La Grava sul camin de Jean Boudou et La Lune et les feux de Cesare Pavese
À seulement six ans d’intervalle, sont parus deux livres étonnamment proches, La Lune et les feux (La Luna e i falò), dernier roman de l’écrivain italien Cesare Pavese (1950, traduction française 1965), et La Grava sul camin, premier roman de Jean Boudou (1956). Si une curieuse symétrie fait du premier la conclusion d’une œuvre et du second l’ouverture d’une autre, ces deux ouvrages ont surtout en commun une même thématique, étant tous deux des romans du retour, de modernes nostoï. Écrits à la première personne, ils sont situés dans le même contexte historique, les années qui suivent immédiatement la Deuxième Guerre mondiale, et des contextes socioculturels et linguistiques assez similaires, la campagne piémontaise et la campagne rouergate. Ces retours en des lieux et des mondes ruraux qui furent ceux de l’enfance mais que les tragédies de l’histoire ont marqués, sont aussi des retours sur soi de narrateurs confrontés à un passé et à un avenir également problématiques. Des narrateurs qui entretiennent de surcroît d’étranges relations avec les auteurs, sur les confins de l’autofiction. Le propos est donc d’effectuer une étude comparée de deux romans que, malgré leurs évidentes différences, rapprochent autant leurs contenus que l’âme et le talent singuliers de Pavese et de Boudou.
Rémy Gasiglia. Après une thèse, un ouvrage et des articles ou communications sur le théâtre nissart des XIXe et XXe siècles, un ouvrage en collaboration sur les revues dialectales niçoises, divers travaux sur Jules Torrini (XVIIe), Joseph-Rosalinde Rancher, Louis Andrioli (XIXe) et Gustave-Adolphe Mossa (XXe), Rémy Gasiglia a publié de nombreuses études sur l’œuvre de F. Mistral. Des points de vue méthodologique et thématique, toutes ses recherches privilégient une optique comparatiste, l’accent étant mis sur l’étude des relations des lettres occitanes avec les autres littératures européennes et sur les phénomènes d’intertextualité qui éclairent les œuvres d’un jour nouveau et généralement inattendu (cf., par exemple, les parodies du Livre de Tobie et du Conte du Graal qui sous-tendent ironiquement Lo Libre de Catòia de Boudou, ou encore les modèles insoupçonnés et ambigus que constituent pour Calendau et Nerto de Mistral Les Mille et une nuits, les romans gothiques et Justine de Sade).