Etudes Genre

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Parution – L’hôpital en réanimation: le sacrifice organisé d’un service public emblématique

 

Bertrand Mas, Frédéric Pierru, Nicole Smolski, Richard Torrielli (dir.), L’hôpital en réanimation: le sacrifice organisé d’un service public emblématique, Paris, Editions du Croquant (Savoir/Agir), 2011.

Un livre sur les transformations actuelles du monde hospitalier, et plus largement sur celles des services publics et de l’Etat.

Introduction: Des praticiens et des chercheurs croisent leurs diagnostics et leurs pronostics

Il est des rencontres qui font un livre et fondent une ambition. À l’occasion du séminaire de réflexion organisé par le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs élargi (SNPHAR-E), médecins hospitaliers, professionnels de terrain, économistes, sociologues, philosophes, ont cherché à décoder les raisons du malaise profond qui affecte aujourd’hui l’hôpital public. Nous avons décidé de livrer ici les clés de ce décryptage.

Un constat s’impose. Lentement, progressivement, insidieusement, depuis plus de 30 ans, malgré les impasses et les effets pervers des réformes néo-libérales, les politiques publiques nationales et européennes ont créé les conditions de la privatisation et de la libéralisation de notre système de santé solidaire. Et le fait le plus frappant réside en ce que ces évolutions ont été conduites dans une opacité totale sans que jamais le débat démocratique ne puisse véritablement s’emparer de ce sujet crucial et offrir un choix clair aux citoyens.

Qui sait qu’il n’existe plus, juridiquement, d’hôpitaux publics en France puisque la catégorie d’« hôpital public » a été méthodiquement rayée de la législation à l’occasion de l’adoption de la loi portant réforme de l’hôpital, le 21 juillet 2009 ?

Qui sait que les décisions administratives au sein des hôpitaux sont désormais motivées par la rentabilité forcenée, la mise en concurrence acharnée et la conquête de parts de marché ? Les réunions hospitalières institutionnelles sont devenues de véritables réunions de directoire d’entreprises marchandes.

Qui sait qu’aujourd’hui les médecins hospitaliers, et demain les infirmières, peuvent être rémunérés à la performance selon des critères édictés par des agences paraétatiques ? Le médecin qui vous prend en charge ne vous soigne plus seulement en conscience. Il a aujourd’hui perdu une part de son autonomie, de son indépendance et de son libre arbitre. Sa pratique n’est plus uniquement fonction des données de la science ou de son expérience. Il est un médecin sous influence. Influence administrative car la verticalisation et la concentration des pouvoirs aux mains d’exécutifs non élus (chefs d’établissement, directeurs généraux des ARS) atteignent aujourd’hui un paroxysme. Influence économique car tout le champ de la médecine semble devoir se réduire en une somme d’actes techniques juxtaposés auxquels correspondent des tarifs précis, ajustables à tout moment. Des agences conseillent ou promeuvent tel ou tel mode de prise en charge. Et de votre compliance, voire de votre soumission dépendront la pérennité de votre emploi de médecin hospitalier, devenu précaire, et le montant de votre rémunération, devenue variable. Influence juridique, enfin, car la recherche de la guérison sans incident, sans accident et sans séquelle s’est introduite dans la relation médecin-malade et tend à faire disparaître le « colloque singulier » au bénéfice du contrat de résultat.

Beaucoup l’ignorent. Pourtant il s’agit de mesures souvent techniques qui, en s’empilant au fil du temps, finissent par opérer une véritable révolution à la fois conceptuelle et pratique. L’on pourrait même parler d’une contre-révolution tant, en réalité, l’objectif, d’ailleurs assumé par certains idéologues patronaux, est de sacrifier notre modèle de protection sociale, hérité du Conseil national de la Résistance.

Paradoxalement, ce sont des bouleversements que beaucoup de médecins ont validés, plus ou moins consciemment, oubliant parfois le sens profond de leur vocation à soigner. Sont-ils pour autant responsables de n’avoir su résister et de s’être ainsi compromis à accepter, la lassitude aidant, ce renoncement éthique et déontologique ; et pour certains, de se rendre même complices de cette nouvelle doctrine par l’acceptation du rôle de « manager » que veut leur conférer la nouvelle gouvernance de l’hôpital ? En réalité, une analyse attentive des réformes démontre que la conversion du monde médical aux valeurs mercantiles est le fruit d’une volonté délibérée et d’une impulsion programmatique d’une technocratie gestionnaire et des lobbies assurantiels et industriels : « On ne naît pas marchand, on le devient. » Ce furent des évolutions extrêmement progressives et souvent insidieuses, de sorte qu’elles furent difficiles à dénoncer pour un professionnel accaparé par son activité quotidienne auprès des malades. D’ailleurs, le médecin ainsi conquis à son insu n’était probablement pas intellectuellement équipé pour comprendre et faire barrage à cette offensive du marché et de l’État, lesquels avaient scellé de longue date un pacte inavoué consacrant la dissolution de l’hôpital public.

Ce déni de démocratie est la marque de fabrique des récentes réformes (financement des hôpitaux, Loi HPST) et il est aujourd’hui à l’origine d’une spirale de défiance qui abîme les relations entre les soignants, certains administratifs et les patients. Or, sans confiance il n’est point de médecine efficace et solidaire au service de tous. Le discours de « la » réforme – sous-entendue la seule possible et imaginable – résonne violemment et assourdit celles et ceux qui croient en la suprématie des valeurs républicaines de solidarité, d’égalité et de méritocratie. Nous sommes désormais toutes et tous déstabilisé-e-s par des injonctions contradictoires et paradoxales permanentes. Et nous finissons parfois même par douter du sens premier de nos engagements.

Les pages qui vont suivre tentent donc de décrypter les réformes néo-libérales en cours. Le réquisitoire est accablant. Le constat éclairant. L’hôpital et ses réformes apparaissent paradigmatiques de l’évolution en cours et à venir des services publics.

Néanmoins, nous voulons conforter notre analyse au-delà de la simple dénonciation stérile d’un complot. L’alliance singulière des hommes et des femmes que nous sommes porte également l’ambition de proposer une vision différente et un projet à contre-courant de la pensée dominante. Nous devons rétablir l’autonomie et la prééminence des professionnels et des intellectuels en lieu et place des « experts » ; ces idéologues d’un nouveau genre usurpent la légitimité scientifique pour servir des intérêts privés bien plus prosaïques. L’invocation de la « science », de la « fatalité des faits », l’exhibition de statistiques plus ou moins fallacieuses, l’appel au « bon sens gestionnaire » sont censés faire taire le débat démocratique. Nous refusons cet évidement de la délibération collective. Contre eux, nous proclamons que la santé n’est pas un bien de consommation. Contre eux, nous défendons une recherche médicale et une formation médicale continue indépendantes. Contre eux, nous affirmons que les valeurs professionnelles d’éthique et de déontologie sont porteuses d’avenir pour nos métiers, et sont au fondement de la relation de confiance qui nous lie aux patients. Contre eux, nous pensons qu’un travail d’équipe serein est davantage vecteur d’efficience que les coûteuses politiques de l’évaluation quantophrène et de l’enfermement dans des normes élaborées en dehors, sinon contre les professionnels.

Enfin, nous sommes mus par une conviction forte : il existe, plus que jamais, une place pour un hôpital public d’excellence dans notre société. Et cette place doit être non seulement défendue, mais aussi étendue. L’hôpital public, en tant qu’il est seul porteur, au sein d’une offre de soins en voie de privatisation accélérée (médecine libérale, cliniques, industrie pharmaceutique), de la logique et des valeurs de service public, doit investir de nouveaux champs d’activité, en particulier la médecine de proximité, qu’elle soit curative ou, surtout, préventive. C’est en réalité en faveur d’une nouvelle ambition pour l’hôpital public que nous plaidons : un hôpital réformé, instrument de lutte contre les déserts médicaux, s’appuyant sur de nouveaux modes de gouvernance locale et régionale, ouvert sur son environnement, modèle de démocratie sanitaire et consacrant la fin d’une certaine médecine basée sur un mandarinat féodal. Il nous appartient de prendre en main nos destins et de tourner le dos aux résignations. Les défis sont nombreux. Certes. Mais, pour qui a le sens de l’Histoire et l’ambition du progrès, il est aujourd’hui deux enjeux majeurs à relever : réinventer l’hôpital public républicain et refonder les valeurs d’une médecine humaniste.

Il va de soi que si ce livre a été initié par des praticiens hospitaliers, issus d’une spécialité plutôt dominée dans le champ médical, il ne se veut absolument pas un plaidoyer pro domo des intérêts d’une profession médicale – au demeurant très éclatée tant dans ses conditions d’exercice, ses pratiques que dans ses revenus – que l’on considère souvent comme privilégiée et « intouchable 1 ». Les médecins ont l’habitude de travailler en équipe, avec les infirmières, les aides-soignantes, les assistantes sociales 2, etc. Les réformes mettent en cause non seulement l’hôpital public, institution républicaine où exercent tous les soignants, mais aussi les équipes elles-mêmes. À rebours donc de tout corporatisme, cet ouvrage vise, au contraire, à restituer et à expliquer, grâce à l’éclairage des sciences sociales, les plaintes ordinaires, formulées par toutes les catégories de soignants, face à un univers qui, sous l’effet des réformes, se bureaucratise, se déshumanise, génère toujours plus de démotivation et de résignation, de la souffrance au travail aussi, multiplie les conflits éthiques et de loyauté (« dois-je privilégier le bien du patient ou celui des finances de l’hôpital ? »).

Il est organisé en deux grandes parties. La première vise à restituer le contexte macro-économique et, surtout, macro- politique de la conformation toujours plus grande du monde hospitalier à la rationalité néo-libérale et aux préconisations du New Public Management. Elle démonte les engrenages idéologiques, budgétaires, instrumentaux de « La » réforme. La seconde partie s’efforce d’identifier les conséquences de cette grande transformation hospitalière sur les pratiques des soignants et, partant, sur la qualité des soins reçus (ou non) par les usagers de cette institution républicaine centrale. Ce faisant, cet ouvrage tente de tenir ensemble les dynamiques macrosociales et leurs manifestations les plus microsociologiques, les analyses de chercheurs en sciences sociales et en économie et les leçons qu’il est possible d’en tirer pour dessiner une réforme alternative de l’hôpital. Autrement dit, il se veut fidèle à l’ambition de la collection, savoir pour agir en faveur du progrès social.

 

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Call for Papers – (De)Parsing Bodies

Following the recent success of The Body: Exploring Culture and Research, a postgraduate conference sponsored by the British Sociological Association and held at the University of Kent, we are calling for contributions to a future issue of Skepsi: the online interdisciplinary research journal, run by postgraduate students of the University of Kent’s School of European Culture and Language, and now in its fourth year.
In an effort to capture and expand upon the broad and interdisciplinary interest in the body, we are seeking to gather ideas, explorations, critiques and experiments that examine this topic.

Studying the body takes many forms. We believe in a rhizomatic approach that combines a variety of perspectives and thus welcome traditional and non-traditional approaches. These could include theoretical, empirical and artistic works, and we therefore welcome submissions in the form of traditional articles, poetry, visual art, etc. Questions in which we are interested include: What is the body? What are the consequences of the body entering into political techniques? How do life sciences impact on our understanding of the body? What does the posthumanist body feel like? What is the role of embodiment in performance making and doing? How important is identity in relation to the body? How much power do the media have in shaping relationships to bodies? How important are spatial and geographical considerations to daily experiences of the body?

Potential Topics Include:

o Biopolitics
o Queer theory
o Life sciences
o Performance making
o Bodies in motion
o Material feminisms
o Trans identities
o Gender and sexuality
o Representations of the body
o The body in space

Submissions are invited from academic staff, postgraduate students and independent scholars. Any of the submitted articles selected by the Editorial Board after peer review will be published in a forth-coming issue of the journal, to be published Winter 2012.

Articles, which should not exceed 5,000 words, should be sent, together with an abstract of about 250 words and brief biographical details about the author, to: skepsi@kent.ac.uk.

The deadline for submission of articles is 15 February 2012.

 

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Appel à contribution – Approches écosystémiques de la santé

La section Québec-Acadie-Atlantique de la Communauté de pratique canadienne en approches écosystémiques de la santé (CoPEH-Canada) en collaboration avec la Communauté de pratique Écosanté pour l’Afrique de l’ouest et du centre(CoPES-AOC), le Groupe de recherche en épidémiologie des zoonoses et santé publique (GREZOSP) et l’École des hautes études en santé publique (EHESP) de Rennes a le plaisir de vous transmettre cet appel à publication pour des articles en français portant sur les approches écosystémiques de la santé.

Les approches écosystémiques de la santé ont émergé dans le contexte de la nécessité de développer des approches de recherche et d’intervention qui permettraient de répondre aux problématiques complexes liant la santé et l’environnement. Les chercheurs et chercheuses de la francophonie ont joué un rôle central dans l’émergence de ces approches (Webb et al., 2010).  Pour l’essentiel, ces approches visent des changements concrets et durables et s’appuient sur une perspective systémique, sur la transdisciplinarité, la participation et l’équité de genre et sociale (Lebel,  2003; Waltner-Toews et al. 2008).

Il existe malheureusement peu de publications en français susceptibles d’une part de mieux  rejoindre les étudiants et étudiantes et les personnes oeuvrant en santé publique et d’autre part de valoriser l’apport important des francophones à ce courant. Soulignons, à titre d’exemple, l’émergence du volet écosanté au CRDI, la tenue du premier colloque en approches écosystémiques de la santé à Montréal ou la création de la première communauté de pratique en approches écosystémiques de la santé

L’objectif de ce projet est donc double : mieux faire connaître les apports des francophones aux approches écosystémiques de la santé et offrir des publications de qualité en français qui permettront une meilleure diffusion de ces approches, particulièrement aux étudiants et étudiantes et aux personnes oeuvrant en santé publique.

Ces articles (évalués par les pairs) seront publiés en 2013, dans un numéro Hors-série de la revue [VertigO] – La revue électronique en science de l’environnement (http://vertigo.revues.org/).

Cette initiative a pour but de mieux faire connaître les apports des francophones aux AÉS et d’offrir des publications de qualité en français qui permettront une meilleure diffusion de ces approches, particulièrement aux étudiants et étudiantes et aux personnes oeuvrant en santé.

Les articles attendus devront soit proposer une réflexion critique sur une thématique spécifique liée aux approches écosystémiques de la santé ou présenter l’apport de celles-ci à un projet / programme de recherche spécifique en montrant en quoi cette approche a permis d’améliorer la qualité de la recherche ou de l’intervention.

Les responsables de ce numéro spécial sont Johanne Saint-Charles et Céline Surette du CINBIOSE et de CoPEH-Canada, Brama Koné de la CoPES-AOC, Pascal Michel du GREZOSP et Anne Roué Le Gall de l’EHESP.

Voici quelques exemples (non exclusifs) de thématiques pouvant être abordées :

  • L’équité de genre dans les AÉS
  • L’AÉS et la multi / inter / trans disciplinarité
  • L’AÉS et les politiques publiques
  • Éthique et AÉS
  • Approches participatives et AÉS
  • AÉS appliquées à l’intervention et à la surveillance en santé publique

Pour soumettre un article

Expression d’intérêts

Dans un premier temps, un résumé de 250 à 300 mots de l’article proposé doit être soumisavant le 15 décembre 2011.

Le comité éditorial lira les résumés et indiquera si l’article proposé entre ou non dans le dossier thématique proposé.  Ceci n’est pas un processus de révision par les pairs et ne garantit aucunement l’acceptation de l’article pour publication.

Les résumés doivent être envoyés par courriel en fichier joint de format Word ou OpenOffice aux adresses courriels suivantes : copeh-can-est@uqam.ca et eric.duchemin@editionsvertigo.org

Soumission de l’article

La date limite pour soumettre l’article complet est le 1er  mai 2012. Ces textes seront envoyés pour révision par les pairs. Une rétroaction aux auteures et auteurs sera faite en août 2012 qui auront jusqu’à la mi-octobre pour resoumettre. La date prévue de publication est janvier 2013. Sauf pour les dates du 15 décembre et du 1er mai, l’échéancier est fourni à titre indicatif.

Les articles seront d’une longueur maximum de 8000 mots. Les auteurs et auteures dont les résumés seront retenus recevront les consignes détaillées quant à la mise en forme des articles.

Références citées

Lebel, J. (2003). Health, an Ecosystem Approach. Ottawa: International Development Research Centre.

Waltner-Toews, D., Kay, J. J., et Lister, N.-M. E. (Eds.). (2008). The ecosystem approach: Complexity, uncertainty, and managing for sustainability. New York: Columbia University Press.

Webb, J. C., Mergler, D., Parkes, M., Saint-Charles, J., Spiegel, J., Waltner-Toews, D.. et Woolard, R. (2010). Tools for Thoughtful Action: the role of ecosystem approaches to health in enhancing public health. Canadian Journal of Public Health.

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Parution – Lettre de l’Observatoire du sida et des sexualités

 

 

 

 

Lettre de l’Observatoire du sida et des sexualités – n° 7, octobre 2011

Accéder à la lettre

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Parution – Sexualities

Sexualities, octobre 2011, vol. 14, n°5

Sexualities transformed? Inside visions of sexual, social and political change in Spain
Kerman Calvo and José Ignacio Pichardo

Good girls versus bad girls in early Francoist prisons: Sexuality as a great divide
Raquel Osborne

Social stereotypes and masculine homosexualities: The Spanish case
Oscar Guasch

We are family (or not): Social and legal recognition of same-sex relationships and lesbian and gay families in Spain
José Ignacio Pichardo

Fighting for love rights: Claims and strategies of the LGBT movement in Spain
Kerman Calvo and Gracia Trujillo

Risk and community: The impact of HIV among gays in Madrid. The case of sex clubs
Fernando Villaamil and María Isabel Jociles

The narratives of transgender rights mobilization in Spain
Raquel Platero

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Parution – Histoire de la virilité

 

CORBIN Alain, VIGARELLO Georges et COURTINE Jean-Jacques (dir.), Histoire de la Virilité, 3 tomes, Paris, Seuil, 2011.

Tome 1

La virilité possède une tradition immémorielle : elle n’est pas simplement le masculin, mais sa nature même, sa part la plus « noble ».

La virilité serait vertu. Elle viserait le « parfait », fondant sur un idéal de domination masculine une des caractéristiques des sociétés occidentales. Une puissance a été inventée, de la force physique au courage moral, imposant ses codes, ses rituels, sa formation.

Tradition plus complexe pourtant, elle ne saurait en rien figer la virilité dans une histoire immobile. Les qualités se recomposent avec le temps. La société marchande ne saurait avoir le même idéal viril que la société militaire. Le courtisan ne saurait avoir le même idéal viril que le chevalier. La cour et la ville inventent des modèles décalés. Ce sont ces différences et ces changements que retrace ce premier volume, de l’Antiquité jusqu’aux Lumières, introduisant de l’histoire dans ce qui semble ne pas en avoir.

Tradition sévère aussi, la perfection serait toujours menacée de quelque insuffisance : la force ne peut ignorer la fragilité. Reste une rupture marquante avec les Lumières : celle visant la domination elle-même. Une virilité nouvelle s’y affirme. L’ancienne ascendance est condamnée, les pères peuvent apparaître en « tyrans », alors même que rien ne conteste encore la domination sur le féminin.

Tome 2

La période concernée par ce deuxième volume correspond à l’emprise maximale de la vertu de virilité. Le système de représentations, de valeurs et de normes qui la constitue s’impose alors avec une telle force qu’il ne saurait être véritablement contesté.

La multiplication des lieux de l’entre-soi masculin ? le collège, le pensionnat, le séminaire, le caveau de la société chantante, le bordel, la salle de garde, la salle d’armes, le fumoir, nombre d’ateliers et de cabarets, en attendant la réunion politique et la société de chasse ? constituent autant de théâtres de l’inculcation et de l’épanouissement des traits qui dessinent la figure de l’homme viril.

Au XIXe siècle, la virilité, qui a partie liée avec la mort ? mort héroïque sur le champ de bataille ou le pré carré du duel, mort provoquée par la fatigue du travailleur, mort d’épuisement de l’homme par la femme ? ne constitue pas une simple vertu individuelle. Elle ordonne, irrigue la société dont elle sous-tend les valeurs. Elle induit des effets de domination. Elle structure la représentation du monde.

Tome 3

En ce début de XXIe siècle, la rumeur enfle en Occident : les hommes ne seraient plus des hommes, des « vrais ». De ce malaise dans la part masculine de la civilisation, la virilité reste un indicateur crucial. Car c’est bien sur cet idéal de force physique et de puissance sexuelle, de maîtrise et de courage que s’est historiquement construit dans la culture ce qui passe pour la « nature » de l’homme. Et demeure le socle la domination masculine.

Or une crise se propage, semble-t-il, dans l’Empire du mâle : les carnages guerriers ont élimé l’étoffe des héros, le retour cyclique des dépressions économiques érodé la fierté du travailleur, la montée des conformismes tari les goûts d’aventure. L’éveil et les progrès de l’égalité entre les sexes, les avancées du féminisme sont venus contester d’anciens privilèges et d’inacceptables violences.

Il y a donc un paradoxe de la virilité contemporaine : comment comprendre que cette représentation hégémonique de la puissance masculine ait fini par apparaître aussi incertaine ? Les hommes d’aujourd’hui entendent-ils porter longtemps encore cette charge millénaire, ou vont-ils souhaiter sentir s’en alléger le poids ? Quitte à renoncer à ses avantages…

 

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Journée d’étude – Des corps masculins entre textualité et matérialité

 

Samedi 08 octobre 2011  |  Paris (75005)

Cette journée d’étude vient conclure le projet innovant « Identités de genre en représentation », qui a donné lieu à un séminaire de recherche de deux ans. Centrée sur les masculinités trop longtemps passées sous silence, elle prend comme point d’appui le trajet intellectuel de Judith Butler elle-même, à qui l’on a reproché, à tort ou à raison, qu’à trop vouloir élargir la notion de productivité performative du genre, on risquait de perdre la matérialité des corps genrés. Nous nous proposons donc de confronter une théorie du genre centrée sur les discours à la question de l’incarnation. Le féminisme, en exhibant les phénomènes de pouvoir, a donné à (certains) hommes l’outillage intellectuel nécessaire pour réfléchir de manière subversive à leur propre place dans le dispositif de domination masculine. Parmi ces hommes féministes, certains, dépassant sciemment le niveau discursif, vont jusqu’à préconiser la mise en oeuvre de technologies corporelles alternatives, inventant divers agencements individuels pour composer avec la masculinité.

Actuellement, les études sur les masculinités et les études queer ont largement déconstruit le masculin et affirmé, dans la droite ligne de Butler, que les corps masculins – au même titre que les autres corps – n’existent pas hors de leurs interprétations et projections culturellement situées!: ils sont, eux aussi, le produit de la structure idéologique qui crée la différence sexuée. À tel point qu’il est possible – depuis les travaux de Judith Halberstam notamment – de penser des incarnations de masculinité indépendantes des corps biologiquement masculins. Il semble donc que les études sur les masculinités achoppent parfois sur l’écueil de la matérialité, qui nous conduit à nous interroger sur la tension entre matérialité et textualité du corps masculin.

La journée d’étude fera une large place à la question d’un retour dans l’action des analyses en termes de genre, c’est-à-dire à ce que Ricoeur appelle « mimèsis III » : cette opération de médiation entre le texte « poétique » et le monde réel « éthique », rendu possible par le plaisir de la reconnaissance comme compréhension, dans les limites du vraisemblable et en accord avec un concept prospectif de vérité dont l’agir humain est le champ représenté. On s’interrogera sur les facultés d’incitation à l’action sur le monde genré que véhicule l’analyse des représentations. Car pour Ricoeur, l’enjeu n’est autre que « le procès concret par lequel la configuration textuelle fait médiation entre la préfiguration du champ pratique et sa refiguration par la réception de l’oeuvre ».

Organisateurs

  • Patrick Farges (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3) : patrick.farges@univ-paris3.fr
  • Anne Isabelle François (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3) : anne-isabelle.francois@univ-paris3.fr
  • Jean-François Laplénie (Université Paris Sorbonne – Paris 4) : jean-francois.laplenie@paris-sorbonne.fr

Institutions

  • EA 172 – Centre d’études et de Recherches comparatistes (CERC)
  • EA 4223 – Centre d’études et de recherches sur l’espace germanophone (CEREG)
  • EA 3556 – Expressions historiques, culturelles et esthétiques de l’identité. Espaces germanique, nordique et néerlandophone

Programme

9h00 Accueil des participants

  • 9h15-9h30 Patrick Farges (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3), Introduction : Des corps masculins entre textualité et matérialité
  • 9h30-10h30 Anna De Biasio (Università degli Studi di Bergamo), Notes on the (U.S.)-Debate on Masculinity

10h30-10h45 Pause

  • 10h45-11h20 Anne Isabelle François (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3), Mon oncle. Dispositifs de visibilité, corps masculin et pouvoirs de l’empathie dans Les émigrants de W. G. Sebald
  • 11h20-12h00 Jean-François Laplénie (Université Paris Sorbonne – Paris 4), La quête du masculin chez Hermann Broch : entre écriture romanesque et pratique psychothérapeutique

Modération Klaus Wieland (Université de Strasbourg)

12h00-14h00 Déjeuner

  • 14h-15h Michel Lehmann (Université Toulouse 2 – Le Mirail), La voix du masculin!: les tensions entre identité et rhétorique à l’opéra
  • 15h-15h45 Marguerite Chabrol (Université Paris Ouest – Nanterre La Défense), « See what the boys in the back room will have, and tell them I’m having the same » : Marlene Dietrich et la théâtralisation du (corps) masculin à Hollywood
  • 15h45-16h30 Cécile Schenck (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3), Corps masculins en représentation sur la scène chorégraphique contemporaine

Modération Bernard Banoun (Université Paris Sorbonne – Paris 4)

Contact
  • Patrick Farges
    courriel : patrick [point] farges (at) univ-paris3 [point] fr

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Parution – Le corps du chercheur. Une méthodologie immersive

 

Bernard Andrieu (dir.), Le corps du chercheur. Une méthodologie immersive, Presses universitaires de Nancy, 2011.


Ce livre établit que le corps du chercheur(euse) est à comprendre à la fois en 1er et en 3e personne sans pour autant prétendre réduire l’écart méthodologique entre les deux et plaide, en épistémologie du corps, pour une anthropologie engagée dans le monde des autres.

La stratégie immersive est ici décrite de manière théorique par le philosophe Bernard Andrieu et sur le terrain des pratiques corporelles par l’anthropologie sociale d’Eric Perera, Sylvain Rouanet et Éric de Léséleuc.

Les stratégies de visibilisation et de stigmatisation des acteurs et actrices, comme les décrivent par les sociologues Natacha Chetcuti et Maxime Cervulle démontrent comment les lesbiennes et les femmes sont également minorées du fait de leur appartenance ethnoraciale.

Le savant lui-même, dès l’interaction objet-sujet comme l’analyse l’historien des sciences Sébastien Poinat, écrit à travers sa corporéité. L’épistémologue des Staps Matthieu Quidu accomplit un pas supplémentaire en envisageant l’expérience corporelle vécue des scientifiques.

 

Première partie : stratégies d’immersion

Bernard ANDRIEU — Introduction

Bernard ANDRIEU — Mon corps, projecteur ou immerseur ?

Eric PERERA, Sylvain ROUANET, Eric DE LÉSÉLEUC — Comprendre par corps le phénomène étudié ? Stratégies d’immersion dans un groupe de body-builders

Deuxième partie : le corps du savant

Sébastien POINAT — Le corps du physicien et le savoir

Matthieu QUIDU — L’aventure du corps dans la philosophie des sciences au XXesiècle : trois thèses sur la valeur épistémologique de la corporéité du savant

Troisième partie : modes de subjectivation

Natacha CHETCUTI — La sexualité comme mode de subjectivation politisée du genre ?

Maxime CERVULLE — La couleur des épistémologies. Race, politique des savoirs et Critical White Studies


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Parution – Body and Society

 

Body and Society, juin/septembre 2011, n°17 (2-3)

 

Elizabeth F.S. Roberts and Nancy Scheper-Hughes

Introduction: Medical Migrations

 

Lawrence Cohen

Migrant Supplementarity: Remaking Biological Relatedness in Chinese Military and Indian Five-Star Hospital

 

Nancy Scheper-Hughes

Mr Tati’s Holiday and João’s Safari – Seeing the World through Transplant Tourism

 

Stefan Beck

Staging Bone Marrow Donation as a Ballot: Reconfiguring the Social and the Political Using Biomedicine in Cyprus

 

Ara Wilson

Foreign Bodies and National Scales: Medical Tourism in Thailand

 

Miriam Ticktin

How Biology Travels: A Humanitarian Trip

 

Ian Whitmarsh

American Genomics in Barbados: Race, Illness, and Pleasure in the Science of Personalized Medicine

 

Sandra Teresa Hyde

Migrations in Humanistic Therapy: Turning Drug Users into Patients and Patients into Healthy Citizens in Southwest China

 

Charis Thompson

Medical Migrations Afterword: Science as a Vacation?

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Parution – Sexualities
Sexualities, august 2011, vol. 14, n°4
Powerful cultural productions: Identity politics in diasporic same-sex South Asian weddings
Faris A Khan

 

Coming out for Parents, Families and Friends of Lesbians and Gays: From support group grieving to love advocacy
KL Broad

 

Battling a ‘sex-saturated society’: The abstinence movement and the politics of sex education
Jean Calterone Williams

 

Crisis and safety: The asexual in sexusociety
Ela Przybylo

 

There’s more to life than sex? Difference and commonality within the asexual community
Mark Carrigan

 

Asexuality in disability narratives
Eunjung Kim

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