Études romanes : cahiers numériques de la jeune recherche

Un site du Master Études romanes de l'UT2J

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Être femme au XIXe siècle : pouvait-on avoir un positionnement politique ?

Au XIXe siècle, pouvait-on être femme et avoir un positionnement politique et l’exprimer sans être une femme aristocrate féministe et engagée socialement et politiquement comme Josefa Amar y Borbón ? Toutes les femmes n’avaient pas les moyens, la force morale et le soutien des hommes pour participer, pour exprimer publiquement leurs visions de la politique. Les rôles que la société attribuait aux femmes étaient liés à la maternité et vie maritale. Mais pouvaient-elles, malgré les restrictions morales et sociales, exprimer un positionnement politique au moins dans le domaine privé, entre femmes ? María Micaela de Zavala était une femme anonyme, épouse et mère d’hommes politiques, et dans ses lettres elle exprime son propre positionnement politique.

El ángel del Hogar, 24 de febrero de 1865. Source : https://journals-openedition-org.gorgone.univ-toulouse.fr/argonauta/479
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Se souvenir de ce que l’on n’a pas vécu: les mémoires de la dictature en héritage

La dictature chilienne, bien qu’elle n’ait pas été vécue par les nouvelles générations, laisse ses traces dans la construction de leur identité. Pour certains, elle conditionne leur vie, leurs centres d’intérêts et leur vive passion pour les thèmes politiques et mémoriels. C’est le cas de Victor Chanfreau, petit-fils d’Alfonso Chanfreau détenu et torturé par la DINA dans l’ancien centre de répression et d’extermination : Londres 38. Aujourd’hui, Londres 38 relève le défi de participer à la préservation des mémoires, à leur construction et à leur réactivation dans le présent, et d’aider les jeunes, qui n’ont point vécu la période dictatoriale, dans leur quête d’identité.

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L’inaccessibilité comme porte d’entrée. Enjeux et paradoxes de la complexité littéraire à partir du cas de Gesualdo Bufalino

« […] je cherche au moins que les couleurs du mot substituent dignement l’acuité de l’œil.»

G. Bufalino, In corpore vili 

Il advient parfois que des écrivains privilégient des formes d’expression complexes pour diverses motivations. Ils peuvent user d’un langage dense, de métaphores élaborées ou de structures narratives non conventionnelles dans le dessein d’explorer des idées profondes ou des émotions complexes. L’objectif premier réside souvent dans la quête de saisir la richesse des nuances humaines ou d’approfondir des thématiques exigeant une approche littéraire plus sophistiquée. Dans cet article on va chercher, à travers le cas de Gesualdo Bufalino, de comprendre les raisons de cette complexité et des territoires auxquels elle permet, paradoxalement, d’avoir accès.

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Littérature et (in)visibilisation du lesbianisme

Entre préjugés et interdits, dire le lesbianisme dans l’Espagne du début du XXe siècle n’est pas chose facile. Si bien des auteur·rices ont tenté l’expérience, leur fin tragique souvent similaire à celle de Federico García Lorca sonne le glas d’une quelconque visibilité sexo-dissidente. Elena Fortún, initialement autrice de littérature de jeunesse, s’inscrit dans cette histoire des luttes symboliques avec Oculto Sendero, un ouvrage resté inédit à l’époque, publié en 2016, véritable exploration littéraire d’une vie inavouée et à cette époque-là inavouable.

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La question du nu en peinture, un enjeu de genre ? Le cas de Raquel Forner

Avant de devenir artiste, la femme est d’abord née comme le modèle favori des artistes. Depuis l’Antiquité, elle est un modèle esthétique privilégié qui symbolise le désir, voilà pourquoi elle est souvent représentée nue. D’ailleurs, la thématique du nu féminin a marqué l’histoire de l’art et est toujours d’actualité. Cependant, la représentation du nue qui sature la production picturale des hommes, a été réinterprétée par des femmes artistes pour modifier leur regard sur le genre. Il s’est alors effectué une remise en question du nu en peinture, ce depuis une perspective féministe.

Dans cet article, nous envisagerons l’évolution du rôle des femmes dans le nu féminin, passant d’objet du désir à sujet émancipé et actif, qui critique les stéréotypes de genre. Pour cela, nous relirons les deux œuvres Claro de Luna (1939) et Manto de piedra (1947) de l’artiste Raquel Forner.

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Fragments de Pedro Lemebel : que dit ce disparu qui parle encore?

Une mosaïque autorisée dans l’espace public en hommage à l’écrivain, artiste et militant sexo-dissident Pedro Lemebel fut vandalisée, réinventée, restaurée, et complètement détruite. On écrit le nom de l’artiste à la place de la mosaïque ; ce nom disparaît. Que nous rappelle cette petite chronique de l’in/visibilité des luttes mémorielles et sexo-dissidentes sur le bras de fer perpétuel entre répressions et résistances sur les murs de Santiago de Chile de la dictature à nos jours ?

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Traumatismes de la révolution : fatalité ou source d’inspiration ? Le cas de Juan Rulfo 

« – Y a-t-il quelque chose dont vous vous souvenez avoir appris et dont vous êtes reconnaissant durant ces années quelque peu sombres ?

– La seule chose que j’ai appris, c’est à déprimer […] j’ai atteint un état dépressif dont je ne parviens toujours pas à guérir. »

Juan Rulfo lors d’une entrevue à la télévision espagnole en évoquant son enfance.

Et effectivement, quand on se penche sur les productions de cet auteur et photographe mexicain, c’est le trauma des années post-révolutionnaires, conséquences d’une « Révolution ratée », qui ressort.

Dans cet article, il s’agit de voir de quelle manière un artiste se construit par rapport au trauma collectif politico-social qui marque sa génération. Je vous invite à en découvrir un peu plus sur l’art de ce génie tourmenté que la violence a fini par façonner.

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Qui sont les bébés volés de la dictature militaire chilienne adoptés en France ?

Lorsqu’on parle de la dictature militaire chilienne, on pense aux violations des Droits Humains, notamment à la séquestration, torture et disparition des opposants politiques. Mais il existe d’autres crimes moins connus. Avez-vous déjà entendu parler des vols de mineurs ? Saviez-vous qu’ils ont été adoptés à l’étranger, sans que leurs parents biologiques ne soient d’accord ? Étudions le cas de Camille, Marion et Thibaud, adoptés dans une même famille en France, qui témoignent dans la série Adoptados, la historia que nos falta de Cristián Leighton.

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La construction visuel de la violence à travers l’art pictural dans le travail de Fernando Botero

« l’art est une accusation permanente »

Fernando Botero

La réticence à regarder les images ou les œuvres d’art qui montrent la violence est parfois un sujet délicat à traiter, car certains pensent qu’une œuvre d’art doit transmettre un sentiment de tranquillité ou d’émotion positive, voire une beauté idéale. Toutefois, pour d’autres, une œuvre d’art transmet simplement des émotions, qu’elles soient négatives ou positives, mais elles doivent susciter une pensée ou une réflexion. Parfois, manifester la violence à travers l’art est une façon de s’exprimer sans pour autant pointer du doigt, mais surtout pour inciter à réfléchir aux événements qui nous entourent et pour donner une voix à ceux qui ne peuvent pas s’exprimer.

Le cas concret de la violence dans les arts picturaux est une voie empruntée par de nombreux artistes pour témoigner, réfléchir et sensibiliser par rapport aux conséquences dévastatrices de la violence. Peut-on représenter la violence à travers la peinture ? Bien sûr ! Elle y est représentée depuis la nuit des temps, du Moyen Âge à nos jours. Mais comment la violence est-elle traitée dans les tableaux du maestro Botero ?

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Une traduction féministe est-elle possible ?

Si la question du genre permet d’interroger les représentations hégémoniques dans la littérature hispano-américaine contemporaine, « traduire en féministe » serait-elle une manière plus ou moins revendiquée de repenser la traduction ? Dans le cas du roman graphique Virus Tropical, nous mettrons en lumière l’identité féministe de l’autrice à travers son ouvrage autofictionnel mais aussi de la la traductrice de la version française – en termes de choix de traduction – pour comprendre les différents niveaux où intervient le questionnement du genre dans l’œuvre.

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