Médias contre-hégémoniques: des éditions cartoneras à la cyberculture

Mois : avril 2024

Lukas Avendaño : Exploration identitaire muxhe à travers l’art et la performance

Lukas Avendaño, est un artiste et anthropologue zapotèque, issu du peuple amérindien vivant dans l’isthme de Tehuantepec dans l’Etat de Oaxaca au Mexique. Il est connu pour ses performances et son appartenance à la communauté muxhe. Les muxhes sont des sujets “biologiquement » identifiés comme mâles à la naissance, qui, dans certains cas, s’habillent avec les vêtements “typiques” de la femme tehuana” [traduction personnelle], (Bevacqua, 2022). En effet, ils représentent un troisième genre et aujourd’hui le terme désigne “les personnes transgenres qui assument des rôles féminins” [traduction personnelle], (Bevacqua, 2022).

La communauté zapotèque se caractérise par la reconnaissance et l’acceptation du troisième genre au sein de sa société. Ce troisième genre est considéré comme essentiel pour la reproduction et la cohésion ethnique de la communauté. Les individus appartenant à ce troisième genre sont non seulement acceptés mais aussi aimés au sein de leurs familles, et leur présence est parfois même considérée comme une bénédiction. En effet, ces individus assument des responsabilités importantes, telles que le soin des parents et diverses tâches domestiques, ce qui reflète l’importance de la figure féminine, comme le souligne la docteure Natividad Gutiérrez Chong, de l’Institut de Recherche Sociale de l’UNAM, « La femme principale est la mère, qui est la donneuse de vie, le muxhe n’entre pas en compétition avec la mère, il aime s’habiller, se voir comme une femme, mais il ne va pas entrer dans la compétition de qui est plus femme, par exemple ». Ainsi, la reconnaissance du troisième genre dans la culture zapotèque met en avant une forme de diversité sexuelle et de structure sociale qui transcende le binarisme occidental moderne, offrant une perspective intéressante sur la complexité des identités de genre.

A travers ses performances, Lukas Avendaño met en lumière son identité muxhe et indigène. Il y lie des thèmes tels que l’homosexualité ou encore le rôle des femmes dans la société zapotèque, tout en développant les réalités politiques et sociales du pays.

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Une voix de la culture Zoque à l’honneur : la poésie de Mikeas Sánchez

Mikeas Sánchez est une autrice mexicaine née à Tujsübajk dans le municipio de Chapultenango au Chiapas en 1980. Elle est d’origine Zoque et fait partie d’une des ethnies les plus anciennes en méso-amérique: les Olmèques. Elle est connue pour sa poésie écrite en Copainala (une variante de la langue zoque) et traduite en espagnol. Elle est aussi enseignante et directrice de la radio La voz de los vientos, plateforme qui donne une voix aux minorités ethniques du Mexique.

Diplômée en science de l’éducation de l’Universidad Juárez Autónoma de Tabasco, Sánchez se spécialise ensuite en didactique de la langue et littérature. Elle fait son master à l’université autonome de Barcelone. Durant cet échange, elle rencontre des personnes qui ont inspiré le caractère militant de sa poésie, notamment sur la condition des femmes issues de cultures minoritaires.

À partir de la littérature bilingue, l’autrice met en avant sa langue maternelle qui est de moins en moins parlée dans sa région. Mikeas Sánchez se décrit comme une autodidacte qui a appris sa langue native d’elle-même et non pas à travers un enseignement institutionnel. Le choix de traduire le zoque en espagnol permet la découverte de sa culture qui est non reconnue et non enseignée dans les écoles publiques mexicaines.

El Universal

Ses œuvres ont ensuite été traduites en catalan, en italien, en allemand, en maya, en portugais et en anglais. On peut citer Maka mujsi tumä jama (en espagnol Y sabrás un día) publiée en 2006 ou encore Kobikyajubä’jaye publiée en 2013. Les œuvres de Mikeas Sánchez apparaissent dans des journaux, des magazines ou encore des anthologies comme celle de Los abismos de la palabra.

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