Parution – Images de la folie

C. Quétel, Images de la folie, Paris, Gallimard, 188 p.

Aucune maladie n’a été plus porteuse d’iconographie que la folie. Le mot lui-même a toujours été ambivalent, signifiant à la fois absence de sagesse et perte de la raison au sens médical du mot. Les artistes se sont engouffrés dans la brèche en jouant sur les deux tableaux. Des pures allégories de la folie comme La Nef des fous, on a cependant tôt fait d’arriver à des représentations où la pathologie a déjà sa place. C’est néanmoins avec la naissance de la psychiatrie, à l’orée du XIXe siècle, que les images de la folie se multiplient : peintures édifiantes, types d’aliénés, scènes de la vie asilaire… L’asile, voulu comme un instrument de guérison, se transforme en vision d’épouvante à travers les images-reportages de ses cours et de ses dortoirs, de ses médications et de ses appareils de contention. L’iconographie de la folie s’exprime aussi dans les représentations de maladies «vedettes» comme l’hystérie, dans le regard des artistes à diverses époques, dans les figurations d’une antipsychiatrie aussi ancienne que la psychiatrie elle-même. Enfin, les fous eux-mêmes font oeuvre dans l’expression de l’art brut.

Au total, ces images constituent une véritable histoire de la folie, d’une folie qui, rapidement débarrassée de ses oripeaux allégoriques, apparaît en dépit de la diversité de ses représentations comme ce qu’elle a été de tous temps : une maladie toujours aussi mystérieuse et encombrante pour la société. L’historien Claude Quétel a publié une Histoire de la folie, de l’Antiquité à nos jours (Tallandier, 2009), qui constitue la synthèse de nombreux travaux publiés sur l’histoire de la folie, le plus souvent en collaboration avec des psychiatres (notamment la Nouvelle histoire de la psychiatrie, dirigée avec le Dr Jacques Postel).

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10e Colloque international sur les textes médicaux latins



A la croisée des médecines grecque et romaine. Contributions à  l'histoire d'une greffe scientifique et culturelle


Université de Lausanne

Bâtiment Amphimax, salle 414

3-6 novembre 2010

Institut d'archéologie et des sciences de l'Antiquité(IASA, Faculté des lettres)
en partenariat avec

l'Institut universitaire d'histoire de la médecine et de la santé publique

(IUHMSP, Faculté de biologie et de médecine/CHUV)

Consulter le programme et le résumé des communications

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Parution – Le post-humain et les enjeux du sujet

La publication de ce numéro thématique, coordonné par Xavier Lambert, s’inscrit dans le prolongement d’une journée d’études organisée en mai 2009 à l’université de Toulouse-Le Mirail dans le cadre du Laboratoire de Recherches en Audiovisuel (LARA), qui a regroupé plasticiens, philosophes, et psychanalystes. Cette journée avait pour objectif de s’interroger sur un concept récurrent qui traverse aussi bien le champ de l’art, que celui de la philosophie, voire celui de la psychanalyse, sans parler des enjeux politiques qu’il sous-tend, la question du post-humain.

Pour consulter cette publication

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Séminaire de recherche - Histoire de la médecine et des savoirs sur le corps


Rafael MANDRESSI, chargé de recherche au CNRS

1er et 3e lundis du mois de 19 h à 21 h à l’EHESS (105 bd Raspail, salle 11)

Les idées savantes sur la nature, l’organisation et le fonctionnement du corps humain sont
l’armature du discours médical sur la vie et sur la santé. Les savoirs médicaux concourent ainsi à
la constitution des représentations du corps humain, leur formation étant articulée à des
pratiques de santé et à des usages – sanitaires, philosophiques, religieux, judiciaires – réglés
selon les cadres et les terrains de l’intervention médicale. De même, les conditions et les
procédés d’obtention des connaissances impliquent l’instauration de relations particulières au
corps, où entrent en jeu les exigences épistémologiques et éthiques, les aspects économiques et
politiques. L’histoire de la médecine peut ainsi être envisagée sous des aspects très variés, que
ce séminaire a pour propos d’intégrer : des pratiques aux institutions, des textes aux objets, de
la production doctrinale et conceptuelle à la transmission et la mise en œuvre des idées.
Pleinement inscrit dans l’histoire des sciences ainsi que dans l’histoire sociale et culturelle,
le champ de l’histoire de la médecine définit un espace de recherche marqué par les enjeux
intellectuels et sociaux du corps dans un registre savant. Cela engage aussi bien une histoire des
représentations et de l’investissement du corps en tant qu’objet de science, qu’une histoire des
usages des savoirs sur le corps. Aussi vise-t-on la constitution historique des dispositifs et des
opérations de connaissance savante du corps humain, en relation avec leurs contextes de
production, de réception et d’application.
Ce séminaire s’adresse aussi bien aux chercheurs et doctorants qu’aux étudiants de Master. Il est
néanmoins ouvert à toute personne intéressée.

Programme

15/11/2010. 	Rafael MANDRESSI : Histoires et historiographies de la médecine : enjeux et objets.

06/12/2010. 	Jean-Marc MANDOSIO (EPHE) : La médecine astrale dans le traité de magie naturelle de Jacques Lefèvre d'Etaples (fin XVe siècle).

17/01/2011. 	Olivier FAURE (Université de Lyon 3). Savoirs contestés, savoirs  réprouvés : les médecines hétérodoxes aux XIXe et XXe siècles.

31/01/2011.	Vincent BARRAS (Institut universitaire d’histoire de la médecine et de la santé publique, Université de Lausanne) : Médecine et physiologie autour de 1900 : chambres pneumatiques et physiologie d’altitude.

07/02/2011. 	Frédéric OBRINGER (CNRS, Centre d’études sur la Chine moderne et contemporaine) : La rencontre de deux conceptions du corps: corps chinois, corps européen, XVIIe-XIXe siècle.

21/02/2011. 	Gérard JORLAND (EHESS) : L’épidémiologie au XIXe siècle.

07/03/2011. 	Rafael MANDRESSI : Virilité et savoir médical à l’époque moderne.

21/03/2011. 	Elisa ANDRETTA (Max-Planck Institut für Wissenschaftsgeschichte) : Médecins voyageurs et circulations des savoirs à la Renaissance entre l’Espagne et l’Italie.

04/04/2011.	Jean-Christophe COFFIN (Université Paris Descartes) : La question antipsychiatrique.

02/05/2011. 	Rafael MANDRESSI : Faire l’histoire d’un « organe » : le cas du cerveau.

16/05/2011. 	Jean-François BRAUNSTEIN (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne). Une vision médicale du monde. Le « cas » Lombroso.

06/06/2011. 	Rafael MANDRESSI : Médecine transatlantique, XVIe-XIXe siècle : éléments pour un programme de recherche.


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Table ronde – Exposer le corps humain : Déontologie et questions juridiques

14. et 15  décembre 2010

Objectifs : Exposer le corps humain : déontologie et questions juridiques

Un an après le symposium international « Des collections anatomiques aux objets de culte : Conservation et exposition des restes humains dans les musées » organisé par le musée du Quai Branly et suite aux débats liés à l’exposition « Our Body » et à son interdiction, ces deux journées ont pour objectif de remettre sereinement au débat la question de la conservation et de l’exposition des restes humains.

En repartant des collections anatomiques universitaires, des collections des muséums d’histoire naturelle, des collections historiques connues et reconnues, on tentera de mettre en commun l’état des réflexions actuelles sur l’exposition des restes humains ; de quel régime juridique relèvent-ils ? Comment arbitrer les intérêts contradictoires qui s’expriment à leur propos ? L’approche sera à la fois juridique et déontologique, elle croisera le regard et le point de vue des professionnels en charge de ces collections, des restaurateurs, juristes philosophes et usagers de ce patrimoine.

Coordination : Marie Cornu Volatron, directrice de recherche au CNRS, Umr 6224, juriste

Cédric Crémière, conservateur du patrimoine, directeur du muséum du Havre

Régulateur : Christophe Degueurce, conservateur du musée de l’Ecole au Musée de l’Ecole nationale vétérinaire de Maisons- Alfort

Rendez-vous : Institut national du patrimoine

2, rue Vivienne

75002 PARIS

Mardi 14 décembre 2010

09h30 – 10h15 Accueil des participants, tour de table et présentation des journées,

Anouk Bassier, adjointe à la directrice des études, département des conservateurs, Institut national du patrimoine

Marie Cornu Volatron, Cédric Crémière

Le corps humain dans tous ses états

Régulateur : Christophe Degueurce, conservateur du musée de l’Ecole au Musée de l’Ecole nationale vétérinaire de Maisons- Alfort

10h15 – 10h30 Introduction générale :

Marie Cornu Volatron, Cédric Crémière

10h30 –11h15 L’invention du corps

Raphaël Mandresi, historien des sciences

11h15 – 11h30 Pause et discussion

11h30 – 12h15 Le point de vue de l’anthropologue

David Lebreton, anthropologue

12h15 – 13h00 Le point de vue juridique

Marie Cornu Volatron et Florence Belivier, juriste

13h00 – 14h30 Déjeuner libre

14h30 – 15h30 Essai de typologie : du squelette au corps décoré

Jean Yves Marin, directeur du musée d’art et d’histoire de Genève

15h30 – 16h30 Les restes humains dans les collections françaises

Noëlle Timbart, conservateur du patrimoine, C2RMF

Laure Cadot, restauratrice

16h30 – 17h30 Les restes humains dans les collections universitaires

Luc Gomel, directeur du service des collections de l’Université Montpellier 2

17h30 – 18h00 Discussion générale

Mercredi 15 décembre 2010

Les conflits de valeur

Régulateur : Jean-Pierre Mohen, directeur du département du musée de l’Homme, MNHN

09h15 – 09h30 Où se nouent les conflits de valeurs ?

Marie Cornu Volatron, Cédric Crémière

09h30 – 10h15 La valeur scientifique

Alain Froment, département du musée de l’Homme, Muséum national d’histoire naturelle, Paris

10h15 – 11h30 La valeur esthétique

Yves le Fur, conservateur en chef du patrimoine, chef du département des collections, Musée du Quai Branly

Christophe Degueurce, conservateur du musée de l’Ecole au Musée de l’Ecole nationale vétérinaire de Maisons- Alfort

11h30 – 11h45 Pause

11h45 – 13h00 Le principe de dignité et la valeur patrimoniale

Marie Cornu Volatron

Principes éthiques et valeurs morales

Cédric Crémière

13h00 – 14h30 Déjeuner libre

Exposer, restaurer, conserver le corps humain

14h30 – 15h30 Exposer, restaurer, conserver le corps humain en Australie

Francesca Cubillo, senior curator, aborigional and Torres strait High lander Art

15h30 – 17h30 Table ronde : Quelle « bonnes » pratiques ? animée par Cédric Crémière

Avec Sébastien Minchin, directeur du Muséum de Rouen, Gérald Migeon, conservateur régional de l’archéologie, Drac Guyane, et Elise Patole-Edoumba, conservateur du patrimoine, C2RMF, Philippe Mennecier, département du musée de l’Homme, Muséum national d’histoire naturelle, Paris, Patrice Josset, Maître de conférence en anatomie pathologie, Musée Dupuytren, Vincent Négri, chercheur associé au CNRS, CECOJI, UMR 6224 et Marie Cornu Volatron .

17h30 – 18h00 Bilan des journées

Anouk Bassier

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Parution – Vulnérabilité, pour une philosophie du soin

Jean-Philippe Pierron,  Vulnérabilité, pour une philosophie du soin, Paris, PUF, 2010.

Comment soigne-t-on aujourd’hui les personnes malades ? Ces dernières années, la médecine a fait des progrès énormes. Les soins que l’on apporte aux patients sont de plus en plus savants et techniques. Peut-on pour autant rabattre l’épreuve de ceux qui souffrent à une simple série de « signes cliniques », seuls censés être objectifs, neutres et rationnels ? Quelle est la place du malade au sein de l’hôpital ?
En analysant des situations délicates et complexes (cancer, fin de vie…), Jean-Philippe Pierron s’interroge sur la signification des soins que la médecine offre aux personnes qui souffrent. L’homme malade a besoin d’être reconnu et cette reconnaissance exige du temps. Prendre soin de lui, le soigner, c’est l’accompagner au quotidien : c’est donc et tout d’abord prendre en compte l’extrême vulnérabilité dans laquelle nous plonge la maladie.

Introduction

Chapitre premier. — Le geste soignant
Soigner, un parcours de la reconnaissance
La professionnalisation du soin
Prendre soin : le cœur du métier
La raison soignante : expertise systématique ou compétence systémique ?

Chapitre II. — La sécularisation du soin
Santé et salut
La santé et le creuset cartésien
Santé et sécularisation
Du silence des organes au bien-être
De l’hôtel-Dieu à l’hôpital

Chapitre III. — Le soin et la symbolique du mal
Identifiant médical et identité culturelle
La maladie et la symbolique du mal
Un exemple : l’imaginaire du cancer
Se comprendre comme malade devant le symbole

Chapitre IV. — Le soin : dignité et intimité
Les dignités, l’homme digne et l’indignation
Du principe à l’action
Le corps soigné : intimité et pudeur
Corps malade et corps du malade
La chambre d’hôpital

Chapitre V. — Le soin face à la souffrance
L’homme souffrant
Douleur, souffrance et langage
Souffrance et herméneutique de soi
Soin, laïcité et spiritualité

Chapitre VI. — Soigner : accompagner la vie ?
Phénoménologie de l’accompagnement
Une nouvelle scène du mourir ?
La médicalisation de la fin de vie

Chapitre VII. — Le dernier soin
Qu’est-ce qu’un cadavre ?
Déchet, charogne et cadavre
Le cadavre : figure et défiguration
Le geste de sépulture

Conclusion

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Parution – Alliage (culture, science, technique)


Perfections et perfectionnements du corps, Alliage (culture, science, technique), n°67, 2020

Cette parution fait suite à un Colloque organisé à Lyon par Sarah Carvallo et Jonathan Simon.

En voici le sommaire :

en couverture, ORLAN

Sarah Carvallo, Jonathan Simon, Introduction

Marieke Heindrieksen, Une recherche commune de « l’Homo perfectus » ? La relation de travail de Albinus (1697-1770) et Wandelaar (1692-1759)

Emmanuel d’Hombres, La perfection du corps humain à l’épreuve de la critériologie anatomique de l’échelle des êtres au tournant des xviiie et xixe siècles

Isabelle Queval, La surnature du sportif d’élite : corps entraîné, corps dopé, corps augmenté.

Marie Gaille, « Perfection » et « normalité ». Les enjeux d’une philosophie des normes de la procréation.

Martin Dumont, Aram Gazarian, La greffe de la main chez le nouveau-né : un développement possible des greffes non vitales ?

Bernard Andrieu, Hybridation  performative, ou la fin de la perfection

Jérôme Goffette, Anthropotechnie : cheminement d’un terme, concepts différents.

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Lundi 31 janvier 2011  |  Lyon (69000)

Depuis les années 1950, la notion de « vulnérabilité » s’est progressivement imposée dans le lexique des politiques de protection sociale comme dans celui des sciences humaines et sociales. Confortée par des années de crise économique et par l’ébranlement des États-providence, elle s’est installée comme une référence obligée des politiques publiques d’insertion et d’activation. Désignant une multitude de réalités (situations de pauvreté, de précarité, de dépendance, de souffrance physique et psychique, de désocialisation, de domination ou d’inégalité)…, elle semble rendre compte de l’émergence d’un champ d’intervention interstitiel à la croisée des problèmes sociaux et de santé.

Appel à contribution pour le colloque final du projet « Lyon vulnérabilités », mené par le LARHRA, cofinancé par la DREES-MiRe et l’ANR, Grand amphi Lyon 2, 17 et 18 novembre 2011

Comité scientifique et de pilotage :

  • Axelle Brodiez,
  • Isabelle von Bueltzingsloewen,
  • Benoît Eyraud,
  • Christian Laval,
  • Bertrand Ravon

Depuis les années 1950, la notion de « vulnérabilité » s’est progressivement imposée dans le lexique des politiques de protection sociale comme dans celui des sciences humaines et sociales. Confortée par des années de crise économique et par l’ébranlement des Etats-providence, elle s’est installée comme une référence obligée des politiques publiques d’insertion et d’activation, tendant à reporter sur les usagers eux-mêmes une partie des missions d’assistance, d’éducation et de soin. Devenue depuis les années 1990 un véritable « mode de lecture du social », elle apparaît toutefois comme un terme fourre-tout désignant une multitude de réalités : situations de pauvreté, de précarité, de dépendance, de souffrance physique et psychique, de désocialisation, de domination ou d’inégalité… « Mot-valise » ou « mot-éponge », le terme offre l’avantage d’articuler, dans des approches tant interdisciplinaires que multi-factorielles, les dimensions biologique, psychique et sociale ; individuelle et collective. Reste que son succès semble surtout s’expliquer par sa capacité à rendre compte de l’émergence d’un champ d’intervention interstitiel, situé au croisement des institutions sanitaires et sociales, dans un contexte de reconfiguration et de fragilisation de celles-ci.
Mais ce phénomène est-il si neuf qu’il y paraît en première analyse ? Ne peut-on postuler que le développement des institutions sanitaires et sociales, dont la mission est de suppléer aux défaillances du corps social, a toujours procédé par la création d’espaces interinstitutionnels  (socio-éducatif, médico-social, médico-psycho-pédagogique…) susceptibles de répondre à de nouveaux besoins ? Contre les lectures trop hâtives ou généralisantes qui verraient dans la notion de « vulnérabilité » le paradigme d’un nouveau mode de prise en compte/charge des personnes les plus fragiles, ce colloque envisage de restituer, sur un long XXe siècle et en questionnant les ruptures chronologiques traditionnellement retenues, les dynamiques institutionnelles à l’œuvre dans les pratiques sanitaires et sociales de l’assistance, de l’accompagnement, de l’éducation ou du soin. Cette démarche implique une approche pluri-disciplinaire convoquant des travaux issus de l’histoire, de la sociologie, de la science politique et/ou de l’anthropologie. Une attention particulière sera notamment prêtée aux dispositifs de « traitement » des vulnérabilités, des premières actions publiques républicaines aux montages les plus contemporains, pour saisir la complexité des agencements entre éléments institutionnels (interdépendances entre les échelles politico-administratives de l’action, les publics, les acteurs, les disciplines, les techniques, les référentiels…), entre générations d’institutions et de réglementations qui se juxtaposent/superposent bien qu’elles renvoient à des temporalités contradictoires.
En définitive, la notion de « vulnérabilité » pourrait désigner l’actualité d’un maillage institutionnel complexe aux fondations anciennes, caractéristique d’une action publique qui se déploie à des rythmes différents, par ajustements successifs, et parfois par approximations ; en un mot, qui ne cesse d’éprouver ses limites. En ce sens, la catégorie « vulnérabilité » pourrait rendre compte de la fragilité (historique) de nos sociétés et de leurs façons de traiter les problèmes sanitaires et sociaux.
1/ Autour des concepts

« La notoriété que connaît la notion de vulnérabilité » serait « peu compatible avec le vide sémantique qui la caractérise » . Dans la lignée des appels à projets lancés par l’Agence nationale de la recherche en 2008 sur le croisement des vulnérabilités sanitaires et sociales, ce colloque vise à mieux cerner et définir une notion mobilisée aussi bien en épidémiologie qu’en criminologie ou en sismologie, dans le droit que dans les politiques publiques ainsi que dans les sciences humaines et sociales.
Car chacun de nous est un vulnérable en puissance, potentiellement sujet à des basculements dans son état de santé, sa vie professionnelle ou privée. Nous avons tous été et serons vulnérables – l’enfance, l’adolescence et la vieillesse constituant en particulier des périodes névralgiques. Réversible ou non, temporaire ou durable, la « vulnérabilité » n’est pas totalisante mais peut ne concerner qu’un aspect de la vie (professionnelle, affective, sanitaire, sociale, etc.). Elle peut aussi désigner la fragilité comme processus, comme environnement sociétal ou comme état, se prêtant aussi bien à des analyses synchroniques que diachroniques. Elle peut enfin renvoyer à l’expérience subjective de l’autonomie et/ou de la dépendance, mais aussi à des dimensions interpersonnelles ou institutionnelles.
Dès lors, il s’agira d’examiner dans quelle mesure le concept de vulnérabilité peut être heuristique, et se décliner ou non, en histoire et en sociologie du champ sanitaire et social ; de voir comment elle peut utilement compléter ou concurrencer d’autres concepts (pauvreté-précarité, domination, autonomie et dépendance, souffrance sociale, physique ou psychique, etc.).
2/ Parcours de vulnérabilité

Qu’elle soit état, environnement sociétal ou processus, la vulnérabilité est intimement liée au parcours de chaque individu. Elle peut se manifester, sous des formes et à des degrés divers, à certains âges de la vie (naissance, enfance, adolescence, 4e âge) ; par des handicaps (physique, mental ou psychique) de naissance ou survenus plus tardivement ; comme le produit d’un milieu environnemental ou sociétal fragilisant, induisant des évolutions lentes ou des ruptures plus franches dans l’itinéraire des personnes. Elle peut concerner des individus isolés, mais aussi des groupes « chez qui les principes d’autonomie, de dignité ou d’intégrité sont compromis, menacés ou violés »  (les sans-abri, les femmes battues, les immigrants, les homosexuels, les séropositifs,…). La notion de vulnérabilité paraît ainsi indissociable de celle de risque.
Ces formes de vulnérabilité pourront donc être saisies à l’échelle biographique, grâce à des sources archivistiques et/ou des récits de vie, ou à l’échelle de groupes spécifiques (prosopographie, analyse de mouvements sociaux, etc.). Les approches pourront être processuelles ou synchroniques ; qualitatives ou quantitatives ; porter sur l’entrée, l’installation et/ou la sortie de la vulnérabilité ; ou encore appréhender les conséquences identitaires de la vulnérabilité sur les individus ; etc.
3/ Les tensions d’un champ professionnalisé

Le long XXe siècle est marqué par l’institutionnalisation du travail social, sur fond de professionnalisation, de fonctionnarisation et de diversification (voire de « balkanisation » ), ainsi que, plus récemment, de déqualification de nombreux emplois. Le militantisme et l’abnégation des intervenants sociaux du premier XXe siècle semblent aujourd’hui davantage l’apanage du monde associatif, pourtant lui aussi soumis à des contraintes de plus en plus fortes.
Il s’agira d’analyser d’une part la professionnalité des acteurs du social, tant comme réalité contemporaine à interroger que comme processus historique catalysé par des crises politiques (la Première  et la Seconde guerre mondiale par exemple) ou économiques (années 1930, 1980-2000). D’autre part, d’appréhender les tensions en tout genre qui traversent le monde du travail social, qu’elles soient hiérarchiques, dues à la coexistence d’ethos charitables traditionnels et de motivations militantes, ou conséquence de désillusions (que le travail social paraisse soit trop gestionnaire, trop « au front » ou inversement trop « à l’arrière », tonneau des Danaïdes en contexte de crise économique et sociale, etc.). L’accent pourra aussi être mis sur l’impact de ces professionnalisations et de ces tensions sur le public aidé. On pourra enfin analyser la sociologie des « aidants » et l’effet de différentiels plus ou moins accusés avec celle des « aidés ».
4/ Vulnérabilités et action publique

La vulnérabilité sanitaire et sociale peut être appréhendée en amont, à l’épicentre et en aval de l’action publique.
En amont : comment des individus, des groupes ou des associations parviennent-ils à s’imposer dans l’espace public ? Pourquoi, et à quel prix, acceptent-ils de revendiquer une identité de « vulnérable » pour faire évoluer le regard social et les politiques publiques ? Car « il y a [aussi] des avantages concrets à être inclus dans la catégorie vulnérable, et ceux-ci sont suffisamment importants pour compenser le contenu stigmatisant inhérent à cette même catégorie » .
A l’épicentre : comment l’action publique arbitre-t-elle, selon le contexte politique et social, entre des formes de vulnérabilités concurrentes qui s’offrent à elle et s’imposent comme légitimes ? Comment les Etats occidentaux ont-ils tenté de remédier, au fil du XXe siècle, aux différentes formes de vulnérabilités sanitaires et sociales ? Par quelles lois, quels budgets et quelles représentations de la vulnérabilité ? Via quelle répartition entre échelles territoriales, quels emboîtements de dispositifs ? Quelle part a-t-on respectivement laissé aux logiques émancipatrices et aux logiques palliatives ? Au droit privé et au droit public ? Aux droits sociaux et aux droits subjectifs ?
Enfin, en aval : qui – travailleurs sociaux, associations… – met en oeuvre les politiques de lutte contre la vulnérabilité, dans quelles conditions matérielles et budgétaires, via quels dispositifs ? Comment s’articulent action privée et action publique ? Comment, quand l’action publique fait du « prêt-à-porter », la transformer en « sur-mesure », et avec quel impact sur les populations visées ?

Ce colloque est destiné à un large public : spécialistes du champ, étudiants, mais aussi travailleurs sociaux, bénévoles d’associations, … Une intervention « accessible » est donc souhaitée ; elle pourra ensuite être retravaillée en vue de  la publication.
Les propositions de communication d’une page environ sont attendues pour le 31 janvier 2011.

Contact

  • Axelle Brodiez
    courriel : axelle [point] brodiez (at) ish-lyon.cnrs [point] fr
  • Benoît Eyraud
    courriel : benoit [point] eyraud (at) ish-lyon.cnrs [point] fr

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Appel à contribution – Boire et manger

Mercredi 05 janvier 2011  |  Chambéry (73000)

Besoins primaires de l’homme, le « boire et manger » sont extrêmement présents dans les thématiques développées à l’heure actuelle par nos sociétés modernes, que ce soit en raison de leur pénurie ou de leur manque dans certaines parties du monde, ou, à l’opposé, de leur surabondance dans d’autres. De la sorte, il semble que ces besoins, et les pratiques qui y sont liées, de par leur aspect fondamentalement humain, constituent un thème d’étude particulièrement propice pour les Sciences Humaines et Sociales.

Ouvertes à tous les chercheurs (étudiant en Master 2, doctorant, docteur, MCF, professeur), les Journées d’Etudes Doctorales du laboratoire LLS de l’Université de Savoie se proposent donc cette année de se pencher sur le « boire et manger » au travers de la diversité des approches SHS. De manière non exhaustive, pourront être abordés les disciplines et les thèmes suivants :

– la sociologie et l’ethnologie, qui se penchent sur les pratiques alimentaires et leurs usages sociaux sous des angles divers (identités culturelles, rapport à la santé, à l’image de soi et des autres…) ;
– l’histoire, la géographie et l’économie, qui s’intéressent depuis longtemps à la circulation marchande des denrées alimentaires, à leur usage dans les sociétés au fil du temps, à l’évolution des marchandises ou encore à la place occupée par la production sur les territoires et parmi les populations ;
– la littérature, qui intègre depuis toujours des représentations du « boire et manger » dans les récits, permettant ainsi à la fois un ancrage dans le temps et une description plus précise des personnages et des mœurs ;
– la linguistique, par le prisme du vocabulaire et du discours, permet l’étude des rapports entretenus par un locuteur ou un groupe de locuteurs à la nourriture et à la boisson, ou encore la mise en évidence de l’importance de ce thème dans certaines circonstances particulières ;
– la psychologie, qui s’intéresse notamment aux conduites et aux pratiques alimentaires contemporaines.

Langues de travail : français (anglais éventuellement)

Propositions de communication :

Les résumés sont à envoyer avant le 5 janvier 2011

Sous la forme suivante : présentation de votre communication (300 à 500 mots, Times New Roman 12, interligne simple), accompagnée d’une bibliographie indicative (10 lignes maximum) et d’un court CV (nom, prénom, université, laboratoire, niveau d’étude/poste) en vue d’une évaluation et d’une sélection des candidatures par le comité scientifique.

Merci d’adresser vos candidatures à l’adresse suivante : jed2011.univsavoie@gmail.com

Comité scientifique

Pascal Bouvier, Maître de conférence en Philosophie, Université de Savoie
Jennifer Coelho, Docteure en Psychologie, Université de Savoie
Sabine Lardon, Maître de conférence en Littérature, Université de Savoie
Stéphanie Tabois, Maître de conférence en Sociologie, Université de Savoie

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Chèr(e)s collègues,

J’ai l’honneur de vous signaler et de vous inviter à la soutenance de ma thèse intitulée « L’entreprise morale en chirurgie esthétique, un mandat aux marges de la médecine », qui se déroulera le lundi 15 novembre à 9 heure, à l’Université Rennes 2, devant le jury composé de :

BERCOT Régine, Professeure à l’Université Paris 8 / Rapporteuse

PAICHELER Geneviève, Directrice de Recherche au CNRS / Rapporteuse

FAINZANG Sylvie, Directrice de Recherche à l’INSERM / Examinatrice

VILBROD Alain, Professeur à l’Université de Brest / Examinateur

HEAS Stéphane, Maitre de conférences HDR, Université Rennes 2 / Directeur de thèse

Yannick LE HENAFF
ATER en sociologie, Université Brest
LAS LARES Rennes 2
yannicklehenaff@yahoo.fr

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