Médias contre-hégémoniques: des éditions cartoneras à la cyberculture

Mois : mars 2019 (Page 1 of 2)

Production littéraire en langue nahuatl par La Cartonera Cuernavaca

Production littéraire en langue nahuatl par La Cartonera Cuernavaca

Livre cartonero bilingue nahuatl-espagnol, Kosamalotlahtol, Source: Page Facebook, La Cartonera Editorial en Cuernavaca

Le mouvement cartonero au Mexique

Le mouvement cartonero au Mexique a été inauguré en 2008, d’abord avec l’apparition de la Cartonera de Cuernavaca, puis peu après avec Santa Muerte à Mexico. Les deux projets ont été inspirés par Sarita du Pérou, en particulier La Cartonera, et c’est de cette référence qu’est née l’idée de créer une maison d’édition cartonera au Mexique.

La maison d’édition Santa Muerte a été créée à partir de l’expérience de Héctor Hernández Montecinos avec les tendances poétiques les plus récentes en Amérique latine et des expériences de reliure de Yaxkin Melchy dans le cadre du projet La Red de los poetas salvajes  (Réseau des poètes sauvages)

Viennent ensuite les cartoneras mexicaines de la génération suivante, parmi lesquelles La Verdura, La Regia, La Rueda, La Ratona, Iguanazul, entre autres. Beaucoup de ces nouveaux éditeurs ont demandé conseil à La Cartonera Cuernavaca;  tandis que les projets inspirés par les travaux de Melchy à Santa Muerte et La Red de los poetas salvajes  ont conduit à l’apparition de cartoneras tels que Kodama, Cohuiná, Tegus et Orquesta Eléctrica.

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Résultats de recherche d'images pour « cartongrafias Colombia »

L’État colombien reconnaît aujourd’hui un nombre de victimes du conflit armé s’élevant à 6 millions de personnes. Bien que ce chiffre en lui-même remplisse d’effroi les plus aguerris, il est bien loin du compte… Le coût social d’un conflit de 53 ans, qui prend ses racines dans l’inégalité cinglante d’un pays qui n’a jamais connu de réelle réforme rurale, ne se mesure pas par des chiffres mais par l’intensité des traumatismes individuels et collectifs des expériences vécues.

En conséquence du conflit, près de 7 millions de déplacés cherchent refuge dans des ceintures urbaines déjà saturées et se retrouvent dans le plus grand dénuement. Nombre d’entre eux voyagent longuement avant d’arriver à la froide et hautaine Santafé de Bogotá sans l’ombre d’un espoir, vivants dans les souvenirs d’un passé détruit par l’horreur des affrontements armés et des bombardements. Sous des ponts, dans la rue, abrités de carton, ils s’emparent du seul travail qui leur reste, la récupération de ce même carton les protégeant si peu, la nuit, contre un froid qu’ils n’ont jamais connu auparavant.

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Colectivo Dexpierte : Un réveil historique à coup de peinture?

Ne pas oublier : la Colombie face au conflit

Comment réécrire l’histoire ? Comment avancer sans pour autant oublier ? La Colombie a fait face à des décennies de guerre civile , mais tente tant bien que mal de s’en sortir. Les discours créent l’Histoire, crée la mémoire. Mais le récit découpe, simplifie, efface et laisse de côté nombre de victimes dont la reconstruction est doublement difficile. Donc que faire ?

Le Colectivo Dexpierte propose d’immortaliser les disparus, les assassinés, les victimes dont on tente d’oublier, parfois pour ne pas souffrir, parfois pour ne pas chercher à savoir de qui est la faute.
Photographier des street arts qui font parlés les disparus, c’est ce que propose le Colectivo Dexpierte : ne pas perdre de vue ceux qui ont soufferts à travers un premier acte : le street art. Visible par tous les passants puis transmis à tous à travers le monde grâce au cyberespace. Faire mémoire de la mémoire, contre les diffamations, contre ceux qui veulent faire taire, contre des discours hégémoniques et écrasants. Voilà Continue reading

Murcielagario Kartonera : la périphérie dissidente de la poésie.

Atelier de fabrication des livres dans la maison de Agústin Guambo [page facebook de Murcielagario Kartonera].

Après un voyage à Buenos Aires, Agustín Guambo (1985), s’est retrouvé par hasard devant les portes de  Eloisa Cartonera . Impressionné par cette idée, il se demande pourquoi des initiatives comme celles-là sont inexistantes à Quito et, à l’âge de 23 ans, il rentre dans sa ville natale, déterminé à exporter ce concept.
Agustín n’était pas encore au courant de l’existence d’autres cartoneras en Équateur, et il l’a découvert seulement une fois que son initiative a commencé à se concrétiser. En effet, la petite histoire de cartoneras en Équateur avait déjà commencé à son insu dans les années 2000 avec la fondation de Matapalo Cartonera en 2004 au cœur de la ville de Riobamba, dans la Provence du Chimborazo, seulement un an après la création de Eloisa Cartonera.

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Fabian Rodriguez et la crise actuelle vénézuélienne

Suite à l’arrivée au pouvoir d’Hugo Chavez en 1998 et tout au long de 18 ans de la Révolution Bolivarienne le gouvernement vénézuélien a essayé d’instaurer un courant de pensée révolutionnaire. Au début de la révolution ce mouvement avait gagné la sympathie du peuple vénézuélien et des artistes. En 2005,  le gouvernement a pris la décision de centraliser l’activité artistique ayant comme conséquence la disparition des grands programmes de culture et laissant sans financement un grand nombre de festivals, concours, journaux, musées régionaux, bibliothèques et librairies.  Selon plusieurs artistes, cette mesure a aussi affecté la souveraineté des institutions et a créé une division dans le secteur artistique donnant lieu à un secteur « officiel » et un secteur indépendant. Alberto Barrera Fyszka, écrivain exilé au  Mexique, affirme qu’au Venezuela le secteur officiel artistique est le seul qui reçoit un financement de l’État. En même temps, il accuse le gouvernement d’exiger la loyauté acritique à ceux qui reçoivent du financement. En conséquence, ce panorama a permis l’apparition d’un mouvement artistique né de la nécessité d’exprimer leur mécontentement envers ces politiques répressives et face à l’actuelle crise politique, économique, sociale et humanitaire que vit le pays.

Fabian Rodriguez et son travail

Dans le cadre de ce mouvement indépendant intervient Fabian Rodriguez, cinéaste et directeur créatif du producteur audiovisuel « Cometa Negra ». Fabian est né à Mérida, au Venezuela. Continue reading

Difficile à avaler : la dernière intervention artistique censurée dans un Brésil de moins en moins démocratique

Le travail du collectif « És uma maluca » a été reproduit dans la rue à Rio, après être interdit par le gouvernement

Performance faite en janvier dans une rue du centre de Rio (Julio Cesar Guimarães/UOL)

Pendant deux mois, une recette indigeste de gâteau a résonné parmi les quatre murs de l’un des centres culturels les plus importants de Rio de Janeiro. Loin de stimuler les visiteurs de la Casa França Brasil dans les aventures gastronomiques, l’audio qui a été reproduit en boucle et qui énumérait les étapes nécessaires à la préparation du gâteau visait à accentuer une manifestation très familière au Brésil.

Nous nous permettons d’ouvrir une rapide parenthèse pour expliquer la raison de la recette présentée dans le musée : pendant la dictature militaire (1964-1985), chaque fois qu’un article était censuré par l’État, les journaux publiaient une recette culinaire. L’idée était de manifester contre l’interdiction.

Au fil des années, ce qui était une routine est devenue une anecdote du journalisme, et les brésiliens nés après les années 1980 se sont habitués à penser qu’ils jouissaient de toute la liberté d’expression du monde, en particulier à l’époque d’Internet. Continue reading

B a s t a r d i l l a : la street artiste qui envahit le monde de fresques féministes

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source: http://www.bastardilla.org/hogardepapel/*lxssnm

En Colombie, le street art explose dans les années 2000 envahissant les rues de couleurs, cet art est souvent un outil de dénonciation du système politique ainsi que de la violence régnant dans le pays. Bastardilla est une street artiste venant de Bogota, elle tapisse la capitale colombienne d’images de femmes, mais on retrouve aussi son travail dans d’autres pays tels que la Belgique, l’Allemagne ou l’Italie où elle travaille avec de nombreux artistes.

Le blog

Le blog de Bastardilla est une arme poétique et un hommage à la résistance et à l’empoderamiento des femmes, on y retrouve des dessins revendiquant la place de la femme dans la société colombienne ; comme sur ce dessin ou une femme déracine des godets de pelleteuses dont les racines sont des crânes humains, tandis que sa fille porte dans ses bras un arbre à replanter. Les femmes et la nature sont des thèmes récurrents de ses œuvres et marquent notamment son opposition au machisme, au capitalisme et ici à l’exploitation de la terre.

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Miyo Van Stenis : cyber artiviste dénonçant les non-dits du gouvernement vénézuélien

Miyo Van Stenis est une jeune artiste vénézuélienne de 29 ans. Elle apprend à codé dès son plus jeune.  Lors de son inscription dans une école d’art de Caracas, sa mère lui conseille de se diriger vers le monde numérique, les nouveaux médias car elle n’est pas très douée en dessin. Dans ses œuvres elle utilise le Net.Art ainsi que le glitchart. Le premier mode de création n’est autre qu’une production crée pour et par internet. Le deuxième mode de production consiste en la création d’une imperfection dans l’image.

Lorsqu’elle commence à créer le président au pouvoir au Venezuela est Hugo Chavez. Il avait alors beaucoup de partisans et les opposants étaient réduits au silence.  Elle consacre une grande partie de ses œuvres à dénoncer cette censure qu’exerce la classe politique.

“Mon travail consistait à montrer comment la classe politique censure les activistes. Comment on peut collecter des informations à partir d’Internet. Mon but, c’est de comprendre et de penser le gouvernement comme un terroriste”.

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Los Zopilotes, accès et ouverture du genre littéraire au Guatemala.

Logo Los Zopilotes

Suite aux graves conflits armés entre les guérillas d’extrême-gauche et l’armée de 1960 à 1996 et à la guerre civile, le Guatemala a subi une grande pauvreté.

En effet le nombre de morts fut important et les coups d’états à répétition fragilise la société tant au niveau économique que social (en particulier à cause de l’hyper violence). La population guatémaltèque possède le deuxième taux d’alphabétisme le plus faible dans l’espace latino-caraibéen (82% Guatemala, 61% Haiti en 2015). L’accès donc à l’œuvre littéraire reste limité car le capital culturel et économique d’une large part de la population, au sens de Bourdieu, ne possède pas les ressources nécessaires à sa lecture.

Plus largement, le champ culturel guatémaltèque s’avère majoritairement représenté selon les codes dominants, issus de la colonisation espagnole. Cependant, la population étant en grande partie d’origine maya, la production intellectuelle s’inspire également de la lutte contre l’oppression subie par les communautés et des traditions culturelles indigènes.

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Naïel Lemoine : quand la photographie trans-cende les normes

Naïel Lemoine est un photographe, écrivain, poète, militant trans/genderqueer/non binaire. Il est d’abord connu pour son travail sur et dans le milieu lesbien/gouinE telle son exposition : http://naiel.net/Dykes_cadre.htm. Depuis son positionnement de minorisé, il entremêle travaux artistiques et réflexions politiques. Il a notamment écrit et auto édité La Cissexualité, ce douloureux problème : quant les minorités viennent nommer et questionner la norme issu de l’exposition du même titre en 2013 à Marseille.

Fucking norms, fucking genders …

« Destroy gender or fucking genders pour une société non binaire » est un projet  de 2007. Il a été présenté pour la première fois en 2008 au Centre LGBTI de Paris. L’exposition est également visible via le médium internet (http://www.naiel.net/index.htm) dans la rubrique « fucking genders » http://www.naiel.net/Fucking_cadre.htm. Ces clichés photographiques dévoilent la multiplicité de corps en résistance (corps trans, corps intersexe, corps queer dont butch, etc) qui se battent contre le/s régimes qui les construisent et tendent  à prouver la fausse naturalité du système sexe/genre. Continue reading

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