Journée d’étude – Les paradoxes du soin
de 9 h 30 à 17 h.
– « Wilderness of pain » Lecture par Patrick Autréaux, psychiatre et écrivain.
La maladie comme expérience intérieure est le thème de ses premiers récits, Dans la vallée des larmes et Soigner, publiés aux Editions Gallimard.
Cette lecture est extraite d’un récit inédit sur une expérience de chimiothérapie, et, ici tout particulièrement, sur un geste du bilan pré-thérapeutique, sur la douleur et la tentative de l’esquiver par l’imaginaire.
– « Le sexe et la mort : deux imaginaires du soin ? » par Jean-Philippe Pierron, philosophe, MCF/HDR, Faculté de philosophie, Lyon 3; EA 4129 SIS Santé Individu et Société.
Auteur de Vulnérabilité, pour une philosophie du soin , PUF, 2010.
La relation de soin confronte à la souffrance, à la maladie grave, à la mort mais aussi au long des jours, à la nudité de corps désirables ou haïssables, à l’engagement d’émotions et de projections affectives, à des affinités électives. Relations et non rapports, le soin mobilise « le sexe » et « la mort », eros et thanatos et avec eux des représentations, des croyances, un imaginaire et des valeurs, aussi bien du côté du soignant que du côté du soigné. Comment la relation de soin prend-elle en compte la présence, parfois lourde, de ces imaginaires du sexe et de la mort ? Les fuit-elle en n’en faisant que des stéréotypes à combattre comme autant d’images parasitant l’activité thérapeutique ? Produit-elle une anesthésie de la dimension pathique engagée dans la relation thérapeutique pour ne se concentrer rationnellement que sur le pathologique ?
Doté d’une aura certaine, symbole par excellence d’une médecine qui « sauve des vies », la réanimation et les soins intensifs incarnent aussi la face sombre du pouvoir médical, ses errements et ses excès. C’est le lieu de « l’acharnement thérapeutique » avec au bout du parcours, pour le malade, une « mauvaise mort » médicalisée ou pire encore, une mauvaise vie, laissée à elle-même dans des conditions encore plus douloureuses qu’auparavant. Dans l’imaginaire collectif, cette médecine démiurge apparaît sous un double visage : elle redonne la vie mais elle est décriée lorsqu’elle inflige des conditions d’existence cruelles et prolonge les souffrances.
Cette après-midi aura pour but d’aller au-delà du miroir de l’imaginaire, d’examiner, d’analyser et de discuter, à partir des pratiques professionnelles, certains enjeux de ce type de soin en contexte hypertechnique et de son « humanisation », le rapport au patient et à ses proches et la prise en charge de la fin de vie, au travers de deux interventions :
– « Le travail d’humanisation comme enjeu du soin en contexte hypertechnique » par Jean-Christophe Mino, médecin chercheur, Centre De Ressources National Soins Palliatifs, Paris.
Auteur de Les mots des derniers soins. La démarche palliative dans la médecine contemporaine », Editions Les Belles Lettres (Prix d’Ethique Médicale Maurice Rapin).
– « Peut-on « bien mourir » en réanimation ? Vers une humanisation de la mort en contexte hypertechnique » par Nancy Kentish-Barnes, sociologue, groupe de recherche Famiréa, Hôpital Saint Louis, Paris.
Auteure de Mourir à l’hôpital, Seuil, 2008.
Tags: Anthropologie, Philosophie, Psychologie, Sociologie