juin 2010

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Recrutement d’un post-doctorant pour le projet jeune chercheur ANR PHILOMED (2009-2012) :

« La refonte de l’homme : découvertes médicales et philosophie de la nature humaine  (Pays germaniques, France, Grande-Bretagne, XVIIe-XVIIIe siècles)

I – Présentation du projet :

Le projet PHILOMED entend mesurer l’impact des découvertes réalisées dans les domaines de la médecine et de la physiologie aux XVIIe et XVIIIe siècles du point de vue de l’émergence d’une anthropologie philosophique dans les pays germaniques, en France et en Grande-Bretagne.

Il est né du constat suivant : les grands récits traditionnels de la Révolution scientifique ou de la naissance de la science moderne n’assignent pas une place convaincante à la médecine ni aux recherches physiologiques. Les avancées de la médecine, science mi-théorique, mi-pratique ne sont sans doute pas aussi spectaculaires que celles des sciences physico-mathématiques, en particulier si on les évalue à l’aune du critère du succès thérapeutique. La médecine de l’époque moderne n’a pas encore défini de manière pleinement consensuelle ses normes méthodologiques ni ses paradigmes théoriques (la rupture avec les modèles hippocratique et galénique n’est pas consommée). Pourtant des découvertes fondamentales sont faites, celle de la circulation sanguine (Harvey), de l’irritabilité, de la sensibilité (Glisson, Haller). L’image du corps se transforme, on en élucide les fonctions, qu’il s’agisse du tonus (Stahl), de la transpiration ou de la respiration (Borelli, Stahl). Evoquant le débat entre partisans de l’ancienne médecine et ceux de la médecine moderne dans ses Nouveaux Dialogues des Morts (1683), Fontenelle résume l’enjeu de ces avancées : c’est tout l’homme qu’il convient de « refondre » en se demandant dans quelle mesure une représentation donnée du corps humain (celle que proposent la médecine des humeurs, la médecine chimique, mécaniste, iatromécaniste…) peut servir à appréhender la nature même de l’homme.

Le projet PHILOMED se donne pour objectif de comprendre la genèse de l’anthropologie philosophique, discipline qui va se définir par une double ambition médicale et philosophique et que l’on voit à l’œuvre dans l’Anthropologia ex propiis et novis du français Jean Riolan, dans l’Anthropologia nova de James Drake en Angleterre ou encore dans l’ouvrage d’Ernst Platner – Anthropologie für Ärzte und Weltweise – paru en 1772 en Allemagne.

Contre la tendance générale à étudier les traditions médicales et philosophiques de manière séparée, nous proposons de montrer quel rôle joue la médecine dans l’élaboration et les transformations de l’idée d’une « nature humaine » et dans les tentatives de réponses apportées à la question « qu’est-ce que l’homme ». L’étude de ces trois grandes ères géographiques et culturelles que constituent les pays germaniques, les îles britanniques et la France nous permettra par ailleurs de tenir compte de la manière dont les découvertes circulent, sont reçues, discutées ou contestées de manière spécifique en fonction des contextes politiques, religieux, des débats philosophiques propres à tel ou tel pays.

Quatre axes de recherche ont été définis : 1. « Médecine et révolution scientifique » 2. Les fondements médicaux et physiologiques de l’anthropologie philosophique des XVIIe et XVIIIe siècles 3. Débats et résistances (philosophiques, théologiques, morales, politiques) suscités par ces évolutions 4. Enjeux et débats contemporains (la médecine support de nouvelles idéologies scientifiques, fondements anthropologiques de l’éthique médicale).

Pour plus d’informations sur le projet consulter le site : http://www.philomed.univ-paris8.fr/

Projet porté  par S. Buchenau (Université Paris 8 Saint-Denis).

Direction scientifique : S. Buchenau, C. Crignon (Université de Bourgogne) et A-L. Rey (Université Lille I)

II – Descriptif du poste : Post-doctorat d’un an (octobre 2010-fin septembre 2011) susceptible d’être renouvelé en 2011-2012

Durée : octobre 2010 – fin septembre 2011

Salaire : environ 2043 euros net

Fonctions :

  • communication des informations au sein de l’équipe (14 chercheurs environ).
  • Actualisation du site internet ANR PHILOMED (mise à jour des notices, des actualités du groupe).
  • Collaboration avec la BIUM pour un projet de collection numérisée « Médecine et anthropologie philosophique » (projet en cours, devant être achevé en juillet 2011). Collecte et relecture des notices rédigées par les membres du groupe.
  • Organisation des ateliers de recherche et journées d’études.
  • Aide à la réalisation d’un projet commun d’anthologie de textes médicaux et philosophiques (Médecine et anthropologie philosophique, XVIIe-XVIIIe siècles) et d’un volume compagnon
  • Aide au dépouillement de journaux savants en France, Angleterre, Allemagne aux XVIIe et XVIIIe siècles.
  • Participation aux tâches administratives (ordres de mission, commandes d’ouvrages, compte-rendu des ateliers).

III. Compétences requises :

Souhaitant que le travail du post-doctorant puisse s’intégrer à notre projet, nous recherchons quelqu’un dont les travaux portent sur la philosophie / l’histoire des sciences (médicales) des XVIIe ou XVIIIe siècles. Les personnes travaillant sur médecine et philosophie à l’époque contemporaine peuvent aussi candidater dans la mesure où elles sont susceptibles de s’intéresser aux liens entre le contemporain et la période qui constitue prioritairement notre terrain d’enquête.

Le candidat devra avoir soutenu sa thèse de doctorat avant septembre 2010. Doctorat requis en philosophie ou histoire des sciences.

Chargée de la communication des informations parmi les membres de l’équipe, la personne recrutée devra faire preuve de qualités relationnelles et organisationnelles.

Elle sera aussi chargée de mettre à jour le site internet via un logiciel de gestion de contenu d’utilisation simple (joomla).

Maîtrise du français et de l’anglais requise, une connaissance de l’allemand et/ou de l’italien serait aussi fort appréciée (projets de collaborations France / Allemagne / Italie en cours de préparation, petits travaux de traduction requis dans ce cadre).

IV. Constitution du dossier :

CV (profil, diplômes, parcours professionnel, expérience de l’organisation de la recherche, publications et communications, langues)

Résumé de la thèse (avec le rapport de soutenance)

Lettre de motivation (une page)

Dossier à envoyer le plus rapidement possible à S. Buchenau (stefaniebuchenau@aol.com), A-L. Rey (annelise.rey@free.fr) et C. Crignon-De Oliveira (Claire.De-Oliveira@u-bourgogne.fr) par voie électronique. Date limite : 10 juillet 2010.

Une première sélection sera faite à partir des dossiers reçus. Nous prévoyons des entretiens le 12 ou 13 juillet à Paris.

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Parution – Bien dans l’eau. Vers l’immersion

Bernard Andrieu, Bien dans l’eau. Vers l’immersion, préface de Thierry Terret, coédition Atlantica/musée national du Sport, 2010, 217 p.

La peur de l’eau est aujourd’hui bien réelle : inondations, tsunamis, sécheresse, guerres de l’eau, noyades et pollutions. Mais face au changement climatique, être bien dans l’eau est une alternative sensorielle : douche solaire, spa, récupération de l’eau de pluie, maisons flottantes, vie sous la mer, massages aquatiques, nouveaux thermalismes, tout est à découvrir de notre peau et de notre corps en apesanteur et en relaxation. Depuis les bébés-nageurs jusqu’aux sports de glisse, l’immersion dans l’eau et l’immersion sous l’eau définissent un nouveau mode de vie : liquide, fluide et profonde, l’eau devient notre milieu corporel.

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Parution – Femmes en fleurs, femmes en corps – Sang, santé, sexualités, du Moyen Age aux Lumières

Nicole Pellegrin, Cathy McClive (eds), Femmes en fleurs, femmes en corps – Sang, santé, sexualités, du Moyen Age aux Lumières, Presses Universitaires de Saint-Etienne, 2010, 364 p.

Dispensateur de la vie, le corps féminin a toujours été l’objet de questionnements et d’attentions, tant de la part des savants que des femmes et des hommes confrontés à ses métamorphoses.
Pourtant, comme réalité relevant à la fois de données biologiques et de la construction sociale du genre, il a été peu étudié jusqu’à une période récente. Nubilité, beauté, menstrues, viol, grossesse, accouchement, stérilité, ménopause, vieillesse… comment nos ancêtres ont-elles, ont-ils vécu ces phénomènes longtemps appréhendés à travers la métaphore des fleurs ? Que voulait dire être une  » femme en fleurs  » avant la modernité ? Réunissant, dans une optique délibérément interdisciplinaire et internationale, les résultats d’enquêtes de douze chercheuses spécialistes de l’histoire des femmes et du genre au Moyen Age et sous l’Ancien Régime, le présent volume voudrait faire connaître les directions les plus actuelles de la recherche.
il reprend le thème du corps féminin et surtout de ses fleurs sous des angles divers : judiciaire, médical, épistolier, visuel, religieux, mystique, culturel… En proposant une vision originale de la corporalité au féminin, il ouvre des pistes de réflexion nouvelles et particulièrement fécondes.
Sommaire

I. Préserver sa fleur

Laurence Moulinier-Brogi
Virginité, maternité et maux du corps féminin au prisme de l’uroscopie médiévale

Evelyne Berriot-Salvadore
De l’ornement et du gouvernement des dames : esthétique et hygiène dans les traités médicaux des xvie et xviie siècle

Marie-Élisabeth Henneau
Corps sous le voile à l’époque moderne

Nicole Pellegrin
Fleurs saintes. L’écriture des stigmates (xvie-xviiie siècles)

II. Fleurir

Helen King
Engendrer « la femme » : Jacques Dubois et Diane de Poitiers – Traduction de Sylvie Deleris

Eugénie Pascal
L’attente de l’héritier. Désir d’enfant, grossesse et délivrance dans les lettres de princesses  (1560-1630)

Elizabeth L’Estrange
« Quant femme enfante… » : remèdes pour l’accouchement au Moyen Âge

Lianne McTavish
L’ambivalence du corps féminin en France au début de l’époque moderne – Traduction de Sylvie Deleris

Lisa Wynne Smith
La Raillerie des Femmes ? Les femmes, la stérilité et la société en France à l’époque moderne – Traduction de Sylvie Deleris

III. Perdre sa fleur

Susan Broomhall
Le prix de l’amour : les négociations nées de relations sexuelles et de grossesses illégitimes à Paris au début du xvie siècle. – Traduction de Sylvie Deleris

Stéphanie Gaudillat Cautela
Le corps des femmes dans la qualification du « viol » au xvie siècle

Cathy McClive
Quand les fleurs s’arrêtent : vieillesse, ménopause et imaginaire médical à l’époque moderne

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Parution – L’affaire Rouy. Une femme contre l’asile au XIXe siècle

Yannick Ripa, L’affaire Rouy. Une femme contre l’asile au XIXe siècle, Tallandier éditions, 2010, 304 p.

Cet ouvrage est une excellente introduction à l’histoire sociale du XIXe siècle puisque les mésaventures de Hersilie Rouy, concentrent toutes les caractéristiques d’une société basée sur la domination des femmes, que ce soit dans le domaine de la transmission du patrimoine, du rapport à leur corps et à leur esprit.

La période qui se situe entre la restauration et la fin du second empire et caractérisée par la naissance des sciences du comportement, avec cette fascination pour les maladies mentales qui sera à l’origine des premières expérimentations scientifiques pour les traiter. C’est donc dans des structures spécialisées que Hersilie s’est retrouvée pendant neuf longues années, sans avoir été vraiment examinée, mais victime des préjugés du corps médical. Dans la première maison de santé, celle de Charenton, où elle se retrouve en 1854, à la suite des manœuvres de captation d’héritage de son frère, elle allait être en contact avec un personnel soignant composé essentiellement de religieuses qui voient dans la maladie mentale une sorte de punition divine et de péché qu’il faut expier. De plus, sa lucidité se retourne contre elle puisque le directeur de l’établissement, un certain Boué, évoque son aliénation lucide. Son obstination à démontrer sa santé mentale lui vaut le diagnostic de monomaniaque. On apprécie la caractéristique de : « monomanie ambitieuse et raisonnante ». Tout est dit dans cet avis. De plus, cette femme qui a atteint son 50e anniversaire à l’asile et même victime d’une négation de son identité, puisque son frère manoeuvre avec beaucoup d’habileté pour en faire une fille de père inconnu, même si paradoxalement son internement était censé être demandé par son père lui-même mort peu de temps auparavant. On retrouve ici une vision kafkaïenne de l’univers administratif particulièrement surprenante.

L’auteur Yannick Ripa décrit ainsi cet univers des maisons de santé du département de la Seine, comme Charenton ou la Salpêtrière dans laquelle Bercy se retrouve comme pensionnaire indigente. Même son âge, une petite cinquantaine, vient justifier son diagnostic de monomanie : « l’âge critique », ou « le retour d’âge », c’est-à-dire la ménopause, vient à l’appui de la pathologie qui lui est prétée. Ulysse Trélat le médecin aliéniste de la Salpêtrière transforme d’ailleurs le cas de sa patiente en études de cas, lorsqu’il évoque cette folie lucide, comme la caractéristique de troubles particuliers menaçant l’ordre familial. Les « malades mentaux lucides » sont des satires, des nymphomanes, des monomanes érotiques, des kleptomanes et des suicidaires. Le médecin aliéniste inscrit sa pratique dans une démarche de défense du corps social. Le fait que Hersilie soit célibataire vient également à charge. Une femme indépendante, est forcément suspecte, d’autant plus qu’elle refuse le travail imposé aux pensionnaires dans les asiles. Même son statut de musicienne vient alimenter les préventions à son égard, puisque dans ce XIXe siècle misogyne, une femme doit se limiter à des arts d’agréments, en aucun cas à une création artistique majeure. La soumission de la patiente, conséquence de sa monomanie ambitieuse, et donc plus grave que sa maladie mentale elle-même.

Après le passage à Charenton et à la Salpêtrière, le médecin aliéniste, le docteur Auzouy et sa patiente, qui est simplement désignée par son prénom, se retrouvent à l’asile de Maréville. Elle est installée dans une chambre cellulaire aveugle, ce qui est considéré comme un remède – sanctions à sa révolte pathologique. C’est là qu’elle commence à essayer d’écrire à différentes personnalités, des médecins d’abord, mais ensuite le procureur impérial, le baron Haussmann, l’impératrice Eugénie. Elle se retrouve à ce moment-là dans la section des « gâteuses ». Mêlée aux débiles profonds Hersilie n’a de cesse d’exposer par écrit les ruses d’un frère qui l’a fait interner pour rester seul en ligne dans la succession. cette agitation suspecte fait sa réputation : Hersilie est une indocile, une véhémente dont la séquestration s’impose. Informé de son insubordination, le médecin-chef la diagnostique atteinte de folie d’orgueil ou « folie lucide ». Pendant son internement, Hersilie essaie de communiquer avec les autres pensionnaires par la musique. Cette volonté vient appuyer le diagnostic de monomanie. Paradoxalement, dans ses mémoires, publiés après 1868, elle raconte qu’elle a eu le soutien de quelques domestiques qui lui faisaient passer de quoi écrire. Lorsqu’elle écrit à l’impératrice Eugénie, 27 mai 1862, elle se présente comme étant la sœur du roi Henri V ans se réclamant d’une ressemblance avec la duchesse de Berry. Elle explique le sort qui lui est fait par la volonté de comploteurs qui avaient voulu éloigner une princesse du sang royal.

Cette lucidité qui finit tout de même par attirer l’attention d’administrateurs des hospices, puis du préfet. Un rapport au garde des Sceaux réclame pour la demoiselle de meilleures conditions. Après cinq ans de séjour, en 1868, on lui délivre même une attestation de guérison. Avec le concours de notables du cru, Hersilie sort enfin des murs. Le ministre de l’Intérieur reconnaît l’irrégularité commise. Son frère et l’administration centrale sont montrés du doigt. La presse s’en mêle. Elle évoque une « résurrection » quand, à l’occasion d’un récital à l’Institut musical, la pianiste joue Carl Maria von Weber. Elle s’engage alors dans un nouveau combat, pétitionnant contre les internements psychiatriques abusifs et pour une réforme de la loi de 1838. A la Chambre des députés, les parlementaires du Loiret sollicitent Gambetta. Le sujet doit être débattu le 16 juillet 1870… jour de l’ordre de mobilisation. Les Prussiens et la défaite de Sedan ont raison d’Hersilie.

Yannick Ripa nous emmène sur les pas de cette femme hors du commun en prenant appui sur ses Mémoires d’une aliénée, parus après sa mort. La description de la réalité de son quotidien, dépassant souvent la fiction, est un plaidoyer à charge contre l’asile et sa fonction politico-sociale au XIXe siècle, mais aussi sur la terrible condition féminine de l’époque.

Historienne, Yannick Ripa enseigne l’histoire des femmes et du genre à l’université Paris VIII. Elle est l’auteur de La Ronde des folles. Femmes, folie et enfermement au XIXe siècle (Aubier, 1985), Les Femmes actrices de l’Histoire. France, 1789-1945 (SEDES, 1999) et Les Femmes (Cavalier bleu, 2002).

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Parution – Le sein. Une histoire


Marilyn Yalom, Le sein. Une histoire, Seuil / Volumen, 2010, 416 p.

Préface d’Elisabeth Badinter

« Quoi de plus immuable que le sein féminin ? N’a-t-il pas toujours eu pour fonction de contenter l’homme et le bébé ? L’histoire qu’en trace Marilyn Yalom, de la préhistoire à nos jours, est infiniment plus complexe et subtile. Partant de la question : “À qui appartiennent les seins ?” elle donne à voir, selon les époques et les pays, de multiples “propriétaires” qui décident de leur fonction, de leur statut et même de leur forme.

Du sein divin du Moyen âge au sein érotique d’Agnès Sorel, du sein domestique du XVIIe siècle au sein politique de Marianne torse nu, du sein commercialisé par l’industrie du corset et du soutien-gorge au sein rongé par le cancer ou torturé par le piercing du XXe siècle, Marilyn Yalom montre que le pauvre sein de la femme a appartenu successivement à l’enfant, à l’homme, à la famille, au politique, au psychanalyste, aux commerçants, au pornographe, au médecin, au chirurgien esthétique, avant que les féministes n’en reprennent le contrôle à la fin du siècle dernier.

[…] En vérité, quelle femme aujourd’hui peut se jouer tout à la fois de la mode, de la séduction et de sa santé ?
En fait, “la poitrine a été et continuera d’être un marqueur des valeurs de la société.” Histoire à suivre, donc, pour mieux comprendre le monde dans lequel on vit… » – Élisabeth Badinter

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Colloque Jean-Savy*
Faut-il réhabiliter la réadaptation ?

Jeudi 16 septembre 2010 de 9 h 00 à 17 h 00

À l’occasion du 30e anniversaire du Journal de réadaptation médicale et avec la collaboration du laboratoire d’éthique médicale et de médecine légale, Université Paris Descartes – Paris 5

  • Éthique, handicap et réadaptation : introduction par le Professeur Axel Kahn (Président de l’université Paris Descartes)
  • L’apport du linguiste (J-M. Wirotius)
  • La réadaptation concrètement : un parcours semé d’obstacles (Y. Veulliet)
  • Construction d’une nouvelle spécialité médicale dans le champ de la réadaptation (M-O. Frattini)
  • Psychiatrie et réadaptation (B. Durand)
  • Naissance de la kinésithérapie : sa contribution en réadaptation (J. Monet)
  • Neuropsychologie et réadaptation (M. de Jouvencel)
  • L’ergothérapie, une profession de réadaptation (H. Hernandez)
  • La réadaptation : oui, mais comment ? Aspects organisationnels et financiers (J-P. Devailly)

Bulletin d’inscription à télécharger ici,
à renvoyer par fax ou par email à :
Aude Jeanson
Tél : 01 71 16 54 20 – Fax : 01 71 16 51 84
a.jeanson@elsevier.com

Inscription : 10 €, dans la limite des places disponibles
Lieu : Grand Amphithéâtre de l’Université Paris Descartes – Paris 5

* En hommage à Jean Savy, ancien rédacteur en chef de la revue Réadaptation, décédé le 9 mars 2010.

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Entre histoire des sciences et santé publique

Mardi 14 septembre 2010  |  Nantes (44)

Gérard Jorland interroge l’histoire de nos institutions publiques, et les raisons pour lesquelles la France tarde à appliquer les mesures d’hygiène permises par les découvertes scientifiques (chimie lavoisienne et révolution pasteurienne) contrairement à ce que l’on observe dans de nombreux pays européens. Il s’interroge sur un second paradoxe : comment expliquer que, dans un pays de forte tradition étatique comme la France, le gouvernement central ait joué un rôle aussi limité dans le développement de l’hygiène publique ?

Conférence Germes-SHS/ORS Pays de la Loire

Mardi 14 septembre 2010

18h30-20h30

Gérard Jorland

Directeur de recherche au CNRS, Directeur d’études à l’EHESS

Philosophe et historien des sciences

Faute de pouvoir soigner les maladies, la médecine du XIXe siècle s’est employée à les prévenir. D’où le rôle central qu’y joue l’hygiène publique. Se donnant pour mission de supprimer les foyers d’infection qui minent la société, elle s’étend à tous les domaines : égouts et voiries, orientation et hauteur des bâtiments, alimentation et travail, pollution industrielle et urbaine, prisons, casernes, hôpitaux, mais aussi prostitution, alcoolisme, crimes, suicides, etc.

La France est depuis le XVIIIe siècle à la tête de la pensée hygiéniste moderne, avec notamment la chimie lavoisienne et la théorie des miasmes qui préconise d’aérer les espaces de travail, d’éloigner les habitations des lieux où air et eau sont stagnants… La révolution pasteurienne de la seconde moitié du XIXe siècle vient donner corps à ces connaissances, et Gérard Jorland montre comment, des miasmes aux germes, ces découvertes scientifiques ont à leur tour bousculé les pratiques d’hygiène (stérilisation, vaccination…), tout en rencontrant des résistances plus ou moins fortes selon les pays. Mais il interroge aussi l’histoire de nos institutions publiques, et les raisons pour lesquelles la France tarde à appliquer ces mesures sur une grande échelle, contrairement à ce que l’on observe dans de nombreux pays européens.

Les réponses apportées par l’auteur se trouvent au carrefour de la construction des savoirs scientifiques, du développement des différentes disciplines et institutions d’hygiène publique, et de la construction de l’Etat. Il s’interroge avec d’autres sur un second paradoxe : comment expliquer que, dans un pays de forte tradition étatique comme la France, le gouvernement central ait joué un rôle aussi limité dans le développement de l’hygiène publique ? Une question qui va continuer à courir tout au long du XXème siècle.

La conférence sera suivie d’un débat avec deux discutants:

  • François Tuffreau, directeur adjoint de l’ORS Pays de la Loire
  • Stéphane Tirard, Professeur d’épistémologie et d’histoire des sciences, directeur du Centre
  • François-Viète, Université de Nantes

L’entrée est libre, mais limitée en nombre de places.

Inscription attendue avant le 7 septembre 2010

Contact
  • cédric le bodic
    courriel : cedric.le [tiret] bodic (at) univ-nantes [point] fr

    MSH Ange-Guépin
    5 allée Jacques Berque
    BP 12105
    44021 Nantes Cedex 1

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Parution – Corps – Revue interdisciplinaire

Bonnes humeurs ?

DIRE

ENTRETIEN AVEC FRANÇOISE HÉRITIER

LIRE

Marie-Luce Gélard et Olivier Sirost INTRODUCTION Humeurs ou substances ?
Bernard Vernier LE SANG, L’INCESTE ET LA PARENTÉ
Marie-Luce Gélard LES POUVOIRS DU LAIT EN CONTEXTE SAHARIEN : « LE LAIT EST PLUS FORT QUE LE SANG »
Cécile Lignereux BONNE HUMEUR CONTRE BELLE HUMEUR : LA VALORISATION DES LARMES AU XVIIE SIÈCLE
Olivier Sirost LES PÉDAGOGIES DE LA BONNE HUMEUR
Nicole Phelouzat BEAUX TEMPS ET BONNES HUMEURS
Noga Arikha LA QUÊTE DE L’ÉQUILIBRE : ÂME, VERTUS, HUMEURS
Christine Bergé FLUIDES ORGANIQUES ET PESÉE DE L’ÂME OU LE CALCUL DES HUMEURS EN RÉANIMATION

VOIR

Gilles Boëtsch PHYSIOGNOMONIE FÉMININE

DÉCOUVRIR

Marc Cizeron CROIRE PAR CORPS Étude de cas dans l’enseignement d’un art martial
Jean-Michel Durafour EFFRACTION DU NU À propos de L’Homme invisible de James Whale
Cécile Estival IMAGERIE MÉDICALE ET RAPPORT AU CORPS DANS UN CENTRE DE CANCÉROLOGIE

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Appel à articles – Corps mouvants

Revue Synergies Pays Riverains de la Baltique, Volume no. 8, 2011
GERFLINT
(Revue internationale francophone avec comités de lecture et d’évaluation)

(Date limite de réception des articles (2500 mots) : 15.10.2010)
(Date limite de réception des commentaires (2500 mots) : 15.2.2011)

VERSION PDF:
http://users.utu.fi/freder/appelcorpscorrect%20Synegries%20Baltique8%202011.pdf

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Corps mouvants :
Faire dialoguer les sciences humaines et sociales, la philosophie et les sciences du vivant

Directeurs de la publication:
Bernard Andrieu
(Professeur en épistémologie du corps et des pratiques corporelles à la faculté du sport de l’Université Henri Poincaré de Nancy, France)
Fred Dervin
(Professeur Adjoint en sociologie et en didactique des langues et de l’interculturel aux University of Eastern Finland et Université de Turku, Finlande)
Aleksandra Ljalikova
(Enseignante-chercheuse en didactique des langues et des cultures
à l’Université de Tallinn, Estonie)

Argumentaire

Le corps humain est en vogue dans la plupart des sciences. Il suffirait pour s’en rendre compte de faire un relevé des multiples écrits, colloques, séminaires, projets de recherche, formations… de ces dernières années. Ne se limitant pas néanmoins à ce type de corps, ce numéro de la revue « Synergies Pays Riverains de la Baltique » part du concept dans sa version plurielle, changeante et le propose comme notion potentiellement féconde pour ouvrir des dialogues entre les sciences humaines et sociales, la philosophie et les sciences du vivant.

Le corps peut être, entre autres, humain, animal, microscopique, énergétique, plastique, botanique, social, politique, communautaire, métaphorique, diplomatique, architectural, mais aussi, en vrac, le Corps du Christ, un corpus, le corps noir en physique, les anticorps… En anglais on le retrouve aussi par exemple dans les pronoms somebody/everybody/anybody.  Dans certaines langues, le mot n’existe pas du tout. Notamment, en hébreu, qui n’a pas de terme spécifique pour désigner le « corps » – ni la « matière » d’ailleurs . Pour certaines cultures, le cosmos se distingue du corps, pour d’autres, qui ont une vision holiste du corps, le corps et l’individu sont la même chose. Les compréhensions et déclinaisons du corps sont ainsi presque innombrables. Les langues sont très révélatrices à cet égard. En outre, on retiendra avec Le Breton (1990 : 28) que « Le corps n’existe que construit culturellement par l’homme ».

Il est facile de voir à partir de ce catalogue forcément non exhaustif que le corps, sous une forme ou une autre, concerne la plupart des sciences. Un point commun entre toutes ses déclinaisons pourrait être celui de la mouvance ou du changement – malgré, parfois, les impressions d’immobilité des corps.

Cette mouvance se retrouve notamment à trois niveaux de modélisation : a) au niveau épistémologique, la didactique disciplinaire n’est pas définitive car la régulation des contenus renouvelle le rapport entre les concepts et recompose les savoirs ; b) au niveau conceptuel, la construction de nouveaux concepts implique leur adaptation et leur différenciation par rapport à la description de la nouvelle réalité ; c) au niveau ontologique, la réalité est mouvante si bien que la modélisation doit se modifier sans cesse.

Plasticité didactique

Mouvance épistémologique : Régulation de contenus

Mouvements des savoirs

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Adaptation

Mouvance conceptuelle : Différenciation

Construction

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Nouvelle réalité

Mouvance ontologique : Mouvance de l’objet

Dynamique des modèles

Schéma 1 : Les trois sortes de mouvance

Nous partons de l’hypothèse qu’une lecture croisée de travaux en sciences vivantes, en philosophie et en sciences humaines et sociales soulignerait des passerelles conceptuelles, épistémologiques, ontologiques et métaphoriques, entre les phénomènes théorisés et examinés, liés à la mouvance de différents types de corps. On tentera ainsi de décrire la mobilité épistémologique qui conduit aujourd’hui à une hybridation des champs dans l’objet même « corps », en produisant soit une fécondité de nouveaux modèles, soit des synthèses nouvelles. On se rappellera néanmoins que le « corps » n’est pas un terme ou un objet neutre car il sous-entend un système de référence dans lequel il se construit (vision du monde rationaliste – corps anatomisé et individualisé ; vision existentialiste – corps cosmos ; structuraliste – corps organisme ;  vision naturaliste – corps espèce animal ; moderniste – corps machine, etc.). Sans vouloir privilégier un paradigme particulier, nous souhaitons que les auteurs démontrent cette partialité des positionnements et traitent du sujet en rendant compte des limites imposées par les contextes.

Partant de ces constants et dans une véritable envie d’interdisciplinarité, nous aimerions proposer aux collègues des différentes sciences et de la philosophie de faire partager et de commenter leurs conceptions, théories et pratiques autour et à l’intérieur des corps. Les problématiques suivantes pourront d’abord guider les auteurs intéressés par le principe de travail proposé :

Qu’est-ce qu’un corps ? Comment le définit votre domaine ?
Les corps existent-ils vraiment ?
Comment les corps apparaissent-ils/disparaissent-ils ?
Comment étudier les corps ?

On s’interrogera par la suite sur la mobilité ontologique des corps, devenant des identités mouvantes, plastiques et reconfigurables tant dans leurs matières que dans leurs formes. Comment cette mobilité ontologique produit-elle des effets sur l’identité, le genre, le métissage, l’interculturalité ?

Les thématiques suivantes pourront être abordées :

-Absence de corps (effacement des corps)
-Corps anatomisé
-Corps et complexité (ou « simplexité » Berthoz 2009)
-Corps et contrôle
-Corps et éthique (donation des organes, prête du corps, euthanasie, etc.)
-Corps et esthétique : grotesque, carnaval, ballet, etc.
-Corps et consommation
-Corps et histoire
-Corps humain vs. animal, hybridité
-Corps et imitation
-Corps et identités
-Corps et interaction
-Corps et maladie
-Corps et mouvements
-Corps et « normalité » -Corps et machine
-Corps et performativité
-Corps et représentations
-Corps et rites (populaires et « bourgeois »)
-Corps et sexualités
-Corps et techniques/technologies
-Corps et transformations (clonage des corps : même-autre)
-Corps et vérité
-Corps et violence

Corpographèses (« mise en forme langagière, textuelle et sémiotique du corps » Paveau & Zoberman 2008)

PRINCIPES DE TRAVAIL

L’appel à chapitres est en deux temps. Nous proposons d’abord aux auteurs intéressés de nous faire parvenir un texte de 2500 mots maximum (tout inclus) pour le 15 octobre 2010. Il s’agira dans ce texte de définir le corps étudié, de poser des problèmes épistémologiques autour de celui-ci et de présenter une thématique du tableau ci-dessus.

Une fois les articles reçus, nous les ferons expertiser par notre comité de lecture (date limite : 1er novembre 2010). Ensuite, deux auteurs issus de sciences différentes se verront remettre un de ces article à lire et à commenter, sous la forme d’un court article de 2500 mots (date limite : 1er février 2011). Les auteurs seront mis en relation, s’ils souhaitent dialoguer entre eux (par e-mail, Skype…) lors de l’écriture de ce deuxième article.

Les auteurs prêteront bien attention aux points suivants :
– lorsqu’ils rédigent leur premier article, de ne pas entrer dans les détails mais de donner une image bien claire de comment la notion de corps mouvants (et une thématique) est comprise, problématisée, étudiée… dans leurs recherches et domaines.
– lorsqu’ils feront l’article commentaire, de tenter de noter par exemple les points communs potentiels (les passerelles) entre le traitement du phénomène du corps proposé par les collègues et ce qui se fait dans « leur » domaine pour un phénomène qui leur semble être comparable/similaire.

NB : Nous accepterons également les auteurs, issus de sciences différentes, qui se seront déjà concertés avant la remise du premier article et qui souhaiteront se commenter.

Pour la mise en pages des articles, merci de respecter les instructions suivantes :
http://users.utu.fi/freder/Mise%20en%20page%20synergies%20pays%20riverains%202010.pdf

Les premiers articles sont à envoyer par e-mail (synergiescorps@hotmail.com) pour le 15.10.2010.

Pour toute question sur cet appel, n’hésitez pas à nous contacter.

A PROPOS DU NUMERO 9 DE LA REVUE SYNERGIES PAYS RIVERAINS DE LA BALTIQUE:

Le prochain numéro (9/2012) portera sur la linguistique Queer et sera coordonné par Fred Dervin & Marie-Anne Paveau. L’appel sera lancé en janvier 2011.

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Santé et maladie, entre définitions savantes et pratiques professionnelles

Samedi 30 octobre 2010  |  Nantes (44)

Reprenant la formule de René Leriche définissant la santé comme « la vie dans le silence des organes », Georges Canguilhem, d’une part en déduit qu’« il n’y a pas à proprement parler de science de la santé » et, d’autre part l’étend à « la vie dans la discrétion des rapports sociaux ». Ces deux propositions interrogent la possibilité pour les chercheurs et les professionnels de s’emparer du concept de santé pour en faire un objet du travail scientifique. C’est dans cette perspective que chercheurs en sciences humaines et sociales et professionnels de santé, réunis au sein du groupe Germes-SHS, lancent cet appel à communications afin de susciter des échanges autour de leurs travaux respectifs sur « la santé », saisie dans ses dimensions théoriques et pratiques.

Le Groupe d’échanges et de recherches sur la médecine et la santé en Sciences humaines et sociales (GERMES-SHS) et la Maison des Sciences de l’Homme Ange-Guépin organisent un colloque pluridisciplinaire ouvert aux chercheurs en sciences humaines et sociales et aux professionnels de santé sur le thème :

à Nantes, les 25 et 26 Mars 2011

Reprenant la formule de René Leriche définissant la santé comme « la vie dans le silence des organes », Georges Canguilhem, d’une part en déduit qu’« il n’y a pas à proprement parler de science de la santé » et, d’autre part l’étend à « la vie dans la discrétion des rapports sociaux ». Ces deux propositions interrogent la possibilité pour les chercheurs et les professionnels de s’emparer du concept de santé pour en faire un objet du travail scientifique. La santé mérite ainsi d’être « travaillée » dans ses aspects dynamiques plutôt que d’être « étudiée » comme un « état de bien-être », telle que la définition de l’OMS tend à la figer.

C’est dans cette perspective que chercheurs en sciences humaines et sociales et professionnels de santé, réunis au sein du groupe Germes-SHS, lancent cet appel à communications afin de susciter des échanges autour de leurs travaux respectifs sur « la santé », saisie dans ses dimensions théoriques et pratiques.

Ce travail de problématisation commune du concept de santé s’organise autour de deux axes. Le premier privilégie une approche plus conceptuelle de la santé, à la fois « idéal à atteindre » et objectif dépendant des contextes historiques, économiques et sociaux. Dans le deuxième axe la santé est comprise comme champ d’activités professionnelles et de politiques publiques.

C’est autour de ce découpage nécessaire pour tenter de saisir la complexité de la santé comme objet de définitions savantes et comme pratique professionnelle que se tiendra ce colloque. Il permettra des échanges pluridisciplinaires lors d’ateliers organisés autour des thématiques proposées au sein de chaque axe.
Axe 1 : La santé, quel travail !

Ce premier axe interroge la santé en tant qu’objet dynamique dont s’emparent chercheurs et professionnels afin de mener une réflexion sur les processus de définition et de recomposition de la santé comme champ problématique. Devant l’ampleur de la question, quatre thématiques seront privilégiées : la santé comme « besoin », les formes d’évaluation de la santé, les modes d’expression des maladies en tant que « santé perdue », et les outils de production de santé, pensés à partir de la notion de remède. Ces questions donnent lieu aujourd’hui à la production d’outils de mesure  à partir desquels une standardisation des critères tend à s’imposer. Il est nécessaire de les interroger, tant dans leur mise en œuvre que dans les effets sociaux et économiques de leur application.

1.a. La santé peut-elle se définir en termes de « besoins » ?

La notion de « besoin » oriente les politiques publiques en matière de santé, qu’il s’agisse de l’établissement des budgets de fonctionnement et des effectifs des professionnels de santé ou encore des campagnes sanitaires. Mais ces choix s’appuient-ils véritablement sur une évaluation préalable des besoins de santé ou la référence aux besoins de santé est-elle purement incantatoire ? Beaucoup d’auteurs considèrent que les besoins de santé n’ont pas de limite, alors que les ressources financières du système de santé sont par nature contingentées, conduisant les autorités sanitaires à mettre en place une instrumentation destinée à évaluer les besoins de santé, afin de rechercher systématiquement la meilleure efficience possible du système. Comment passe-t-on du concept de « besoin de santé » à celui « d’évaluation des besoins de santé » ? Quels sont les outils créés et mobilisés par les différents acteurs ? Par ailleurs, qu’est-ce qui crée les « besoins de santé » : est-ce l’explosion des techniques, les changements de pratiques ou la « demande » sociale ? Du côté des patients, la santé correspond-elle à un besoin variant selon la profession, l’âge, les représentations, la culture ou les possibilités d’accès au système de soins ?

1.b. La santé peut-elle s’évaluer ?

L’évaluation de la santé, qu’il s’agisse de celle d’une personne, de groupes de personnes ou de populations entières, est aujourd’hui devenue un exercice courant que mettent en pratique différents acteurs depuis les soignants, les chercheurs de diverses disciplines – médicales, de santé publique et des sciences humaines telles que la psychologie, l’économie et la philosophie pour n’en citer que quelques-unes – jusqu’aux institutions internationales à l’instar de l’Organisation Mondiale de la Santé. Mais qu’entend-t-on par l’évaluation de la santé ? A quelles motivations et à quelles finalités cette pratique cherche-t-elle à répondre ? Quels sont les acteurs (ou points de vue), les outils mobilisés et les indicateurs utilisés pour évaluer la santé et à quels fondements théoriques et principes méthodologiques ces derniers se rattachent-ils ? Enfin, comment les évaluations sont-elles utilisées et quels impacts ont-elles sur les pratiques, les politiques et, plus généralement, sur les décisions concernant la santé et le système de soins ?

1.c. Comment se disent les maladies ?

Cette question s’entend à la fois du côté du patient qui dit sa maladie et du soignant qui traduit ce dire en discours médical. Car la maladie existe d’abord par des sensations corporelles qui dépassent un seuil de tolérance ou par un mal être (inquiétude, angoisse, rumination…) qui n’est plus supportable. Au prix de quel travail cognitif et psychique, et selon quels déterminismes sociaux ces ressentis deviennent-ils des paroles porteuses d’une plainte ? Et à travers quels filtres scientifiques, normatifs, ou personnels et subjectifs le médecin va-t-il traduire ces plaintes pour en faire un objet médical ? Les approches dites alternatives obéissent-elles aux mêmes types de déterminismes médicaux et non-médicaux pour s’approprier les plaintes ? Comment les SHS éclairent-elles le dire et le vécu de la maladie en fonction de leurs angles d’approche respectifs ?

1.d. Qu’est-ce qu’un « remède » ?

La rectification des désordres provoqués par la maladie s’opère par le biais de « remèdes », des plus anciens aux plus modernes, visant au retour à « la santé ». Mais la santé peut-elle réellement se recouvrer ? Quelle place prennent les médicaments et autres « remèdes » dans les représentations de la santé ? La vocation d’un remède est-elle uniquement physiologique et peut-on inscrire la démarche « diagnostic – prescription – délivrance – administration du remède » comme rituel de guérison ? Le médicament comme moyen de retrouver la santé peut être défini à la fois comme un « principe actif », comme un objet de consommation ou comme support d’une relation thérapeutique. Cela pose la question des diverses significations accordées, par les patients et par les professionnels de santé, à la notion de remède.
Axe 2 : La santé, quel travail ?

Au-delà des constructions théoriques et/ou normatives du concept, la santé est l’objet de pratiques quotidiennes au cours desquelles des institutions, des organisations du travail et des professionnels mettent en œuvre une expertise et posent des actes relevant d’un champ spécifique. Objet d’un travail construit à travers un système de formation, organisé dans des lieux dédiés où la division du travail structure les possibles de chacun, normalisé par des standards opérationnels qui font débat et créent des tensions, la santé se définit aussi à travers le travail de ses praticiens. Un travail qui suppose des prises de décision dont les conditions, aussi, font débat.

2.a. Quelles formations pour quels professionnels de santé ?

Le passage des facultés de santé au système LMD est l’occasion d’interroger les enjeux actuels de la formation des professionnels de santé, autour de trois axes de questionnement : quels sont les effets de l’uniformisation du recrutement des professions médicales par le concours classant de la première année ? En quoi le système de formation actuel, puis à venir, instaure-t-il des liens ou produit-il des clivages entre les différentes professions de santé ? La filiarisation des troisièmes cycles devra déboucher sur des productions de recherche : en dehors de la recherche biomédicale, quelles recherches sur « la santé » peuvent produire les professionnels impliqués dans ces parcours, quelle peut être la place des SHS et quelles en sont l’originalité et la spécificité ? Des propositions portant sur d’autres systèmes, en particulier Européens, seront bienvenues.

2.b. Quelle organisation du travail ?

Le travail de santé présente des particularités organisationnelles, tant en termes de temps, et notamment de temps de travail (horaires variables, astreintes, gardes de nuit ou du week-end), que d’espaces (à l’hôpital, en cabinet ou à domicile) et du fait des composantes relationnelles (interactions soignant-soigné, coopération ou concurrence entre les différents professionnels) qu’il implique nécessairement. On s’intéressera à ces différentes formes d’organisation et à leurs répercussions tant individuelles que collectives : quelle répartition des tâches entre professionnels de santé et selon les organisations ? Une réflexion pourra aussi être menée sur les qualifications et compétences des acteurs de santé. On s’interrogera en particulier sur les modes de division sociale, morale et sexuelle des tâches qui distinguent professionnels et profanes, et hiérarchisent l’espace médical. Dans ce contexte de forte expertise, quelles places pour les profanes ?

2.c. Quels sont les effets produits par les normes de gestion et de rationalisation sur le travail des soignants ?

On parle de plus en plus d’« industrialisation des soins » : on gère à présent des flux continus de patients, avec des outils de plus en plus perfectionnés. Les tâches des professionnels sont de plus en plus circonscrites par des procédures et des protocoles. De nouveaux rôles apparaissent, plus organisationnels, tenant en particulier à la régulation du travail. L’activité est désormais orientée et temporalisée par des préoccupations de gestion relayées par la direction et provenant des tutelles. Quels compromis sont trouvés entre standardisation et singularité, entre stratégie gestionnaire et exigences de la prise en charge du patient, entre tâches de soins et tâches administratives ? Comment les soignants s’approprient-ils, ou pas, ces nouvelles fonctions, non directement liées à la santé ?

2.d. Comment se prend une décision médicale ?

Interroger les conditions dans lesquelles sont prises les décisions médicales ouvre deux principaux champs. Quelles contraintes pèsent de « l’extérieur » sur le praticien (normes professionnelles, pressions de l’industrie, politiques publiques, etc.) et quels sont leurs effets sur l’autonomie des praticiens de santé et sur la qualité des soins ? De manière plus circulaire, peut-on parler d’un réel partage de cette décision, entre des praticiens diversement formés, exerçant dans des contextes spécifiques, et des patients inégalement armés pour une telle discussion ? Qu’est-ce qu’une « bonne » décision médicale, compte-tenu des conditions sociales d’existence et du poids des biographies sur les rôles et les stratégies développés par chacun des acteurs ?

Comité d’organisation

  • Angélique Bonnaud-Antignac, Maître de conférences en psychologie, Département de sciences humaines et sociales, Faculté de médecine, Nantes
  • Jean-Paul Canévet, Médecin généraliste, Maître de conférences associé, Département de médecine générale, Nantes
  • Hélène Desfontaines, Maître de conférences en sociologie, IPSA, Angers
  • Annie Dussuet, Maître de conférences en sociologie, CENS, Nantes
  • Baptiste Faucher, Doctorant en droit, DCS, Nantes
  • Anouck Grevin, Doctorante en gestion, LEMNA, Nantes
  • Synvie Grunvald, Maître de conférences en droit, DCS, Nantes
  • Anne-Chantal Hardy, Chargée de recherche CNRS en sociologie, DCS, Nantes
  • Isabelle Hervo, Formatrice Sages-femmes, Ecole de sages-femmes, Nantes
  • Christine Jeoffrion, Maître de conférences en psychologie, LabECD, Nantes
  • Cédric Le Bodic, Docteur en psychologie, Ingénieur de recherche, Germes-SHS, Nantes
  • Christian Merle, Professeur de pharmacie galénique, UFR de sciences pharmaceutiques, Nantes
  • Sylvie Morel, Doctorante en sociologie, CENS, Nantes
  • Anne Sarrazin, Directrice de l’école de sages-femmes, Nantes
  • Rémy Senand, Médecin généraliste, Professeur associé, Directeur du département de médecine générale, Nantes
  • Philippe Tessier, Docteur en économie de la santé, ERSSCa, Nantes
  • François Tuffreau, Directeur adjoint de l’Observatoire régional de la santé des Pays de la Loire, Nantes
  • Baptiste Viaud, Docteur en sociologie, CENS, Nantes

Merci d’envoyer vos propositions de communications, orales ou affichées avant le 30 octobre 2010 par mail à :

Cédric Le Bodic
MSH Ange-Guépin
cedric.le-bodic@univ-nantes.fr
02 40 48 39 60

Celles-ci devront tenir en une page maximum et préciser l’axe et la thématique dans lesquels elles s’inscrivent. La réponse aux propositions sera transmise aux auteurs avant le 1er décembre 2010.

Contact
  • le bodic cédric
    courriel : cedric.le [tiret] bodic (at) univ-nantes [point] fr

    MSH ANge-Guépin
    5 allée Jacques Berque
    BP 12105
    44021 Nantes Cedex 1

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