Philosophie

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La revue Recherches & éducations est heureuse de vous annoncer la parution de son nouveau numéro (5) consacré au Centenaire de la mort d‘Alfred Binet, faisant écho au colloque qui se déroulera à Paris les 18 et 19 octobre 2011.

Vous trouverez ci-joint les informations relatives à ces deux évènements.

http://rechercheseducations.revues.org/index803.html


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Le colloque Le Théâtre des nerfs: cultures neurologiques, psychologiques et spectaculaires autour de 1900 qui aura lieu du 24 au 26 novembre à Lausanne. En tant que VIIe colloque du Centre des sciences historiques de la culture, cet événement interdisciplinaire se déroulera à la cinémathèque suisse (Lausanne), à l’Université de Lausanne et au CHUV.

 

 

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Séminaire – Corps, techniques et société

 

GT 41 de l’Association Française de Sociologie

« Corps, techniques et société »

Séminaire public 2011-2012

« Corps et techniques : Voir et connaître »

Horaire : 16h00-18h30

Lieu : CETCOPRA – Université Paris 1. 17, rue de Tolbiac. 75013 Paris. 5ème étage

(RER C ou Métro ligne 14, bus 62 ou 89)

Responsables :

Valérie Souffron (Cetcopra, Paris 1), Caroline Moricot (Cetcopra, Paris 1), Marina Maestrutti (Cetcopra, Paris 1)

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A travers l’approche socio-anthropologique qui le caractérise, le GT41 précisera cette année sa problématique précédente : « dépassement des frontières du corps par le recours à la technique, déplacement anthropologique de la définition de l’humain, distance à soi, aux autres et aux choses », en s’intéressant aux sens, à leur construction sociale et culturelle, et à leur rôle dans la construction des connaissances. Fidèles à notre préoccupation pour l’entre-deux des problématiques touchant aux corps et aux techniques, nous nous interrogerons sur les entrecroisements du regard, du toucher (voire d’autres sens) et de la technologie, dans la production des savoirs. Mise à distance des corps, regards ou touchers médiatisés, quelles visions du corps sont-elles en train d’être construites ? Quelles mises en scène, quelles mises en sens et quelles mises en savoir les technologies et ceux qui les conçoivent et qui les utilisent, contribuent-ils à élaborer ? Ces questions générales seront abordées par des ethnologues, des anthropologues, des historiens, des sociologues, des philosophes ou des praticiens, à partir de leurs recherches respectives.

Télécharger le programme (pdf)

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Parution – The Ethics of Screening in Health Care and Medicine. Serving Society or Serving the Patient ?

 

Juth Niklas et Munthe Christian (dir.), The Ethics of Screening in Health Care and Medicine. Serving Society or Serving the Patient ?, International Library of Ethics, Law, and the New Medicine, Vol. 51, 1st Edition., 2012, 175 p.

Medical or health-oriented screening programs are amongst the most debated aspects of health care and public health practices in health care and public health ethics, as well as health policy discussions. In spite of this, most treatments of screening in the research literature restrict themselves to isolated scientific aspects, sometimes complemented by economic analyses or loose speculations regarding policy aspects. At the same time, recent advances in medical genetics and technology, as well as a rapidly growing societal focus on public health concerns, inspires an increase in suggested or recently started screening programs.

This book involves an in-depth analysis of the ethical, political and philosophical issues related to health-oriented screening programs. It explores the considerations that arise when heath care interacts with other societal institutions on a large scale, as is the case with screening: What values may be promoted or compromised by screening programs? What conflicts of values do typically arise – both internally and in relation to the goals of health care, on the one hand, and the goals of public health and the general society, on the other? What aspects of screening are relevant for determining whether it should be undertaken or not and how it should be organised in order to remain defensible? What implications does the ethics of screening have for health care ethics as a whole?

These questions are addressed by applying philosophical methods of conceptual analysis, as well as models and theories from moral and political philosophy, medical ethics, and public health ethics, to a large number of ongoing and proposed screening programs which makes this book the first comprehensive work on the ethics of screening. Analyses and suggestions are made that are of potential interest to health care staff, medical researchers, policy makers and the general public.

Chapter 1: Introduction

1.1 The Wilson and Jungner Criteria
1.2 Point and Plan
1.3 The Concept of Screening

Chapter 2: Why Screening?

2.1 Screening, Treatment and Prevention: Preliminary Remarks
2.2 Health: Life and Well-being
2.2.1 Health and Counselling
2.2.2 The Good of People and of the Population
2.3 Autonomy
2.3.1 Respecting and Promoting Autonomy
2.3.2 Promoting Autonomy through Screening
2.4 Justice
2.5 Summary

Chapter 3: Screening – What, When and Whom?

3.1 Diseases and Groups
3.1.1 Prenatal Screening
3.1.2 Neonatal Screening
3.1.2.1 Reasons for Screening in the Neonatal Period
3.1.2.2 Neonatal Screening and Parental Informed Consent
3.1.2.3 Expanding Neonatal Screening – How Far?
3.1.3 Child and Adolescent Screening
3.1.3.1 Stigmatisation
3.1.3.2 The Child as Decision Maker
3.1.4 Adult Screening

3.2 Testing and Analysis
3.2.1 Safety
3.2.2 Validity
3.2.3 Predictive Value

3.3 Treatments
3.3.1 Abortion as Treatment
3.3.2 Counselling as Treatment

3.4 Summary

Chapter 4: Screening – How?

4.1 Informed Consent
4.2 Counselling
4.2.1 Genetic Counselling as a Template
4.2.2 Expansion: Shared Decision Making

4.3 Funding and Participation
4.4 Summary

Chapter 5: Case Studies

5.1 Non-Invasive Prenatal Diagnosis
5.2 Neonatal Screening for Fragile X
5.3 Mammography Screening
5.4 PSA Screening for Prostate Cancer


Chapter 6: Serving Society or Serving the Patient?

6.1 Summary of the Analysis So far
6.2 The Public Health – Health Care Tension Area
6.3 The Relevance of a Social Science Perspective
6.4 An Institutional Approach to health-related Ethics: A Sketch
6.5 Applying the Institutional Approach: Three Cases
6.5.1 Institutions, Functions and Ethics: Reproductive Care vs. Communicable Disease
6.5.2 Direct to Consumer Genetic Testing: The Limits of Context Relativity
6.5.3 Screening and Justice: The Case Against Allocating Health Care Resources to Screening

6.6 Revisiting the Wilson and Jungner Criteria for Screening
6.7 Closing


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Parution – Pensées du corps. La matérialité et l’organique vus par les sciences sociales

 

Mélina Balcazar Moreno et Sarah Anaïs Crevier Goulet (dir.), Pensées du corps. La matérialité et l’organique vus par les sciences sociales, Presses Sorbonne Nouvelle, 2011.

Ce début de XXIe siècle aura vu le corps s’imposer comme le « lieu commun » par excellence dans les médias mais aussi dans l’art, la littérature et les sciences humaines. Le pari de cet ouvrage est de s’en emparer en tant que carrefour disciplinaire, afin de dessiner une épistémologie du corps qui soit propre aux sciences humaines. Les différentes contributions abordent la question de la surexposition médiatique des corps en reparcourant quelques-uns des grands jalons théoriques qui, de la modernité au post-structuralisme, auront marqué les réflexions sur le corps. Sont ainsi examinés les effets de sa marchandisation ou des lois qui visent à le régir, mais aussi la question des modifications corporelles ou les problématiques du corps-machine, de l’anomal, du rapport du psychique au somatique, du matriciel. A la croisée de l’esthétique, des études littéraires, de la philosophie, des études culturelles, des études de genre et de la psychanalyse, cet ouvrage rassemble des textes qui s’ancrent dans des expériences singulières du corps et explorent en même temps la possibilité de métamorphose de celui-ci. Tout en allant au plus près de la fragilité et de la vulnérabilité du vivant, ce livre donne à voir et à penser l’infinie transformabilité de la matière qui est celle même du corps.

 

Melina BALCÁZAR MORENO et Sarah-Anaïs CREVIER GOULET — Avant-Propos

Préface
Mireille CALLE-GRUBER — Sur la pointe des pieds

Partie I
La pensée et l’organique

Sofiane LAGHOUATI L’expérience du corps anormal dans l’œuvre de Claude Ollier

Joana MASÓ — De l’écriture et du corps chez Jacques Derrida

Souad KHERBI — Saisir l’ombre du corps : sur les traces du motivum de la pensée de Pascal Quignard. L’exemple d’Apronenia Avitia

Partie II
Du corps réprimé au corps fétiche

Esther COHEN — Corps scindés. Saintes et sorcières dans l’impasse de l’histoire et ses discours

Daniela CARPISASSI — Les éclats de Sarah, Baubo et Méduse : figures du « corps féminin » riant

Isis ORTIZ REYES — Face à la métaphore : Hannah Wilke

Chantal ZABUS — Chaises musicales entre l’Occident et le « non-Occident » : sexualité, modification corporelle et corporéité transnationale

Partie III
Une autre cartographie des organes

Anne BOURSE — Le corps appareillé : Figures littéraires de l’« immachination »

François VILLA — La chair du psychique, le corps du moi

Sylvie DUVERGER — Levinas au seuil des féminins-matriciels

Hervé SANSON — Jean Boullet : du corps phantasme au corps monstrueux

Partie IV
Hors le corps

Ginette MICHAUD — « … la bouche touche » (Une « scène primitive » du corps nancyen)

Jean-Yves HEURTEBISE — Penser la danse ou Qu’est-ce qu’un Corps ? (un Univers Merleau-Pontien)

Sarah-Anaïs CREVIER GOULET — « … ces traces de tomie » : la longue histoire du petit bout de peau rose

Véronique LANE — Artaud et Céline : « les choses » à leur paroxysme

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Appel à contribution – Traitements et Contraintes

EHESS, 14 et 15 juin 2012

Traitements et contraintes : approches empiriques des dispositifs de prise en charge institutionnelle.

Argumentaire

Ce colloque vise à proposer une nouvelle approche des dispositifs institutionnels à travers les thématiques croisées du traitement et de la contrainte. Alors que les recherches de Goffman sur les institutions totales, et les théories de Foucault sur les techniques de pouvoir continuent d’inspirer de nombreux travaux rapprochant la prison, l’hôpital psychiatrique et les centres de rétention administrative, cet appel à contribution entend élargir le champ de ces investigations sous l’angle des pratiques, prises en tension entre des enjeux de traitement (médical, social, juridique) et des enjeux de contrainte (enfermement, confinement, discipline, normalisation). Le cadre juridique qui définit l’institution contraignante par la notion de privation de liberté et qui sert d’appui conceptuel pour un certain nombre de recherches, se trouve ainsi éclaté, permettant d’analyser de manière plus large les différentes formes de pratiques de prise en charge dans des dispositifs institutionnels. Ce colloque vise à faire dialoguer des analyses de scènes sociales hétérogènes, qui seront mises en parallèle sans pour autant être amalgamées.

Tout en s’inscrivant dans un mouvement plus large de recherches sur les institutions contraignantes, ce colloque souhaite marquer son originalité tant sur le plan thématique que sur le plan méthodologique. Sur le plan thématique, le choix des termes “traitement” et “contrainte” invite à une exploration de la polysémie de ces notions et de la diversité des dispositifs institutionnels. Ainsi seront étudiés non pas seulement les dispositifs étatiques “souverains” (type prison), mais également des dispositifs aux frontières plus floues, soit qu’ils ne s’inscrivent pas dans une unité de lieu (par exemple, des dispositifs de suivi éclatés sur plusieurs sites), ou bien qu’ils soient délégués au secteur associatif ou privé.

Au niveau des méthodes, nous souhaitons résolument promouvoir l’enquête empirique, qu’elle soit quantitative ou qualitative, menée avec les diverses techniques des sciences sociales (ethnographie, statistiques, archives). L’enquête empirique doit être un moyen de développer une réflexion ancrée dans l’étude des faits, plutôt que dans le développement d’une théorie par trop spéculative. L’attention fine à ces dispositifs permettra d’approfondir la connaissance des différentes formes de traitements et de contraintes. Dans cette optique, nous souhaitons susciter un autre regard sur les politiques publiques dans le champ de la santé, du social et du pénal en interrogeant la manière dont elles sont mises en œuvre en pratique.

Une telle approche permettra également d’élargir la notion de contrainte pour prendre en compte non seulement le continuum existant entre force physique et assignation normative (usages de contention physique et chimique, discipline, etc.) mais également les contraintes organisationnelles, structurelles et réglementaires pesant sur la pratique. Cette autre dimension de la contrainte est encore trop rarement mise en regard de la première, quoi que des travaux s’intéressant aux professions aient souligné son importance. Comment le manque de moyens et de personnel influe sur les pratiques de prise en charge ? Quelles sont les contraintes managériales et légales ? Comment l’évolution de ces contraintes se traduit-elle dans l’évolution des rôles et des déontologies professionnelles ? Ainsi on pourra envisager d’approfondir une réflexion sur le care, considéré non pas seulement dans sa dimension éthique, mais également dans une dimension sociologique, qui tienne compte des ambiguïtés de la pratique et de la diversité des rapports de pouvoir et de domination traversant les relations des professionnels et personnes prises en charge.

Enfin l’angle thématique du traitement et de la contrainte doit permettre de prendre en compte les points de vues et pratiques des personnes prises en charge. Plusieurs études ont souligné l’importance, dans les dispositifs institutionnels étatiques, des perspectives managériales de gestion des populations, catégorisées « à risque ». Pourtant, à ces formes de standardisation s’articulent des dispositions procédurales (droits des patients, droits des détenus etc.) qui peuvent constituer des ressources pour les individus. Comment rendre compte de la diversité des expressions de la vulnérabilité, de l’adaptation ou de la résistance qui peuvent être formulées dans ces dispositifs institutionnels ?

Ces questionnements pourront être articulés à travers quatre axes.

1/ Pratiques du traitement et de la contrainte

Les pratiques du traitement et de la contrainte s’inscrivent dans une sociologie des professions qui a montré des résultats importants en matière d’analyse des dispositifs institutionnels, mais aussi de mise en évidence plus large d’inégalités sociales. Comment décrire et qualifier les pratiques professionnelles dans les dispositifs institutionnels combinant des formes de traitement et des formes de contrainte ? Quelles sont les pratiques valorisées et les pratiques disqualifiées ? Comment se répartissent les rôles et quelle est la conséquence de cette distribution sociale sur les formes effectives de contrainte et de traitement administrés dans les dispositifs ?

2/ Les transformations du traitement et de son administration.

La mise en perspective de différentes formes de traitement (médical, social, juridique) est un pari heuristique visant à comprendre des transformations transversales de la prise en charge des individus dans les dispositifs institutionnels, par exemple l’insistance de plus en plus forte sur l’autonomisation et la responsabilisation des personnes. Quel est le sens pratique de ces notions dans les dispositifs institutionnels contraignants ? Dans l’administration des traitements et l’ajustement des contraintes, quelle est la part de bureaucratisation ou d’individualisation? Quel sens est donné à ces activités par leurs acteurs ou par les personnes prises en charge ? Comment sont-elles justifiées (consentement au traitement, défaut de responsabilité entraînant recours à la contrainte, etc.) ?

3/ Le sujet pris en charge

L’étude du point de vue des personnes prises en charge pourra s’appuyer sur différentes conceptions du sujet, pour explorer les sens du traitement et de la contrainte, mais un intérêt tout particulier sera apporté aux contributions prenant en compte la place concrète des corps dans ces dispositifs de transformation/domination, assujettissement/subjectivation. Une autre question importante dans l’étude de la place des sujets dans ces dispositifs est celle du consentement : comment se fabrique le consentement au traitement ? Comment les personnes prises en charge peuvent s’adapter à la contrainte, ou bien la contourner, ou faire jouer différentes contraintes les unes contre les autres? Quelles ressources sociales sont au ressort de ces différentes attitudes face aux traitements et aux contraintes ?

4/ La position du chercheur

A cause du caractère sensible des dispositifs institutionnels considérés (du fait de la “vulnérabilité” ou de la “dangerosité” des personnes prises en charge), la position du chercheur est particulièrement problématique. En poursuivant les réflexions sur l’engagement du chercheur auprès de ses enquêtés, sur la déontologie de la recherche et son sens politique, nous souhaiterions inviter les contributeurs à considérer le lien entre cette réflexion et les enjeux méthodologiques – qu’il s’agisse des problèmes de l’étude de cas, de la montée en généralité, de l’identification des représentations dominantes etc.

Contributions.

Visant à faire dialoguer différentes recherches en sciences sociales, cette conférence accueillera les contributions de différentes disciplines en privilégiant les approches empiriques, qualitatives ou quantitatives, qui apporteront des éléments de réponse à l’une ou plusieurs des questions soulevées dans l’argumentaire. Les résumés des contributions (environ 3000 signes) présenteront l’analyse, en indiquant les sources empiriques et la méthodologie. Les résumés seront envoyés avant le 25 novembre 2011 à l’adresse: colloqueTC2012@gmail.com. Le texte de la communication (environ 50 000 signes) devra être envoyé au plus tard le 25 avril 2012 et pourra être considéré pour publication.

Comité d’organisation, comité scientifique et soutiens institutionnels.

Organisée par un groupe de travail du Réseau Jeunes Chercheurs Santé et Société réunissant une dizaine de doctorants depuis septembre 2010 (Groupe de travail Traitements et Contraintes), cette rencontre scientifique vise à permettre la confrontation d’idées, de terrains, mais aussi la rencontre entre chercheurs et la consolidation de réseaux scientifiques. Cette rencontre scientifique bénéficie à cette fin du soutien de la fondation du Campus Condorcet, de l’EHESS, et du laboratoire Iris et du Réseau Jeunes Chercheurs Santé et Société.

Comité scientifique :

Nicolas Dodier, directeur de recherches, EHESS – GSPM.

Corinne Rostaing, maître de conférences, Lyon II.

Delphine Moreau, doctorante, EHESS-GSPM.

Fabrice Fernandez, postdoctorant EHESS-Iris.

Coline Cardi, maître de conférences, Paris VIII.

Benoît Eyraud, maître de conférences, Lyon II

 

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Parution – The journal of medicine and philosophy

 

The journal of medicine and philosophy, vol 36, n°4, aout 2011, CHARLES TAYLOR AND THE PHILOSOPHY OF MEDICINE

 

Franco A. Carnevale and Daniel M. Weinstock, Questions in Contemporary Medicine and the Philosophy of Charles Taylor: An Introduction

Hubert L. Dreyfus, Medicine as Combining Natural and Human Science

Patricia Benner, Formation in Professional Education: An Examination of the Relationship between Theories of Meaning and Theories of the Self

Gilles Bibeau, What Is Human in Humans? Responses from Biology, Anthropology, and Philosophy

Carl Elliott, Enhancement Technologies and the Modern Self

Natalie Stoljar, Informed Consent and Relational Conceptions of Autonomy

Ronald A. Carson, On Metaphorical Concentration: Language and Meaning in Patient-Physician Relations

Dawson Stafford Schultz and Lydia Victoria Flasher, Charles Taylor, Phronesis, and Medicine: Ethics and Interpretation in Illness Narrative

Laurence J. Kirmayer, Multicultural Medicine and the Politics of Recognition

Daniel M. Weinstock, How Should Political Philosophers Think of Health?

Charles Taylor, Franco A. Carnevale, and Daniel M. Weinstock, Toward a Hermeneutical Conception of Medicine: A Conversation with Charles Taylor

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Parution – Histoire de la virilité

 

CORBIN Alain, VIGARELLO Georges et COURTINE Jean-Jacques (dir.), Histoire de la Virilité, 3 tomes, Paris, Seuil, 2011.

Tome 1

La virilité possède une tradition immémorielle : elle n’est pas simplement le masculin, mais sa nature même, sa part la plus « noble ».

La virilité serait vertu. Elle viserait le « parfait », fondant sur un idéal de domination masculine une des caractéristiques des sociétés occidentales. Une puissance a été inventée, de la force physique au courage moral, imposant ses codes, ses rituels, sa formation.

Tradition plus complexe pourtant, elle ne saurait en rien figer la virilité dans une histoire immobile. Les qualités se recomposent avec le temps. La société marchande ne saurait avoir le même idéal viril que la société militaire. Le courtisan ne saurait avoir le même idéal viril que le chevalier. La cour et la ville inventent des modèles décalés. Ce sont ces différences et ces changements que retrace ce premier volume, de l’Antiquité jusqu’aux Lumières, introduisant de l’histoire dans ce qui semble ne pas en avoir.

Tradition sévère aussi, la perfection serait toujours menacée de quelque insuffisance : la force ne peut ignorer la fragilité. Reste une rupture marquante avec les Lumières : celle visant la domination elle-même. Une virilité nouvelle s’y affirme. L’ancienne ascendance est condamnée, les pères peuvent apparaître en « tyrans », alors même que rien ne conteste encore la domination sur le féminin.

Tome 2

La période concernée par ce deuxième volume correspond à l’emprise maximale de la vertu de virilité. Le système de représentations, de valeurs et de normes qui la constitue s’impose alors avec une telle force qu’il ne saurait être véritablement contesté.

La multiplication des lieux de l’entre-soi masculin ? le collège, le pensionnat, le séminaire, le caveau de la société chantante, le bordel, la salle de garde, la salle d’armes, le fumoir, nombre d’ateliers et de cabarets, en attendant la réunion politique et la société de chasse ? constituent autant de théâtres de l’inculcation et de l’épanouissement des traits qui dessinent la figure de l’homme viril.

Au XIXe siècle, la virilité, qui a partie liée avec la mort ? mort héroïque sur le champ de bataille ou le pré carré du duel, mort provoquée par la fatigue du travailleur, mort d’épuisement de l’homme par la femme ? ne constitue pas une simple vertu individuelle. Elle ordonne, irrigue la société dont elle sous-tend les valeurs. Elle induit des effets de domination. Elle structure la représentation du monde.

Tome 3

En ce début de XXIe siècle, la rumeur enfle en Occident : les hommes ne seraient plus des hommes, des « vrais ». De ce malaise dans la part masculine de la civilisation, la virilité reste un indicateur crucial. Car c’est bien sur cet idéal de force physique et de puissance sexuelle, de maîtrise et de courage que s’est historiquement construit dans la culture ce qui passe pour la « nature » de l’homme. Et demeure le socle la domination masculine.

Or une crise se propage, semble-t-il, dans l’Empire du mâle : les carnages guerriers ont élimé l’étoffe des héros, le retour cyclique des dépressions économiques érodé la fierté du travailleur, la montée des conformismes tari les goûts d’aventure. L’éveil et les progrès de l’égalité entre les sexes, les avancées du féminisme sont venus contester d’anciens privilèges et d’inacceptables violences.

Il y a donc un paradoxe de la virilité contemporaine : comment comprendre que cette représentation hégémonique de la puissance masculine ait fini par apparaître aussi incertaine ? Les hommes d’aujourd’hui entendent-ils porter longtemps encore cette charge millénaire, ou vont-ils souhaiter sentir s’en alléger le poids ? Quitte à renoncer à ses avantages…

 

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Colloque –

Le corps du Prince au coeur des rituels de la cour. Autour de l’oeuvre d’Agostino Paravicini Bagliani


Jeudi 17 novembre 2011  |  Liège (Belgique, 4000) et Leuven (Belgique, 3000)

À la suite des réflexions d’E. Kantorowicz sur les deux corps du roi, les travaux d’A. Paravicini Bagliani sur le corps du pape ont contribué à mettre en évidence combien la figure du corps du prince, qu’il soit laïque ou ecclésiastique, est au cœur des discours et des pratiques de pouvoir au Moyen Âge et à la Renaissance. Au travers de contributions portant sur une cour déterminée et d’autres portant sur quelques aspects transversaux jugés particulièrement significatifs, ce colloque a pour objet de montrer l’articulation fondamentale d’un ensemble cohérent de représentations et de pratiques culturelles autour du corps du Prince. Il s’inscrit en parfaite continuité avec les travaux menés depuis plusieurs décennies par A. Paravini Bagliani.

Colloque international organisé à Liège (17-19 novembre 2011) par la Katholieke Universiteit Leuven, les Facultés universitaires Saint-Louis (Bruxelles) et l’Université de Liège

À la suite des réflexions d’E. Kantorowicz sur les deux corps du roi, les travaux d’A. Paravicini Bagliani sur le corps du pape ont contribué à mettre en évidence combien la figure du corps du Prince, qu’il soit laïque ou ecclésiastique, est au cœur des discours et des pratiques de pouvoir au Moyen Âge et à la Renaissance.

Comme métaphore, comme catégorie mentale ou encore comme objet de pratiques cérémonielles et rituelles, le corps du prince s’inscrit au centre d’un faisceau de significations riche et complexe, au moment précis où se développent les théories de la souveraineté et où vont naître progressivement les États modernes. Corps physique et mortel, qui boit, mange et se reproduit, qui gouverne ses plaisirs et sa santé, vulnérable et gardé, que l’on acclame de loin, dont on partage l’intimité, ou que l’on cherche à empoisonner, il est aussi un corps mystique, incarnant la continuité de la fonction au point qu’un cadavre puisse continuer à régner ; il est lié aussi au corps social ou corps politique (en anglais, « the Body Politic »), dont il est à la fois un double et la tête qui le gouverne, ce qu’attestent la pensée politique du temps autant que divers usages.

Le colloque vise à explorer la richesse de cette thématique dans une perspective large et comparée, susceptible de dégager des lignes de force, des perspectives d’ensemble, à l’échelle de l’Europe tardo-médiévale et renaissante, et d’apporter une contribution réellement significative à l’anthropologie historique de la culture occidentale.

L’attention se portera sur les principales monarchies du temps, en ce compris la papauté et les princes territoriaux. Un spécialiste de chacune des cours princières retenues sera sollicité pour analyser les divers aspects des pratiques rituelles, cérémonielles et, révélatrices en creux, quotidiennes, élaborées et vécues autour du corps du prince. Rompant avec les vieilles approches descriptives et énumératives, il s’agira de considérer ces différents aspects comme autant d’éléments de communication symbolique et de concrétisation des idéologies du pouvoir et de la souveraineté.

Rituels de la naissance (accouchement, baptême, relevailles), du mariage et de la mort du prince, tout d’abord, centrés de prime abord sur le corps physique de celui-ci, au travers des âges de la vie, mais aussi saturés d’implications politiques fort éloignées des catégories mentales qui sont nôtres aujourd’hui et dont l’altérité doit être prise en compte pour établir la généalogie de ces dernières. Rituels de la prise et de la perte du pouvoir, ensuite : couronnement et sacre notamment d’une part, capitulation et abdication d’autre part. Gestes, paroles, lieux, intervenants, objets et vêtements, couleurs et matières concourent à la signification de ces moments forts centrés sur la personne et le corps du prince, dont la performativité reste discutée par les spécialistes, mais qui d’évidence impliquent l’ensemble du corps politique. Présent ou absent, le corps du prince peut être incarné ou redoublé, que ce soit dans la mêlée guerrière ou en de paisibles circonstances, par le cri (« Montjoye ! »), le blason, le portrait peint ou sculpté, le port d’une livrée ou peut-être d’un ordre de chevalerie. Lorsqu’il fait donner sa réponse par un officier, dans les assemblées, la gestuelle même du prince et ses silences peuvent définir une attitude spécifique, élément de distinction mais plus encore d’exception fondatrice du pouvoir. En dehors du cercle familier, la parole publique du prince est rare, sa volonté passe par la bouche du chancelier ou se lit sur un parchemin scellé. De même et dans un autre registre, les rituels de table à la cour disent bien en quoi le corps du Prince qui se nourrit est exceptionnel et incomparable. L’ensemble des festivités curiales, ouvertes ou non sur la ville de résidence, mettent en scène ce corps, tandis que ses contingences physiques (prostitution de cour, vêtement, maladie et guérison, par exemple), ne sont pas dénuées de conséquences politiques lorsqu’il s’agit de procréer un héritier ou lorsque le régime de santé du prince rejaillit sur le gouvernement de la « chose publique » (res publica), lorsque la folie du roi entraîne le désordre du royaume. Qu’en est-il lorsque le Prince est une femme ? Les catégories mentales en sont-elles bouleversées, révélant par là combien la conception du pouvoir est « genrée » (gendered) ? Où constate-t-on plutôt une stratégie d’adaptation de la part du corps social, de la cour et de celle qui règne ? Et qu’en est-il lorsque le corps du Prince s’avère, en définitive, être celui d’un imposteur politique qui a prétendu prendre la place d’un prince ?

Au travers de contributions portant sur une cour déterminée et d’autres portant sur quelques aspects transversaux jugés particulièrement significatifs, le colloque a donc bien pour objet de montrer l’articulation fondamentale d’un ensemble cohérent de représentations et de pratiques culturelles autour du corps du Prince. Il s’inscrit en parfaite continuité avec les travaux menés depuis plusieurs décennies par A. Paravini Bagliani.

Concrètement, le colloque, d’une durée de trois jours, du 17 au 19 novembre 2011, se tiendra à l’Université de Liège (17-18) et à la Katholieke Universiteit Leuven (19). Il est organisé conjointement par la Katholieke Universiteit Leuven, les Facultaires universitaires Saint-Louis (Bruxelles) et l’Université de Liège. Les langues de travail seront le français et l’anglais. Les actes en seront publiés et devraient constituer un volume novateur, fort d’environ 600 pages.

H. Cools — E. Bousmar — A. Marchandisse — J. Dumont

Le programme complet de l’événement ainsi que l’affiche et une copie de l’argumentaire sont disponibles ci-dessous.

Programme

Jeudi 17 novembre, Liège, Société Littéraire

9h00 Accueil

  • 9h30 Allocution de Monsieur Jean WINAND, Doyen de la Faculté de Philosophie et Lettres (Université de Liège)
  • 9h45 Éric BOUSMAR (FUSL, Bruxelles), Hans COOLS (KULeuven), Jonathan DUMONT (FNRS – Université de Liège), Alain MARCHANDISSE (FNRS – Université de Liège),

Introduction

Matinée : Spirituel et temporel : le pape, l’empereur et les princes de l’Église

Présidence : Jean-Marie CAUCHIES (Facultés universitaires Saint-Louis, Bruxelles/ Université catholique de Louvain)

  • 10h00 Agostino PARAVICINI BAGLIANI (Université de Lausanne), Le corps du pape, vingt ans après

10h45 Pause

  • 11h00 Malte PRIETZEL (Universität Konstanz), Le corps des princes ecclésiastiques
  • 11h30 Jean-Marie MOEGLIN (Université de Paris-Sorbonne– Paris IV), L’Empire comme corps

12h Discussion

12h30 Repas

Après-midi : Princes et puissants des Alpes et de l’Italie du nord

Présidence : Silvia MOSTACCHIO (Université catholique de Louvain)

  • 14h00 Christine SHAW, The person of the Doge of Genoa
  • 14h30 Giovanni RICCI (Università degli studi di Ferrara), Un corps sacré, un cadavre outragé : deux princes d’Este au XVIe siècle

15h00 Discussion

15h30 Pause

  • 16h00 Marco GENTILE (Università degli Studi di Parma), The duke’s body : ritual and the legitimacy of princely authority in Renaissance Milan
  • 16h30 Thalia BRERO (Université de Lausanne), Eva PIBIRI (Université de Lausanne), Le corps du prince au sein des rituels funéraires de la Maison de Savoie (XIVe–XVIe siècles)

17h15 Discussion

17h45 Fin des travaux et apéritif

Vendredi 18 novembre, Liège, Université

9h00 Accueil

Matinée : Rois et reines de France et d’Angleterre

Présidence : Annick DELFOSSE (Université de Liège)

  • 9h30 Elizabeth A. R. BROWN (Brooklyn College and the Graduate School, CUNY), Les funérailles royales françaises et le double corps du roi : la construction d’un paradigme chez Ernst H. Kantorowicz et Ralph E. Giesey
  • 10h00 Muriel GAUDE-FERRAGU (Université Paris-13–Nord, IUF), Le corps de la reine au coeur du royaume : l’Entrée d’Isabeau de Bavière à Paris (1389)

10h30 Discussion

11h00 Pause

  • 11h30 Chris FLETCHER (Université de Paris I – Panthéon-Sorbonne), King as man, king as king : The case of Henry V
  • 12h00 Frédérique LACHAUD (Université Paul Verlaine, Metz), Corps du prince, corps de la res publica chez Jean de Salisbury

12h30 Discussion

13h00 Repas

Après-midi : Les États bourguignons

Présidence : Thérèse DE HEMPTINNE (Universiteit Gent)

  • 14h30 Antheun JANSE (Universiteit Leiden), La beauté de la princesse. Le corps de Jacqueline de Bavière comme problème historique
  • 15h00 Bertrand SCHNERB (Université Charles-de-Gaulle –Lille 3), Le corps armé du prince. Le duc de Bourgogne en guerre

15h30 Discussion

16h00 Pause

  • 16h30 Éric BOUSMAR (FUSL, Bruxelles) et Hans COOLS (KULeuven), Le corps du Prince dans les anciens Pays-Bas, de l’État bourguignon à la Révolte, XIVe–XVIe siècles
  • 17h00 Jelle HAEMERS (KULeuven), Le corps de la princesse et les sujets. La cérémonie funéraire gantoise de Marie de Bourgogne (1483)

17h30 Discussion

18h00 Fin des travaux

20h00 Banquet officiel

Samedi 19 novembre, Leuven, Universiteit

8h00 Départ de Liège en car vers Leuven

9h00 Accueil

9h25 Allocution de Monsieur Luk DRAYE, Doyen de la Faculté des Lettres (KULeuven)

Matinée : Les royaumes ibériques

Présidence : Johan VERBERCKMOES (KULeuven)

  • 9h30 Miguel Ángel LADERO QUESADA (Real Academia de Historia – Universidad Complutense, Madrid), Le roi et la cour : ordonnances, vie quotidienne, fêtes publiques (Castille et Aragon)
  • 10h00 María NARBONA CÁRCERES (Universidad de Zaragoza), Le corps d’une reine stérile. Marie de Castille, reine d’Aragon (1416-1456)

10h30 Discussion

11h00 Pause

Couleurs et emblèmes

  • 11h30 Laurent HABLOT (Université de Poitiers), Pour contemplacion d’Icelui. Le corps héraldique et emblématique du prince au coeur des rituels de cour
  • 12h00 Michel PASTOUREAU (EHESS/EPHE), Les couleurs du prince (XIIIe–XVe s.)

12h30 Discussion

12h45 Repas

Après-midi : Princes souffrants et pédagogues

Présidence : Walter PREVENIER (Universiteit Gent)

  • 14h00 Annette KEHNEL (Universität Mannheim), Le corps tourmenté du prince. Rituels de souffrance dans les rites d’investiture médiévale
  • 14h30 Gilles LECUPPRE (Université Paris Ouest Nanterre La Défense), Déficience du corps et exercice du pouvoir au XIVe siècle
  • 15h00 Steven THIRY (Universiteit Antwerpen), How to Steal the King’s Body ? Corporeal Identification of Princely Pretenders in the Renaissance

15h30 Pause

  • 16h00 Hans-Joachim SCHMIDT (Université de Fribourg), Le roi ne meurt pas. Transmissions des concepts politiques aux successeurs par des testaments politiques

16h30 Discussion

  • 17h00 Wim BLOCKMANS (Universiteit Leiden) : Conclusions

17h30 Fin des travaux

18h00 Départ de Leuven en car vers Liège

Contact

Pour toutes informations et pour les inscriptions, veuillez écrire à :

  • Jonathan Dumont (jonathan.dumont@ulg.ac.be) pour les journées de Liège.
  • Hans Cools (Hans.Cools@arts.kuleuven.be) pour la journée de Leuven.

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Journées d’étude – Mécaniques du vivant. Savoir médical et représentations du corps humain, XVII-XIXe siècles

 

Journées d’étude EXPLORA (CAS – EA 801/Muséum d’Histoire Naturelle de Toulouse) organisées dans le cadre du projet inter-MSH « Savoirs littéraires, savoirs scientifiques »

Programme des Journées

Affiche de la Manifestation

5–6 décembre 2011

Muséum d’Histoire Naturelle de Toulouse/Musée de la Médecine de Toulouse

Le développement des sciences médicales a métamorphosé la vision du corps humain au fil des siècles, un corps qui se dessine et se redessine dans la littérature et les arts visuels, permettant souvent de retracer l’évolution de la pensée et de la recherche médicale. Dans la médecine antique, la théorie des humeurs élaborée par Hippocrate et développée par Galien, qui marquera l’histoire de la médecine, influencera aussi l’art de la Renaissance et le théâtre élisabéthain, comme le montre l’apparition de la Comédie des Humeurs de Ben Jonson. Alors que la physiologie humorale perdure jusqu’à la fin du XVIIIième siècle, étant même défendue par Auguste Lumière au XIXième siècle, le corps humain bascule peu à peu dans une vision mécaniciste. Sang, phlegme, bile jaune ou noire entrent en compétition avec de nouvelles images qui transforment le corps chaudière en divers circuits et pompes, préfigurant déjà la théorie des animaux-machines de Descartes. Bien avant l’avènement des sciences et techniques et la métaphore du mécanisme d’horlogerie de La Mettrie, la révolution de l’anatomie, à la fin du XVe siècle et dans la première moitié du XVIe siècle, ouvre la recherche médicale sur l’étude de l’intérieur du corps humain, offrant au savant une mécanique mise à nu. La figure de l’homme mécanique, directement liée aux progrès en anatomie et physiologie, redéfinissent l’homme comme un assemblage de pièces amovibles. En outre, les planches anatomiques (de celles de Vésale à celle de Léonard de Vinci dans le domaine artistique) témoignent de la façon dont médecins et artistes font de la dissection un moyen d’accès à la vérité cachée. Les mystères du corps cèdent sous la lame du dissecteur ou du chirurgien, dès la naissance de la chirurgie moderne avec Ambroise Paré, et à mesure que le scalpel dévoile des profondeurs jusqu’alors invisibles, faisant disparaître muscles et tendons pour faire apparaître l’ossature, un nouveau rapport au corps humain se fait jour, à la fois dans les traités médicaux et dans les représentations artistiques. Les corps disséqués montrent comment l’exploration des cadavres transforment l’épistémè : la recherche de la vérité semble se situer à l’intérieur, sous les chairs que l’on ne sait encore ôter. Ainsi, le passage des fluides aux viscères se retrouve vite mis en scène dans l’art pictural qui place soudainement l’acte de dissection sous les feux de la rampe, nombre d’enluminures dès le XIVe siècle reflétant les recherches médicales du temps. Entre esthétisme et rigueur scientifique, les gravures anatomiques, à l’instar de celles de Jacques Gautier d’Agoty, ou même les cires de Gaétano Zumbo et du chirurgien Guillaume Desnoues et les écorchés d’Honoré Fragonard, offrent à un public avide d’émotions un nouveau réalisme.

Cette journée d’étude s’adresse aux chercheurs en histoire de la médecine, philosophie des sciences et en littérature. Elle cherchera à retracer les grandes théories qui marquent l’histoire des sciences médicales et leurs représentations du corps et proposera une réflexion épistémologique sur la diffusion et l’impact de disciplines et champs liés aux sciences médicales sur les représentations littéraires des XVIIe–XIXe siècles. Il s’agira de suivre le passage de nouvelles épistémè et découvertes médicales dans les représentations littéraires du corps humain. Les nouveaux modèles de la connaissance induits par les développements de l’anatomie, de l’ostéologie, de la physiologie et de la biologie (avec, par exemple, les études en histologie et cytologie, réduisant l’humain à une somme de cellules) seront au coeur de cette manifestation scientifique interdisciplinaire. On pourra se demander si, au moment où la mécanique du corps semble révéler ses mystères, les représentations littéraires des sciences médicales ne deviennent pas un témoin privilégié de la cartographie du corps, un indice des nouveaux modèles épistémologiques que le texte met constamment en scène à travers ses stratégies narratives et personnages. Le modèle hydraulique, lié à la découverte de la circulation sanguine de l’anatomiste William Harvey, ou bien le modèle anatomique, sont autant de révolutions médicales dont on cherchera à suivre l’exportation dans le discours littéraire. On pourra aussi étudier le voyage de l’iconographie anatomique dans les oeuvres littéraires afin de mesurer comment les transformations d’un corps indivisible à un corps fragmenté ou encore disséqué suivent l’évolution de la pensée médicale. En retraçant le chemin parcouru par le savoir médical dans la littérature, il s’agira également d’évaluer notamment comment le texte se charge souvent d’une émotion que la science refoule, mettant en lumière à la fois la précision grandissante de l’observation scientifique et la peur d’une médecine inhumaine qui transforme l’homme en objet d’expérimentation. Ainsi, la littérature du XVIIe au XIXe siècle deviendrait peut-être un miroir, fidèle ou magique, réfractant ou déformant l’image du savant : à mesure que son accès au corps devient de plus en plus direct, que la distance physique entre le scientifique, médecin, anatomiste ou biologiste et son objet d’étude se réduit, la littérature ne se révèle-t-elle pas la distance psychologique qui sépare chaque jour un peu plus la science médicale de l’humain ?

Les propositions de communications (500 mots ; document WORD) sont à envoyer à Laurence Talairach-Vielmas (talairac@univ-tlse2.fr) avant le 1 avril 2011.

PROGRAMME PRÉVISIONNEL

LUNDI 5 DÉCEMBRE 2011 (MUSEUM D’HISTOIRE NATURELLE DE TOULOUSE)

8.45–9.00 : Accueil des participants et présentation du projet

9.00–9.30 : Rafael Mandressi (Centre Alexandre Koyré, CNRS) : ‘Espaces et descriptions savantes du corps’

9.30–10.00 : Hélène Cazès (Université de Victoria, Canada) : ‘La fabrique d’une icône : l’invention vésalienne de l’anatomie moderne (1543, 1725)’

10.00–10.30 : Didier Foucault (Université de Toulouse (UTM)) : ‘Système cérébro-nerveux et activités sensorimotrices de la physiologie ancienne au mécanisme des Lumières’

10.30–11.00 : Pause café

11.00–11.30 : Claire Crignon (Université Paris Sorbonne) : ‘La persistance du ‘modèle’ humoral dans le discours philosophique et médical en Angleterre début XVIIe-début XVIIIe siècle : enjeux épistémologiques et anthropologiques’

11.30–12.00 : Nathalie Rivère de Carle (Université de Toulouse (UTM)) : ‘Under the knife, there is no self”: excoriation and the self in Renaissance Drama’

12.00–12.30 : Frédérique Fouassier (Université de Tours, Centre d’Etudes Supérieures de la Renaissance) : ‘Le corps syphilitique dans le théâtre anglais de la Renaissance’

12.30–14.00 : Pause déjeuner

14.00–14.30 : Elena Taddia : ‘Inscrire le corps de l’enfant dans le discours scientifique: la naissance de la médecine légale sur les enfants en Europe et la docimasie hydrostatique pulmonaire (1660-1830)’

14.30–15.00 : Laurence Dahan-Gaida (Université de Franche-Comté) : ‘Du nerf à l’écriture… et retour ! Médecine et anatomie chez Georg Büchner’

15.00–15.30 : Laurence Talairach-Vielmas (Université de Toulouse (UTM)) : ‘“Shapeless dead creatures … float[ing] in yellow liquid” : Dissection, Exposition et Traitement du Système Nerveux dans Armadale de Wilkie Collins’

15.30–16.00 : Pause café

16.00–16. 30 : Ruth Richardson : ‘Modernity and visuality in the imagery of Gray’s Anatomy’

16.30–17.30 : Visite commentée du Mur des Squelettes (MHN Toulouse)

MARDI 6 DÉCEMBRE 2011 (MUSÉE DE LA MÉDECINE DE TOULOUSE)

9.00–9.30 : Hélène Machinal (Université de Bretagne Occidentale, Brest) : ‘Le singe et l’ange : le corps de l’origine dans la littérature de la fin du 19ème siècle’

9.30–10.00 : Gaïd Girard (Université de Bretagne Occidentale, Brest) : ‘Les Corps mesmériques’

10.00–10.30 Gisèle Seginger (Université Paris-Est) : ‘Nerval et Flaubert : corps mystiques, esprits malades »

10.30–11.00 : Pause café

11.00–11.30 : Pierre C. Lile (Centre d’Etudes d’Histoire de la Médecine) : ‘Le « corps invisible » dans le « Secret de Wilhem Storitz » de Jules Verne’

11.30–12.00 : Jean-François Chassay (Université du Québec, Montréal) : ‘Le discours sur la dégénérescence : s’attaquer à la racine du mal’

12.00–13.00 : Visite du Musée de la médecine

13.00 : Clôture des journées d’étude

 

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