Parution – Maladie et santé selon les sociétés et les cultures
Maurice Godelier, Maladie et santé selon les sociétés et les cultures, Paris, PUF, 2011, 189 p.
À l’origine de cet ouvrage dirigé par Maurice Godelier, anthropologue de réputation internationale, il y a deux hypothèses : la première postule que les réactions des populations à diverses épidémies ou pandémies, tel le sida, dépendent assez étroitement des représentations culturelles que ces populations se font de l’origine et des causes des maladies qui les affectent la seconde que les gouvernements de ces sociétés doivent prendre en compte ces représentations dans les politiques de santé qu’ils mettent en place pour lutter contre ces maladies. Pour éclairer la complexité de cette recherche, quatre textes ouvrent ce livre : de Jean-Pierre Dozon, Le sida en Afrique subsaharienne : problème culturel ou problème de politique publique ? de Francis Zimmermann, Du phlegmon à l’azadirachtine. Représentations indiennes des maladies et bioprospection d’Elisabeth Hsu, Expériences de la personne, de la santé et de la maladie en Chine de Sylvie Fainzang, La culture, entre représentations de la personne et politiques de santé. Mises en perspective avec quelques données occidentales. Sous la rubrique « Contrepoints », Claudine Attias-Donfut, Marie-Odile Bertella Geffroy, Xavier Carpentier-Tanguy, Jean-Marc Ferry, Joseph Maïla, Serge Marti débattent des analyses proposées.
Préalablement à ces réflexions, Maurice Godelier propose une définition en quatre points de ce qu’il entend par « représentations culturelles » ce qui le conduit à faire la part de l’imaginaire et du symbolique. Il insiste également sur un autre préalable théorique : ne pas coller sur toutes les formes d’individualité sociale et historique les attributs de la personne humaine tels que l’Occident les pense. Apparaissent alors en filigrane dans cet ouvrage les premiers traits d’esquisse d’un Manifeste de l’anthropologie. Prendre en compte et analyser chacun des facteurs qui entrent dans un processus en développement est une exigence scientifique qui impose la mobilisation et la coopération d’un grand nombre de disciplines des sciences sociales et des sciences médicales. Toutes doivent se décentrer et se distancier par rapport aux stéréotypes et préjugés que nos sociétés nourrissent contre les autres sociétés, leurs cultures et leurs pratiques. L’anthropologie pratiquée par un Occidental avec cette rigueur, cette érudition et cette vigilance critique n’est pas une description au service de la domination occidentale sur le reste du monde. Cette anthropologie-là produit un savoir partagé qui bénéficie aussi bien aux partenaires indiens ou africains qu’à leurs collègues européens. Ni arrogance, ni auto-flagellation.
Table des matières
Maladie et santé selon les sociétés et les cultures, par Maurice Godelier
Exposés
Le sida en Afrique subsaharienne : problème culturel ou problème de politique publique ?, par Jean-Pierre Dozon
Du phlegmon à l’azadirachtine. Représentations indiennes des maladies et bioprospection, par Francis Zimmermann
Expériences de la personne, de la santé et de la maladie en Chine, par Élisabeth Hsu
La culture, entre représentations de la personne et politiques de santé. Mises en perspective avec quelques données occidentales, par Sylvie Fainzang
Contrepoints
Le dilemme de la science et de la culture, par Claudine Attias-Donfut
Interdépendance mondiale des politiques de santé publique et de sécurité sanitaire ?, par Marie-Odile Bertella-Geffroy
De l’art de cultiver son jardin pour intégrer les grands champs géostratégiques, par Xavier Carpentier-Tanguy
Petit hommage à une anthropologie décomplexée, par Jean-Marc Ferry
Pandémie et représentation culturelle, par Joseph Maïla
Les limites de la théorie du complot, par Serge Marti
Postface
En guise de conclusion, par Maurice Godelier