Parution – La seconde vie des bébés morts

Parution – La seconde vie des bébés morts

 

Dominique Memmi, La seconde vie des bébés morts, Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 2011.

 

Escamoter l’enfant mort et inciter les parents à « passer à autre chose », tel était l’usage jusqu’alors dans les hôpitaux européens. Depuis le début des années 1990, Apprendre à « faire son deuil », telle est la règle désormais. Le deuil devient volontariste, presque appliqué. Mais le plus surprenant est sans doute l’invite systématiquement faite aux parents de regarder leur enfant mort. Internationale, cette mutation fut aussi radicale : en dix ans, une page de l’histoire de la mort enfantine a été tournée. Elle cristallise une nouvelle manière de saluer les morts rendant essentielles la matérialité et l’incarnation du souvenir. Que s’est-il passé pour que la présentation ou la représentation du corps devienne, ou redevienne, incontournable pour penser la perte ? Un simple retour au passé ? Fétichisation du corps et psychologisation de son usage : le corps, la chair, le donné biologique sont appelés au secours des psychés. Mais le phénomène se limite-t-il bien au cas des bébés morts ? Que nous suggère-t-il de la redéfinition contemporaine des identités ?

1. Une petite révolution symbolique
Un état des lieux
Le tournant des années 1980-1990
Des initiatives professionnelles
Des évolutions contradictoires ?
Des usages du corps comme formule de compromis ?


2. Re-présenter les morts : rupture et continuité
Un coup d’arrêt au déni de la mort
La mise en représentation néonatale
actuelle et ses justifications
Un volontarisme institutionnel sans précédent
Un volontarisme réservé aux bébés
L’appropriation irrépressible par le regard profane


3. Deux explications insatisfaisantes
Une demande introuvable
Une vérité scientifique indécidable
Ambition scientifique et aspiration normative


4. Théorie psychanalytique et clinique médicale
D’une psychanalyse à une psychologie du deuil
La spécificité des deuils d’enfants
Une « médicalisation » du deuil ?


5. Valorisation de l’enfant et souffrance des mères
La reconnaissance de la souffrance des mères
L’enfant désiré
La promotion de l’enfant
Une souffrance historiquement construite ?
« Des femmes qui pleurent avec d’autres femmes »


6. La dure administration des restes
La vie et la mort à l’hôpital
Une réévaluation de la valeur du vivant
Les soignants ou la dure administration
des « restes »
La « biopolitique déléguée » :
des soignants au front des pratiques sociales
Contraintes et ressources propres du monde médical
L’ardente obligation au « projet d’enfant »
Affronter les apories du projet d’enfant
Maîtriser ou déléguer la gestion de l’arbitraire ?


7. Un retour au passé ?
Des scansions successives
À la recherche de compromis
Entre désincarnation et naturalisme : le corps

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