Activités sur les sceaux antiques

Activités pédagogiques en lien avec le sceau

Texte de Marie Platon (Classes préparatoires de Saint-Sernin / chercheuse associée à l’Université Toulouse – Jean Jaurès, laboratoire PLH)

 

Première proposition : les usages antiques du sceau

Activités pour l’enseignement du grec.

1. Sophocle, Les Trachiniennes, 600-619 (Traduction française par R. PIGNARRE)

Déjanire est sans nouvelle de son époux Héraclès depuis quinze mois. Lichas, messager et compagnon d’Héraclès, survient et lui révèle que le héros a été retenu captif chez Omphale en Lydie, puis qu’il est parti en guerre contre la cité d’Eurytos, roi d’Œchalie, d’où il ramène des captives. Parmi elles se trouve Iole, la fille d’Eurytos, dont Héraclès veut faire son amante. Jalouse et soucieuse de reconquérir son époux, Déjanire enduit alors une tunique du sang du centaure Nessos, qu’elle remet à Lichas pour qu’il l’apporte à Héraclès. Elle ignore que le sang de Nessos n’est pas un philtre d’amour mais un poison mortel. Quand elle le découvre, Déjanire, de désespoir, se donne la mort. Quant à Héraclès, il se fait conduire sur le mont Oeta et incinérer pour mettre fin aux souffrances causées par le poison.

ΔΗ. ἀλλ᾽ αὐτὰ δή σοι ταῦτα καὶ πράσσω, Λίχα,
ἕως σὺ ταῖς ἔσωθεν ἠγορῶ ξέναις,
ὅπως φέρῃς μοι τόνδε ταναϋφῆ πέπλον,
δώρημ᾽ ἐκείνῳ τἀνδρὶ τῆς ἐμῆς χερός.
διδοὺς δὲ τόνδε φράζ᾽ ὅπως μηδεὶς βροτῶν
κείνου πάροιθεν ἀμφιδύσεται χροΐ,                      605
μηδ᾽ ὄψεταί νιν μήτε φέγγος ἡλίου
μήθ᾽ ἕρκος ἱρὸν μήτ᾽ ἐφέστιον σέλας,
πρὶν κεῖνος αὐτὸν φανερὸς ἐμφανῶς σταθεὶς
δείξῃ θεοῖσιν ἡμέρᾳ ταυροσφάγῳ.
οὕτω γὰρ ηὔγμην, εἴ ποτ᾽ αὐτὸν ἐς δόμους         610
ἴδοιμι σωθέντ᾽ ἢ κλύοιμι, πανδίκως
στελεῖν χιτῶνι τῷδε, καὶ φανεῖν θεοῖς
θυτῆρα καινῷ καινὸν ἐν πεπλώματι.
καὶ τῶνδ᾽ ἀποίσεις σῆμ᾽, ὃ κεῖνος εὐμαθὲς
σφραγῖδος ἕρκει τῷδ᾽ ἐπὸν μαθήσεται.                615
ἀλλ᾽ ἕρπε, καὶ φύλασσε πρῶτα μὲν νόμον,
τὸ μὴ ᾽πιθυμεῖν πομπὸς ὢν περισσὰ δρᾶν·
ἔπειθ᾽ ὅπως ἂν ἡ χάρις κείνου τέ σοι
κἀμοῦ ξυνελθοῦσ᾽ ἐξ ἁπλῆς διπλῆ φανῇ.
DÉJANIRE. — J’y ai songé, Lichas,

pendant que tu devisais avec ces étrangères.

Je désire que tu emportes pour mon mari ce vêtement d’un tissu très léger ; c’est un ouvrage de ma main.

Quand tu le lui remettras, recommande-lui d’avoir soin que personne au monde ne s’en revête avant lui,

qu’il ne l’expose ni aux feux du soleil, ni à la flamme d’un autel ou d’un foyer,

jusqu’au jour où lui-même, en public, présidant à une immolation de taureaux, il se montrera aux dieux dans l’éclat de cette parure.

J’avais promis, s’il me revenait sain et sauf ou que je ne pusse douter de son retour, de leur présenter un Héraclès brillant d’une beauté nouvelle dans sa tunique toute neuve de sacrificateur.

Pour gage de tout ceci, tu auras mon sceau apposé sur la cassette : il le reconnaîtra tout de suite.

Pars, il en est temps; et souviens-toi qu’un messager doit s’en tenir aux ordres qu’on lui donne. Si tu travailles à mériter mes bonnes grâces, jointes à celles de ton maître, ce sera pour toi double profit.

 

2. Euripide, Hippolyte, 856-890 (Traduction française par M. ARTAUD)

Épouse de Thésée, Phèdre se consume d’amour pour son beau-fils Hippolyte. Mais le jeune homme repousse violemment ses avances. Phèdre décide alors de perdre Hippolyte et se pend. Thésée revient et trouve dans les mains de sa défunte épouse des tablettes qui accusent son fils de viol, raison de son suicide. Il maudit son fils et le voue à la vengeance de Poséidon, causant sa mort.

ΘΗ. ἔα ἔα·
τί δή ποθ᾽ ἥδε δέλτος ἐκ φίλης χερὸς
ἠρτημένη; θέλει τι σημῆναι νέον;
ἀλλ᾽ ἦ λέχους μοι καὶ τέκνων ἐπιστολὰς
ἔγραψεν ἡ δύστηνος, ἐξαιτουμένη;
θάρσει, τάλαινα· λέκτρα γὰρ τὰ Θησέως                  860
οὐκ ἔστι δῶμά θ᾽ ἥτις εἴσεισιν γυνή.
καὶ μὴν τύποι γε σφενδόνης χρυσηλάτου
τῆς οὐκέτ᾽ οὔσης οἵδε προσσαίνουσί με.
φέρ᾽ ἐξελίξας περιβολὰς σφραγισμάτων
ἴδω τί λέξαι δέλτος ἥδε μοι θέλει.                             865ΧΟ. φεῦ φεῦ, τόδ᾽ αὖ νεοχμὸν ἐκδοχαῖς
ἐπεισφρεῖ θεὸς κακόν· †ἐμοὶ μὲν οὖν ἀβίοτος βίου
τύχα πρὸς τὸ κρανθὲν εἴη τυχεῖν·†
ὀλομένους γάρ, οὐκέτ᾽ ὄντας, λέγω,
φεῦ φεῦ, τῶν ἐμῶν τυράννων δόμους.                      870
ὦ δαῖμον, εἴ πως ἔστι, μὴ σφήληις δόμους,
αἰτουμένης δὲ κλῦθί μου· πρὸς γάρ τινος
οἰωνὸν ὥστε μάντις εἰσορῶ κακόν.[…]ΘΗ. βοᾶι βοᾶι δέλτος ἄλαστα· πᾶι φύγω
βάρος κακῶν; ἀπὸ γὰρ ὀλόμενος οἴχομαι,
οἷον οἷον εἶδον γραφαῖς μέλος
φθεγγόμενον τλάμων.                                               880Ἱππόλυτος εὐνῆς τῆς ἐμῆς ἔτλη θιγεῖν                      885
βίαι, τὸ σεμνὸν Ζηνὸς ὄμμ᾽ ἀτιμάσας.
ἀλλ᾽, ὦ πάτερ Πόσειδον, ἃς ἐμοί ποτε
ἀρὰς ὑπέσχου τρεῖς, μιᾶι κατέργασαι
τούτων ἐμὸν παῖδ᾽, ἡμέραν δὲ μὴ φύγοι
890 τήνδ᾽, εἴπερ ἡμῖν ὤπασας σαφεῖς ἀράς.             890
THÉSÉE. — Mais qu’est-ce que ces tablettes de sa main chérie, que je vois suspendues ? Nous annoncent-elles quelque chose de funeste ? L’infortunée m’aurait-elle écrit ses dernières prières touchant notre union et ses enfants ? Sois sans crainte, chère épouse ; nulle femme n’entrera désormais dans la couche et dans la maison de Thésée. Oh ! que l’empreinte de l’anneau d’or que portait celle qui n’est plus charme mon cœur ! Brisons les liens du cachet, et voyons ce que me disent ces tablettes.

LE CHOEUR. —  Hélas, hélas ! voici encore une nouvelle calamité envoyée par les dieux. Pour moi, la vie ne sera plus supportable, après ce qui s’est passé. La maison de nos rois n’est plus : elle est anéantie. Ô dieu ! s’il est possible, ne détruis pas cette maison ; écoute ma prière ; car, comme un devin, je vois dans les regards de quelqu’un un augure sinistre. […]

THÉSÉE. —  Elles crient, elles crient d’horribles attentats, ces tablettes ! Où fuir les maux qui m’accablent ? car je tombe anéanti sous les terribles paroles que profère ce funeste écrit. […] Hippolyte a osé souiller mon lit par la violence, au mépris des regards augustes de Jupiter. Mais, ô Neptune, mon père, des trois vœux que jadis tu m’as promis d’accomplir, exauces-en un contre mon fils ! que ce jour ne se passe pas sans qu’il soit puni, si les promesses que tu m’as faites sont efficaces.

 

3. Xénophon, Helléniques, I, 4, 1-5 (Traduction française par Pierre CHAMBRY)

Les Helléniques racontent l’histoire grecque entre  – 411 et  – 362. L’ouvrage débute là où s’achève l’Histoire de la guerre du Péloponnèse de Thucydide. L’épisode qui suit prend place en – 407, tandis que les Athéniens et les Lacédémoniens, cherchent, chacun de leur côté, à obtenir le soutien du roi des Perses Artaxerxès II. L’ambassade des Athéniens, qui a été devancée par celle des Lacédémoniens, est arrêtée en route par Cyrus (frère d’Artaxerxès) et le satrape de Phrygie Pharnabaze, qui mènent une politique pro-spartiate.

[1.4.1] Φαρνάβαζος δὲ καὶ οἱ πρέσβεις τῆς Φρυγίας ἐν Γορδείῳ ὄντες τὸν χειμῶνα τὰ περὶ τὸ Βυζάντιον πεπραγμένα ἤκουσαν. [2] ἀρχομένου δὲ τοῦ ἔαρος πορευομένοις αὐτοῖς παρὰ βασιλέα ἀπήντησαν καταβαίνοντες οἵ τε Λακεδαιμονίων πρέσβεις Βοιώτιος [ὄνομα] καὶ οἱ μετ᾽ αὐτοῦ καὶ οἱ ἄλλοι ἄγγελοι, καὶ ἔλεγον ὅτι Λακεδαιμόνιοι ὧν δέονται πάντων πεπραγότες εἶεν παρὰ βασιλέως, [3] καὶ Κῦρος, ἄρξων πάντων τῶν ἐπὶ θαλάττῃ καὶ συμπολεμήσων Λακεδαιμονίοις, ἐπιστολήν τε ἔφερε τοῖς κάτω πᾶσι τὸ βασίλειον σφράγισμα ἔχουσαν, ἐν ᾗ ἐνῆν καὶ τάδε· Καταπέμπω Κῦρον κάρανον τῶν εἰς Καστωλὸν ἁθροιζομένων. τὸ δὲ κάρανον ἔστι κύριον. [4] ταῦτ᾽ οὖν ἀκούοντες οἱ τῶν Ἀθημαίων πρέσβεις, καὶ ἐπειδὴ Κῦρον εἶδον, ἐβούλοντο μὲν μάλιστα παρὰ βασιλέα ἀναβῆναι, εἰ δὲ μή, οἴκαδε ἀπελθεῖν. [5] Κῦρος δὲ Φαρναβάζῳ εἶπεν ἢ παραδοῦναι τοὺς πρέσβεις ἑαυτῷ ἢ μὴ οἴκαδέ πω ἀποπέμψαι, βουλόμενος τοὺς Ἀθηναίους μὴ εἰδέναι τὰ πραττόμενα. 1. Pharnabaze et les députés apprirent les événements de Byzance à Gordion, en Phrygie, où ils passaient l’hiver. 2. Au commencement du printemps, comme ils reprenaient le chemin de la cour du roi, ils rencontrèrent les ambassadeurs lacédémoniens qui en revenaient ; c’étaient un nommé Boiotios et ses collègues avec d’autres messagers, qui leur dirent que les Lacédémoniens avaient obtenu du roi tout ce qu’ils demandaient. 3. Ils rencontrèrent également Cyrus, qui allait prendre le commandement de toutes les provinces maritimes et faire la guerre de concert avec les Lacédémoniens. Il était porteur d’une lettre munie du sceau royal et adressée à tous les habitants des bas pays. Entre autres choses, elle contenait ceci : « J’envoie Cyrus comme caranos des peuples qui s’assemblent à Castolos.» Caranos veut dire souverain. 4. Quand les députés athéniens eurent entendu ces nouvelles et qu’ils eurent vu Cyrus, ils demandèrent avant tout de monter chez le roi, sinon, de retourner dans leur patrie. 5. Mais Cyrus enjoignit à Pharnabaze de lui livrer les ambassadeurs ou de ne pas les renvoyer encore dans leur pays ; car il ne voulait pas que les Athéniens fussent informés de ce qui se passait.

 

QUESTIONNAIRE DE LECTURE ET DE RECHERCHE :

  1. Repérez, dans le premier texte, le terme grec désignant le sceau et cherchez-le dans le dictionnaire. À quelle déclinaison appartient-il ?
  2. Repérez maintenant, dans les textes 2 et 3, le terme grec désignant l’empreinte du sceau et cherchez-le dans le dictionnaire. À quelle déclinaison appartient-il ?
  3. Comment appelle-t-on aujourd’hui la science auxiliaire de l’histoire qui étudie les sceaux ?
  4. Qui sont les propriétaires des sceaux dans ces trois extraits (sexe, statut social) ? Quels usages en font-ils ?
  5. En quoi le sceau constitue-t-il un accessoire scénique essentiel dans les tragédies de Sophocle et d’Euripide (textes 1 et 2) ?
  • Imaginez et dessinez l’empreinte du sceau de Déjanire ou de Phèdre (au choix). Vous pourrez opter pour un portrait en buste de l’héroïne ou bien des symboles de pouvoir (animaux, objets…). Pensez à ajouter une inscription en grec mentionnant la propriétaire du sceau.
  1. Prolongement 1 : Utilisons-nous toujours des sceaux de nos jours ? Si oui, sous quelle forme et dans quel contexte ? (Voir le site du ministère de la justice : http://www.justice.gouv.fr/histoire-et-patrimoine-10050/les-sceaux-des-origines-a-nos-jours-22403.html et le dictionnaire du droit privé : https://www.dictionnaire-juridique.com/definition/sceau.php).
  2. Prolongement 2 (voir l’article « Sceau » de L. Sageaux): Quels types d’informations peuvent apporter aux archéologues les empreintes de sceaux retrouvés lors des fouilles archéologiques ?

QUESTIONNAIRE DE LECTURE ET DE RECHERCHE :

  1. Le terme à relever se trouve au vers 615 : σφραγῖδος. C’est le génitif singulier de σφραγίς, ῖδος, nom féminin de la 3e déclinaison, qui signifie « le sceau », (en particulier le cachet, l’anneau pour cacheter) ou « l’empreinte du sceau ».
  2. Les termes à relever se trouvent au vers 864 du texte 2 : σφραγισμάτων et au paragraphe 3 du texte 3 : σφράγισμα. Le nom neutre de 3e déclinaison, σφράγισμα, ατος (τὸ), désigne l’empreinte laissée par un sceau.

À la suite de cette recherche, on peut faire décliner les termes σφραγίς et σφράγισμα en proposant aux élèves des tableaux à remplir, par exemple :

Nominatif/Vocatif singulier ἡ σφραγίς τὸ  σφράγισμα
Accusatif singulier τὴν σφραγῖδ… τὸ σφράγισμα
Génitif singulier τῆς σφραγῖδος τοῦ σφραγίσματος
Datif singulier τῇ σφραγῖδ… τῷ σφραγίσματ…
Nominatif/Vocatif pluriel αἱ σφραγῖδ… τὰ σφραγίσματ…
Accusatif pluriel τὰς σφραγῖδ… τὰ σφραγίσματ…
Génitif pluriel τῶν σφραγίδ… τῶν σφραγίσματ…
Datif pluriel ταῖς σφραγῖσι(ν)* τοῖς σφραγίσμασι(ν)*

 

* chute de la dentale (δ ou τ) devant le sigma.

  1. La science auxiliaire de l’histoire qui étudie les sceaux s’appelle la « sphragistique » ou « sigillographie » (du latin sigillum, i, n. : « empreinte d’un cachet ; cachet, sceau »).
  2. Dans les deux premiers textes, les propriétaires des sceaux sont des femmes – ce qui est statistiquement moins fréquent (l’analyse des noms inscrits sur les sceaux tend en effet à montrer que ceux-ci renvoient principalement – mais pas exclusivement – à une population masculine), mais il s’agit de personnages de haut-rang et de sang royal. Dans le texte de Xénophon, le propriétaire du sceau est le roi de Perse lui-même, et il s’agit donc probablement d’un sceau public, officiel.

Dans le texte de Sophocle, le sceau apposé par Déjanire sur le coffret contenant la tunique destinée à Héraclès sert à garantir la provenance du contenu du récipient scellé et à assurer son inviolabilité. Le héros aura ainsi l’assurance que c’est bien son épouse qui lui fait parvenir ce vêtement par le truchement de Lichas.

Dans l’extrait d’Euripide, l’empreinte de l’anneau de Phèdre sur les tablettes trouvées par Thésée remplit une double fonction : d’une part elle sert à certifier l’authenticité du document, faisant office de signature, et d’autre part, il permet, en cachetant les tablettes, de garantir la confidentialité de leur contenu. C’est donc à la fois un sceau de clôture et de validation.

Dans le passage des Helléniques, le sceau du roi de Perse sert à accréditer officiellement l’autorité du porteur de la lettre, Cyrus, auprès des habitants des provinces maritimes. Il fait office de preuve et de validation, légalisant les décisions prises par l’envoyé du roi.

  1. Le sceau constitue un accessoire scénique et symbolique de premier plan dans les tragédies de Sophocle et d’Euripide, dans la mesure où il scelle littéralement le sort des héros et permet au destin de s’accomplir : en effet, Héraclès revêtira sans se méfier la tunique envoyée par Déjanire, causant par là-même sa perte et le suicide de sa femme. Quant à Thésée, trompé par le faux aveu de Phèdre, il condamnera son fils innocent à une mort tragique. Dans la mesure où le sceau engage la responsabilité de son détenteur, son usage dévoyé (pour certifier une tromperie) souligne ici la culpabilité des deux héroïnes, aveuglées par la jalousie ou le dépit amoureux. Enfin, la scène où Thésée découvre et décachette les tablettes laissées par Phèdre porte la tension dramatique à son acmé : la révélation de leur contenu se fait de manière très progressive, scandée par les avertissements du chœur qui pressent le malheur à venir, jusqu’à ce qu’éclate la colère du roi et ses imprécations contre Hippolyte.
  • À côté de la production graphique, on peut éventuellement demander aux élèves de rédiger un petit texte justifiant leurs choix iconographiques.
  1. Prolongement 1 : Depuis la Révolution, l’apposition du sceau sur les lois ne constitue pas une formalité nécessaire à leur validité. Cependant, l’arrêté du 8 septembre 1848 prescrivant le scellement des lois, et fixant la forme du sceau de la République, n’a pas été abrogé. De fait, un certain nombre de textes législatifs ont fait l’objet d’un scellement sous les IVeet VeRépubliques (par exemple, la loi constitutionnelle n° 99-569 du 8 juillet 1999 relative à l’égalité entre les femmes et les hommes, ou la loi constitutionnelle n° 2007-239 du 23 février 2007 relative à l’interdiction de la peine de mort). L’organisation technique de la cérémonie, en particulier pour ce qui a trait au fonctionnement de la presse à sceller, est confiée depuis 1946 à l’atelier de restauration des sceaux des Archives nationales.

Une Loi du 18 mars 1918 réglemente la fabrication et la vente des sceaux, timbres et cachets officiels. Elle interdit de fabriquer les sceaux, timbres, cachets et marques de l’État ou d’une autorité quelconque sans l’ordre écrit des représentants attitrés de l’État ou de cette autorité.

Chaque notaire  doit avoir un sceau particulier portant ses noms, qualité et lieu d’exercice. Symbole de l’autorité publique, le sceau certifie les actes notariés. Les huissiers de justice disposent également d’un sceau qui est nécessaire pour cacheter les plis confidentiels, les constats, et pour sceller les pièces expertisées.

  1. Prolongement 2 : Pour l’archéologue et l’historien de l’art, les empreintes de sceaux retrouvés lors des fouilles archéologiques ont une valeur inestimable car elles sont autant de traces matérielles qui perpétuent le souvenir de gemmes et de bagues aujourd’hui perdues. Dans la mesure où leur contexte archéologique est connu, elles constituent également un indice précieux pour dater la confection du sceau à l’origine de l’impression. De plus, elles portent quelquefois une courte inscription renvoyant à l’identité du détenteur du sceau. On peut ainsi connaître la condition sociale de ce dernier, soit à travers la formulation du patronyme, soit à travers la consonance du nom gravé.

Deuxième proposition. Méditerranées : l’Égypte hellénistique

 La construction d’une image royale

Fig. 1a. et 1.b. Crétules en argile (IIe ou Ier siècle av. J.-C.) représentant un couple royal (Ptolémée XII et Cléopâtre V Tryphaena?), 1,20 x 1,90 cm et 1,90 x 2, 10 cm. ; British Museum 1956,0519.1 et 1956,0519.2.

À propos de la fig. 2

Fig. 2. Ptolémée XII accompagné de Cléopâtre VI (ou V) faisant une offrande à Horus et Hathor, premier règne de Ptolémée XII (80-58 av. J.-C.), Edfou, pylône du temple d’Horus.

Ce cliché présente un relief du roi Ptolémée XII faisant une offrande de viande et piquant le sol avec un bâton, accompagné de son épouse Cléopâtre VI (ou V), au dieu à tête de faucon Horus et à sa parèdre Hathor. Cléopâtre se tient debout derrière son époux. Elle présente aux dieux dans la main gauche un sistre hathorique. Derrière elle, dans sa main droite, elle tient un collier menat, ainsi qu’un signe de vie ankh. Elle est vêtue d’une longue robe moulante allant des chevilles jusqu’au bas de la poitrine ou au cou. Elle porte une perruque longue et contrairement à la plupart des représentations, elle n’a aucune couronne venant compléter sa coiffure.

 

 

QUESTIONS :

  1. Ces images représentent-elles des individus ou plutôt des fonctions (basileus-pharaon)?
  2. Dans quelle tradition iconographique s’inscrivent-elles : hellénique ou égyptienne ? Pourquoi ?
  3. Quel discours sur le pouvoir, quelle idéologie reflètent ces représentations du couple royal ?

 La dynastie Lagide, de Ptolémée Ier à Cléopâtre VII

Strabon, Géographie, XVII, I, 11 (Traduction française : Amédée TARDIEU)

 

Strabon est un géographe et un historien grec né autour de 60 avant J.-C. et mort aux environs de 20 après J.-C. Ses nombreux voyages lui permirent d’accumuler une documentation suffisante pour écrire la Géographie, un ouvrage en 17 livres, organisés par région. Le dernier de ces livres décrit l’Afrique (Égypte et Libye). C’est l’occasion pour Strabon de rappeler l’histoire de la dynastie lagide, qui régna sur l’Égypte à partir de – 323, à la mort d’Alexandre le Grand.

Πτολεμαῖος γὰρ ὁ Λάγου διεδέξατο Ἀλέξανδρον, ἐκεῖνον δὲ {ὁ} Φιλάδελφος, τοῦτον δὲ ὁ Εὐεργέτης, εἶθ ´ ὁ Φιλοπάτωρ ὁ τῆς Ἀγαθοκλείας, εἶθ´ ὁ Ἐπιφανής, εἶθ ´ ὁ Φιλομήτωρ, παῖς παρὰ πατρὸς ἀεὶ διαδεχόμενος· τοῦτον δ ´ἀδελφὸς διεδέξατο ὁ δεύτερος Εὐεργέτης ὃν καὶ Φύσκωνα προσαγορεύουσι, τοῦτον δ´ ὁ Λάθουρος ἐπικληθεὶς Πτολεμαῖος, τοῦτον δ´ ὁ Αὐλητὴς ὁ καθ´ ἡμᾶς, ὅσπερ ἦν τῆς Κλεοπάτρας πατήρ. Ἅπαντες μὲν οὖν οἱ μετὰ τὸν τρίτον Πτολεμαῖον ὑπὸ τρυφῆς διεφθαρμένοι χεῖρον ἐπολιτεύσαντο, χείριστα δ´ ὁ τέταρτος καὶ {ὁ} ἕβδομος καὶ ὁ ὕστατος ὁ Αὐλητής, ὃς χωρὶς τῆς ἄλλης ἀσελγείας χοραυλεῖν ἤσκησε, καὶ ἐπ ´αὐτῷ γε ἐσεμνύνετο τοσοῦτον ὥστ´ οὐκ ὤκνει συντελεῖν ἀγῶνας ἐν τοῖς βασιλείοις, εἰς οὓς παρῄει διαμιλλησόμενος τοῖς ἀνταγωνισταῖς. Τοῦτον μὲν οὖν οἱ Ἀλεξανδρεῖς ἐξέβαλον, τριῶν δ´ αὐτῷ θυγατέρων οὐσῶν, ὧν μία γνησία ἡ πρεσβυτάτη, ταύτην ἀνέδειξαν βασίλισσαν. Οἱ υἱοὶ δ´ αὐτοῦ δύο νήπιοι τῆς τότε χρείας ἐξέπιπτον τελέως. Τῇ δὲ κατασταθείσῃ μετεπέμψαντο ἄνδρα ἐκ τῆς Συρίας κυβιοσάκτην τινά, προσποιησάμενον τοῦ γένους εἶναι τῶν Συριακῶν βασιλέων· τοῦτον μὲν οὖν ὀλίγων ἡμερῶν ἀπεστραγγάλισεν ἡ βασίλισσα οὐ φέρουσα τὸ βάναυσον καὶ τὸ ἀνελεύθερον. Ἧκε δ ´ ἀντ´ ἐκείνου προσποιησάμενος καὶ αὐτὸς εἶναι Μιθριδάτου υἱὸς τοῦ Εὐπάτορος Ἀρχέλαος, ὃς ἦν μὲν Ἀρχελάου υἱὸς τοῦ πρὸς Σύλλαν διαπολεμήσαντος καὶ μετὰ ταῦτα τιμηθέντος ὑπὸ Ῥωμαίων, πάππος δὲ τοῦ βασιλεύσαντος Καππαδόκων ὑστάτου καθ´ ἡμᾶς, ἱερεὺς δὲ τῶν ἐν Πόντῳ Κομάνων. Γαβινίῳ δὲ τότε συνδιέτριψεν ὡς συστρατεύσων ἐπὶ Παρθυαίους, λαθὼν δὲ τοῦτον κομίζεται διά τινων εἰς τὴν βασίλισσαν καὶ ἀναδείκνυται βασιλεύς. Ἐν τούτῳ τὸν Αὐλητὴν ἀφικόμενον εἰς Ῥώμην δεξάμενος Πομπήιος Μάγνος συνίστησι τῇ συγκλήτῳ καὶ διαπράττεται κάθοδον μὲν τούτῳ, τῶν δὲ πρέσβεων τῶν πλείστων, ἑκατὸν ὄντων, ὄλεθρον τῶν καταπρεσβευσάντων αὐτοῦ· τούτων δ´ ἦν καὶ Δίων ὁ Ἀκαδημαϊκὸς ἀρχιπρεσβευτὴς γεγονώς. Καταχθεὶς οὖν ὑπὸ Γαβινίου Πτολεμαῖος τόν τε Ἀρχέλαον ἀναιρεῖ καὶ τὴν θυγατέρα, χρόνον δ´ οὐ πολὺν τῇ βασιλείᾳ προσθεὶς τελευτᾷ νόσῳ, καταλιπὼν δύο μὲν υἱεῖς δύο δὲ θυγατέρας, πρεσβυτάτην δὲ Κλεοπάτραν. Des mains de Ptolémée, fils de Lagos, successeur immédiat d’Alexandre, le sceptre de l’Égypte avait passé aux mains de Philadelphe, puis d’Évergète, de Philopator l’amant d’Agathoclée, d’Épiphane et de Philométor, le fils prenant au fur et à mesure la place de son père. Seul Philométor eut pour successeur son frère Évergète II dit Physcon, puis vint Ptolémée Lathyre, et, après lui, de nos jours Aulétès, propre père de Cléopâtre. Passé le troisième des Ptolémées, tous ces Lagides, perdus de vices et de débauches, furent de très mauvais rois, mais les pires de tous furent le quatrième, le septième et le dernier, Aulétès, qui à la honte de ses autres déportements ajoutait celle de professer pour la flûte une véritable passion, se montrant même si fier de son talent de virtuose, qu’il ne rougissait pas d’établir dans son palais des concours de musique et de se mêler aux concurrents pour disputer le prix. Indignés, les Alexandrins le chassèrent, et, de ses trois filles ayant choisi l’aînée qui seule était légitime, ils la proclamèrent reine. Quant à ses fils, encore tout jeunes enfants, ils furent complètement écartés, comme ne pouvant être alors d’aucune utilité. A peine la nouvelle reine avait-elle pris possession du trône, qu’on fit venir de Syrie pour l’épouser un certain Cybiosactès, qui se prétendait issu du sang des rois de Syrie ; mais, au bout de quelques jours, la reine, qui n’avait pu se faire à ses manières basses et ignobles, s’en débarrassait en le faisant étrangler. Un remplaçant, Archélaüs, se présenta, il se disait lui aussi de sang royal et se faisait passer pour le fils de Mithridate Eupator : en réalité il était fils d’Archélaüs, cet adversaire de Sylla que les Romains avaient plus tard comblé d’honneurs, l’aïeul par conséquent du dernier roi de Cappadoce, notre contemporain. Ajoutons qu’il était grand prêtre de Comana dans la province du Pont. Il se trouvait dans le camp de Gabinius, au moment de faire campagne avec lui contre les Parthes, quand tout à coup il partit sans prévenir Gabinius pour rejoindre des amis sûrs qui le conduisirent à la reine et le firent [agréer d’elle et] proclamer roi. Cependant Aulétès était venu à Rome : là, il se voit accueilli par le grand [Pompée] qui le recommande au Sénat et fait décréter son retour dans ses États en même temps que le supplice en masse de la majeure partie de l’ambassade, composée de cent membres, que les Alexandrins avaient envoyée pour déposer contre lui, et dont le chef était Dion l’académicien qui fut compris naturellement au nombre des victimes. Ramené par Gabinius, Ptolémée fait mettre à mort Archélaüs et sa propre fille ; mais il ne prolonge que de bien peu les années de son règne et meurt de maladie, laissant deux fils et deux filles, dont l’aînée n’était autre que Cléopâtre.

 

  1. En quoi le témoignage de l’historien-géographe Strabon vient-il contrebalancer l’image donnée par les précédentes représentations de Ptolémée XII ?

Arbre généalogique des Ptolémées (https://books.openedition.org/editionscnrs/3884)

 Rechercher dans le dictionnaire grec-français le sens des épithètes des différents Ptolémées :

  • Sôter (Σωτήρ) : ……………………………………………………………………………………………………………………..
  • Philadelphe (Φιλάδελφος) : …………………………………………………………………………………………………….
  • Évergète (Εὐεργέτης) : …………………………………………………………………………………………………………..
  • Philopatôr (Φιλοπάτωρ) : ……………………………………………………………………………………………………….
  • Épiphane (Ἐπιφανής) : …………………………………………………………………………………………………………..
  • Philomêtôr (Φιλομήτωρ) : ………………………………………………………………………………………………………
  • Tryphon (Τρύφων) : …………………………………… ou Physcon (Φύσκων) :………………………………………
  • Lathyre (Λάθυρος) : ………………………………………………………………………………………………………………
  • Néos Dionysos (Νεός Διόνυσος) : ………………………….. ou Aulète (Αὐλητής) : …………………………….
  1. Lesquelles, parmi ces épithètes, ne semblent pas être des titres officiels mais des surnoms ?
  2. Selon vous, les épithètes Τρύφων (féminin Τρύφαινα) et Φύσκων sont-elles valorisantes ou au contraire dévalorisantes pour le souverain ?
  3. D’où vient le surnom de Ptolémée XII, Αὐλητής (voir le texte de Strabon) ? En quoi est-il particulièrement dépréciatif ?
  4. Observez bien l’arbre généalogique des Lagides : quels liens familiaux unissent Arsinoé II et Ptolémée II Philadelphe ? Ce schéma se reproduit-il par la suite ?

REPONSES AUX QUESTIONS :

  1. Ces images représentent-elles des individus ou plutôt des fonctions (basileus-pharaon)?

Sur le bas-relief du temple d’Horus à Edfou, le couple royal est représenté de manière très conventionnelle, et distingué uniquement par des regalia pharaoniques traditionnels : double couronne Pschent, pagne et bâton pour Ptolémée XII, longue robe, perruque, collier menat, sistre hathorique et ankh pour Cléopâtre Tryphaïna, ces trois derniers objets faisant office d’amulettes de protection. Sur les deux crétules, les portraits semblent davantage individualisés :  le front court, les yeux enfoncés dans la cavité orbitale, le menton adipeux et saillant, la joue rebondie, le nez aquilin et les lèvres épaisses du personnage masculin ont permis aux spécialistes d’émettre plusieurs hypothèses d’identification. Il pourrait ainsi s’agir de Ptolémée VIII, Ptolémée X ou plus vraisemblablement Ptolémée XII. Si les attributs royaux présents (le diadème royal et la dépouille de griffon) montrent qu’on a sans conteste affaire à l’un des derniers rois de la dynastie lagide, la représentation n’est cependant pas assez précise pour permettre un consensus sur la personne de ce souverain et, partant, de son épouse.

  1. Dans quelle tradition iconographique s’inscrivent-elles : hellénique ou égyptienne ? Pourquoi ?

L’Égypte ptolémaïque est un royaume multi-ethnique où cohabitent des colons d’origine gréco-macédonienne et des autochtones égyptiens. L’entourage des souverains lagides (courtisans, ministres, conseillers…) est composé majoritairement de Gréco-Macédoniens. Mais les Lagides s’efforcent par ailleurs d’entretenir des liens privilégiés avec les élites égyptiennes, en particulier le clergé. On retrouve donc cette double tradition politico-culturelle dans les représentations ci-dessus :

– Les crétules (images 1a et 1b) suivent plutôt la tradition iconographique gréco-macédonienne et peuvent être rapprochées de l’imagerie monétaire : le roi y est présenté dans son costume de basileus, vêtu de la chlamyde, manteau des monarques de Macédoine à partir du IVe siècle av. J.-C., fixée sur l’épaule avec une fibule. Sa tête est ceinte d’un diadème dont les extrémités retombent avec raideur sur la nuque (Lorsque les diadoques se proclament rois, ceux-ci optent pour le diadème). La reine est également représentant avec un diadème enserrant sa chevelure. La propagande lagide destinée aux Hellènes développe un culte des souverains qui trouve son fondement dans la royauté d’Alexandre, voire dans des antécédents macédoniens.

– À l’inverse, le relief sur le pylône du temple d’Horus (image 2), destiné aux fidèles de la chôra d’Égypte, s’inscrit complètement dans la tradition iconographique égyptienne : les personnages sont représentés la tête de profil et le buste de face, on reconnaît deux divinités du panthéon égyptien, Hathor et Horus, avec leurs attributs canoniques (pour la déesse vache, les cornes entre lesquelles apparaissent le disque solaire et l’uræus, pour Horus, la tête de faucon coiffée du Pschent), Ptolémée est représenté en Pharaon avec le Pschent, Cléopâtre est vêtue comme une reine égyptienne avec une longue robe moulante, un collier menat et une perruque. On cherche ici à souligner la continuité entre la dynastie lagide et les précédentes dynasties pharaoniques (d’avant la conquête perse).

Les souverains lagides, à la fois basileis et pharaons, initient donc une synthèse entre la culture grecque et le monde égyptien traditionnel.

  1. Quel discours sur le pouvoir, quelle idéologie reflètent ces représentations du couple royal ?

La tradition iconographique égyptienne, illustrée par le relief du temple d’Edfou, perpétue la conception du pharaon-dieu, à la fois intercesseur auprès des dieux (auquel le couple royal fait des offrandes), dieu lui-même et dispensateur de tous les bienfaits sur terre. L’iconographie sigillographique, plutôt destinée aux Hellènes, donne à voir un basileus et une basilissa incarnant, à travers leur physique imposant et l’empâtement de leur visage, la richesse et l’opulence du royaume (tryphè). Le point commun entre ces deux conceptions du monarque est la volonté consciente des Ptolémées de développer une propagande politico-religieuse pour affirmer et affermir leur domination. Leur comportement de pharaon est d’adopter une solution de continuité avec la tradition théocratique du pays qui leur permet de bénéficier du soutien de l’élite sacerdotale et du peuple égyptien ; leur politique de basileus est de construire, à l’instar des autres monarques hellénistiques, à l’image d’Alexandre, un pouvoir royal d’un type nouveau acceptable pour des Grecs.

 

  1. En quoi le témoignage de l’historien-géographe Strabon vient-il contrebalancer l’image donnée par les précédentes représentations de Ptolémée XII ?

Le texte du grec Strabon donne à voir, derrière le discours officiel, la réalité d’un pouvoir monarchique impopulaire, faible et contesté, qui ne se maintient que grâce à l’appui de Rome. Sous le règne de Ptolémée XII, le royaume lagide est en effet devenu un protectorat romain, et l’Égypte perdra finalement son autonomie en 30 av. J.-C. lorsqu’Octave (le futur empereur Auguste) défait son rival, Marc Antoine, dépose Cléopâtre VII et annexe le royaume ptolémaïque à la République romaine.

  1. Rechercher dans le dictionnaire grec-français le sens des épithètes des différents Ptolémées. La dynastie lagide (Λαγίδαι) ou ptolémaïque est une dynastie hellénistique issue du général macédonien Ptolémée, fils de Lagos (d’où l’appellation « lagide »). Cette dynastie, qui règne sur l’Égypte de 323 à 30 avant notre ère, est d’origine grecque et se réclame comme telle (aucun Ptolémée ne parle l’égyptien, sauf Cléopâtre VII, qui est d’ailleurs polyglotte). Les rois et reines portent généralement des épithètes grecques laudatives, parfois d’essence divine : « Sauveur » (Σωτήρ), « Bienfaiteur » (Εὐεργέτης), « Illustre » (Ἐπιφανής), « Nouveau Dionysos » (Νεός Διόνυσος) ; ou bien elles constituent des hommages familiaux qui renvoient à d’autres parents : « Qui aime sa sœur » (Φιλάδελφος), « Qui aime son père » (Φιλοπάτωρ), « Qui aime sa mère » (Φιλομήτωρ). Les épithètes Τρύφων (« Voluptueux ») et Φύσκων (« Ventru »), qui peuvent paraître aujourd’hui dévalorisantes, font en réalité référence à la notion – positive – de tryphè : l’obésité du roi symbolise la richesse et l’opulence du royaume. En revanche, Λάθυρος n’est pas un surnom officiel : il signifie « pois chiche » sans doute en référence à un bouton sur le nez. De même, Αὐλητής, « le flûtiste », est une appellation dévalorisante (sans doute donnée par la population d’Alexandrie, hostile au monarque) qui laisse entendre que Ptolémée XII se désintéresse des affaires du royaume pour se consacrer à un loisir futile.
  2. Observez bien l’arbre généalogique des Lagides : quels liens familiaux unissent Arsinoé II et Ptolémée II Philadelphe ? Ce schéma se reproduit-il par la suite ?

Ptolémée II épouse sa propre sœur Arsinoé II (selon le rituel égyptien) et introduit le culte des souverains vivants, les dieux Adelphes en 272/271 av. J.-C. Ptolémée IV et Arsinoé III imitent leur exemple, ainsi que Cléopâtre II qui épouse successivement ses deux frères Ptolémée VI et Ptolémée VIII. De même, Ptolémée IX épouse sa sœur Tryphaïna, et Ptolémée XII sa sœur Cléopâtre Tryphaïna. Enfin, Cléopâtre VII, ne pouvant théoriquement régner seule selon la coutume ptolémaïque, fut d’abord mariée à son frère cadet Ptolémée XIII puis à son autre frère Ptolémée XIV après l’élimination du précédent.

 

3 commentaires

  • benedictechachuat

    Test commentaire

  • marieplaton

    Liens avec les programmes de langues anciennes de Lycée (suggérés par Marie-Hélène Charbonnier-Lentin):
    * Masculin, féminin
    – les couples mythiques et historiques représentent dans leur diversité heureuse ou tragique les relations amoureuses hétérosexuelles ou homosexuelles.
    * Féminin et masculin dans la mythologie : représentations littéraires et artistiques ; travestissement, échange et confusion des sexes ; expression des émotions et des sentiments.
    * Amours, amantes et amants ; couples mythiques et historiques.

    * Méditerranée : conflits, influences et échanges

    Première EDS
    * La cité entre réalités et utopies
    – Penser les différents modes de gouvernement (monarchie, oligarchie, démocratie, tyrannie, etc.).

    * Justice des dieux, justice des hommes
    – Crimes et châtiments : figures mythologiques et historiques (Ici, Thésée et Hippolyte).

    * Amour, Amours
    – Désirer et séduire : rencontres et coups de foudre ; blessures et trahisons.
    * Dire et chanter l’amour : poèmes, lettres, théâtre, épitaphes et graffiti, etc.
    La tunique = objet scénique et stratagème, ressort du tragique.

    * Méditerranée : conflits, influences et échanges

  • laurasageaux

    Test de commentaire de Laura

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