Médias contre-hégémoniques: des éditions cartoneras à la cyberculture

Étiquette : mémoire collective

Vamos Mujer : féminisme, paix et mémoire à Medellin.

Vamos Mujer est un organisme féministe établi à Medellin, se battant pour la reconnaissance des femmes dans l’espace public et social Colombien. La mission principale de ce collectif est de promouvoir la solidarité, l’égalité ainsi que la justice, dans un contexte de conflit armé et de conflit urbain en Colombie, et plus particulièrement dans la région d’Antioquia et sa capitale, Medellin. Son objectif principal est de pouvoir donner aux femmes le droit d’avoir une vie digne, comme l’indique le slogan associé au nom de l’organisme “Vamos Mujer : por una vida digna”. Il s’agit de pouvoir offrir une vie saine et une reconnaissance sociale, loin des violences qui frappent la ville depuis si longtemps. 

Cet organisme a été créé en 1979, époque à laquelle il s’appelait “Corporación Maria Cano”, en hommage à Maria Cano (1887 – 1967), une habitante de Medellin qui fut la première femme à assurer un rôle de leader politique en Colombie. C’est en 1987 que le nom devient officiellement Vamos Mujer et que la société obtient le statut de personne juridique. Dans un contexte de conflit armé grandissant, il s’agit de lutter pour la reconnaissance des femmes dans une guerre où elles sont encore aujourd’hui trop souvent rendues invisibles et de faire de ces dernières des acteurs politiques actifs et pacifistes afin de combattre la terreur et la violence. 

Vamos Mujer est composé d’une équipe de femmes venant de divers milieux professionnels, faisant donc de son équipe un groupe pluridisciplinaire et intergénérationnel, visant à fournir le meilleur accompagnement possible aux femmes bénéficiant du suivi et de l’aide de l’organisme. Pour cela, treize femmes sont à la tête du collectif. Elles sont aidées par une équipe administrative ainsi qu’une équipe chargée de la communication et de la coordination des projets et travaux menés.

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Cartongrafías – Mettre des mots sur les maux du conflit armé : un devoir de mémoire ?

Pendant près de soixante ans, la Colombie a traversé une longue période de conflit armé, principalement entre les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC) et l’État à travers des groupes paramilitaires. Les affrontements ont eu lieu sur l’ensemble du pays, et les tensions ont contraint de nombreuses populations à abandonner leurs territoires. Les déplacements forcés étaient dus aux actions des guerrilleros, mais aussi aux groupes paramilitaires coordonnés par l’État colombien, qui arrachaient les populations à leurs terres, sous prétexte du conflit.

A plusieurs reprises, le pays a espéré voir le conflit toucher à sa fin. Plusieurs tentatives de cessez-le-feu ou de trêves ont échoué. En 2012 les négociations pour la paix s’ouvrent entre le gouvernement et les représentants des FARC, laissant entrevoir à la population une résolution du conflit. Un travail de mémoire a alors débuté dans l’ensemble du pays, déliant les langues de ceux qui avaient le courage de se remémorer le passé. La question de la mémoire, très présente et longtemps reniée, est finalement devenue centrale, dans le processus de retour à la paix dans le pays. De nombreuses associations ont été créées, notamment le MOVICE, Movimiento Nacional de la Víctimas de Crímenes de Estado, qui œuvre, encore aujourd’hui, à la reconnaissance par l’État de son implication dans le conflit, notamment dans le déplacement des populations. Le rôle de l’État dans le conflit a longtemps été renié par celui-ci, pourtant de nombreux militaires et chefs de guerre se sont dénoncés. Maison d’édition cartonera indépendante, Cartongrafías est née en 2013, à Bogotá, sur l’initiative de victimes de déplacement forcé lors du conflit armé.

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Cartonera Cartongrafías : L’Art et la Mémoire : un chemin pour la paix et la guérison

Source : Page Facebook Cartongrafias

Le devoir de mémoire ou  travail de mémoire d’une guerre, d’un conflit armé, de la colonisation, est un processus qui semble inhérent à la reconstruction de la paix, d’un pays et de son Histoire, mais aussi et notamment de  ses victimes. Diverses approches et initiatives permettent ce travail de mémoire qu’elles soient  officielles ou non.

Bien que cet acte soit parfois controversé, car accusé d’être instrumentalisé par les politiques, il paraîtrait  être une étape primordiale dans la quête de la vérité, de  la reconnaissance des faits, de la reconstruction des victimes et de l’Histoire, ainsi que dans la construction de la paix, en évitant une répétition des faits.

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El Taller Leñateros ou la revendication identitaire tzotzile

Au cours de ces 500 dernières années, des générations de peuples autochtones ont été tu(é)es, invisibilisées, marquées par la perte de leur identité, de leur culture et croyances spirituelles qu’a imposées la culture hégémonique occidentale blanche. Ce fut le cas pour les populations Mayas dans les hauteurs du Chiapas. Depuis plus de 500 ans et en s’opposant depuis à la logique de globalisation du néolibéralisme, les populations mayas tzotziles ont toujours lutté pour récupérer et préserver leur tradition orale et leur mémoire ancestrale. Le Taller Leñateros est ce projet mexicain légendaire qui leur permet aujourd’hui de revendiquer leur identité et devient bien plus qu’une proposition éditoriale indépendante alternative face à la domination de grands groupes du secteur de l’édition en Amérique latine depuis la fin du siècle dernier.

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Amapola Cartonera : la valorisation des discours d’enfants

Immortaliser le conflit pour que jamais il ne se reproduise : voilà la principale vocation de la mémoire collective que construisent les colombiens aujourd’hui.

Durant plus de 50 ans, suite aux conflits sociaux engendrés par les échecs des réformes agraires, la Colombie a fait face à un conflit armé dont ont souffert des millions de victimes. Les guérilleros comme les FARC et l’ELN, les narcotrafiquants, et les paramilitaires ont fait partie du paysage politique et médiatique tout au long du conflit, engendrant de nombreux déplacements forcés, et un nombre incroyable de morts. Le constat est effroyable, laissant durant cinq décennies l’Etat colombien dans une grande impuissance, devant faire face à ses dysfonctionnements qui ont empêché de protéger les populations civiles. En 2016, le pays est mieux disposé à négocier notamment grâce à une nouvelle Constitution écrite en 1991, et grâce à la population qui décide de reprendre du pouvoir sur cette situation ne voulant plus être au centre d’un conflit qui n’est pas le sien. Les Accords de Paix sont donc signés en 2016 entre l’Etat et les FARC qui sont les principaux guérilleros du conflit.

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L’État colombien reconnaît aujourd’hui un nombre de victimes du conflit armé s’élevant à 6 millions de personnes. Bien que ce chiffre en lui-même remplisse d’effroi les plus aguerris, il est bien loin du compte… Le coût social d’un conflit de 53 ans, qui prend ses racines dans l’inégalité cinglante d’un pays qui n’a jamais connu de réelle réforme rurale, ne se mesure pas par des chiffres mais par l’intensité des traumatismes individuels et collectifs des expériences vécues.

En conséquence du conflit, près de 7 millions de déplacés cherchent refuge dans des ceintures urbaines déjà saturées et se retrouvent dans le plus grand dénuement. Nombre d’entre eux voyagent longuement avant d’arriver à la froide et hautaine Santafé de Bogotá sans l’ombre d’un espoir, vivants dans les souvenirs d’un passé détruit par l’horreur des affrontements armés et des bombardements. Sous des ponts, dans la rue, abrités de carton, ils s’emparent du seul travail qui leur reste, la récupération de ce même carton les protégeant si peu, la nuit, contre un froid qu’ils n’ont jamais connu auparavant.

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Colectivo Dexpierte : Un réveil historique à coup de peinture?

Ne pas oublier : la Colombie face au conflit

Comment réécrire l’histoire ? Comment avancer sans pour autant oublier ? La Colombie a fait face à des décennies de guerre civile , mais tente tant bien que mal de s’en sortir. Les discours créent l’Histoire, crée la mémoire. Mais le récit découpe, simplifie, efface et laisse de côté nombre de victimes dont la reconstruction est doublement difficile. Donc que faire ?

Le Colectivo Dexpierte propose d’immortaliser les disparus, les assassinés, les victimes dont on tente d’oublier, parfois pour ne pas souffrir, parfois pour ne pas chercher à savoir de qui est la faute.
Photographier des street arts qui font parlés les disparus, c’est ce que propose le Colectivo Dexpierte : ne pas perdre de vue ceux qui ont soufferts à travers un premier acte : le street art. Visible par tous les passants puis transmis à tous à travers le monde grâce au cyberespace. Faire mémoire de la mémoire, contre les diffamations, contre ceux qui veulent faire taire, contre des discours hégémoniques et écrasants. Voilà Continue reading