Médias contre-hégémoniques: des éditions cartoneras à la cyberculture

OTRAPARTE : Un endroit pour créer et transformer des pensées.

Otraparte

La société Fernando González – Otraparte a été créée le 10 avril 2002 à l’initiative de Simón González Restrepo, le plus jeune fils du penseur et philosophe colombien Fernando González. L’objectif principal de l’entité est de diffuser et de préserver le patrimoine de l’écrivain, transformant la maison-musée « Otraparte » en un centre culturel à projection internationale. L’idée est que la Colombie rencontre l’œuvre, les messages et la philosophie de l’écrivain et que cette rencontre soit l’occasion de transformer les rêves de la population colombienne en réalité.

La corporation est une personne morale de droit privé, sans but lucratif, qui a pour domicile principal la municipalité d’Envigado, département d’Antioquia en République de Colombie, mais sa juridiction peut s’étendre à l’ensemble du territoire national. Et par le biais de conventions, il peut ouvrir des bureaux dans d’autres pays. C’est une société qui accueille tant le secteur public que le secteur privé, y compris les universités, les centres d’études et tous ceux qui souhaitent contribuer à sa réflexion.

La Colombie, pays qui a connu la violence pendant plus de 50 ans et dont l’histoire est marquée par le conflit armé, avec une population qui est habituée à vivre avec la violence au quotidien et dont le gouvernement exerce son pouvoir par la corruption réussissant à dissimuler tous les problèmes sociaux d’un pays. Un pays sans mémoire.

Otraparte, il naît comme un besoin de sauvegarder une partie de l’histoire : sauvegarder le travail philosophique et littéraire de l’écrivain et de mener des activités qui aident à préserver la culture d’un pays de toutes les manifestations artistiques.

Fernando González , voz.
A ratos…

Ainsi, la corporation organise régulièrement des ateliers et des séminaires avec des experts de l’œuvre de Fernando Gonzalez et la participation de la communauté, tels que des conférences et des ateliers spécialement conçus pour les élèves afin d’améliorer leurs connaissances; rencontres, forums, panels et séminaires sur la littérature, la philosophie, les humanités, l’écologie et les sciences sociales en général.

Elle mène des activités culturelles et scientifiques telles que des récitals de poésie, des concerts et des lectures littéraires. Les ateliers de lecture, destinés aux enfants et aux jeunes, sont axés sur le travail de Fernando González et d’autres auteurs afin de promouvoir l’habitude de la lecture.

Archives culturelles.

Elle organise également des expositions de photographie et de peinture d’artistes locaux, nationaux et étrangers et élargit son champ culturel par des projections du septième art, permettant ainsi à la population d’avoir accès à la projection de films, vidéos ou des séances auditives sur un sujet spécifique. Également par le biais de son éditeur, elle publie des textes ayant trait à l’œuvre de Fernando González et/ou ayant un caractère culturel et promeut des activités écologiques pour l’utilisation de l’espace physique en vue de la préservation de l’environnement.

Otraparte, C’est une société qui se développe grâce à des dons faits par “amis d’un autre” (Amigos de otraparte) et qui a commencé avec une base de 30.000 pesos par personne. C’est un symbole de résistance car son héritage a permis à ses connaissances et nouveaux lecteurs de soutenir les événements culturels locaux.

Fernando González

Philosophe colombien qui a écrit des livres de sociologie, histoire, art, morale, économie, éthique, épistémologie théologie. Parmi ses œuvres les plus connues, on peut citer Voyage à pied, Mi Simon Bolivar, L’hermaphrodite endormi, Santander et Le Maître d’école. En raison de son héritage culturel, il est appelé “Le sorcier, Le magicien, Le fou de Otraparte« .

“El brujo de Otraparte” “ El mago de Otraparte” “El loco de Otraparte”.

Librairie Otraparte

La corporation dispose également de la librairie d´Otraparte qui distribue des livres de $10.000 à $50.000 pesos et des souvenirs de $500 à $18.000.

La librairie est située dans le café de Otraparte et ils se trouvent dans la municipalité d’Envigado dans la cra 43A N° 27A Sur – 11.

Sin darnos cuenta nos habíamos salido de Georgia e íbamos por unas calles, hacia oriente, las que al final desembocan en unas mangas que bordean un riachuelo. Es paraje solitario y silencioso, muy agradable. Y de pronto se detuvo y me dijo:

“Qué bueno que hubiéramos comprado aquí, cuando la tierra estaba barata, un solar, y ahora podríamos construir un salón para venir a beber café, a conversar y a leer. Tendríamos una biblioteca con sólo los libros que nos agradan”.

Le droit de ne pas obéir.

 En 1919 Fernando González présente comme thèse une étude de sociologie intitulée “ Le droit de ne pas obéir” et c’est la raison pour laquelle il a inspiré pour réaliser des projets socio-culturels. Son rôle est de donner aux citoyens les moyens de transformer la société.

« Tous les chemins ne sont pas établis, toutes les routes ne sont pas tracées pour explorer d’autres possibilités d’être, cela suppose de repenser nos propres schémas, de les transgresser, de remettre en question les limites des pouvoirs qui ont façonné ce que nous sommes. C’est un espace pour reconnaître les idées et les actions de personnes qui, en remettant en cause ce qui est établi et en exerçant le droit de ne pas obéir dans les processus de participation citoyenne, ouvrent la voie à l’édification de sociétés plus justes et démocratiques.

Nous considérons qu’il ne s’agit pas d’un acte de résistance aux normes injustes, sans fuir les sanctions qui consistent à les désobéir. Le droit de ne pas obéir est le droit de défier les lois qui violent nos droits fondamentaux, mais c’est aussi un devoir quand la réalité nous a mis face à un “principe”qui les attaque. Si les règles étaient immuables et que personne ne les avait contestées, nous n’aurions pas évolué en société. C’est pourquoi nous réaffirmons aujourd’hui le courage de ceux qui les défient, ont transformé leur propre contexte. »

C’est une plateforme d’initiatives citoyennes pour explorer de nouvelles formes de participation depuis la désobéissance. Ils recherchent des expériences, des outils, et développent des projets dans différentes villes de Colombie, pour expérimenter des processus de participation active qui permettent d’avoir plus d’influence sur des projets urbains. Ils sont présents à Bogota, Cali, Cúcuta et Medellín et s’intéressent particulièrement à des thèmes tels que la participation citoyenne, la coexistence et la sécurité, la qualité de l’air et les migrations. Pour la réalisation des projets, ils utilisent des outils de conversation, de mobilisation et de travail entre citoyens et gouvernants.

Le site offre une quantité de ressources et de productions artistiques qui montrent le travail et la tentative d’une population de montrer le rejet de l’injustice. Les projets permettent le libre développement des citoyens dans leur quête d’identité et aident les individus à s’exprimer avec une plus grande autonomie et à construire des domaines où les droits, les valeurs et la morale correspondent à un même objectif.

 Pour en savoir plus… 


- Corporación Otraparte: https://www.otraparte.org/cafe/index.html   page visitée le 15 mars 2020  

- El derecho a no obedecer:  http://derechoanoobedecer.com/  page visitée le 15 mars 2020 

- Corporación Otraparte Facebook: https://www.facebook.com/groups/corporacionotraparte/ 

- Otraparte Instagram:  https://www.instagram.com/otraparte/?hl=es 

1 Comment

  1. fannyn

    La plateforme « El derecho a no obedecer » est un exemple d’outil numérique qui génère de nouvelles mises en relation, tout comme l’application Tinder sur laquelle est centrée le travail d’Ana Mosquera, « Siempre está en control de su experiencia ». Dès la page d’accueil du site, nous retrouvons une cartographie qui représente les espaces mobilisés par la plateforme (Cúcuta, Medellín, Bogotá), avec le titre suivant : « Estamos construyendo una red cuidadana en diferentes ciudades de Colombia ». La notion de cartographie, de mises en relation de nouveaux espaces géographiques par les outils numériques, me semble centrale, tant dans le travail d’Ana Mosquera que dans celui du collectif « Otraparte ». C’est d’ailleurs à ce niveau qu’un pont intéressant peut-être fait entre les deux productions cyber-culturelles.
    La cyber-culture met à disposition de nouveaux outils numériques qui mettent en relation des espaces et des personnes habituellement enclavés et isolés. Avec Tinder, il s’agit de « connecter » des inconnus qui cherchent à faire des rencontres en dehors de leur cercle de fréquentation : l’utilisateur fait connaissance virtuellement avec un autre utilisateur que la vie n’a pas mis sur son chemin par la volonté du hasard. La solitude individuelle de la grande fourmilière urbaine est repeuplée par les applications de rencontre. La plateforme « El Derecho de no obedecer », dans un tout autre registre, permet de former de nouveaux réseaux citoyens, dépassant l’échelle locale et en totale indépendance par rapport aux partis politiques.
    Un des outils numériques proposés a particulièrement retenu mon attention, il s’agit de la « Cartografía de diálogo »qui présente une méthode de correspondance, par voie postale ou courrier électronique, pour mettre en relation des espaces socio-culturels hétérogènes : « Convoca a tu comunidad para realizar un ejercicio de correspondencia colectiva entre migrantes, refugiados y miembros de la comunidad de acogida para intercambiar imaginarios, creencias, sentimientos y convicciones culturales ». Un exercice qui m’a fait immédiatement penser au concept de « mise-en-relation » de Patrick Chamoiseau, auteur sur lequel je travaille dans le cadre de mon mémoire. Un concept à la fois descriptif – dans le monde globalisé actuel tout est en relation : espaces, personnes, cultures, langues, ect. – et programmatique – il pose l’idéal d’une mise en relation des mondes mais sans le principe hiérarchique qui régit les échanges entre la culture dominante et les cultures marginalisées (« mise-sous-relations »). L’espace virtuel que constitue la plateforme du collectif « Otraparte » est un espace sans frontière où toutes les hiérarchies sont gommées. La résistance citoyenne va pouvoir se concrétiser dans de nouveaux réseaux informels, en dehors des espaces institutionnalisés.
    Les plateformes numériques de mise en relation constituent un outil certain d’émancipation. Ana Mosquera choisit toutefois de nous mettre en garde contre le versant aliénant que peuvent recouvrir de telles applications, à travers la collecte massive de nos données numériques. Comme le pharmacon grec, il s’agit d’un outil numérique permettant l’émancipation mais aussi le contrôle, la surveillance, tout types de propagandes, politiques et commerciales…). Nos deux présentations – l’oeuvre d’Ana Mosquera et la plateforme mise en ligne par le collectif Otraparte – présentent deux versants, positif et négatif, des nouvelles connectivités numériques qui régissent de plus en plus nos échanges.

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