Date limite : 15 décembre 2010

Les représentations du corps dans la littérature, la sculpture, la peinture, les arts visuels, la danse, les performances, la musique abondent. René Passeron affirme : « On écrit avec son corps ». À la fois sujet et objet, moyen et fin, lieu central et véhicule, centre et frontière, le corps protéiforme joue des partitions multiples. L’Histoire du monde et de l’homme passe par ses percepts : le premier homme dresse son corps, se met debout pour affirmer son élan vers une élévation qui devra toujours passer par l’assentiment ou le refus du corps, pulsionnel ou pensant. Ses synecdoques, ses parts unifiées ou divises disent aussi le projet de son invention : la main qui peint, sculpte, se mesure au fer, au bois, à l’argile rend compte de la démesure de l’ambition humaine, qui est de recréer ce corps, de le sublimer, de parer à sa déchéance inéluctable. Ses simulacres, ses contournements, ses figurations – le masque, la marionnette, le pantin –, mais aussi ses défigurations, ses ellipses, ses sublimations : autant de situations où le corps fait sa palinodie, se dit et se dédit, se réinvente autrement.

L’écriture, les arts prennent à des degrés divers la mesure de ce positionnement dans l’espace et dans le temps ; l’index, les déictiques, l’autoreprésentation, la subjectivité discursive, le travestissement, le déplacement métaphorique : autant de marqueurs où se dit le mode de réflexion de l’homme par rapport à sa présence immédiate ou lointaine, directe ou différée.

Corps errant, transporté, corps luttant, résistant, corps pensant, s’auto-pensant. Corps pesant, corps flottant. Corps de la voix – voix du corps

Poétiques du corps

Corps écrit, corps chanté

Angles et inversions du corps. Corps géométrique et corps arabesque

Les propositions devront parvenir avant le 30 septembre 2010, délai de rigueur, au comité de sélection (walid.hamdi@yahoo.fr).

Chaque proposition devra contenir une brève notice biobibliographique et un résumé de la contribution (200 mots maxi), avec les nom et prénom du chercheur ainsi que son affiliation académique.

Le texte intégral de la communication (n’excédant pas les 20.000 caractères tout compris) devra parvenir au comité avant le 15 décembre 2010.

Comité scientifique :

Samir Marzouki – Kamel Gaha – Samia Kassab-Charfi – Daniel Leuwers – Mohamed Bahi –
Comité d’organisation :

Béchir El Arbi –Walid Hamdi – Faouzi Horchani – Yemen Fkih –

Responsable : Pr Samia Kassab-Charfi
Url de référence :
http://www.ugaf.rnu.tn

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Division d’éthique des sciences et des technologies

Secteur des sciences sociales et humaines

UNESCO

Vient de paraître « Rapport du Comité international de bioéthique de l’UNESCO sur la responsabilité sociale et la santé »

Le Rapport du CIB sur la responsabilité sociale et la santé (2009) vient d’être publié comme le deuxième volume de la série visant à diffuser la réflexion et les délibérations du CIB sur les principes de la Déclaration universelle sur la bioéthique et les droits de l’homme (2005).

En traitant de l’article 14 de la Déclaration, qui introduit le principe de la responsabilité sociale et la santé dans le domaine de la bioéthique, le CIB ne prétend pas avoir rédigé un document exhaustif ou prescriptif.  Ce rapport a été bâti sur le travail et les débats déjà consacrés aux questions de politiques de santé publique par d’autres organes internationaux, en particulier l’Organisation mondiale de la santé (OMS), et tente de trouver un équilibre entre données empiriques, discours théorique et implications pratiques de l’application du principe de responsabilité sociale et santé.

Après une partie descriptive sur les déterminants sociaux de la santé et les restrictions d’accès aux soins de santé, et une section spécifiquement consacrée à l’élaboration des dimensions éthiques et juridiques du principe de la responsabilité sociale et de la santé, le Rapport présente des exemples de stratégies concrètes et de lignes de conduites afin de traduire ce dans des politiques spécifiques, visant à promouvoir le meilleur état de santé pour tous.

Cette publication est actuellement disponible en anglais, la version française étant prévue courant 2010. Des exemplaires sont disponibles sous demande auprès de la Division de l’éthique des sciences et des technologies, Section de bioéthique (ibc@unesco.org) et une version pdf est également disponible en ligne (www.unesco.org/ibc).

Anglais : http://unesdoc.unesco.org/images/0018/001878/187899E.pdf

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Ceci est une annonce de l’Observatoire mondial d’éthique de l’UNESCO (GEObs). GEObs est un système de bases de données de portée mondiale sur la bioéthique et les autres domaines de l’éthique appliquée des sciences et des technologies tels que l’éthique de l’environnement, l’éthique des sciences et l’éthique des technologies. Le système comprend actuellement six bases de données sur les experts en éthique, les institutions d’éthique, les programmes d’enseignement de l’éthique, la législation et les principes directeurs en matière d’éthique, les codes de conduites, et les ressources en éthique. Pour plus d’informations, veuillez visiter le site web de l’Observatoire: www.unesco.org/shs/fr/ethics/geobs

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Recrutement d’un post-doctorant pour le projet jeune chercheur ANR PHILOMED (2009-2012) :

« La refonte de l’homme : découvertes médicales et philosophie de la nature humaine  (Pays germaniques, France, Grande-Bretagne, XVIIe-XVIIIe siècles)

I – Présentation du projet :

Le projet PHILOMED entend mesurer l’impact des découvertes réalisées dans les domaines de la médecine et de la physiologie aux XVIIe et XVIIIe siècles du point de vue de l’émergence d’une anthropologie philosophique dans les pays germaniques, en France et en Grande-Bretagne.

Il est né du constat suivant : les grands récits traditionnels de la Révolution scientifique ou de la naissance de la science moderne n’assignent pas une place convaincante à la médecine ni aux recherches physiologiques. Les avancées de la médecine, science mi-théorique, mi-pratique ne sont sans doute pas aussi spectaculaires que celles des sciences physico-mathématiques, en particulier si on les évalue à l’aune du critère du succès thérapeutique. La médecine de l’époque moderne n’a pas encore défini de manière pleinement consensuelle ses normes méthodologiques ni ses paradigmes théoriques (la rupture avec les modèles hippocratique et galénique n’est pas consommée). Pourtant des découvertes fondamentales sont faites, celle de la circulation sanguine (Harvey), de l’irritabilité, de la sensibilité (Glisson, Haller). L’image du corps se transforme, on en élucide les fonctions, qu’il s’agisse du tonus (Stahl), de la transpiration ou de la respiration (Borelli, Stahl). Evoquant le débat entre partisans de l’ancienne médecine et ceux de la médecine moderne dans ses Nouveaux Dialogues des Morts (1683), Fontenelle résume l’enjeu de ces avancées : c’est tout l’homme qu’il convient de « refondre » en se demandant dans quelle mesure une représentation donnée du corps humain (celle que proposent la médecine des humeurs, la médecine chimique, mécaniste, iatromécaniste…) peut servir à appréhender la nature même de l’homme.

Le projet PHILOMED se donne pour objectif de comprendre la genèse de l’anthropologie philosophique, discipline qui va se définir par une double ambition médicale et philosophique et que l’on voit à l’œuvre dans l’Anthropologia ex propiis et novis du français Jean Riolan, dans l’Anthropologia nova de James Drake en Angleterre ou encore dans l’ouvrage d’Ernst Platner – Anthropologie für Ärzte und Weltweise – paru en 1772 en Allemagne.

Contre la tendance générale à étudier les traditions médicales et philosophiques de manière séparée, nous proposons de montrer quel rôle joue la médecine dans l’élaboration et les transformations de l’idée d’une « nature humaine » et dans les tentatives de réponses apportées à la question « qu’est-ce que l’homme ». L’étude de ces trois grandes ères géographiques et culturelles que constituent les pays germaniques, les îles britanniques et la France nous permettra par ailleurs de tenir compte de la manière dont les découvertes circulent, sont reçues, discutées ou contestées de manière spécifique en fonction des contextes politiques, religieux, des débats philosophiques propres à tel ou tel pays.

Quatre axes de recherche ont été définis : 1. « Médecine et révolution scientifique » 2. Les fondements médicaux et physiologiques de l’anthropologie philosophique des XVIIe et XVIIIe siècles 3. Débats et résistances (philosophiques, théologiques, morales, politiques) suscités par ces évolutions 4. Enjeux et débats contemporains (la médecine support de nouvelles idéologies scientifiques, fondements anthropologiques de l’éthique médicale).

Pour plus d’informations sur le projet consulter le site : http://www.philomed.univ-paris8.fr/

Projet porté  par S. Buchenau (Université Paris 8 Saint-Denis).

Direction scientifique : S. Buchenau, C. Crignon (Université de Bourgogne) et A-L. Rey (Université Lille I)

II – Descriptif du poste : Post-doctorat d’un an (octobre 2010-fin septembre 2011) susceptible d’être renouvelé en 2011-2012

Durée : octobre 2010 – fin septembre 2011

Salaire : environ 2043 euros net

Fonctions :

  • communication des informations au sein de l’équipe (14 chercheurs environ).
  • Actualisation du site internet ANR PHILOMED (mise à jour des notices, des actualités du groupe).
  • Collaboration avec la BIUM pour un projet de collection numérisée « Médecine et anthropologie philosophique » (projet en cours, devant être achevé en juillet 2011). Collecte et relecture des notices rédigées par les membres du groupe.
  • Organisation des ateliers de recherche et journées d’études.
  • Aide à la réalisation d’un projet commun d’anthologie de textes médicaux et philosophiques (Médecine et anthropologie philosophique, XVIIe-XVIIIe siècles) et d’un volume compagnon
  • Aide au dépouillement de journaux savants en France, Angleterre, Allemagne aux XVIIe et XVIIIe siècles.
  • Participation aux tâches administratives (ordres de mission, commandes d’ouvrages, compte-rendu des ateliers).

III. Compétences requises :

Souhaitant que le travail du post-doctorant puisse s’intégrer à notre projet, nous recherchons quelqu’un dont les travaux portent sur la philosophie / l’histoire des sciences (médicales) des XVIIe ou XVIIIe siècles. Les personnes travaillant sur médecine et philosophie à l’époque contemporaine peuvent aussi candidater dans la mesure où elles sont susceptibles de s’intéresser aux liens entre le contemporain et la période qui constitue prioritairement notre terrain d’enquête.

Le candidat devra avoir soutenu sa thèse de doctorat avant septembre 2010. Doctorat requis en philosophie ou histoire des sciences.

Chargée de la communication des informations parmi les membres de l’équipe, la personne recrutée devra faire preuve de qualités relationnelles et organisationnelles.

Elle sera aussi chargée de mettre à jour le site internet via un logiciel de gestion de contenu d’utilisation simple (joomla).

Maîtrise du français et de l’anglais requise, une connaissance de l’allemand et/ou de l’italien serait aussi fort appréciée (projets de collaborations France / Allemagne / Italie en cours de préparation, petits travaux de traduction requis dans ce cadre).

IV. Constitution du dossier :

CV (profil, diplômes, parcours professionnel, expérience de l’organisation de la recherche, publications et communications, langues)

Résumé de la thèse (avec le rapport de soutenance)

Lettre de motivation (une page)

Dossier à envoyer le plus rapidement possible à S. Buchenau (stefaniebuchenau@aol.com), A-L. Rey (annelise.rey@free.fr) et C. Crignon-De Oliveira (Claire.De-Oliveira@u-bourgogne.fr) par voie électronique. Date limite : 10 juillet 2010.

Une première sélection sera faite à partir des dossiers reçus. Nous prévoyons des entretiens le 12 ou 13 juillet à Paris.

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Parution – Bien dans l’eau. Vers l’immersion

Bernard Andrieu, Bien dans l’eau. Vers l’immersion, préface de Thierry Terret, coédition Atlantica/musée national du Sport, 2010, 217 p.

La peur de l’eau est aujourd’hui bien réelle : inondations, tsunamis, sécheresse, guerres de l’eau, noyades et pollutions. Mais face au changement climatique, être bien dans l’eau est une alternative sensorielle : douche solaire, spa, récupération de l’eau de pluie, maisons flottantes, vie sous la mer, massages aquatiques, nouveaux thermalismes, tout est à découvrir de notre peau et de notre corps en apesanteur et en relaxation. Depuis les bébés-nageurs jusqu’aux sports de glisse, l’immersion dans l’eau et l’immersion sous l’eau définissent un nouveau mode de vie : liquide, fluide et profonde, l’eau devient notre milieu corporel.

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Parution – Femmes en fleurs, femmes en corps – Sang, santé, sexualités, du Moyen Age aux Lumières

Nicole Pellegrin, Cathy McClive (eds), Femmes en fleurs, femmes en corps – Sang, santé, sexualités, du Moyen Age aux Lumières, Presses Universitaires de Saint-Etienne, 2010, 364 p.

Dispensateur de la vie, le corps féminin a toujours été l’objet de questionnements et d’attentions, tant de la part des savants que des femmes et des hommes confrontés à ses métamorphoses.
Pourtant, comme réalité relevant à la fois de données biologiques et de la construction sociale du genre, il a été peu étudié jusqu’à une période récente. Nubilité, beauté, menstrues, viol, grossesse, accouchement, stérilité, ménopause, vieillesse… comment nos ancêtres ont-elles, ont-ils vécu ces phénomènes longtemps appréhendés à travers la métaphore des fleurs ? Que voulait dire être une  » femme en fleurs  » avant la modernité ? Réunissant, dans une optique délibérément interdisciplinaire et internationale, les résultats d’enquêtes de douze chercheuses spécialistes de l’histoire des femmes et du genre au Moyen Age et sous l’Ancien Régime, le présent volume voudrait faire connaître les directions les plus actuelles de la recherche.
il reprend le thème du corps féminin et surtout de ses fleurs sous des angles divers : judiciaire, médical, épistolier, visuel, religieux, mystique, culturel… En proposant une vision originale de la corporalité au féminin, il ouvre des pistes de réflexion nouvelles et particulièrement fécondes.
Sommaire

I. Préserver sa fleur

Laurence Moulinier-Brogi
Virginité, maternité et maux du corps féminin au prisme de l’uroscopie médiévale

Evelyne Berriot-Salvadore
De l’ornement et du gouvernement des dames : esthétique et hygiène dans les traités médicaux des xvie et xviie siècle

Marie-Élisabeth Henneau
Corps sous le voile à l’époque moderne

Nicole Pellegrin
Fleurs saintes. L’écriture des stigmates (xvie-xviiie siècles)

II. Fleurir

Helen King
Engendrer « la femme » : Jacques Dubois et Diane de Poitiers – Traduction de Sylvie Deleris

Eugénie Pascal
L’attente de l’héritier. Désir d’enfant, grossesse et délivrance dans les lettres de princesses  (1560-1630)

Elizabeth L’Estrange
« Quant femme enfante… » : remèdes pour l’accouchement au Moyen Âge

Lianne McTavish
L’ambivalence du corps féminin en France au début de l’époque moderne – Traduction de Sylvie Deleris

Lisa Wynne Smith
La Raillerie des Femmes ? Les femmes, la stérilité et la société en France à l’époque moderne – Traduction de Sylvie Deleris

III. Perdre sa fleur

Susan Broomhall
Le prix de l’amour : les négociations nées de relations sexuelles et de grossesses illégitimes à Paris au début du xvie siècle. – Traduction de Sylvie Deleris

Stéphanie Gaudillat Cautela
Le corps des femmes dans la qualification du « viol » au xvie siècle

Cathy McClive
Quand les fleurs s’arrêtent : vieillesse, ménopause et imaginaire médical à l’époque moderne

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Parution – L’affaire Rouy. Une femme contre l’asile au XIXe siècle

Yannick Ripa, L’affaire Rouy. Une femme contre l’asile au XIXe siècle, Tallandier éditions, 2010, 304 p.

Cet ouvrage est une excellente introduction à l’histoire sociale du XIXe siècle puisque les mésaventures de Hersilie Rouy, concentrent toutes les caractéristiques d’une société basée sur la domination des femmes, que ce soit dans le domaine de la transmission du patrimoine, du rapport à leur corps et à leur esprit.

La période qui se situe entre la restauration et la fin du second empire et caractérisée par la naissance des sciences du comportement, avec cette fascination pour les maladies mentales qui sera à l’origine des premières expérimentations scientifiques pour les traiter. C’est donc dans des structures spécialisées que Hersilie s’est retrouvée pendant neuf longues années, sans avoir été vraiment examinée, mais victime des préjugés du corps médical. Dans la première maison de santé, celle de Charenton, où elle se retrouve en 1854, à la suite des manœuvres de captation d’héritage de son frère, elle allait être en contact avec un personnel soignant composé essentiellement de religieuses qui voient dans la maladie mentale une sorte de punition divine et de péché qu’il faut expier. De plus, sa lucidité se retourne contre elle puisque le directeur de l’établissement, un certain Boué, évoque son aliénation lucide. Son obstination à démontrer sa santé mentale lui vaut le diagnostic de monomaniaque. On apprécie la caractéristique de : « monomanie ambitieuse et raisonnante ». Tout est dit dans cet avis. De plus, cette femme qui a atteint son 50e anniversaire à l’asile et même victime d’une négation de son identité, puisque son frère manoeuvre avec beaucoup d’habileté pour en faire une fille de père inconnu, même si paradoxalement son internement était censé être demandé par son père lui-même mort peu de temps auparavant. On retrouve ici une vision kafkaïenne de l’univers administratif particulièrement surprenante.

L’auteur Yannick Ripa décrit ainsi cet univers des maisons de santé du département de la Seine, comme Charenton ou la Salpêtrière dans laquelle Bercy se retrouve comme pensionnaire indigente. Même son âge, une petite cinquantaine, vient justifier son diagnostic de monomanie : « l’âge critique », ou « le retour d’âge », c’est-à-dire la ménopause, vient à l’appui de la pathologie qui lui est prétée. Ulysse Trélat le médecin aliéniste de la Salpêtrière transforme d’ailleurs le cas de sa patiente en études de cas, lorsqu’il évoque cette folie lucide, comme la caractéristique de troubles particuliers menaçant l’ordre familial. Les « malades mentaux lucides » sont des satires, des nymphomanes, des monomanes érotiques, des kleptomanes et des suicidaires. Le médecin aliéniste inscrit sa pratique dans une démarche de défense du corps social. Le fait que Hersilie soit célibataire vient également à charge. Une femme indépendante, est forcément suspecte, d’autant plus qu’elle refuse le travail imposé aux pensionnaires dans les asiles. Même son statut de musicienne vient alimenter les préventions à son égard, puisque dans ce XIXe siècle misogyne, une femme doit se limiter à des arts d’agréments, en aucun cas à une création artistique majeure. La soumission de la patiente, conséquence de sa monomanie ambitieuse, et donc plus grave que sa maladie mentale elle-même.

Après le passage à Charenton et à la Salpêtrière, le médecin aliéniste, le docteur Auzouy et sa patiente, qui est simplement désignée par son prénom, se retrouvent à l’asile de Maréville. Elle est installée dans une chambre cellulaire aveugle, ce qui est considéré comme un remède – sanctions à sa révolte pathologique. C’est là qu’elle commence à essayer d’écrire à différentes personnalités, des médecins d’abord, mais ensuite le procureur impérial, le baron Haussmann, l’impératrice Eugénie. Elle se retrouve à ce moment-là dans la section des « gâteuses ». Mêlée aux débiles profonds Hersilie n’a de cesse d’exposer par écrit les ruses d’un frère qui l’a fait interner pour rester seul en ligne dans la succession. cette agitation suspecte fait sa réputation : Hersilie est une indocile, une véhémente dont la séquestration s’impose. Informé de son insubordination, le médecin-chef la diagnostique atteinte de folie d’orgueil ou « folie lucide ». Pendant son internement, Hersilie essaie de communiquer avec les autres pensionnaires par la musique. Cette volonté vient appuyer le diagnostic de monomanie. Paradoxalement, dans ses mémoires, publiés après 1868, elle raconte qu’elle a eu le soutien de quelques domestiques qui lui faisaient passer de quoi écrire. Lorsqu’elle écrit à l’impératrice Eugénie, 27 mai 1862, elle se présente comme étant la sœur du roi Henri V ans se réclamant d’une ressemblance avec la duchesse de Berry. Elle explique le sort qui lui est fait par la volonté de comploteurs qui avaient voulu éloigner une princesse du sang royal.

Cette lucidité qui finit tout de même par attirer l’attention d’administrateurs des hospices, puis du préfet. Un rapport au garde des Sceaux réclame pour la demoiselle de meilleures conditions. Après cinq ans de séjour, en 1868, on lui délivre même une attestation de guérison. Avec le concours de notables du cru, Hersilie sort enfin des murs. Le ministre de l’Intérieur reconnaît l’irrégularité commise. Son frère et l’administration centrale sont montrés du doigt. La presse s’en mêle. Elle évoque une « résurrection » quand, à l’occasion d’un récital à l’Institut musical, la pianiste joue Carl Maria von Weber. Elle s’engage alors dans un nouveau combat, pétitionnant contre les internements psychiatriques abusifs et pour une réforme de la loi de 1838. A la Chambre des députés, les parlementaires du Loiret sollicitent Gambetta. Le sujet doit être débattu le 16 juillet 1870… jour de l’ordre de mobilisation. Les Prussiens et la défaite de Sedan ont raison d’Hersilie.

Yannick Ripa nous emmène sur les pas de cette femme hors du commun en prenant appui sur ses Mémoires d’une aliénée, parus après sa mort. La description de la réalité de son quotidien, dépassant souvent la fiction, est un plaidoyer à charge contre l’asile et sa fonction politico-sociale au XIXe siècle, mais aussi sur la terrible condition féminine de l’époque.

Historienne, Yannick Ripa enseigne l’histoire des femmes et du genre à l’université Paris VIII. Elle est l’auteur de La Ronde des folles. Femmes, folie et enfermement au XIXe siècle (Aubier, 1985), Les Femmes actrices de l’Histoire. France, 1789-1945 (SEDES, 1999) et Les Femmes (Cavalier bleu, 2002).

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Parution – Le sein. Une histoire


Marilyn Yalom, Le sein. Une histoire, Seuil / Volumen, 2010, 416 p.

Préface d’Elisabeth Badinter

« Quoi de plus immuable que le sein féminin ? N’a-t-il pas toujours eu pour fonction de contenter l’homme et le bébé ? L’histoire qu’en trace Marilyn Yalom, de la préhistoire à nos jours, est infiniment plus complexe et subtile. Partant de la question : “À qui appartiennent les seins ?” elle donne à voir, selon les époques et les pays, de multiples “propriétaires” qui décident de leur fonction, de leur statut et même de leur forme.

Du sein divin du Moyen âge au sein érotique d’Agnès Sorel, du sein domestique du XVIIe siècle au sein politique de Marianne torse nu, du sein commercialisé par l’industrie du corset et du soutien-gorge au sein rongé par le cancer ou torturé par le piercing du XXe siècle, Marilyn Yalom montre que le pauvre sein de la femme a appartenu successivement à l’enfant, à l’homme, à la famille, au politique, au psychanalyste, aux commerçants, au pornographe, au médecin, au chirurgien esthétique, avant que les féministes n’en reprennent le contrôle à la fin du siècle dernier.

[…] En vérité, quelle femme aujourd’hui peut se jouer tout à la fois de la mode, de la séduction et de sa santé ?
En fait, “la poitrine a été et continuera d’être un marqueur des valeurs de la société.” Histoire à suivre, donc, pour mieux comprendre le monde dans lequel on vit… » – Élisabeth Badinter

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Colloque Jean-Savy*
Faut-il réhabiliter la réadaptation ?

Jeudi 16 septembre 2010 de 9 h 00 à 17 h 00

À l’occasion du 30e anniversaire du Journal de réadaptation médicale et avec la collaboration du laboratoire d’éthique médicale et de médecine légale, Université Paris Descartes – Paris 5

  • Éthique, handicap et réadaptation : introduction par le Professeur Axel Kahn (Président de l’université Paris Descartes)
  • L’apport du linguiste (J-M. Wirotius)
  • La réadaptation concrètement : un parcours semé d’obstacles (Y. Veulliet)
  • Construction d’une nouvelle spécialité médicale dans le champ de la réadaptation (M-O. Frattini)
  • Psychiatrie et réadaptation (B. Durand)
  • Naissance de la kinésithérapie : sa contribution en réadaptation (J. Monet)
  • Neuropsychologie et réadaptation (M. de Jouvencel)
  • L’ergothérapie, une profession de réadaptation (H. Hernandez)
  • La réadaptation : oui, mais comment ? Aspects organisationnels et financiers (J-P. Devailly)

Bulletin d’inscription à télécharger ici,
à renvoyer par fax ou par email à :
Aude Jeanson
Tél : 01 71 16 54 20 – Fax : 01 71 16 51 84
a.jeanson@elsevier.com

Inscription : 10 €, dans la limite des places disponibles
Lieu : Grand Amphithéâtre de l’Université Paris Descartes – Paris 5

* En hommage à Jean Savy, ancien rédacteur en chef de la revue Réadaptation, décédé le 9 mars 2010.

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Entre histoire des sciences et santé publique

Mardi 14 septembre 2010  |  Nantes (44)

Gérard Jorland interroge l’histoire de nos institutions publiques, et les raisons pour lesquelles la France tarde à appliquer les mesures d’hygiène permises par les découvertes scientifiques (chimie lavoisienne et révolution pasteurienne) contrairement à ce que l’on observe dans de nombreux pays européens. Il s’interroge sur un second paradoxe : comment expliquer que, dans un pays de forte tradition étatique comme la France, le gouvernement central ait joué un rôle aussi limité dans le développement de l’hygiène publique ?

Conférence Germes-SHS/ORS Pays de la Loire

Mardi 14 septembre 2010

18h30-20h30

Gérard Jorland

Directeur de recherche au CNRS, Directeur d’études à l’EHESS

Philosophe et historien des sciences

Faute de pouvoir soigner les maladies, la médecine du XIXe siècle s’est employée à les prévenir. D’où le rôle central qu’y joue l’hygiène publique. Se donnant pour mission de supprimer les foyers d’infection qui minent la société, elle s’étend à tous les domaines : égouts et voiries, orientation et hauteur des bâtiments, alimentation et travail, pollution industrielle et urbaine, prisons, casernes, hôpitaux, mais aussi prostitution, alcoolisme, crimes, suicides, etc.

La France est depuis le XVIIIe siècle à la tête de la pensée hygiéniste moderne, avec notamment la chimie lavoisienne et la théorie des miasmes qui préconise d’aérer les espaces de travail, d’éloigner les habitations des lieux où air et eau sont stagnants… La révolution pasteurienne de la seconde moitié du XIXe siècle vient donner corps à ces connaissances, et Gérard Jorland montre comment, des miasmes aux germes, ces découvertes scientifiques ont à leur tour bousculé les pratiques d’hygiène (stérilisation, vaccination…), tout en rencontrant des résistances plus ou moins fortes selon les pays. Mais il interroge aussi l’histoire de nos institutions publiques, et les raisons pour lesquelles la France tarde à appliquer ces mesures sur une grande échelle, contrairement à ce que l’on observe dans de nombreux pays européens.

Les réponses apportées par l’auteur se trouvent au carrefour de la construction des savoirs scientifiques, du développement des différentes disciplines et institutions d’hygiène publique, et de la construction de l’Etat. Il s’interroge avec d’autres sur un second paradoxe : comment expliquer que, dans un pays de forte tradition étatique comme la France, le gouvernement central ait joué un rôle aussi limité dans le développement de l’hygiène publique ? Une question qui va continuer à courir tout au long du XXème siècle.

La conférence sera suivie d’un débat avec deux discutants:

  • François Tuffreau, directeur adjoint de l’ORS Pays de la Loire
  • Stéphane Tirard, Professeur d’épistémologie et d’histoire des sciences, directeur du Centre
  • François-Viète, Université de Nantes

L’entrée est libre, mais limitée en nombre de places.

Inscription attendue avant le 7 septembre 2010

Contact
  • cédric le bodic
    courriel : cedric.le [tiret] bodic (at) univ-nantes [point] fr

    MSH Ange-Guépin
    5 allée Jacques Berque
    BP 12105
    44021 Nantes Cedex 1

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Parution – Corps – Revue interdisciplinaire

Bonnes humeurs ?

DIRE

ENTRETIEN AVEC FRANÇOISE HÉRITIER

LIRE

Marie-Luce Gélard et Olivier Sirost INTRODUCTION Humeurs ou substances ?
Bernard Vernier LE SANG, L’INCESTE ET LA PARENTÉ
Marie-Luce Gélard LES POUVOIRS DU LAIT EN CONTEXTE SAHARIEN : « LE LAIT EST PLUS FORT QUE LE SANG »
Cécile Lignereux BONNE HUMEUR CONTRE BELLE HUMEUR : LA VALORISATION DES LARMES AU XVIIE SIÈCLE
Olivier Sirost LES PÉDAGOGIES DE LA BONNE HUMEUR
Nicole Phelouzat BEAUX TEMPS ET BONNES HUMEURS
Noga Arikha LA QUÊTE DE L’ÉQUILIBRE : ÂME, VERTUS, HUMEURS
Christine Bergé FLUIDES ORGANIQUES ET PESÉE DE L’ÂME OU LE CALCUL DES HUMEURS EN RÉANIMATION

VOIR

Gilles Boëtsch PHYSIOGNOMONIE FÉMININE

DÉCOUVRIR

Marc Cizeron CROIRE PAR CORPS Étude de cas dans l’enseignement d’un art martial
Jean-Michel Durafour EFFRACTION DU NU À propos de L’Homme invisible de James Whale
Cécile Estival IMAGERIE MÉDICALE ET RAPPORT AU CORPS DANS UN CENTRE DE CANCÉROLOGIE

Accéder aux articles en ligne

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