Ethnologie

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Appel à contribution – Enquêter sur la subjectivité dans le domaine de la santé

 

Vendredi 09 septembre 2011  |  Paris

Longtemps reléguée aux marges des approches structuralistes de la société qui l’ont considérée comme un obstacle à la réalisation d’une science sociale rigoureuse, la « subjectivité » et les processus de « subjectivation » des individus font l’objet d’un intérêt renouvelé. On ne saurait attribuer exclusivement l’émergence de ces problématiques au succès indéniable des travaux du « dernier » Foucault sur le « sujet » et le « souci de soi ». L’intérêt apporté au « sujet » est plutôt le fruit d’une tendance de longue durée qui a traversé les sciences sociales à partir des années 1980 : des travaux d’Alain Touraine sur l’« acteur », en passant par le renouveau de l’ethnométhodologie au sein de l’anthropologie des sciences et des techniques, jusqu’à la sociologie des épreuves, le « sujet » des sciences sociales s’est progressivement configuré comme un être qui assume sa capacité à négocier l’ordre social, à résister à la « domination », voire à la détourner et à la subvertir. Les sciences sociales ont essayé de saisir réflexivement l’engagement du chercheur dans son travail d’enquête, ou encore d’appréhender l’émergence sur la scène sociale de sujets qui se trouvaient autrefois aux marges de la société. De sorte que la question du sujet concerne aussi bien les théories et outils analytiques que le chercheur mobilise, l’engagement de sa propre subjectivité au contact du terrain et les objets/sujets qu’il étudie. Centrale à bien des égards, la notion de sujet soulève des défis méthodologiques et ouvre la voie à des pistes d’enquête inédites. C’est dans le domaine de la santé que cette journée d’étude propose d’analyser la question du sujet. Trois axes structureront la journée « Enquêter sur la subjectivité dans le domaine de la santé ».

Le premier axe sera consacré aux problèmes méthodologiques soulevés par la question de la  subjectivité dans les sciences sociales de la santé. Ces enjeux, en partie déterminés par l’approche disciplinaire, sont multiples. L’engagement de l’anthropologue ou du sociologue sur le terrain est largement discuté. Souvent confronté à des approches militantes ou à des acteurs scientifiques engagés dans des controverses, comment le chercheur conçoit-il sa relation au terrain puis à sa restitution ? Et comment l’historien, le cas échéant, traduit-il dans sa propre démarche ces questions élaborées par d’autres disciplines ? Quant à l’approche, la question du sujet semble induire une démarche qualitative. Une démarche quantitative ne peut-elle également éclairer l’expérience subjective des acteurs ? Saisir la subjectivité des enquêtés revient-il forcément à  approfondir l’enquête en direction du qualitatif ? La subjectivité des acteurs apparaît-elle à mesure que l’on s’approche de leur expérience et de leur singularité ? Ces interrogations s’avèrent décisives surtout lorsque l’on choisit de radicaliser la démarche qualitative en concentrant sa recherche sur un nombre restreint d’enquêtés : peut-on faire une enquête ethnographique sur un seul individu ? Quelles conditions un tel travail doit satisfaire afin de garantir sa « scientificité » ? De telles questions ne semblent, a priori, guère se poser aux historiens ; néanmoins, la confrontation des démarches historiennes avec celles de l’anthropologie et de la sociologie pourrait contribuer à éclairer certains enjeux méthodologiques associés à la notion de subjectivité. Comment les historiens ont-ils traduit dans leur méthodologie le défi d’une histoire des subjectivités, sans tomber dans des approches dénoncées comme psychologisantes ? Comment l’intuition de l’historien émerge t-elle du rapport entre le passé et son présent ?

Le deuxième axe de la journée portera sur les significations du travail émotionnel mis en place par les acteurs. Quelle place les émotions et les sentiments moraux revêtent-ils dans certaines interactions propres au domaine de la santé et de la maladie ? Cela peut-être le cas de décisions prises autour de la fin de vie d’un individu par sa famille et par l’équipe soignante. Dans quelle mesure les émotions sont-elles susceptibles d’orienter les choix des acteurs ? Ces derniers font-ils des usages sociaux des sentiments afin d’influencer l’ordre de l’interaction ? Peut-on repérer dans l’analyse de ces situations critiques des « économies morales » distinctes qui déterminent éventuellement des conflits ou, au contraire, des accords entre les acteurs ? Peut-on faire une histoire morale ou émotionnelle des pratiques de santé, alors même que le langage des émotions est bien souvent absent des archives ?

Le troisième axe se concentrera sur l’étude des processus de « production de subjectivités » dans le domaine des politiques sociales et de santé. Il s’agira d’appréhender les enjeux de ce que l’on pourrait appeler, dans le sillage de Ian Hacking, le « façonnement » des sujets par les politiques publiques ou encore par l’action des mouvements sociaux. Comment explique-t-on l’irruption de populations auparavant invisibles qui revendiquent un droit à la visibilité par un usage social et politique de la subjectivité ? Quel type de sujets les campagnes de santé publique ont-elles fait émerger ? Ces processus de façonnement provoquent-ils des résistances ? A titre illustratif, comment analyser l’apparition en France de politiques publiques qui, au cours de la dernière décennie, ont construit des populations entières de citoyens dépendants – des « handicapés psychiques » aux personnes âgées – en s’appuyant sur un langage, celui de la reconnaissance, de l’ « autonomie » et du « projet de vie » des « personnes en situation de handicap », qui s’apparente à celui de la subjectivité ?

Contact et organisation :

Les propositions à faire parvenir aux organisateurs comprendront entre 3 000 et 4 000 signes, et devront être envoyées par courriel, en pièce jointe, à l’adresse suivante : subjectivitesante2011@gmail.com

au plus tard le 9 septembre 2011.

Les auteurs des propositions retenues en seront informés le 15 septembre 2011, ainsi que des modalités pratiques de la Journée d’étude. Veuillez contacter les organisateurs pour toute autre information concernant cet appel à communication et la Journée d’étude à la même adresse mail.

Date prévisionnelle : 26 octobre 2011
Lieu : EHESS, 96, bvd Raspail
Date limite d’envoi des propositions de communication : 9 septembre 2011
Organisateurs :

Julie Castro, médecin, doctorante en anthropologie, EHESS-IRIS/IRD-UR
Benjamin Derbez, doctorant en sociologie, EHESS-IRIS/INCa,
Alessandro Manna, doctorant en anthropologie, EHESS-IRIS,
Giacomo Mantovan, doctorant en anthropologie, EHESS-CRH/CEIAS,
Victor Royer, doctorant en anthropologie, EHESS-IRIS
Gaëtan Thomas, doctorant en histoire, EHESS-CRH/CERMES3
Frédéric Vagneron, doctorant en histoire, EHESS-CRH.
Juliana Veras, doctorante en sociologie, EHESS-CERMES3
Formation doctorale « santé, populations, politiques sociales » (SPPS), EHESS, Paris.

Contact
Comité d’organisation Journée d’étude SPPS 2011
courriel : subjectivitesante2011 (at) gmail [point] com

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Prix observatoire NIVEA / CNRS 2011 – La construction du paraître dans la société

 

 

Pour la cinquème année consécutive, l’Observatoire NIVEA et le CNRS s’associent pour remettre deux prix récompensant deux doctorants travaillant dans le domaine des sciences humaines et sociales ou s’inscrivant dans une perspective interdisciplinaire comme l’écologie corporelle, la relation entre le corps et son environnement, la biologie. Leurs travaux de recherches devront être liés à la thématique de « la construction du paraître dans la société ».

Thème : La construction du paraître dans la société

Les postulants doivent être des doctorants dans le domaine des Sciences Humaines et Sociales ou s’inscrivant dans une perspective interdisciplinaire comme l’écologie corporelle, la relation entre le corps et son environnement, la biologie.

Dotations : 2 PRIX DE 20 000 €

REGLEMENT

PRIX OBSERVATOIRE NIVEA / CNRS – Edition 2011

1 – Préambule

La demande de beauté, de santé et de bien-être allant croissant, la construction d’un corps à soi, reflet de son être, devient un enjeu de société. Vêtements, maquillage, coiffures, parures, tatouages, implants, alimentation, chirurgies, vieillissement, contraintes de l’environnement… autant de modifications subies ou choisies qui construisent l’apparence. L’image du corps prend une importance qu’elle n’avait pas avant. Les individus, les modes de vie et la société dans sa globalité donnent au paraître un rôle clé dans la construction de l’individu et de son image. Car paraître, c’est aussi construire son identité. La peau et le corps deviennent alors des outils de construction du soi.

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Prix de thèse 2011 de la Fondation Médéric Alzheimer

 

La Fondation Médéric Alzheimer lance son appel à « Prix de thèse 2011 » en sciences humaines et sociales d’un montant de 12 000 €. Ce Prix récompense les titulaires d’une thèse de doctorat en sciences humaines et sociales (anthropologie, démographie, droit, économie, philosophie, psychologie, santé publique, sciences du langage, sciences politiques, sociologie), soutenue entre le 15 septembre 2009 et le 30 mai 2011.

Chaque année, la Fondation Médéric Alzheimer promeut et valorise les travaux de jeunes chercheurs en sciences humaines, sociales et psychosociales par l’attribution de Prix de thèse.

Ce Prix récompense les titulaires d’une thèse de doctorat en sciences humaines et sociales (anthropologie, démographie, droit, économie, philosophie, psychologie, santé publique, sciences du langage, sciences politiques, sociologie), soutenue entre le 15 septembre 2009 et le 30 mai 2011.

Cette année seront éligibles au Prix de thèse de la Fondation Médéric Alzheimer les travaux portant sur :

les enjeux de société induits par la maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées (dans ses dimensions anthropologiques, démographiques, économiques, éthiques, juridiques, philosophiques, politiques, psychologiques, sociales)
et/ou

l’amélioration de la qualité de vie des personnes malades et de leurs aidants familiaux, bénévoles ou professionnels

Les candidats au Prix de thèse doivent :

avoir poursuivi leur thèse dans une université française ou étrangère,
avoir rédigé leur thèse en langue française,
ne pas avoir obtenu un autre Prix pour la thèse de quelque nature que se soit.
Date limite de candidature : 20 juin 2011

Composition du jury

Les dossiers complets seront examinés par un jury composé de membres de la Fondation et d’experts du domaine. Une instruction préalable des dossiers sera effectuée par des experts choisis selon les disciplines des postulants.

Attribution du Prix de thèse

Le Prix de thèse 2011, d’un montant de 12 000 €, est forfaitaire et non renouvelable.

La Fondation se réserve le droit de ne pas remettre de Prix de thèse.

Critères de sélection

Le jury de la Fondation sera particulièrement sensible aux caractéristiques suivantes :

pertinence de la recherche  vis-à-vis des thématiques du Prix de thèse 2011,
qualité du dossier: d’une part sur le contenu (hypothèses de travail, méthodologie, problématique, perspectives, approche en termes de comparaison internationale, bibliographie), et d’autre part sur les pièces fournies (CV, lettre de motivation, publications et communications du candidat),
originalité de la thèse au regard de la recherche au plan national et international,
dimension interdisciplinaire et approche comparative au plan international,
cadre éthique de la recherche .

Composition du dossier :

Formulaire de candidature
Présentation synthétique de la thèse.
Résumé de la thèse
Avis motivé du directeur de thèse
Autorisation d’utilisation de la photographie.
Justificatifs
Copie d’une pièce d’identité.
Curriculum Vitae (2 pages maximum) avec la liste de l’ensemble de vos publications et communications.
Lettre de motivation (2 pages maximum).
Photographie.
Attestation du diplôme délivré par l’Université de rattachement.
Rapport de soutenance.
Un extrait de 5 pages maximum de la thèse, choisi en toute liberté par le candidat (choix à justifier brièvement dans la lettre de motivation).
Un exemplaire ou un tiré à part des publications en rapport avec la thèse.
NB : les dossiers complets doivent être adressés en 2 exemplaires, dont un exemplaire non relié et non agrafé avant le 20 juin 2011 (cachet de la poste faisant foi). Indiquer obligatoirement la mention « original » sur le dossier comportant les signatures originales et les documents originaux.

Modalités de participation et dossier de candidature : http://www.fondation-mederic-alzheimer.org/fre/Soutien-a-la-Recherche/Prix-de-these-2011.

Des renseignements complémentaires peuvent être obtenus auprès d’Harold Kasprzak à l’adresse suivante : kasprzak@med-alz.org.

Adresse : Fondation Médéric Alzheimer , Pôle Etudes et Recherche, 30 rue de Prony, 75017 Paris

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Exposition documentaire – Hildegarde de Bingen. Les plantes et la santé au Moyen Âge

Dans le cadre de « Plantes compagnes » au Jardin Botanique du Montet, le Goethe-Institut Nancy présente l´exposition « Hildegarde de Bingen – Les plantes et la santé au Moyen Âge » du 13 mai au 21 juillet 2011 dans son Bâtiment des cours, 39 rue de la Ravinelle à Nancy.
Cette exposition bilingue allemand-français du groupe scientifique spécialisé dans la médecine des monastères de l’Université de Würzburg est présentée en partenariat avec Floraine, les Conservatoire et Jardins Botaniques de Nancy, l’Académie Lorraine des Sciences et l’Université de Lorraine. L´inauguration de l´exposition « Hildegarde de Bingen – Les plantes et la santé au Moyen Âge » aura lieu le jeudi 12 mai 2011 à 20h au Goethe-Institut , 39 rue de la Ravinelle à Nancy. L´exposition sera ouverte le lundi de 14h à 18h et du mardi au vendredi de 10h30 à 18h et le samedi 21 mai de 10h à 13h. Entrée libre.

La médecine des monastères caractérise une époque de l’histoire de la médecine européenne pendant le haut Moyen Âge. L’abbesse Hildegarde de Bingen (1098-1179) occupe une place particulière durant cette période où les monastères étaient les gardiens de la médecine. Dans ses écrits « Causae et curae » et « Physica » , elle développe une science médicale fondée sur la théologie et la philosophie de la nature.
L’ exposition présente des plantes importantes mentionnées dans « Physica » avec des commentaires sur leur signification historique et actuelle. Les images sont issues d’un « herbier » que le moine bénédictin Vitus Auslasser a achevé en l’an 1479 dans le monastère Ebersberg, près de Munich.

Renseignements :
bonnardel@nancy.goethe.org
Tél. 03 83 39 67 40
www.goethe.de/nancy

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Appel à contribution – Bodies of Knowledge, Knowledge of Bodies

Southern Humanities Council Conference

The Seelbach Hotel, Louisville, Kentucky February 2-5, 2012

The 2012 Southern Humanities Council Conference invites proposals for papers/presentations/panels on the theme « Bodies of Knowledge, Knowledge of Bodies. » The play on the term « body » is intentional and reflects not only body as collection, gathering, canon, community in terms of both animate and inanimate reference but also the physical body in terms of gender, race, ethnicity, sexuality, dis/ability, and so on. The topic is interdisciplinary and invites proposals from all disciplines and areas of study.

Send proposals to Mark Ledbetter at shcouncil@gmail.com or if sending by U.S. Postal Service, Mark Ledbetter, Executive Director, SHC, P.O. Box 2546, The College of St. Rose, 432 Western Avenue, Albany, NY 12203. If possible, send all proposals by email.

Topics are not limited to but may address any of the following areas:

Language and Body
Literature and Body
Bodies of Literature
Body Art
Poetry and Body
Poetry of Body
Body and Art
Philosophies and/of Bodies
Religion and the Body
Religious Bodies
Physicality
Emotion and Body
Mind and Body
What Bodies Know
Bodies and Borders
Known Bodies
Body and Discipline(s)
Body and Virtue
Body and Race
Body and Gender
Body and Sex
Body and Sexuality
The Challenged Body
The Whole Body
Transgender Body
Geographical Body
Body as Metaphor
Body and/of Knowledge
The Psychology of Body
The Education of Body
Transitional Bodies
Linguistic Bodies
The Socialization of Body
Body Image/Type
Heavenly Bodies
The Athletic Body
Body History
The History of Body
Body and Violence
Sociology and Body
Embody/Embodiment

If possible, please submit proposals by email. Proposals are due by January 1, 2012. Earlier submissions are appreciated, as are proposals for complete panels. For further information, write Mark Ledbetter at shcouncil@gmail.com.

Mark Ledbetter, Executive Director, SHC, P.O. Box 2546, The College of St.
Rose, 432 Western Avenue, Albany, NY 12203
Phone: 478 960 0140
Email: shcouncil@gmail.com

Visit the website at http://southernhumanities.ning.com

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Colloque – La contamination : lieux symboliques et espaces imaginaires

8, 9 et 10 juin 2011  |  Saint-Martin-d’Hères (38400)

Le Centre de recherches sur l’imaginaire (CRI-Université Stendhal), le Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes (LARHRA, Université Pierre Mendès France) et la MSH-Alpes, organisent ensemble un colloque interdisciplinaire sur « les lieux symboliques de la contamination », où seront représentées la plupart des disciplines littéraires (littérature française du Moyen-âge à nos jours, littérature générale et comparée, sciences du langage) comme les sciences humaines et sociales (anthropologie, philosophie, sociologie, histoire et histoire de l’art). Ce colloque est ouvert à tous les chercheurs dans ces domaines ou intéressés par la question de la contamination. Il aura lieu du 8 au 10 juin à Grenoble (domaine universitaire, MSH-Alpes) et s’interrogera sur l’origine géographique, réelle ou imaginaire, de la contamination, comme sur l’organisation sociale et politique des lieux qu’elle envahit.

La contamination marque l’entrée d’un élément étranger dans un corps sain. L’extériorité et la dissemblance de l’agent contaminant se déportent souvent sur son lieu d’origine. Un glissement de plus en plus notable dit la contamination en termes d’imputation localisée : un espace géographiquement, socialement et culturellement marqué est assimilé à la maladie. Les grandes épidémies ont ainsi reçu de fictives identités nationales (grippe « espagnole », porc « mexicain », vache folle « anglaise »), rencontré d’illusoires frontières (le nuage de Tchernobyl arrêté aux portes de la France), participé de supposées classes sociales (la peste, « maladie populaire », stigmatisait les quartiers pauvres ; le sida, longtemps qualifié de « maladie gay », dénonçait une communauté). La maladie, maintenue dans un lieu éloigné et symboliquement étranger, sous l’effet de l’imagination ou de choix apparemment normés, peut toucher pourtant au plus intime. Environnement, animal familier, entourage domestique, corps et esprit même de l’individu deviennent menaçants et la sphère privée contaminée se voit contrôlée par l’instance publique et collective. Cette aliénation double de l’espace personnel institue une nouvelle dimension symbolique à la fois familière et étrange, fondamentalement unheimlich. En retour se forment, des zones rêvées ou imposées comme protectrices, et apparemment imperméables à la maladie. Le symbolisme du lieu naîtrait ainsi de la fonction que lui attribue l’imaginaire face à la contamination, de la relation duelle qu’il suggère avec un espace qui s’oppose à lui, ou même de sa propre dualité interne. Il serait alors, comme le symbole, composé de deux pôles imbriqués et complémentaires.

C’est au travers de la construction de ces divers espaces dans l’imaginaire que nous examinerons comment sont situés, délimités, reliés et confrontés les lieux symboliques de la contamination. Vingt-cinq chercheurs en littérature et en sciences humaines (histoire, archéologie, anthropologie, sociologie, philosophie) échangeront leurs savoirs, leurs hypothèses et leurs questionnements en la matière. Localisation de l’origine du mal, exploration des frontières entre lieux sains et lieux contaminés, identification et mode d’organisation des lieux de passages retiendront particulièrement leur attention. Les interventions, portant sur divers types de maladies (peste, choléra, paludisme, sida…), seront organisées autour de trois axes de réflexion, déterminant les trois axes d’étude :

Une première journée, organisée de manière diachronique de l’Antiquité à l’époque contemporaine, sera consacrée aux tentatives de délimitation des lieux de contamination dans l’imaginaire collectif, d’un point de vue historique, archéologique, sociologique et littéraire. La réflexion portera notamment sur les zones paradoxales, lieux conjoints de propagation et de confinement du mal.
Une deuxième journée s’intéressera plus particulièrement à la représentation symbolique des lieux de contamination : reconstruction fantasmatique du corps, élaboration de religions et croyances, inventions de figures mythiques et de légendes, toutes reconstructions imaginaires dont on interrogera tour à tour l’origine, la structure et la fonction.
Une troisième journée, enfin, portera sur l’aspect politique de la contamination en explorant l’organisation de la santé publique dans sa dimension idéologique et pratique. Structurations nationales et municipales, convictions et propagandes, solutions collectives ou migrations massives seront ainsi observées.

PROGRAMME « la contamination : lieux symboliques et espaces imaginaires »

MSH-Alpes/ Domaine universitaire /St Martin d’hères-Grenoble
Co-organisé par le CRI (U. Stendhal), le LARHRA ( UPMF) et la MSH-Alpes
8, 9 et 10 juin 2011

8 JUIN 2011

13h30 : introduction du colloque :

Anne-Marie Granet (directrice du LARHRA pour l’université Pierre Mendès France),
Dominique Rigaux (directrice de la MSH-Alpes) et
Lise Dumasy (Présidente de l’Université Stendhal, Grenoble III)

13h50 : présentation du colloque : Véronique Adam et Lise Revol-Marzouk

Espaces et structures : délimiter la contamination De l’Antiquité au Moyen Âge

Présidente de séance : Dominique Rigaux

14h00 Corin Braga (Cluj, Roumanie, Littérature comparée) : Contamination, miasme et médecine religieuse dans l’Antiquité

14h30 Philippe Blanchard (INRAP, archéologie) et Dominique Castex (CNRS, anthropologie) : Les lieux de contamination à partir d’une approche archéo-anthropologique

15h00 Daniel le Blevec (Montpellier III, histoire médiévale) : hôpitaux et léproseries au moyen âge : lieux d’accueil ou d’enfermement ? Le regard de la société sur le « pauvre malade », à travers les sources méridionales

15h30 Pause

De la Renaissance à l’époque contemporaine

Président de séance : Claude Gilbert

16h00 Véronique Adam (Toulouse II, littérature française du XVIIe): lieux contaminés, lieux contaminants des auteurs alchimistes (XVIe-XVIIe s), voir Naples et périr.

16H30 : entretien V. Adam avec Natacha Jacquemard ( U. Nice, Institut Pasteur, anthropologie biologique) : marais, paludisme et contaminations croisées (XVIIIe-XXe).

9 JUIN 2011

Imaginaire et représentation : symboliser les lieux de contamination
L’imaginaire du corps contaminé

Présidente de séance: Lise Revol-Marzouk

9h30 Sylvie Freyermuth (Luxembourg, sciences du langage, langue et littérature française, histoire des idées) et Jean-François Bonnot (Besançon, langue française, histoire des idées), le corps féminin comme lieu de contamination : sorcellerie et hystérie

10h00 Claude Fintz (Grenoble II, littérature française du XXe): l’imaginaire du corps contaminé.

10h30 : Pause

Religions, croyances

Président de séance : Philippe Walter

11h00 Anna Caiozzo (Paris VII, histoire médiévale) et Mehrnaz Katouzian-Safadi (CNRS, histoire médiévale, Entre science et croyance, l’imaginaire du corps contaminé en Orient médiéval.

11h30 Dominique Rigaux (MSH-Alpes, histoire médiévale): Saint-Sébastien, l’iconographie du saint protecteur en France et en Italie

12h00 Véronique Costa (Grenoble II, Littérature française du XVIIIe), la contamination comme péché

12h30 Pause et déjeuner

Figures mythiques et rituelles

Président de séance : Ariane Bayle

14h00 Cristina Vidrutiu (Cluj, Roumanie, histoire des sciences), Pharmakon [poison et médicine] et pseudo-pharmakos [faux bouc émissaire] dans le Decameron

14h30 Lise Revol-Marzouk (Grenoble III, Littérature générale et comparée) : le sphinx, la peste et le cholera ou l’épidémie intérieure. Contamination et déplacements (Sophocle, Poe)

15H00 Sylvie Thorel (Lille III, Littérature française du XIXe), La marche du choléra selon Eugène Sue

15h30 Pause

Légendes et lectures des épidémies

Présidente : Véronique Adam

16h00 Dominique Verdoni (Corte, anthropologie) : l’épidémie comme menace de destruction des « limites », topographiques et sociales de l’espace insulaire matriciel

16h30 Jean-Bruno Renard (Montpellier III, sociologie), rumeurs et légendes de contamination

10 JUIN 2011

Politique et sociétés : organiser la santé publique
Politique et philosophie : idéologies de la contamination

Présidents de séance :Thierry Ménissier puis Jean-Yves Goffi

9h00 Jean-Yves Goffi (Grenoble II, Philosophie), lectures de Voltaire et de Kant sur les épidémies

9H30 Catriona Seth (Nancy II, littérature française du XVIIIe) : Le corps étranger paradoxal : contamination et protection varioliques au XVIIIe siècle

Pause 10h00

10H30 : Laurence Grove (Glasgow, Ecosse, histoire de l’art), la propagande en bande dessinée : la contamination par le sang

11H00 Claude Gilbert (CNRS, sociologie), le champ politique et l’épidémie de sida

11H30 : Thierry Ménissier (Grenoble II, philosophie), Contamination et libre responsabilité : une réflexion biopolitique à partir de la pandémie grippale de l’hiver 2009.

12H00 Pause et déjeuner

La ville et la contamination

Présidente de séance : Anne-Marie Granet

13h30 Sandrine Victor ( Albi, histoire médiévale) : Gestion municipale de l’espace urbain : le rôle du Mostassaf dans la régulation des pollutions en ville selon l’exemple catalan au bas Moyen Age.

14h00 Estelle Barret-Bourgoin (Grenoble II, histoire contemporaine) : Excrétas urbains et lieux de la contamination : des fosses d’aisance au tout-à-l’égout ; Mutations des discours et politiques municipales à la fin du XIXe siècle.

14H30 Pause

La contamination hors la ville

Présidente de séance : Anna Caiozzo

15H00 Anne-Marie Granet (Grenoble II, histoire contemporaine) : la migration comme refuge :l’exemple du choléra dans les populations alpines

15H30 Gilles della Vedova (Lyon II, histoire contemporaine) : la contamination dans le village de Villard de Lans.

16H00 Table ronde/conclusion finale.

Comité scientifique international :

Corin Braga, (MCF, U Cluj-Roumanie, littérature comparée), Jean-François Chassay (PR, U. du Québec-Canada, litt. française), Joël Coste (Pr, U. Descartes, épidémiologie), René Favier (PR, VP recherche, U Grenoble II-Pierre Mendès France, Histoire moderne), Sylvie Freyermuth (Pr, U. de Luxembourg, langue et litt. françaises) ; Claude Gilbert (dir., CNRS, sociologie), Laurence Grove (Senior Lecturer, Centre for Emblem Studies (dir.), U. of Glasgow, Histoire de l’art) Dominique Rigaux (Pr, MSH-Alpes (dir.) , histoire médiévale), Barbara Sosien (Pr, U Jagelonne, Pologne, Litt. française)

Comité d’organisation :

Véronique Adam (MCF, U. Toulouse II, CRI, litt. française), Lise Revol-Marzouk (MCF, U. Grenoble III, CRI, litt. comparée), avec la collaboration d’Anne-Marie Granet-Abisset (Pr, U. Pierre Mendès France, LARHRA, histoire contemporaine)

Contact :

veroniqueadam@gmail.com ou lieuxdelacontamination@gmail.com

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Parution – Terrain. Analyses de sang

 

Terrain, n°56, mars 2011, Analyses de sang.

 

Est accordée ici la priorité au sang des spécialistes de la santé publique et du domaine biomédical. Mais, loin de laisser de côté le symbolique ou le surnaturel, ce dossier s’attache à montrer comment le social, le culturel et le religieux s’immiscent dans des contextes où, pensait-on souvent, ils n’avaient guère leur place.

 

 

 

Analyses de sang
Stephen Hugh-Jones

« Verser notre sang, non celui des autres » Rituel et résistance en temps de guerre
Elizabeth A. Castelli

Pourquoi saigner ? Menstruations, dons de sang et équilibre corporel (Salvador de Bahia, Brésil)
Emilia Sanabria

La « vie sociale » du sang (Penang, Malaisie)
Janet Carsten

Du don à l’industrie. La transfusion sanguine en France depuis les années 1940
Sophie Chauveau

La nature juridique du sang
Jean-Pierre Baud

Excessifs dons de sang. Dévotion et ascétisme en Inde
Jacob Copeman

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Bibliothèque des sciences et de l’industrie – Hygiène mentale, hygiène sociale

 

Après  « Phrénologie », « Théorie de la dégénérescence » et « Femmes et sexualité au 19e siècle », la Bibliothèque des sciences et de l’industrie met en ligne 128 documents sur le thème « Hygiène mentale, hygiène sociale »

A travers cette sélection sur l’hygiène, il nous a semblé important de restituer le mouvement hygiéniste du 19e siècle dans sa capacité à mobiliser les médecins, mais aussi l’administration, la législation, la police, l’éducation, l’architecture, l’urbanisme… ce dont témoigne la très grande diversité de formes et de contenus des publications.

Ainsi le corpus présente à la fois des ouvrages scientifiques, des thèses de médecine, des rapports administratifs… à destination des scientifiques et des pouvoirs publics, mais aussi des livres d’hygiène populaire et des manuels destinés à la jeunesse.

Scientifica propose aussi le « Coin des enfants », livres et albums de littérature scientifique pour enfants et le « Cabinet de curiosité », florilège représentatif de la diversité des fonds de la Bibliothèque.

http://www.cite-sciences.fr/bsi/scientifica

Scientifica est réalisée par la Bibliothèque d’histoire des sciences de la Cité des sciences et de l’industrie

Sur le Web : http://www.universcience.fr/fr/bibliotheque-bsi/contenu/c/1239022148242/etudiants-chercheurs-en-histoire-des-sciences-/

 

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Parution – Sexualities 


Sexualities, avril 2010, vol. 14, n°2.

 

Pain as culture: A postcolonial feminist approach to S/M and women’s agency
Maneesha Deckha

BDSM as therapy?
Danielle Lindemann

Queering the birthing space: Phenomenological interpretations of the relationships between lesbian couples and perinatal nurses in the context of birthing care
Lisa Goldberg, Ami Harbin, and Sue Campbell

Circuits of power, circuits of pleasure: Sexual scripting in gay men’s bottom narratives
Trevor Hoppe

Love, lust and the Irish: Exploring intimate lives through Angela Macnamara’s problem page, 1963-1980
Paul Ryan

A good man is impossible to find: Brokeback Mountain as heteronormative tragedy
Sheila J. Nayar

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Parution – La seconde vie des bébés morts

 

Dominique Memmi, La seconde vie des bébés morts, Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 2011.

 

Escamoter l’enfant mort et inciter les parents à « passer à autre chose », tel était l’usage jusqu’alors dans les hôpitaux européens. Depuis le début des années 1990, Apprendre à « faire son deuil », telle est la règle désormais. Le deuil devient volontariste, presque appliqué. Mais le plus surprenant est sans doute l’invite systématiquement faite aux parents de regarder leur enfant mort. Internationale, cette mutation fut aussi radicale : en dix ans, une page de l’histoire de la mort enfantine a été tournée. Elle cristallise une nouvelle manière de saluer les morts rendant essentielles la matérialité et l’incarnation du souvenir. Que s’est-il passé pour que la présentation ou la représentation du corps devienne, ou redevienne, incontournable pour penser la perte ? Un simple retour au passé ? Fétichisation du corps et psychologisation de son usage : le corps, la chair, le donné biologique sont appelés au secours des psychés. Mais le phénomène se limite-t-il bien au cas des bébés morts ? Que nous suggère-t-il de la redéfinition contemporaine des identités ?

1. Une petite révolution symbolique
Un état des lieux
Le tournant des années 1980-1990
Des initiatives professionnelles
Des évolutions contradictoires ?
Des usages du corps comme formule de compromis ?


2. Re-présenter les morts : rupture et continuité
Un coup d’arrêt au déni de la mort
La mise en représentation néonatale
actuelle et ses justifications
Un volontarisme institutionnel sans précédent
Un volontarisme réservé aux bébés
L’appropriation irrépressible par le regard profane


3. Deux explications insatisfaisantes
Une demande introuvable
Une vérité scientifique indécidable
Ambition scientifique et aspiration normative


4. Théorie psychanalytique et clinique médicale
D’une psychanalyse à une psychologie du deuil
La spécificité des deuils d’enfants
Une « médicalisation » du deuil ?


5. Valorisation de l’enfant et souffrance des mères
La reconnaissance de la souffrance des mères
L’enfant désiré
La promotion de l’enfant
Une souffrance historiquement construite ?
« Des femmes qui pleurent avec d’autres femmes »


6. La dure administration des restes
La vie et la mort à l’hôpital
Une réévaluation de la valeur du vivant
Les soignants ou la dure administration
des « restes »
La « biopolitique déléguée » :
des soignants au front des pratiques sociales
Contraintes et ressources propres du monde médical
L’ardente obligation au « projet d’enfant »
Affronter les apories du projet d’enfant
Maîtriser ou déléguer la gestion de l’arbitraire ?


7. Un retour au passé ?
Des scansions successives
À la recherche de compromis
Entre désincarnation et naturalisme : le corps

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