Médias contre-hégémoniques: des éditions cartoneras à la cyberculture

Étiquette : Cyberculture (Page 1 of 2)

#BigDATA, du modèle du jaguar à celui du « buen vivir » , il n’y a qu’un clic : focus sur la rénovation du patrimoine linguistique maya avec Mitzi Juárez

Logo du fanzine #BigDATA

#BigData, un espace médiatique indépendant contre-hégémonique

#BigData est un fanzine numérique qui naît en 2019 à la suite du mouvement social et citoyen de l‘Estallido social qui éclate en octobre de la même année au Chili. Ce mouvement social est la conséquence de 30 années de promesses démocratiques non tenues par les partis de la Concertation (partis centre-gauche) et témoigne de la lassitude des Chiliens de la classe moyenne face au maintien coûte que coûte d’un modèle économique néo-libéral insoutenable. Ce modèle dit du « jaguar » se caractérise par une privatisation des secteurs de la santé, de l’éducation ou encore des transports et entraîne l’endettement de nombreux chiliens. Un fanzine est à l’origine une publication, imprimée ou en ligne, institutionnellement indépendante et réalisée par des amateurs dans le but de donner une visibilité à des personnes ou des thématiques en dehors des sentiers battus.

El Fanzine #BIGDATA es un espacio de reflexión y creatividad, independiente

Phrase de présentation de la genèse du fanzine disponible à l’adresse suivante https://fanzinebigdata.cl/somos/

Le nom de ce fanzine chilien fait directement référence au concept informatique de la « big data », qui regroupe des données issues de sources multiples, pour les analyser et en retirer une information qui aide ensuite à prendre une décision ou à procurer une solution. En ce sens, #BigDATA se présente comme un média fédérateur. Son comité éditorial cherche à réunir des mouvements et des pratiques qui, jusqu’à peu, se développaient selon des voies/voix différentes. Cette rupture avec le modèle hégémonique du média traditionnel, qui a tendance à ne traiter les sujets que de manière unifocale, se retrouve aussi dans l’hétéroclisme des membres qui composent cette « Grosse donnée ». Ses 6 membres appartiennent à des domaines d’expertise divers tels que l’art, l’oenologie ou la sociologie.

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Linda Vellejo – Make ‘Em All Mexican

Qui est Linda Vallejo ?

Linda Vallejo est une artiste Chicana dont l’importance des œuvres a été soulignée dans de nombreux articles témoignant des expériences de vie des personnes d’origine mexicaine habitant aux États-Unis.  L’artiste raconte avoir été influencée par les nombreux voyages auxquels elle prit part lors de son enfance, l’emmenant à un questionnement sur l’identité américano-mexicaine. Née à Boyle Heights en 1951, elle a passé ses premières années à East L.A. avant de vivre en Allemagne, en Espagne pour finir par s’installer en Alabama – des déménagements motivés par un père qui était colonel dans l’armée de l’air comme nous l’apprend sa biographie présente sur le site de l’Université de Californie. Ce n’est que lorsqu’elle est retourne dans le sud de la Californie à la fin des années soixante qu’elle s’immerge a nouveau dans son héritage chicano. Ayant grandi dans un milieu où la culture dominante était blanche et états-unienne de l’Alabama dans les années soixante au début du mouvement Chicano, il était important pour elle de retravailler, mettre en avant et célébrer des symboles traditionnels et indigènes mexicains. Ces questions précédemment mentionnées emmenèrent une réflexion de la part de l’artiste sur l’importance de la couleur de la peau des individus dans la société états-unienne ainsi que dans la culture populaire et filmique du pays.  

The crux of the matter, it seemed to me, was that visual representations of the American Dream did not include me, or my loved ones. I had never seen the golden images of Americana with familiar “brown” faces. Friendly faces, sure—but not familiar ones. The yearning for familiar faces sent me on a quest for images that I could call my own.

Linda Vallejo

Elle décrit elle-même ses intentions dans la vidéo suivante, provenant de la chaîne Youtube de l’artiste:  

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Des mots teints en rose : la lutte féministe au pays où la polarisation économique, politique et sociale règne.

Dans un pays où la crise économique, la polarisation politique et les tabous sociaux règnent, la lutte féministe semble être en arrière-plan des priorités des Vénézuéliens. La Constitution de 1999 se démarquait en tant que cadre juridique ayant pour but de visibiliser, protéger et honorer les femmes et leur participation politique. Cependant, 20 ans plus tard, le Venezuela reste un pays où les problématiques dont l’accès restreint aux contraceptifs, l’IVG clandestine, la violence conjugale et le machisme sont à l’ordre du jour, quoique la législation dicte. Certes, diverses initiatives ont été créés et suivies par le gouvernement dans le cadre de l’idéologie de Hugo Chávez, « le président féministe » pendant que d’autres ont surgit à l’écart du régime, indépendantes de la scène politique. Mais, aujourd’hui…

La réalité du pays et de ses femmes sont-elles reflétées dans la production médiatique vénézuélienne disponible en ligne ?


Le spectre politique se répand-il dans le champ médiatique ?


Les cybermédia ayant une perspective de genre sont-ils soumis à la censure gouvernementale ?

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OTRAPARTE : Un endroit pour créer et transformer des pensées.

Otraparte

La société Fernando González – Otraparte a été créée le 10 avril 2002 à l’initiative de Simón González Restrepo, le plus jeune fils du penseur et philosophe colombien Fernando González. L’objectif principal de l’entité est de diffuser et de préserver le patrimoine de l’écrivain, transformant la maison-musée « Otraparte » en un centre culturel à projection internationale. L’idée est que la Colombie rencontre l’œuvre, les messages et la philosophie de l’écrivain et que cette rencontre soit l’occasion de transformer les rêves de la population colombienne en réalité.

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Ana Mosquera : transmédialité et artivisme à l’heure de la Big Data.

Ana Mosquera et son œuvre, ou comment représenter l’espace virtuel à travers des medias artistiques ?

Les œuvres d’Ana Mosquera, artiste vénézuélienne, s’ancrent dans des espaces bien délimités comme Caracas, Macuto (Vénézuela) ou encore Antofagasta (Chili), mais ces espaces socio-historiques sont toujours mis en relation avec le cyberespace mondialisé. Elle explore cette nature hybride de l’espace urbain tel que nous le connaissons aujourd’hui, en proposant de nouvelles représentations de ces espaces, entre le matériel et l’immatériel, l’empirique et le virtuel, se superposant l’un et l’autre dans une alchimie complexe encore peu interrogée. En effet, il est difficile, à titre d’exemple, de mesurer l’impact des réseaux sociaux, son étendu, sur notre manière d’habiter l’espace, de l’apprivoiser et de l’organiser. L’ensemble de son travail scientifique et artistique s’appuie sur une formation transdisciplinaire qui aborde d’une part, la géographie, l’urbanisme et l’architecture et d’autre part, la photographie, les médias et la communication. L’homme d’aujourd’hui, l’homo protesis dont le corps biologique s’allie continuellement avec la technologieest sans cesse inscrit dans un espace hybride où l’empirique interagi avec le numérique.

« El placer de tinderizar » : la tinderization de l’espace 

Installation présente dans le Musée d’art contemporain de Zulia (collection permanente). Triptyque en papier, dimensions 45 X 200 X 45 cm.
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Le graff, entre histoire et controverse

Cette vidéo parle de MAL CREW (El Movimiento Artistico Libre), un collectif de Bogota de huit artistes graffeurs créé en 2009. Les œuvres sont spécifiques de part leur grandeur, on parle d’illustrations murales. Ce collectif souhaite intégrer des messages dans ces graffs, alliant un parfait mélange entre le sens des illustrations explicites ou évocatrices et des problématiques politiques et sociales, aussi bien passées que présentes.

Le graff est leur moyen pour intégrer la mémoire de l’histoire (fait historique) dans l’espace public.

« Nous utilisons le passé pour préparer le futur » – MAL Crew

En effet, l’espace public est un lieu où le sens de la controverse d’un graff peut agir comme un révélateur de la situation sociale du pays. Leurs graffs sont tournés autour de la corruption du système politique, mais aussi autour d’autres thèmes tels que l’écologie ou les cultures ethniques.

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Zapatos Rojos – Des Cendrillons qui ne reviendront pas

     Dans les pas de ces femmes…

Une centaine de paires de chaussures rouges qui envahissent l’espace public, voici l’exposition d’art public proposée par Elina Chauvet depuis une dizaine d’années pour sensibiliser à la violence de genre et au féminicide.

Elina Chauvet par Luis Brito

      L’art – illerie d’Elina Chauvet

Originaire de Ciudad Juarez (Mexique), alors étudiante en architecture, sa sœur décède sous les coups de son mari. Il ne sera jamais inculpé. Inconsolable, elle se réfugie dans l’art, essayant de trouver un moyen d’exprimer sa souffrance. Elle engage son art pour défendre la Femme et toucher l’opinion publique.

« Zapatos Rojos parte del amor y se despliega en la colectividad social…»

Elina Chauvet

Zapatos Rojos, part de l’amour et se déploie au sein de la collectivité sociale

D’inspiration surréaliste, l’exposition Zapatos Rojos née en 2009, dans sa ville natale de Ciudad Juarez. Dans une structure sociale machiste où la discrimination à l’égard des femmes est quotidienne, on assiste à une banalisation et à une normalisation de la violence de genre. À tel point que personne ne prête plus attention à l’amoncellement d’avis de disparition placardés dans les rues.

L’œuvre s’impose dans le quotidien, sur une place ou dans un parc. Par choix ou lors de déplacements, on se retrouve confronté à la réalité : on est impacté visuellement, heurté mentalement.

Le travail d’Elina Chauvet a la particularité d’aller à la rencontre des gens, sans distinction de sexe, âge, niveau de vie, nationalité… Sans un mot, chacun peut être touché.

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Kodama cartonera – L’art des frontières

Kodama est la première maison d’édition cartonera fondée à Tijuana, en novembre 2010. Son nom désigne des esprits de la forêt dans la mythologie japonaise, qu’on retrouve notamment dans les films d’Hayao Miyazaki comme Princesse Monoke. C’est déjà un élément significatif d’ouverture sur le monde et sur les cultures. De plus, la culture japonaise, et notamment la part qui est liée aux animés et aux mangas, est très populaire chez les jeunes dans beaucoup de pays développés. Le fait de reprendre cette culture et de s’en servir par exemple pour illustrer certaines couvertures des œuvres qu’ils éditent participe d’une popularité possible au niveau international. Kodama Cartonera possède un blog tumblr, une page facebook et un compte twitter, ce qui montre aussi son intégration aux canaux de diffusion modernes, présents sur toute la planète, et là encore très populaires chez les jeunes.

Le lieu de fondation, Tijuana, est aussi un élément important, puisqu’il s’agit d’une ville frontière, d’une ville jumelle avec San Diego aux États-Unis. On comprend ainsi qu’une des clés pour analyser cette maison d’édition est la bonne compréhension du contexte social et économique de cette zone. Tijuana tout comme les autres villes frontières avec les États-Unis compte énormément de maquiladoras, ces usines appartenant à des firmes américaines, et qui emploient énormément de mexicains, en particulier des femmes, en les rémunérant très peu alors même que les conditions de travail sont extrêmement difficiles. Cette source d’emploi, même précaire, attire beaucoup d’immigrés notamment des régions rurales et montagneuses du Sud du pays. Les femmes subissent énormément de violences, notamment de la part de leurs employeurs mais pas uniquement. Les violences envers les femmes, pour le seul motif qu’elles soient femmes, sont tellement courantes qu’elles entraînent des milliers de mortes, et qu’on en vient à utiliser le terme féminicide pour qualifier le phénomène. Pour Kodama Cartonera, la lutte contre ces violences, la lutte féministe émancipatrice est très importante, et s’accompagne de manière logique d’une critique du capitalisme et du néo-libéralisme, à l’origine de la situation économique et sociale difficile.

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« Nous nous voulons fortes »

Traduction de la description postée par l’autrice :

«Cette chanson naît de la colère, de la douleur, de l’angoisse parce qu’ils sont en train de nous tuer. Elle naît de là mais elle grandit avec la confiance et l’espoir de la rencontre, nous sommes beaucoup à dire le même discours, si nous sommes ensemble et accompagnées, le monde peut changer. Cette vidéo nous l’avons faites à Cabana, Córdoba, en Argentine. Elle est de toute et pour toute. Merci !»

Traduction de la chanson « Nos queremos fuertes » de Cecilia Griffa :

« Le corps me fait mal

Pour toutes celles qui manquent

La colère me met hors de moi

La rage m’étouffe à l’intérieur

Je ne veux plus me taire

Même si le silence veut s’imposer

Effrayée et triste, ça arrange le patriarcat

Arrêtez de nous tuer, nous ne sommes pas des objets

Nos corps ne vous appartiennent pas

Pour eux inférieures, je ressens leur mépris

Pour eux, nous avons un prix

On nous qualifie de putes, de sorcières, d’hystériques

On nous viole

On nous accuse

On veut nous faire, on veut nous faire fermer nos gueules Continue reading

Maria José Díaz Reyes

Ciudadana Clitoriana

El vuelo heroico de una libélula

 

Entre militantisme, anthropologie et poésie, les blogs de Maria José Diaz Reyes, nous présente d’après elle le regroupement de tous ses “yo”.

Née à à Chinadega , au Nicaragua, elle prend conscience dès l’âge de 8 ans que les violences présentes dans son quartier n’étaient pas naturelles. Formé par des ONG sur les droits des hommes et des femmes , elle est désormais présidente de ASODEL, une ONG qui se bat contre les violences de genre, les droits des femmes et le développement durable.

Source : asodel.org

http://pmincorrecto.org/cidclit/2017/04/02/soy-trabajadora-social-cual-es-tu-super-poder/

Le Nicaragua occupe pourtant d’après le forum économique mondial la 6e place dans le Global Gender Gap, et la première position dans le continent américain. Cependant d’après un dossier paru sur El proceso au Mexique la réalité est tout autre.

En effet, les statistiques favorables pour le Nicaragua sont d’après plusieurs ONG , un masque qui cache les violences faites aux femmes malgré une législation très complète en la matière. Or, la législation a été amendé par le président de la République, Daniel Ortega, pour cantonner le terme de Femicidio aux seules violences conjugales , ce qui réduit de manière drastique les statistiques dans ce domaine dans le pays.

Cependant , la situation économique, politique et sociales du pays dans les dernières années se dégrade, donnant un terrain favorable aux différents types de violence et notamment aux violences faites aux femmes. Continue reading

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