Voir le Graal

Texte de Florence Bouchet, Université Toulouse – Jean Jaurès, Laboratoire PLH

Avec Le Conte du Graal, écrit vers 1180 mais inachevé, Chrétien de Troyes introduit un objet profondément mystérieux, appelé à devenir un véritable mythe littéraire : le Graal. De nombreux récits écrits dans le sillage de Chrétien s’ingénient à élucider et gloser ce mystère. Multiforme, évanescent, insaisissable, réservé à quelques élus, cet objet s’inscrit dans le registre du merveilleux. Il devient le signe d’une transcendance investie par la spiritualité chrétienne, une semblance (apparence) appelant au décodage d’une senefiance (signification profonde). Il apparaît aussi dans le monde profane de la cour d’Arthur, au beau milieu de la Table Ronde. Il fait littéralement événement en déclenchant l’aventure des chevaliers qui le quêtent. Cependant, alors que les romans du Graal des XIIe-XIIIe siècles constituent un volumineux massif textuel, diffusé dans de nombreux manuscrits du XIIIe au XVe siècle, l’iconographie du Graal est restée assez rare au sein des manuscrits arthuriens antérieurs au milieu du XIVe siècle, notamment dans ceux des œuvres antérieures au cycle en prose du Lancelot-Graal (rédigé entre 1220 et 1235). Bien que le Graal soit devenu un mythe littéraire assez largement répandu en Europe, il n’est pas représenté dans les manuscrits de tous les pays : on le trouve dans les manuscrits élaborés en France, en Italie, en Allemagne, mais pas dans ceux élaborés en Angleterre, dans la Péninsule ibérique ou aux Pays-Bas. C’est que le Graal est un signifiant complexe où se nouent des enjeux sémiologiques, esthétiques, éthiques et idéologiques. L’illustration des récits du Graal pose par conséquent une série de problèmes : comment représenter cet objet encore « non identifié » en littérature ? Comment distinguer un signe d’une simple chose ? Comment suggérer la transcendance ?

L’entrée en littérature du Graal

En ancien français, le mot graal (ou greal) désigne un plat pour le service de la nourriture ou une coupe, sans autre précision ; mais c’est un mot rare, peu attesté avant Chrétien de Troyes. C’est dans Le Conte du Graal que ce terme introduit en littérature un objet qui joue véritablement un rôle dans l’intrigue, attirant par là même l’attention sur sa véritable nature. Le soir où il est hébergé chez le Roi Pêcheur, Perceval voit un étrange cortège traverser en silence la salle du château[1]. Chaque membre du cortège porte un objet : successivement, un jeune homme porte une lance dont la pointe saigne ; deux autres jeunes hommes portent des candélabres dotés de dix chandelles ; une demoiselle porte « un graal » qui émet une clarté resplendissante ; une autre demoiselle porte un tailloir (plat à découper la nourriture) d’argent. Ce cortège se rend dans une chambre à part pour servir une personne dont on ignore l’identité ; Perceval n’ose pas demander (et c’est là sa faute) qui est servi à l’aide de ce graal. Aucune explication n’est fournie par le narrateur à ce stade du récit. Bien plus tard, Perceval, reparti à la recherche du graal, rencontre un vieil ermite qui n’est autre que son oncle[2]. Celui-ci lui révèle que le graal, loin d’être un vulgaire plat contenant « brochet, lamproie ou saumon » (v. 6348), est une très « sainte chose » (v. 6351) contenant une hostie destinée en unique nourriture quotidienne à un roi (père du Roi Pêcheur) qui vit reclus dans sa chambre depuis douze ans. Nous n’en saurons pas plus car le roman de Chrétien de Troyes est resté inachevé.

D’autres romanciers vont s’engouffrer dans cette brèche pour compléter et gloser le Conte du Graal. Vers 1200, dans le Roman de l’histoire du Graal (en vers), Robert de Boron remonte aux origines évangéliques du Graal (qu’on va pouvoir désormais magnifier d’une majuscule) : ce serait la coupe avec laquelle le Christ a célébré son dernier repas, la Cène[3] (du latin cena : « repas »), la veille de sa Passion. Cette coupe aurait ensuite servi à Joseph d’Arimathie[4] pour recueillir le sang du Christ mort sur la Croix. Le Graal devient ainsi (en littérature mais non pour l’Église officielle) une relique chrétienne, dont Joseph d’Arimathie est le premier gardien. Plusieurs romans du XIIIe siècle retracent l’histoire du Graal et les aventures qui lui sont liées, qui s’achèvent au terme de La Quête du saint Graal, dont l’élu est Galaad (fils de Lancelot et de la porteuse du Graal).

Mais il ne faut pas oublier que Chrétien de Troyes insérait son graal dans un roman arthurien : il s’est donc vraisemblablement aussi inspiré de légendes orales d’origine celtique. Or la mythologie celtique comporte plusieurs objets merveilleux, dont les chaudrons d’abondance des dieux Bran ou Dagda[5]. C’est finalement un objet syncrétique, et doté de pouvoirs mystérieux, que le Graal.

La forme du Graal

Le Graal est donc au départ un objet « non identifié » en littérature, pour lequel il n’existe pas de tradition iconographique ; or les miniaturistes ont tendance à prendre modèle sur les formes et représentations déjà existantes. Cela peut expliquer en partie la relative rareté de l’iconographie du Graal signalée en introduction. Dans les textes, le Graal reste une réalité instable, lexicalement (il peut être désigné par divers mots : escuele, vaissel, qualifié ou pas de « saint », de « précieux ») et fonctionnellement (il se manifeste de manière variable). Cette instabilité rejaillit sur les choix des miniaturistes.

Fig. 1. Montpellier, Bibliothèque interuniversitaire. Section Médecine, H 249, fol. 1 (site BVMM).

L’option la plus radicale consiste à ne pas figurer le Graal, sans pour autant que l’on puisse savoir si cela est dû à une difficulté de compréhension du miniaturiste ou à une occultation délibérée. Le manuscrit de Montpellier (deuxième moitié du XIIIe s.) du Conte du Graal propose certes une miniature (fig. 1)[6] dans l’épisode du cortège du Graal, mais l’image ignore purement et simplement le Graal et ne représente qu’une jeune fille (au lieu d’un jeune homme) portant une lance, alors même que l’entrée en texte du Graal se situe quelques vers en-dessous de la miniature. Le miniaturiste, contrairement à l’usage le plus commun, ne disposait pas de rubrique[7] susceptible de l’informer du contenu du passage[8]. Plus loin dans le manuscrit, (fol. 68v), il représente de manière presque identique la réapparition du Graal devant Gauvain dans la Première continuation du Conte du Graal, c’est-à-dire que là aussi le Graal est absent !

Le manuscrit n° 255 de la Bibliothèque municipale de Rennes, daté d’environ 1230, est l’un des plus anciens manuscrits arthuriens enluminés : c’est donc un témoin précieux des premières figurations du Graal. Il apparaît au folio 76v[9], correspondant à l’épisode de L’Histoire du saint Graal (version anonyme en prose écrite vers 1230-1235, premier volet du Lancelot-Graal) où Josephé (fils de Joseph d’Arimathie) apporte le Graal en Grande-Bretagne en franchissant miraculeusement la mer. Le Graal est représenté comme un large plat rond et creux, d’apparence banale, que rien ne signale comme relique sainte capable de permettre aux hommes de marcher sur les eaux ; il est tenu par un des compagnons de Josephé qui ouvre le passage, conformément aux instructions reçues d’une voix divine.

Fig. 2. BnF, Ms fr. 12 577, fol. 18v (Utpictura 18).

Du fait de sa christianisation explicite dès le tournant du XIIe au XIIIe siècle, le Graal est le plus souvent figuré comme un vase liturgique (calice, ciboire[10] ou pyxide[11]) plus ou moins orfévré. Cette christianisation est manifeste dans un manuscrit du Conte du Graal, alors même que Chrétien s’était gardé de toute précision en ce sens. Le cortège du Graal est figuré au folio 18v du manuscrit fr. 12577 de la BnF, sur la partie droite de la miniature (fig. 2)[12]. La deuxième partie de la rubrique (colonne de droite) indique : « Et apres devise comment il sistrent a table encontre un biau feu et comment le vallet vint qui apporta la lance qui sainne et les puceles le saint graal[13] ». Comme le manuscrit a été élaboré vers 1330, la rubrique, contrairement au texte plus ancien de Chrétien, peut parler de « saint Graal ». L’image témoigne de cette promotion du Graal en le faisant venir en premier (au lieu du quatrième rang que lui assigne le texte), porté par une jeune fille que suit le jeune homme porteur de la Lance. Le Graal est clairement une coupe liturgique dorée, fermée par un couvercle surmonté d’une croix. Il a un aspect encore plus luxueux dans le manuscrit fr. 112 (3) de la BnF, élaboré vers 1470 : au terme de la Quête du saint Graal, au folio 179v[14], Galaad, Perceval et Bohort sont en adoration devant le Graal, gros ciboire de forme polygonale, en or incrusté de perles et de pierres précieuses, fermé par un couvercle surmonté d’une croix.

Notons que l’étoffe vermeille qui, dans ce texte, recouvre le Graal est dans l’image tendue derrière lui, le laissant ainsi apparaître. Dans d’autres miniatures, le couvercle est encore plus ouvragé, jusqu’à évoquer la flèche d’une cathédrale. Ou bien le Graal est figuré ouvert, tout comme il peut être recouvert – ou pas – d’un linge liturgique (purificatoire). C’est que le Graal, dès lors qu’il est chose sainte, relève aussi de l’invisible et ne peut être regardé par n’importe qui.

 

Montrer l’invisible

L’absence du Graal dans l’image exprime peut-être dans certains cas une forme de révérence envers le saint mystère, quand bien même le texte dit que les personnages voient le Graal. Dans d’autres cas, il s’agit de montrer au spectateur de l’image quelque chose qui n’est pas perceptible des personnages. Entre autres pouvoirs merveilleux, le Graal a la capacité de se mouvoir tout seul, ce qui lui permet d’apparaître sans faire partie d’un cortège tel que l’avait imaginé Chrétien de Troyes. Dans La Quête du saint Graal, lorsque le Graal, précédé d’un coup de tonnerre et d’un rayon de soleil resplendissant, apparaît soudain parmi les chevaliers de la Table Ronde pour leur servir à manger[15], le narrateur s’étonne du phénomène et esquisse une explication semi-rationnelle en disant que nul ne pouvait voir qui portait le Graal : « lors entra laienz li Sainz Graal covers d’un blanc samit ; mes il n’i ot onques nul qui poïst veoir qui le portoit[16]. » Le miniaturiste du manuscrit de la British Library Royal 14 E III (fol. 91v[17]) va plus loin dans la démarche en figurant un ermite ou un moine portant le Graal recouvert d’un linge blanc, mais celui-ci est entouré d’une nuée (halo festonné de couleur bleutée) signifiant qu’il est visible seulement pour les spectateurs de l’image et non pour les personnages qui y sont représentés. Dans d’autres manuscrits, par exemple le BnF fr. 120 (fol. 524[18]), le Graal recouvert d’un voile transparent apparaît au centre de la Table Ronde (disposition particulièrement harmonieuse), présenté par deux petits anges dorés (figurés tels des tenants d’armoiries).

Fig. 3. Bibliothèque de l’Arsenal, miniature du manuscrit 5218, fol. 88 (BnF).

Dans La Quête du saint Graal, le Graal est indéfectiblement lié aux mystères de la religion chrétienne. Le frontispice[19] quadriparti du manuscrit fr. 116 de la BnF montre, dans le premier compartiment, la Crucifixion, en une disposition classique : le Christ en Croix, avec la Vierge Marie et saint Jean de part et d’autre. Ce qui est moins classique, c’est la présence de discrètes ombres bleutées figurant des anges en train de recueillir le sang du Crucifié qui coule de ses mains, de son flanc et de ses pieds, ce qui rappelle indirectement l’interprétation de Robert de Boron faisant du Graal le réceptacle du Saint Sang. Lors de la liturgie du Graal, le saint vase devient, dans le texte[20] comme dans la miniature au fol. 88 (fig. 3)[21] du manuscrit 5218 de la Bibliothèque de l’Arsenal, le support visible du dogme[22] de la présence réelle du Christ dans l’eucharistie. Douze chevaliers (dont Galaad, Perceval et Bohort) voient apparaître Josephé et l’autel du Graal puis un cortège d’anges portant successivement deux cierges, un voile rouge et la Lance qui saigne. Josephé se met à célébrer la messe et, au moment de l’Élévation se produit la transsubstantiation, qui transforme l’hostie en corps du Christ (corpus Domini) : « Et au lever que il fist descendi de vers le ciel une figure en semblance d’enfant, et avoit le viaire aussi rouge et aussi embrasé comme feu ; et se feri ou pain, si que cil qui ou palés estoient virent apertement que li pains avoit forme d’ome charnel[23]. » Au premier plan et au centre de la miniature du manuscrit de l’Arsenal, le corps du Christ nimbé et sanglant émerge du Graal (bizarrement posé en équilibre sur une lance à l’horizontale), entre les deux anges porteurs de cierges qui se dirigent vers Josephé, devant les chevaliers attablés. Le texte se poursuit de manière encore plus extraordinaire : le Christ sort réellement du Graal et donne la communion aux chevaliers !

Mais finalement nul ne peut voir l’intérieur du Graal, hormis Galaad, l’élu qui, au terme de La Quête du saint Graal, est invité à regarder « dedenz le saint Vessel[24] », autrement dit à contempler la source spirituelle de toute vérité. Galaad s’exclame : « ore voi ge tot apertement ce que langue ne porroit descrire ne cuer penser. […] ici voi ge les merveilles de totes autres merveilles[25] ! » Comblé, il souhaite aussitôt mourir[26] pour entrer dans la vie céleste : la miniature du manuscrit fr. 112 (3) de la BnF (fol. 181v)[27] le montre tombant extatiquement à la renverse, retenu par Perceval et Bohort. Nul autre ne pourra contempler l’ineffable ; une main descendue du ciel emporte le Graal et la Lance, que personne ne verra plus sur terre. Même au terme de cette vaste entreprise de continuation de l’œuvre de Chrétien de Troyes et d’élucidation progressive de ce qu’est le Graal, celui-ci demeure une merveille qui dépasse l’entendement humain et le pouvoir d’expression de la littérature.

 

Conclusion

Dans le cadre de l’enseignement du français, Le Conte du Graal peut être abordé en classe de 5e ou en 1re. L’iconographie du Graal, avec les difficultés qui s’y attachent, offre une bonne occasion d’exercer l’œil des élèves (scruter des détails à peine visibles, réfléchir aux relations entre texte et image). L’élargissement à d’autres romans du Graal permet de saisir comment se constitue un mythe littéraire.

 

Bibliographie sélective

  • Textes de référence :

Chrétien de Troyes, Le Conte du Graal, éd. bilingue de Charles MÉLA, Paris, LGF, « Lettres gothiques », 1990.

Les Métamorphoses du Graal. Anthologie, éd. bilingue de Claude LACHET, Paris, GF Flammarion, 2012.

  • Études :

BAUMGARTNER, Emmanuelle, « Les scènes du Graal et leur illustration dans les manuscrits du Conte du Graal et des Continuations », in BUSBY, Keith et alii, dir., Les manuscrits de Chrétien de Troyes, Amsterdam, Rodopi, 1993, vol. 1, p. 489-503.

MEUWESE, Martine, « The shape of the Grail in medieval art », in LACY, Norris J., dir., The Grail, the Quest and the world of Arthur, Cambridge, D. S. Brewer, 2008, p. 13-27.

NICOLAS, Catherine et FABRY-TEHRANCHI, Irène, L’iconographie du Lancelot-Graal, Turnhout, Brepols, 2021.

SÉGUY, Mireille, Les Romans du Graal ou le Signe imaginé, Paris, Champion, 2001.

STONES, Alison, « Seeing the Grail: Prolegomena to a Study of Grail Imagery in Arthurian Manuscripts », in MAHONEY, Dhira, dir., The Grail. A Casebook, New York, 2000, p. 301-366.

VALETTE, Jean-René, « Le Graal et le sujet de la merveille : poétique, sémiotique et idéologie de l’objet », in POMEL, Fabienne, dir., Lire les objets médiévaux. Quand les choses font signe et sens, Rennes, PUR, 2017, p. 169-185.

 

[1] Le Conte du Graal, éd. Ch. Méla, v. 3125-3247.

[2] Ibid., v. 6259-6433.

[3] Ce repas institue le rituel liturgique de l’eucharistie (pain et vin offerts en communion aux fidèles lors de la messe).

[4] Homme pieux nommé dans les Évangiles : Jean, 19 : 38-42 ; Matt. 27 : 57-60 ; Marc 15 : 42-46 ; Luc 23 : 50-55.

[5] Voir Jean Frappier, Chrétien de Troyes et le mythe du Graal. Étude sur Perceval ou le Conte du Graal, Paris, SEDES-CDU, 1979, p. 182-183 ; Robert Baudry, « La vertu nourricière du Graal », in Banquets et manières de table, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, 1996, p. 433-450 ; En ligne : https://books.openedition.org/pup/3583?lang=fr

[6] Montpellier, Bibliothèque de la faculté de Médecine, ms. H 249, fol. 21v. Image visible En ligne dans Utpictura 18 (notice #001377) ou sur le site BVMM (Bibliothèque virtuelle des manuscrits médiévaux) : https://bvmm.irht.cnrs.fr/iiif/17269/canvas/canvas-1426740/view.

[7] Le terme rubrique (latin rubrica, dérivé de ruber : « rouge ») désigne les titres et intertitres écrits à l’encre rouge par le rubricateur (distinct du copiste) qui annoncent de loin en loin le contenu de la portion de texte suivante ; le miniaturiste peut ensuite s’en inspirer comme d’une légende de l’image à peindre.

[8] Une rubrique a été ajoutée après-coup, à la fin du XIVe siècle, dans la marge de queue (marge inférieure) du folio : « Comment Perceval vit la lance qui seignoit et le saint graal chiés le riche pescheeur ».

[9] Rennes, B.M., fol. 76v. Image visible En ligne sur le site BVMM : https://bvmm.irht.cnrs.fr/iiif/16257/canvas/canvas-1409755/view.

[10] Coupe contenant les hosties ; le calice contient quant à lui le vin consacré en sang du Christ.

[11] Boîte servant à la réserve eucharistique, c’est-à-dire renfermant les hosties consacrées mais non consommées lors de la communion.

[12] Image visible En ligne dans Utpictura 18 (notice #020469) ou sur le site Mandragore : https://mandragore.bnf.fr/ark:/12148/cgfbt112558h.

[13] Traduction : « Et après est raconté comment ils s’assirent à table près d’un beau feu et comment arrivèrent le jeune homme porteur de la lance qui saigne et les jeunes filles porteuses du saint Graal. »

[14] Image visible En ligne sur le site Mandragore : https://mandragore.bnf.fr/ark:/12148/cgfbt215158.

[15] Les Métamorphoses du Graal, op. cit., texte n° 30. La scénographie du Graal décrite dans ce passage imite le récit de la descente de l’Esprit saint sur les apôtres le jour de la Pentecôte (voir Ac 2 : 1-4).

[16] Traduction de C. Lachet : « Alors apparut le saint Graal, recouvert d’une étoffe de soie blanche, mais personne ne put voir qui le portait. » (Les Métamorphoses du Graal, op. cit., p. 279).

[17] Image visible En ligne sur le site de la British Library : https://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/ILLUMIN.ASP?Size=mid&IllID=35177

[18] Image visible En ligne sur le site Mandragore : https://mandragore.bnf.fr/ark:/12148/cgfbt21939c.

[19] Voir la notice « Frontispice ».

[20] Les Métamorphoses du Graal, op. cit., texte n° 33.

[21] Image visible En ligne sur le site BnF Les essentiels : https://essentiels.bnf.fr/fr/image/e6c91b38-e9d2-4ba8-81a1-37692ddb5ab5-chevaliers-la-table-graal.

[22] Ce dogme, remplaçant la conception symbolique de l’eucharistie, s’est imposé dans l’Église dans la deuxième moitié du XIe siècle : après la consécration par le prêtre, l’hostie devient réellement (et non plus symboliquement) le corps du Christ.

[23] Traduction de C. Lachet : « Lorsqu’il l’éleva, descendit du ciel un être semblable à un enfant dont le visage était aussi rouge et embrasé que le feu ; il entra dans le pain si bien que ceux qui étaient présents dans la grande salle virent distinctement que le pain avait pris la forme d’un être de chair. » (Les Métamorphoses du Graal, op. cit., p. 293).

[24] Les Métamorphoses du Graal, op. cit., texte n° 34.

[25] Traduction de C. Lachet : « je vois maintenant clairement ce que langue ne pourrait décrire ni cœur concevoir. […] ici je vois les merveilles de toutes les merveilles ! » (Les Métamorphoses du Graal, op. cit., p. 299).

[26] L’homme mortel ne peut voir en face la divinité, comme le dit Dieu à Moïse : « Tu ne pourras pas voir ma face, car l’homme ne peut me voir et vivre » (Ex 33 : 20).

[27] Image visible En ligne sur le site Mandragore : https://mandragore.bnf.fr/ark:/12148/cgfbt215189

 

2 commentaires

  • annehelenedolle

    Proposition pédagogique de Florence Bouchet à propos de la miniature du Manuscrit français 12 577 de la BnF, f. 18v (fig. 2) :

    Dans le cadre d’une étude du cortège du Graal dans Le Conte du Graal, la comparaison avec cette miniature du fol. 18v peut constituer un bon « test » de lecture, amenant d’abord les élèves à constater plusieurs discordances entre le texte et l’image, discordances que le professeur peut, dans un second temps, expliquer comme suggéré ici. On pourra noter d’autres écarts entre ce que dit Chrétien et ce qu’offre l’image : l’enlumineur a cru bon de figurer une reine à côté du Roi Pêcheur (automatisme mental qui veut qu’un roi soit nécessairement marié ?) ; surtout, Perceval n’est pas représenté (absence symptomatique : Perceval n’ayant pas su poser les questions attendues sur le Graal, c’est comme s’il n’avait pas été là).

  • annehelenedolle

    ENCART PEDAGOGIQUE « Voir le Graal » proposé par Lucie Brochet (Collège Jean Moulin, Toulouse)

    Ce texte peut s’inscrire dans le cadre de l’objet d’étude « Agir sur le monde/héros, héroïnes, héroïsme » proposé en classe de 5ème en cours de Français. Le programme nous invite en effet à étudier un roman de chevalerie : Perceval ou le conte du Graal de Chrétien de Troyes par exemple.
    Ce texte invite à développer l’interdisciplinarité en classe (Lettres/Histoire/Arts plastiques).
    On pourra, dans un premier temps, étudier tout simplement l’art de l’enluminure : la technique mise en œuvre (l’esquisse, le mélange des pigments de couleurs…) les composantes et les fonctions (esthétique, illustrative, de structuration du récit…). Cette séance d’Histoire des Arts peut se faire en partenariat avec le professeur d’Arts plastiques. On pourra travailler avec le professeur d’Histoire également en se demandant qui produit les enluminures et pour quel public.
    Dans le cadre plus précis du cours de Français, on pourra étudier le rôle de l’objet qu’est le Graal et sa description dans le récit, puis demander aux élèves de retrouver cet objet dans les enluminures. Ils seront incités à comparer différentes représentations du Graal. Il s’agira de montrer la difficulté à nommer et à représenter le Graal.
    Il est également intéressant d’imaginer une activité d’écriture à partir d’une enluminure. L’image joue alors un rôle de déclencheur. À l’inverse, on peut faire écrire les élèves (décrire une enluminure ou imaginer une aventure) et leur faire créer une enluminure à partir d’un logiciel (Pictor par exemple).

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