Séminaire – Figures du pouvoir dans la pratique médicale de l’autorité à la surveillance

Séminaire – Figures du pouvoir dans la pratique médicale de l’autorité à la surveillance

Organisé par Jean-Christophe Weber
Cet été, la promesse d’immortalité a fait le buzz, brièvement ; chaque année, on célèbre les « Victoires de la médecine ». En contraste, la pratique laborieuse du quotidien fait tache. De plus, il semble qu’elle éclabousse dangereusement ceux qui s’en approchent. Ainsi, au dernier congrès annuel de l’association médicale canadienne, un médecin de famille américain, John Findley, a fait une intervention remarquée, dont le Canadian Medical Association Journal s’est fait l’écho dans sa livraison du 23 août dernier. On connaîtrait aujourd’hui une prolifération d’erreurs médicales, une insatisfaction croissante des malades, un accroissement des plaintes pour mauvais traitements, des médecins cyniques ou sur la défensive, atteints de burnout (60% des praticiens aux USA). Selon Findley, le système de santé est structurellement atteint, et le paradigme de la relation médecin-patient doit être révisé. Seraient en cause : l’explosion de l’information médicale, l’exigence de transparence et de reddition de compte (accountability), la complexité de la médecine moderne (6000 diagnostics connus, 4000 médicaments) qui dépasse les capacités d’un médecin individuel, la mécanisation de la pratique dans la mesure où les diagnostics et les traitements dérivent de technologies de pointe. Autrefois la confiance était à la fois assumée et implicite, aujourd’hui les praticiens doivent la gagner.
Le désastre décrit outre-Atlantique s’invitera-t-il dans notre « douce France » ? On peut essayer de penser l’affaire de manière décalée, avec l’hypothèse que sont en jeu des remaniements profonds des jeux de pouvoir. Pouvoir médical. Dans cette expression, on trouvera aussi bien l’autorité, la puissance explicative de la science, l’efficacité des médicaments, le pouvoir de la parole, que la confiance, la dépendance du lien, l’assujettissement, les résistances, l’expertise profane… L’an dernier, nous avons évoqué le gouvernement pastoral, le plaisir de soigner… c’était un début.
S’agit-il seulement d’habiller une technologie qui suit sa propre logique avec des habits « tendance » ? Imaginons esquisser une autre voie. Elle empruntera des chemins de traverse, glanant des fragments aujourd’hui oubliés (toujours l’art d’accommoder les restes), pour tailler l’apparente dureté de l’actuel avec les scalpels de la psychanalyse et de la philosophie.
Modalités pratiques :
Les séances du séminaire auront lieu le mardi de 16h à 18h : les 9 novembre, 7 décembre, 4 janvier, 1 février, 5 avril, 10 mai, a priori dans la salle dite « de l’annexe », au CEERE (ancien Institut d’anatomie pathologique / enceinte de l’hôpital civil de Strasbourg).
Le séminaire est ouvert à toute personne souhaitant mettre au travail ces interrogations. Il fait partie des séminaires proposés aux étudiants du master Ethique Vie Normes et Société et du master Etudes Sociales des Sciences et des Technologies.
On s’inscrit par simple mail à cette adresse : jean-christophe.weber@chru-strasbourg.fr

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