats-Unis), des actes iconoclastes se multiplient envers des statues identifiées comme colonialistes. Ce phénomène de « déboulonnage » s’est invité en Colombie avec une prolifération de ces opérations à plusieurs endroits stratégiques du territoire. Ces initiatives politiques, hautement symboliques, sont souvent appréhendées depuis la perspective de l’influence étatsunienne car ces évènements sont transversaux à une même époque. Or, si la communauté Misak, actrice du déboulonnage de Popayán, surfe sur la vague de Cancel culture, c’est surtout afin d’attirer l’attention sur des revendications actuelles qui leur sont propres. Le cas de la statue de Sebastián de Belalcázar dans la Ville Blanche (figure 1), soulève des problématiques locales particulières reliant mémoire coloniale et enjeux contemporains.
Figure 1 : Le Morro del Tulcán à Popayán, Bernard Gagnon, 2020.